Wagner – Parsifal – Bychkov / Laufenberg – Bayreuth – 07-08/2019

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Efemere
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Wagner – Parsifal – Bychkov / Laufenberg – Bayreuth – 07-08/2019

Message par Efemere » 13 août 2019, 09:55

PARSIFAL

Bühnenweihfestspiel (« festival scénique sacré ») en trois actes de Richard Wagner (1813-1883), sur un livret en allemand du compositeur d'après le roman de chevalerie Parzival (XIIIe siècle) de Wolfram von Eschenbach (v. 1170-1220).
Création le 26 juillet 1882 au palais des festivals de Bayreuth (Bayreuther Festspielhaus).
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Le Festival de Bayreuth reprend pour la troisième année consécutive la production créée le 25 juillet 2016.

Sept représentations en 2019 : 30 juillet, 2, 5, 15, 19, 22 et 26 août (cf. ici).


▪Chef d'orchestre : Semyon Bychkov
▪Mise en scène : Uwe Eric Laufenberg
▪Décors : Gisbert Jäkel
▪Costumes : Jessica Karge
▪Lumières : Reinhard Traub
▪Vidéo : Gérard Naziri
▪Dramaturgie : Richard Lorber
▪Chef de chœur : Eberhard Friedrich

▪Amfortas : Ryan McKinny
▪Titurel : Wilhelm Schwinghammer
▪Gurnemanz : Günther Groissböck
▪Parsifal : Andreas Schager
▪Klingsor : Derek Welton
▪Kundry : Elena Pankratova
▪1. Gralsritter : Martin Homrich
▪2. Gralsritter : Timo Riihonen
▪1. Knappe : Alexandra Steiner
▪2. Knappe : Mareike Morr
▪3. Knappe : Paul Kaufmann
▪4. Knappe : Stefan Heibach
▪Klingsors Zaubermädchen : Katharina Konradi
▪Klingsors Zaubermädchen : Ji Yoon
▪Klingsors Zaubermädchen : Mareike Morr
▪Klingsors Zaubermädchen : Alexandra Steiner
▪Klingsors Zaubermädchen : Bele Kumberger
▪Klingsors Zaubermädchen : Marie Henrie
▪Altsolo : Simone Schröder

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Pour cette production, le metteur en scène initialement prévu était Jonathan Meese, qui a été évincé à l'automne 2014 et remplacé par Uwe Eric Laufenberg, directeur du Hessisches Staatstheater Wiesbaden (depuis août 2014).
À la fin de juin 2016, le Festival annonçait que le chef d'orchestre Andris Nelsons se retirait ; trois semaines avant la première, la direction était confiée à Harmut Haenchen, également présent en 2017 (remplacé par Marek Janowski le 5 août 2017).

La production de 2016 a fait l'objet d'une retransmission vidéo en direct (le 25 juillet 2016) et d'un enregistrement commercialisé par Deutsche Grammophon – double DVD (EAN : 0044007353509) et Blu-ray (EAN : 0044007353530) sortis le 21 juillet 2017.

En cette saison, des titulaires des rôles principaux de l'édition 2016, ne restent que la soprano russe Elena Pankratova (Kundry) et le baryton-basse américain Ryan McKinny (Amfortas) – absent en 2018 (qui a vu programmé Thomas Johannes Mayer).
Le Parsifal de 2016, Klaus Florian Vogt, est distribué en Walther von Stolzing depuis 2017 et a également chanté Lohengrin cette année. Le baryton-basse allemand Gerd Grochowski, Klingsor en 2016, est mort en janvier 2017.

Depuis 2017, le ténor autrichien Andreas Schager interprète le rôle de Parsifal – il avait remplacé Klaus Florian Vogt en 2016 lors d'une représentation (6 août), et le baryton-basse australien Derek Welton est Klingsor (sauf le 14 août 2017, où ce fut Werner van Mechelem).
La direction musicale est assurée par le maestro américain (d'origine soviétique) Semyon Bychkov, après celle de 2018 (ses débuts à Bayreuth).

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À propos de la production, voir les fils d'ODB : ici (en 2016) et ici (en 2018).

En juillet 2018, j'avais découvert ce spectacle, dont la mise en scène, sans me plaire, ne m'a pas à nouveau gênée cette année.
Les deux représentations auxquelles j'ai assisté récemment, les 30 juillet et 5 août derniers, ont été deux très grands moments musicaux pour moi, grâce essentiellement à l'orchestre dirigé par Bychkov, qui a éclipsé tout le reste (faiblesses de la mise en scène, petites failles de quelques chanteurs, etc.) – une direction que j'ai perçue comme fluide, rigoureuse, avec des tempi amples sans être trop lents et de très belles envolées.

