Haendel & Mozart- Der Messias- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
Haendel & Mozart- Der Messias- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
Marc Minkowski | direction
Robert Wilson | mise en scène, scénographie, lumières
Carlos Soto | costumes
Nicola Panzer | co-mise en scène
Stephanie Engeln | co-scénographie
John Torres | co-lumières
Tomasz Jeziorski | vidéo
Manuela Halligan | création maquillage et coiffure
Konrad Kuhn | dramaturgie
Elena Tsallagova | soprano
Helena Rasker | contralto
Stanislas de Barbeyrac | ténor
José Coca Loza | basse
Alexis Fousekis | danseur
Max Harris | comédien
Léopoldine Richards | figurante
Les Musiciens du Louvre
Philharmonia Chor Wien | direction Walter Zeh
TCE, le 18 septembre 2020
Le Théâtre des Champs-Elysées a été pionnier en matière de musique sacrée mise en scène en proposant en octobre 1985 La Passion selon Saint Jean dans une production de Pier Luigi Pizzi puis, six ans après, L"Allegro, il penseroso ed il moderato de Haendel dans une chorégraphie de Mark Morris et une scénographie d'Adrianne Lobel.
Depuis les expériences de ce type se sont multipliées et on a vu au Theater An der Wien un Messie très fort théâtralement parlant selon Claus Guth ou un passionnant Trionfo del Tempo selon Warlikowski à Aix ce dont des DVD témoignent.
La production de la semaine Mozart de Salzbourg 2020 reprise en cette ouverture de saison du Théâtre des Champs-Elysées a elle aussi déjà fait l'objet d'un DVD qui fixe ainsi la version réorchestrée et amendée par Mozart de l'ouvrage.
Il s'agit d'une adaptation en allemand de 1789 répondant à une commande du très influent mécène franc-maçon, le baron Gottfried van Swieten, chantre de la musique germanique solennelle et sérieuse d''où des tempi beaucoup moins allants que dans l'original anglais.
Près de 50 ans après ses débuts à Paris, Robert Wilson y déploie sa classique grammaire toute d’hiératisme et de poésie visuelle japonisante, pimentée ici d'un brin d'humour (l'épouvantail dansant et le ténor goguenard) et évoque les quatre éléments comme dans une Vanité en action, le tout dynamisé par les interventions régulières d'un danseur poids plume fort expressif et à l'ouverture buccale fannyardantesque : Alexis Fousekis.
Hélas cet oratorio de l'Incarnation ne lui inspire que des images d''une galaxie mentale où la vie s'étiole et s'estompe dans autant de mondes inhabitables (la banquise, les nuées, l"éther, le fleuve, ...) et de déserts inapaisés jonchés de carcasses d'animaux morts et de végétaux réduits à leur squelette.
La Victoire sur la Mort ne se matérialisant que par l'apparition aérienne d'un arbre réduit à son extrême épure et tournant sur lui-même (comme une préfiguration de la Crucifixion ?)
Marc Minkowski a abordé le Messie en octobre 1997 à Grenoble puis salle Gaveau, sa version devenant la bande originale d'un film de William Klein. Grand expert de Haendel et mozartien averti, il dirige ce chef d'oeuvre avec brio et une probité stylistique irréprochable.
Son quatuor de solistes est tout à fait homogène dans l'excellence. Tous font montre d'une musicalité de haut lignage. Elena Tsallagova charme par sa prestance et l"infinie pureté de sa voix qui trouve ici son illustration dans une scène d'eau cristalline et de fleuve traversé comme on flotte sur l'onde. Helena Rasker, aux graves charnus, trouve des accents nobles et élégiaques. Stanislas de Barbeyrac, remplaçant de grand luxe, livre un chant de haute école tandis que la basse José Coca Loza, révélation de la soirée, impressionne par l’impact de sa projection, la netteté de ses vocalises et la beauté sombre de son timbre.
Le public en jauge réduite (où on notait la présence du nouveau directeur de l'ONP), a fait un triomphe à ce spectacle avant de se voir offrir une rose en remerciement de sa fidélité.
