Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

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Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par Loïs » 10 sept. 2019, 12:12

Direction musicale Titus Engel
Mise en scène Daniele Finzi Pasca
Scénographie Hugo Gargiulo
Chorégraphies Maria Bonzanigo
Costumes Giovanna Buzzi
Lumières Alexis Bowles et Daniele Finzi Pasca
Conception vidéo Roberto Vitalini
LES INTERPRÈTES DE LA COMPAGNIA FINZI PASCA :
Jess Gardolin, Stéphane Gentilini, Andrée-Anne Gingras-Roy, Evelyne Laforest, Francesco Lanciotti, David Menes, Marco Paoletti, Félix Salas, Beatriz Sayad, Allegra Spernanzoni, Rolando Tarquini, Micol Veglia, Melissa Vettore
EINSTEIN-ENSEMBLE
Chœur et orchestre composés des étudiantes et étudiants de la Haute école de musique de Genève (HEM)
Sopranos et altos
Carolina Acuña, Margaux Frémy, Ana Belén Gabaldon Sanchez, Amélie Halary, Iga Kowalczyk, Hee-Youn Lee, Maria Marta Moraru, Sarah Pagin, Maia Steinberg, Borbála Szuromi, Ana José Nascimento Vieira Leite
Ténors et basses
Mathieu Amoos, Juan Manuel Bernal Jimenez, Arthur Cornélio, Fernando Cuellar, Benoît Dubu, Philippe Gregori, Xiang Guan, Emilio Gutiérrez, Raphaël Hardmeyer, Gabriel Neves Dos Santos
Instrumentistes
Clavier I Benjamin Delpouve
Clavier I (doublure) Yann Kerninon
Clavier II Louise Moulinier
Flûte et piccolo I Marie Gaillard
Flûte et piccolo II Ana Barbosa-Baganha
Flûte et piccolo III Jonadabe De Jesus Batista
Saxophone (sop, alt) Guillaume Delange
Saxophone (alt, tén) Andres Castellani
Clarinette basse Bruna Moreira
Violon solo Madoka Sakitsu
Violon solo (doublure) Alexandra Conunova
Piano (répétitrice) Ágnes Lőrincz

Je n’avais encore jamais eu l’occasion (ou le courage) de m’attaquer à Einstein on the beach (s’il vous plait, ne prononcez pas « beach » à la française, ce n’est pas un titre de film porno sur la position du missionnaire avec une péripatéticienne couverte par notre génie universel).

J’assume qu’il faut s’y préparer comme l’ascension de la colline sacrée, se préparer aux us et coutumes qui me rappellent les consignes avant le rocky horror picture show, s’attendre à tout comme une Anglaise le soir de sa nuit de noces (en tout cas avant car maintenant, pas connes elles prennent les devants, elles s’abattent de toute leur cellulite sur de pauvres lycéens étrangers transis qui faute d’expérience et de goût n’osent pas refuser), éviter de boire de la bière ou tout diurétique avant de pénétrer dans la salle, opter pour un siège en bout de rangée en cas de replis et potasser un max (plus que certains ténors ou soprani qui survolent leurs partitions semble t’il).

Alors z’y va, yallah.