Le 30 juillet, Günther Groissböck a été magistral. Le 5 août, sa voix sonnait un peu tirée au début, mais rapidement, le chanteur a retrouvé de sa superbe. De même, Ryan McKinny, assez convaincant lors de la première, mais faiblard à l'acte I quelques jours après, chevrotant presque et quasi monolithique, s'est rattrapé au dernier acte.
Très bon Klingsor de Derek Welton à mes deux séances.
Quant à Elena Pankratova, simplement correcte et sans panache d'après moi, comme en 2018, elle m'a scotchée la seconde fois ; peut-être pas remise de son indisposition qui l'avait empêchée de se produire dans Lohengrin III (3 août), elle avait démarré avec un vibrato inhabituel et assez prononcé ; à l'acte II, elle a pu se surpasser et offrir une prestation époustouflante avec Andreas Schager, lui aussi captivant lors de leur scène commune qui a tenu en haleine tout le public.
Et dernier acte du 5 août : je l'ai trouvé encore plus beau que la première fois.


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Wim
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Re: Wagner – Parsifal – Bychkov / Laufenberg – Bayreuth – 07-08/2019

Message par Wim » 20 août 2019, 10:23

Représentation du 19 août
Force est de constater que le chant wagnérien est en meilleure forme du côté masculin que du côté féminin. Il suffit de vérifier la distribution du Ring de Bayreuth pour 2020. Et la preuve en était fournie aussi hier soir.
En Gurnemanz, on vit dans une période de vrai luxe: Selig, Pape et, ici à Bayreuth, Groissböck. Belle voix sonore, interprétation de grande classe, on s'incline devant ce ciseleur où chaque mot et chaque note sont réfléchis.
Pas loin derrière, Schager en Parsifal. Pour les détracteurs ici et ailleurs qui l'accusent de ne pas savoir nuancer son chant, il a amplement démontré que ce sont de fausses accusations. Il est vrai, ce n'est pas le plus fin des chanteurs et un acteur avec beaucoup de geste convenus, mais il a une présence indéniable et une voix qui projette énormément même dans les pp.
L'Amfortas de Mc Kinny semble avoir été choisi plus pour son six pack et son physique d'Adonis que pour ses capacités de chant. Sa voix paraît mince et projette trop peu. En plus, son interprétation est assez monolithique. Rien d'indigne, mais à côté de Groissböck et Schager, c'était plutôt faible.
Pankratova a enchaîné avec Kundry après son Ortrud de la veille. Personnellement, je la trouve plus convaincante en Kundry. En Ortrud elle semblait assez en retrait tandis qu'en Kundry elle semble être élevée dans son duo avec Schager au II. Les aigus ne sont pas toujours des plus beaux mais l'engagement est sans faille.
Le Klingsor de Welton n'était pas mal mais étant donné sa position très au fond de la scène, j'avais beaucoup de mal à l'entendre. Je n'ai pas eu peur de lui pour une seconde.
Bon Titurel (Schwinghammer).
Finalement, l'orchestre et le choeur (énorme), superbes comme toujours. Incroyable comment on entend chaque détail de la fosse, chaque pupitre jouant comme solo mais fondant dans un ensemble magnétique. Bychkov menait le tout sans lenteur et avec des explosions de sons là où il le fallait.

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Re: Wagner – Parsifal – Bychkov / Laufenberg – Bayreuth – 07-08/2019

Message par Efemere » 21 août 2019, 17:27

Wim a écrit :
20 août 2019, 10:23
Représentation du 19 août
Force est de constater que le chant wagnérien est en meilleure forme du côté masculin que du côté féminin (...)

ici à Bayreuth, Groissböck. Belle voix sonore, interprétation de grande classe, on s'incline devant ce ciseleur où chaque mot et chaque note sont réfléchis.
Pas loin derrière, Schager en Parsifal. Pour les détracteurs ici et ailleurs qui l'accusent de ne pas savoir nuancer son chant, il a amplement démontré que ce sont de fausses accusations. Il est vrai, ce n'est pas le plus fin des chanteurs et un acteur avec beaucoup de geste convenus, mais il a une présence indéniable et une voix qui projette énormément même dans les pp (...)