Jérôme Pesqué
Robert Wilson | mise en scène, scénographie, lumières
Carlos Soto | costumes
Nicola Panzer | co-mise en scène
Stephanie Engeln | co-scénographie
John Torres | co-lumières
Tomasz Jeziorski | vidéo
Manuela Halligan | création maquillage et coiffure
Konrad Kuhn | dramaturgie
Elena Tsallagova | soprano
Helena Rasker | contralto
Stanislas de Barbeyrac | ténor
José Coca Loza | basse
Alexis Fousekis | danseur
Max Harris | comédien
Léopoldine Richards | figurante
Les Musiciens du Louvre
Philharmonia Chor Wien | direction Walter Zeh
TCE, le 18 septembre 2020
Le Théâtre des Champs-Elysées a été pionnier en matière de musique sacrée mise en scène en proposant en octobre 1985 La Passion selon Saint Jean dans une production de Pier Luigi Pizzi puis, six ans après, L"Allegro, il penseroso ed il moderato de Haendel dans une chorégraphie de Mark Morris et une scénographie d'Adrianne Lobel.
Depuis les expériences de ce type se sont multipliées et on a vu au Theater An der Wien un Messie très fort théâtralement parlant selon Claus Guth ou un passionnant Trionfo del Tempo selon Warlikowski à Aix ce dont des DVD témoignent.
La production de la semaine Mozart de Salzbourg 2020 reprise en cette ouverture de saison du Théâtre des Champs-Elysées a elle aussi déjà fait l'objet d'un DVD qui fixe ainsi la version réorchestrée et amendée par Mozart de l'ouvrage.
Il s'agit d'une adaptation en allemand de 1789 répondant à une commande du très influent mécène franc-maçon, le baron Gottfried van Swieten, chantre de la musique germanique solennelle et sérieuse d''où des tempi beaucoup moins allants que dans l'original anglais.
Près de 50 ans après ses débuts à Paris, Robert Wilson y déploie sa classique grammaire toute d’hiératisme et de poésie visuelle japonisante, pimentée ici d'un brin d'humour (l'épouvantail dansant et le ténor goguenard) et évoque les quatre éléments comme dans une Vanité en action, le tout dynamisé par les interventions régulières d'un danseur poids plume fort expressif et à l'ouverture buccale fannyardantesque : Alexis Fousekis.
Hélas cet oratorio de l'Incarnation ne lui inspire que des images d''une galaxie mentale où la vie s'étiole et s'estompe dans autant de mondes inhabitables (la banquise, les nuées, l"éther, le fleuve, ...) et de déserts inapaisés jonchés de carcasses d'animaux morts et de végétaux réduits à leur squelette.
La Victoire sur la Mort ne se matérialisant que par l'apparition aérienne d'un arbre réduit à son extrême épure et tournant sur lui-même (comme une préfiguration de la Crucifixion ?)
Marc Minkowski a abordé le Messie en octobre 1997 à Grenoble puis salle Gaveau, sa version devenant la bande originale d'un film de William Klein. Grand expert de Haendel et mozartien averti, il dirige ce chef d'oeuvre avec brio et une probité stylistique irréprochable.
Son quatuor de solistes est tout à fait homogène dans l'excellence. Tous font montre d'une musicalité de haut lignage. Elena Tsallagova charme par sa prestance et l"infinie pureté de sa voix qui trouve ici son illustration dans une scène d'eau cristalline et de fleuve traversé comme on flotte sur l'onde. Helena Rasker, aux graves charnus, trouve des accents nobles et élégiaques. Stanislas de Barbeyrac, remplaçant de grand luxe, livre un chant de haute école tandis que la basse José Coca Loza, révélation de la soirée, impressionne par l’impact de sa projection, la netteté de ses vocalises et la beauté sombre de son timbre.
Le public en jauge réduite (où on notait la présence du nouveau directeur de l'ONP), a fait un triomphe à ce spectacle avant de se voir offrir une rose en remerciement de sa fidélité.
Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Haendel & Mozart- The Messiah- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
La même production sera donnée à Genève les 4 et 5 octobre.
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Re: Haendel & Mozart- The Messiah- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
Attention ! J'ai reçu un coup de fil à l'instant des services du TCE m'informant d'une modification de ma place pour demain, 16 septembre, du fait de la distanciation physique imposée par le protocole sanitaire. Ma "nouvelle" place confirmée par un email, était à télécharger sur mon compte personnel.
J'avais acheté une place strapontin de côté au parterre et j'ai désormais une place premier balcon face.
Vérifier vos mails et vos billets avant de vous rendre au TCE demain soir !
J'avais acheté une place strapontin de côté au parterre et j'ai désormais une place premier balcon face.