Glass & Bob Wilson décident d’écrire ensemble un opéra en 1973, prenant conscience que tous deux créent à partir d'équations mathématiques (je n’ose imaginer le niveau de leurs conversations : aussi bandant qu’un échange d’idées entre Juppé et Fabius). Ils retiennent l’idée d’une œuvre basée sur un personnage historique. Bob Wilson proposa les noms de Charlie Chaplin et de Adolf Hitler (le lien est logique et cinéphilique mais on voit à quoi on a échappé), Philip Glass celui de Gandhi (qui deviendra le personnage central de son second opéra Satyagraha mais en oubliant la croustillante aventure gay sud africaine ce qui aurait au demeurant plu aux New Yorkais). Ils se mettent d‘accord sur Albert Einstein (moi qui avait fait l’impasse dessus au bac, me voilà rattrapé).
L'écriture théâtrale de l'œuvre s'est faite à partir des dessins de Wilson et les textes notés se composent de chiffres (one, two, three,... eight) répétés inlassablement en suivant toujours le même ordre croissant, de notes de solfège (énoncées en français : do, ré, mi, fa, sol, la, si), ainsi que de poèmes écrits par un jeune autiste, Christopher Knowles, que Robert Wilson connut dans une vie précédente d’éducateur. Question : a-t-on quand même besoin d’un souffleur car même un ténor sait compter jusqu’à 20 (en tout cas c’est ce que l’un d'entre eux nous a narré récemment en nous détaillant ses 20 positions sexuelles matrimoniales).
L'ensemble de ces textes ne forme pas d'intrigue particulière mais ils s'entrelacent avec la musique (beurk), le jeu, la danse et les lumières. Les chanteurs forment un chœur mais n'incarnent aucun personnage tout comme les danseurs. On n’est pas dans la merde !
Et donc Einstein on the Beach n’est doté d’aucune narration, d’aucune intrigue et n’obéit à aucune intention biographique. Les scènes sont nommées d’après des lieux et des temps (field, night train, the moon) et se succèdent sans pause pendant quatre heures d’affilée (faut prévoir une poche urinaire ou amener une bouteille vide refilée par un routier, c’est selon) . Le public peut sortir et entrer comme il l’entend (je peux imaginer la première action…mais la seconde ?) « C’est le temps ou plutôt l’inverse du temps : la transe, la dissolution du temps. » (Finzi-Pasca). Même mon dépucelage m’inquiétait moins (tout ça parce qu'Ingrid m'a dit : "fonce").
L’œuvre fut créée en 1976.
Le Grand Théâtre de Genève a décidé d’ouvrir sa saison (que le nouveau directeur Aviel Cahn -qui s’est trompé de lac- compte amener aux confins de la galaxie lyrique) avec les étudiants de la Haute école de musique de Genève, qui forment l’Einstein-Ensemble et de poursuivre l’expérience avec le CERN (« mecque de la science post-einsteinienne ») avec un échange hors des murs.
Moi je vous dis que Bastille avec sa Bohème ovniesque est satellisée !

Peur être pour éviter les dérives financières des précédentes reprises (Montpellier, Châtelet, etc…), l’aspect scénique ne sera plus confié au créateur Bob Wilson mais à la compagnie Finzi Pasca. Cela signifie forcément une réécriture de l’œuvre mais après tout, peut être veut on montrer que ce Schmilblick musico-coregrapho-scènique peut ou doit évoluer pour vivre.

À PROPOS DE LA COMPAGNIA FINZI PASCA
La particulière vision poétique de la Compagnia Finzi Pasca a pris forme à partir des concepts de Théâtre de la Caresse et Geste Invisible. Développés au long de trente-cinq ans d’expérience, ces concepts ont engendré une esthétique unique et un style très particulier de création et de production artistique, ainsi qu’une philosophie d’entraînement pour l’acteur, l’acrobate, le musicien, le danseur et technicien : une façon d’habiter l’espace. Le théâtre, la danse, le cirque, l’opéra, le documentaire : tout converge au sein de la Compagnia Finzi Pasca.
La Compagnia Finzi Pasca a été fondée par Antonio Vergamini, Daniele Finzi Pasca, Hugo Gargiulo, Julie Hamelin Finzi et Maria Bonzanigo en 2011, en reprenant le travail développé par le Teatro Sunil et par Inlevitas.
Résidente à Lugano (Suisse), la Compagnia Finzi Pasca dans sa carrière a créé 3 Cérémonies olympiques et para-olympiques (Turin 2006 et Sochi 2014) 2 spectacles pour le Cirque du Soleil, 5 opéras au Mariinsky, au San Carlo de Naples et à l’English National Opera, Londres.
Spécialiste des grands spectacles, elle a aussi créé un spectacle multimédia (Montréal) et vient monter la Fête des Vignerons à Vevey ( 400’000 spectateurs pour une édition tous les 20 ans)

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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par petitchoeur » 10 sept. 2019, 12:29

j'en assurerai un CR après la représentation du 17 septembre

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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par JdeB » 11 sept. 2019, 08:34

petitchoeur a écrit :
10 sept. 2019, 12:29
j'en assurerai un CR après la représentation du 17 septembre
donc il aurait été préférable que tu ouvres ce fil 2 jours avant la première....
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par PlacidoCarrerotti » 11 sept. 2019, 08:42

"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par Loïs » 11 sept. 2019, 23:09

Quand on a passé 38 ans dans des fauteuils de maisons d’opéra dont une bonne partie au rythme d’un spectacle toutes les semaines ou toutes les deux semaines, on a parfois l’impression que son expérience se traduit en une série de soirées d’attente du grand moment. Et puis aléatoirement la vie vous offre un moment de grâce, rare et où le temps semble s’arrêter pendant que vos neurones s’impriment du moment présent. J’ai encore vécu cette diffraction du temps ce soir.

