Je ne pensais pas que ce fil aurait tant de succès : merci les amis !
Je ne crois pas que toutes les prières puissent être considérées comme des chansons, au contraire même. En effet, si on chante souvent les prières de ce côté-ci de la rampe, on n'a pas besoin de les chanter de l'autre côté puisque de tout façon elles sont chantées. Vous voyez ce que je veux dire ?
Il y a des exceptions bien sûr : des circonstances réalistes où une prière est bel est bien chantée. J'avais cité comme exemple le
Regina coeli de Cavalleria (que j'avais appellé
Agnus dei ), les
Te deum cités par Luca en sont un autre.
En revanche, les prières qu'on fait à soi-même, et à Dieu bien sûr, ne sont à mon sens pas des chansons. Ce qui fait d'ailleurs que dans la scène de Desdemone, l'
Ave maria qui suit la
Canzone del salice n'est plus chanté.
Il en va de même pour les invocations : je ne crois pas non plus que
Casta diva puisse être considéré comme une chanson.
En fait, souvent, le texte est très clair. A un moment précis quelqu'un dit (ou plutôt chante) : "Je/il va vous chanter..." Ce rappel est quasiment indispensable sinon la mise en abîme ne fonctionne pas et le spectateur ne se rend pas compte du procédé.
Il faut à mon sens se méfier des airs intitulés "Chanson" dans les partitions. Je ne suis pas certain que systématiquement cela veuille dire que le personnage est censé chanter dans l'action. Je me demande si ça n'est pas plutôt un intitulé descrivant ce que l'auteur a composé : une chanson. Ainsi dans Rusalka, je ne suis pas certain que Rusalka chante a moment où elle invoque la lune. Mais peut-être me trompé-je.
N'a-t-on pas le même problème avec les numéros intitulés Lied en allemand ? Dans Le Freischütz, Kaspar dit "
Laß uns singen !" puis entame un morceau noté Lied. Mais est-ce toujours le cas ? Il me vient à l'esprit le lied d'Ossian dans Werther qui n'est pas une chanson mais un poème. Mais nous sommes dans un opéra français qui se passe en Allemagne, la situation est moins claire.
Je voudrais revenir sur Les contes d'Hoffmann. C'est peut-être l'opéra où on chante le plus. A part les duos et les airs des quatre vilains, la plupart des morceaux chantés sont des chansons : Choeur à boire des étudiants, Kleinzach,
Une poupée aux yeux d'émail,
Les oiseaux dans la charmille, la valse, la barcarole, la chanson à boire d'Hoffmann,
L'amour lui dit : la belle,
Elle fui la tourterelle, Les couplets de Franz,
C'est une chanson d'amour, Le trio avec la mère d'Antonia et j'en oublie sans doute.
Il faut dire que Les contes d'Hoffmann racontent l'histoire d'un auteur et compositeur qui est amoureux d'au moins trois chanteuses (Stella, Olympia et antonia) et qui passe son temps à boire : ça aide !
En fait je me demande dans quelle mesure ce n'était pas une espèce de pied de nez d'Offenbach se moquant tout en rendant hommage à son Opéra-comique révé en lui vendant -enfin !- une partition qui poussait au maximum la convention du Comique qui voulait qu'on chante vraiment dans l'histoire.
Avez-vous en tête d'autres opéras ou cette mise en abîme justement est au coeur de l'intrigue ou de la partition ?
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