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Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
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Re: Haendel & Mozart- The Messiah- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
Robert Wilson et Helena Rasker - Der Messias - Théâtre des Champs-Élysées, le 16 septembre 2020
José Coca Loza, Marc Minkowski, Elena Tsallagova, Stanislas de Barbeyrac et Helena Rasker - Der Messias - Théâtre des Champs-Élysées, le 16 septembre 2020
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
Re: Haendel & Mozart- The Messiah- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
je viens de publier ma critique de la soirée d'hier.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Haendel & Mozart- Der Messias- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
+1.JdeB a écrit : ↑14 sept. 2020, 07:36Son quatuor de solistes est tout à fait homogène dans l'excellence. Tous font montre d'une musicalité de haut lignage. Elena Tsallagova charme par sa prestance et l"infinie pureté de sa voix qui trouve ici son illustration dans une scène d'eau cristalline et de fleuve traversé comme on flotte sur l'onde. Helena Rasker, aux graves charnus, trouve des accents nobles et élégiaques. Stanislas de Barbeyrac, remplaçant de grand luxe, livre un chant de haute école tandis que la basse José Coca Loza, révélation de la soirée, impressionne par l’impact de sa projection, la netteté de ses vocalises et la beauté sombre de son timbre.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
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Re: Haendel & Mozart- Der Messias- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
Hélas pas moi
J’ai trouvé tout cela d’un ennui... chic bobo snob surfait ( ce que n’est nullement Jerôme, attention !) mais Wilson je ne peux plus : le Ring et Quartett m’ont définitivement « tuer ». Ne surnage pour moi que Butterfly bouleversante.
J’ai trouvé tout cela d’un ennui... chic bobo snob surfait ( ce que n’est nullement Jerôme, attention !) mais Wilson je ne peux plus : le Ring et Quartett m’ont définitivement « tuer ». Ne surnage pour moi que Butterfly bouleversante.
Re: Haendel & Mozart- Der Messias- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
Merci pour moi Georges
moi j'étais tellement content de revoir une production scénique !
parmi les grandes réussites de Bob Wilson à l'opéra je citerai Pelléas, Turandot et Butterfly
moi j'étais tellement content de revoir une production scénique !
parmi les grandes réussites de Bob Wilson à l'opéra je citerai Pelléas, Turandot et Butterfly
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Haendel & Mozart- Der Messias- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
Mais de rien Jerôme ! Je ne te vois en plus marcher d’un pas lent le regard fixe et l’avant-bras gauche à demi fléchi, le droit tendu en arrière et l’index pointé vers le ciel pour te rendre au TCE ou alors tu as mal tourné !
J’avais oublié Pelleas en effet assez beau mais je suis hermétique à l’œuvre. Et je n’ai pas vu Turandot. Mais tout cela est tellement répétitif et tourne à vide selon moi. Fascinant au début ( Great day in the morning !) mais souvent ensuite irritant au possible (ce winterreise où il mettait de la couleur alors que l’œuvre est une pointe sèche ... même Jessye Norman était à côté de la plaque: c’était l’exemple même du spectacle snob parisien destiné à faire se pâmer ceux qui se considèrent comme happy few: sponsorisé par Bergé et habillé par Saint Laurent : avec une telle affiche ça ne pouvait qu’être bien ma bonne dame ! J’en attendais tant moi même. Et pourtant quel naufrage...hélas
J’avais oublié Pelleas en effet assez beau mais je suis hermétique à l’œuvre. Et je n’ai pas vu Turandot. Mais tout cela est tellement répétitif et tourne à vide selon moi. Fascinant au début ( Great day in the morning !) mais souvent ensuite irritant au possible (ce winterreise où il mettait de la couleur alors que l’œuvre est une pointe sèche ... même Jessye Norman était à côté de la plaque: c’était l’exemple même du spectacle snob parisien destiné à faire se pâmer ceux qui se considèrent comme happy few: sponsorisé par Bergé et habillé par Saint Laurent : avec une telle affiche ça ne pouvait qu’être bien ma bonne dame ! J’en attendais tant moi même. Et pourtant quel naufrage...hélas
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Re: Haendel & Mozart- Der Messias- Minkowski/Wilson- TCE- 09/2020
J'ai trouvé au contraire Bob Wilson très intéressant car sa symbolique semblait appuyer une vision de l’état du Monde tel qu'il est aujourd'hui et de son rapport à la vie. Je ne dis pas que tout était lisible ou facilement déchiffrable, mais il y avait matière à construire une interprétation.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
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