Je ne prétendrais pas pour autant avoir assisté à un opéra, non nous étions dans une autre dimension et cela n'a rien à voir avec Nixon en Chine par exemple.
Exit Bob Wilson et sa rhétorique (que j’ai follement aimée par ailleurs); ce qui se passe sur la scène et dans la fosse du Grand Théâtre est autre comme si cette œuvre entamait une nouvelle vie sous une nouvelle forme.
Finzi Pasca compose un spectacle où la proximité avec le Cirque du Soleil est évidente (mais il y a aussi du Bartabas dedans) mêlant théâtre, danse, ombres chinoises, ballet aquatique, projections, tauromachie, trapèze, équilibrisme, mime, spectacle équestre, marionnettes, cirque, dans l’univers sans limite qu’offrent les technologies actuelles.
Philippe Glass n’offre pas la bande son de cela , pas du tout. On connait les effets hypnotiques de sa musique répétitive avec ses suites interminables et répétées de 2, 3 ou 4 notes (de mémoire la-si-ré-do, mi-la, do-ré-ré-do) avec des variations de demi-ton. L’utilisation en devient un vecteur psychotrope qui conduit le spectateur à un état second pour laisser son cerveau vagabonder sur les images qu’il capte.
Je crois que c’est Placido, dans un post précédent, qui parlait d’œuvre artistique où l’objet n’est plus le signifiant et où ce qui compte en est la perception par le spectateur. Nous y sommes exactement mais alors que ces 50 dernières années nous avaient habitué régulièrement à être confrontés à des œuvres d’une stupide laideur, ici notre rétine est saturée d’images d’une beauté inouïe ce qui facilite nos décharges d’endorphines (pourvu que Bernard ne me reprenne pas). Pour moi, je verrai par exemple à un moment se superposer des images des temps modernes, de la Strada et du Cheval de guerre puis MataHari dans ses voiles devant un fond de tests de Rorschach mais cela est lié à mon histoire, à ma culture, à ma personnalité ; mon voisin y lira tout autre chose. Nous planons tous ensemble dans un trip intimement personnel.
Pour essayer de me faire comprendre, ce serait comme visiter un musée gigantesque et intégrant tous les arts en déambulant sous LSD qui nous détacherait de la réalité et démultiplierait les perceptions, ou évoluer dans un tableau de Dali (mais en changeant la lumière initiale pour des reflets aquatiques).
Cela va être dur de rédiger un CR sur cela.
Je reviendrai sur la réaction du public mais juste un mot : Glass aurait surement été très surpris d‘entendre la salle applaudir (voir exploser) à l’issue des « tableaux » sans tenir compte de l’enchaînement musical de l’œuvre mais je pense que l'ovation debout à l'issue du spectacle avec les 3 quarts du public resté l'aurait rassuré sur cette nouvelle vie qui commence.

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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par Bernard C » 11 sept. 2019, 23:47

Ça fait du bien de lire tout ce plaisir qui surgit en ce début de septembre.
Je me demandais bien ce que pouvait donner cette partition de Glass dont l'œuvre totale originale fut foncièrement collective ( Wilson n'y était pas que le metteur en scène, de même que Childs en était aussi une co-creatrice-auteure)

Merci de nous montrer qu'elle survit et que sur cette écriture un spectacle apporte du bonheur.,


Mais d'ailleurs j'observe que tout le monde n'a pas eu de mauvais moment avec la distribution des Puritains , et que le camarade Enrico nous fait un enthousiaste retour des stars présentes à Amsterdam.

Que de bonnes choses qui nous changent de nos habituelles récriminations et frustrations !
Même si celles-ci ne vont pas tarder à faire retour :wink:

Bernard
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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par Loïs » 12 sept. 2019, 11:21

Quelques photos (qui étaient d'ailleurs offertes à la sortie)
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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par Loïs » 13 sept. 2019, 08:50

les journaux reviennent sur le triomphe de la première (à ce qu'il parait étonnant de la part des culs coincés genevois :mrgreen: ) et cela m'arrange car je ne savais pas comment rédiger mon CR (et de toute façon petitchoeur a promis de s'y atteler :wink: )

http://www.lefigaro.fr/musique/a-geneve ... s-20190912
https://www.francemusique.fr/emissions/ ... tein-beach
https://next.liberation.fr/theatre/2019 ... ia_1750949

En tout cas pour un lancement de Direction, c'est plutôt réussi et les projecteurs pourraient se retourner vers Genève redevenue scène provinciale ces dernières années

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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par Loïs » 16 sept. 2019, 14:36

pour concurrencer le très beau jeu de photos sur Traviata que vient de publier Hélène, j'en rajoute une couche:
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Re: Glass - Einstein on the beach - Engel/Finzi Pasca - Genève - 09/2019

Message par Bernard C » 16 sept. 2019, 15:26

Je pense qu'elles pourraient avantageusement coller avec une Traviata.....Why not ?

Bernard
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