Finalement, l'orchestre et le choeur (énorme), superbes comme toujours. Incroyable comment on entend chaque détail de la fosse, chaque pupitre jouant comme solo mais fondant dans un ensemble magnétique. Bychkov menait le tout sans lenteur et avec des explosions de sons là où il le fallait.
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Loge Arythme
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Re: Wagner – Parsifal – Bychkov / Laufenberg – Bayreuth – 07-08/2019

Message par Loge Arythme » 31 août 2019, 08:48

Retour de Bayreuth 1

En complément des posts qui précèdent , permettez moi de vous faire part de quelques impressions ressenties lors de la représentation du 22/08 , et qui vont dans le même sens . Distribution identique à la précédente - je ne peux que surenchérir sur tout ce qui a été dit , tant orchestre et chanteurs éont té bons et ont offert une représentation du plus haut niveau , en raison bien sûr de leur expérience et de leur professionnalisme , mais aussi des conditions de température relativement clémentes ce soir là (pas de canicule).
On a retrouvé un Schager avec sa puissance , son enthousiame , sa resistance , hors du commun (je serai tenté d'ajouter : comme d'usage) ; juste une petite réserve sur l'acte III où sa puissance et sa juvénilité nuisent un peu à l'intériorité a mon avis nécessaire au personnage de Parsifal . Le duo de l'acte II avec Pankratova fonctionne très bien , et je n'ai trouvé , tant dans le jeu que dans la voix de cette dernière , aucune des scories détectées antérieurement . Elle était complètement dans le rôle . Welton a été très bon dans un Klingsor plutôt inhabituel - voire original , montré comme hésitant entre plusieurs croyances (prosternation sur un tapis de prière musulman, fétichiste des crucifix , et il exhibe même un crucifix/godemichet (!!!)) . Groissböck , extraordinaire de sûreté et de diction , en arriverait presque à faire oublier le Gurnemanz humaniste de Pape . L'Amfortas , à la diction imparfaite , parait jeune pour le rôle , et se montre peu souffrant , mais on peut attribuer grandement cet état de chose au choix de mise en scène . Enfin , saluons (comme la salle ; déchaînée au moment des rappels) la direction très inspirée et attentive aux chanteurs de Bychkov .

Les quelques réserves concernent essentiellement la mise en scène , qui situe l'action (vidéo projetée sur écran masquant la scène au moment d'un intermède) aux confins des territoires des chrétiens d'Orient - l'Irak remplace donc l'Espagne – et l'armée qui patrouille de temps à autre au fond de la scène pourra être identifiée à n'importe quelle armée ayant un rôle trouble d'occupant et de protecteur (chacun pouvant y voir le favori de son choix ) . L'actualité semble plaquée sur l'action et la métaphore excessivement explicative et démonstrative . Le dispositif fonctionne tant bien que mal durant les deux premiers actes (aux videos près , qui m'ont paru d'une esthétique new-age déjà démodée) . Et comme la nature est entièrement exclue de ce décor très minéral , Laufenberg se rattrape à l'acte III , et nous offre en compensation un surgissement végétal , agrémenté d'un rideau de pluie, ou viennent se re-vivifier deux figurants nus , à la fois Adam et Eve et simples naturistes dans la plus pure traditions écolo-germanique (les esprits les plus mal placés ne pourront éviter le rapprochement avec d'anciennes publicités pour gels douches … ) , jusqu'au final où , dans la droite ligne d'une marque de prêt-a-porter célèbre, une humanité diverse et bariolée , communie dans la joie et la bonne humeur de la paix retrouvée . On sourit et on passe parce que musicalement , tout ça reste parfaitement au sommet . Enfin , dernier détail : durant toute la représentation , une silhouette d'enfant berger appuyé sur sa crosse veille sur le spectacle et sur nous, depuis les cintres – à la fois Petit Prince et futur Lohengrin .

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Re: Wagner – Parsifal – Bychkov / Laufenberg – Bayreuth – 07-08/2019

Message par Efemere » 31 août 2019, 17:22

Loge Arythme a écrit :
31 août 2019, 08:48
Retour de Bayreuth 1

En complément des posts qui précèdent , permettez moi de vous faire part de quelques impressions ressenties lors de la représentation du 22/08 (...)

Les quelques réserves concernent essentiellement la mise en scène , qui situe l'action (vidéo projetée sur écran masquant la scène au moment d'un intermède) aux confins des territoires des chrétiens d'Orient - l'Irak remplace donc l'Espagne – (...)
Enfin , dernier détail : durant toute la représentation , une silhouette d'enfant berger appuyé sur sa crosse veille sur le spectacle et sur nous, depuis les cintres – à la fois Petit Prince et futur Lohengrin .
Selon les représentations, il pouvait y avoir plus qu'une silhouette : entre un et trois mannequins dans la pénombre, à peine visibles, placés derrière la grille située au-dessus du cadre de scène. À la dernière du 26 août dernier, je n'ai vu aucun personnage.

Je n'ai toujours pas compris à quoi servai(en)t ce(s) personnage(s)...
Dans le fil-ODB sur les représentations de 2018 (ici), on avait évoqué Dieu.
philipppe a écrit :
29 juil. 2018, 14:03
Oui, j avais pensé à Dieu aussi...
La,première année j avais eu l impression que c était un homme rasta, je sais plus pourquoi (dieu peut tout à fait être un rasta, de toutes façons)
Le 30 juillet dernier, j'ai vu trois silhouettes, un enfant et deux adultes (?), dont l'un avec une coiffure afro.

Je n'ai pas non plus saisi l'intérêt d'une Kundry nettoyant, à l'acte III, un petit frigo tout vieux, d'où elle sort un sac plastique contenant un lapin mort en bon état (un « clin d'œil » à celui de la production m.e.s. par C. Schlingensief ?)


À noter que depuis la création de la production en juillet 2016, la mise en scène a fait l'objet de modifications, comme l'avait fait remarquer Luc Roger en 2018 :
Luc ROGER a écrit :
28 juil. 2018, 12:54
A noter, pour les ODBiens qui ont déjà vu cette production, que le metteur en scène Uwe Eric Laufenberg l'a retravaillée dans le sens d'une plus grande cohérence et en lui donnant des lignes directrices plus solides, moins dispersées.
Par rapport aux images du spectacle de 2016 vues sur Internet, j'ai repéré quelques petites différences, notamment en ce qui concerne l'acte III, parmi lesquelles :
• la disparition de la vidéo d'introduction ;
• Kundry n'a plus de fichu sur la tête ;
• les figurantes n'apparaissent plus comme des Occidentales dans des tenues pimpantes, mais font davantage penser à des touristes babs ou à des réfugiées aux vêtements moins coquets et portant des foulards qu'elles enlèvent ; le gamin des actes I et III n'est plus blond mais brun (à l'acte I, il arrive avec des habits évoquant ceux du petit Alan Kurdi qui s'était noyé en 2015 – plus personne n'en parle) ;
• l'ajout d'un homme nu à la scène de la « douche » ;
• la vidéo de la fin de la scène 1 ne montre plus les visages de Kundry (E. Pankratova) et de Titurel (K.-H. Lehner), mais ceux de Winifred et Wolfgang Wagner, avant le masque mortuaire de Richard Wagner ;
etc.


En ce qui concerne les représentations auxquelles j'ai pu assister cet été, au niveau scénique, certains mouvements n'ont pas toujours été faits aux mêmes moments, peut-être en l'absence d'une direction d'acteur millimétrée. À la dernière représentation du 26 août, dommage, il y a eu un gros bruit provenant des coulisses (chute d'un élément de décor ?) à un moment solennel. Par ailleurs, E. Pankratova a failli se vautrer en glissant ou en se cognant à quelque chose, et s'est bien rattrapée.

Au niveau musical : chœurs et orchestre réguliers et magnifiques. Quant aux chanteurs, Groissböck m'a le plus impressionnée le 26 août ; de même, Schager (sans les quelques petites intonations fausses entendues précédemment) a été à son meilleur lors de la dernière. Pankratova, elle, m'a davantage plu le 5 août – j'ai quand même regretté qu'elle n'ait jamais pu se débarrasser complètement de son accent russe dans certains mots, un détail qui ne m'a toutefois pas gênée.


À l'issue de la dernière, les musiciens sont montés sur scène pour les saluts :

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Re: Wagner – Parsifal – Bychkov / Laufenberg – Bayreuth – 07-08/2019

Message par Wim » 01 sept. 2019, 15:24

Efemere a écrit :
31 août 2019, 17:22

Selon les représentations, il pouvait y avoir plus qu'une silhouette : entre un et trois mannequins dans la pénombre, à peine visibles, placés derrière la grille située au-dessus du cadre de scène. À la dernière du 26 août dernier, je n'ai vu aucun personnage.

A la représentation du 19 août, il n'y avait qu'une seule personne. Pendant tout le spectacle, je me suis demandé si c'était une personne réelle ou une poupée.

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