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par Markossipovitch » 08 août 2019, 14:20
Pour ce qui est de la générale, le sacré mistral s'y est mis juste à l’heure de la représentation...
Je me suis caillé! Cela a affecté les chanteurs, à différents degrés.
Schrott, surtout, qui dès le deuxième couplet de la sérénade, a chanté une octave plus bas, et s'est économisé jusqu'à ne plus chanter sur la fin.
La mise en scène de Livermore m'a semblé paresseuse, assez vide. Pour faire le buzz, des voitures en action sur scène, mais cela ne va pas loin, même si c'est amusant.
Il a eu deux idées qui auraient pu définir des axes de mise en scène. Lors du duel, Don Giovanni est touché, comme le Commandeur, mais celui-ci est évacué sur une civière et le double de Giovanni s'écroule à terre. Mais il reste juste à terre une heure et demie, c'est tout, et puis s'en va. Lors du festin avant la scène finale du Commandeur, les plats sont remplacés par des femmes en nuisette rouge, qui d’une part sont le festin, et d’autre part forment comme des flammes anticipées : bonne idée, pas exploitée.
Pas mal d'idées saugrenues aussi : les photos de femmes tuées qui s'affichent en vidéo sur le mur pendant l'air du catalogue. Beaucoup d'embrassades sur la bouche inutiles, de pistolets dans les mains des uns et des autres, ce qui tourne à vide. La malheureuse Anna qui chante "Non mi dir" assise sur une chaise, quel ennui... Des projections de vagues sur la plage sans cesse, on ne comprend pas pourquoi. Bref, un réel ratage, malgré la bonne idée du début : la video qui montre Don Giovanni monter chez Anna dans un ascenseur, puis la scène entre eux par une fenêtre pendant l'air introductif de Leporello.
Les chanteurs font ce qu'ils peuvent là-dedans. Sâmpetrean excellent en valet malgré un grave léger et une projection courte. Il s’amuse et amuse, avec un timbre et un ambitus proches de ceux de Schrott. L’Urugayen nous redonne son habituel Don Gio super macho, désabusé, tout dans l'attitude, avec une diction douteuse et des rythmes peu rigoureux. Il rayonne cependant, s'il ne va pas au fond du personnage.
Sicilia donne son maximum, investie, précise, techniquement très au point, une belle projection mais avec une petite voix de Mimi. Deshayes impressionne par une puissance et une projection sans faille, mais elle en fait trop, ses nuances réelles ne suivent pas l'évolution psychologique du personnage, son grave confidentiel est très ennuyeux pour ce rôle de falcon... une déception.
Zerline pas mal, Masetto très bien joué mais sans aucun legato, balourd, ce qui est bien pour le rôle, pas pour nos oreilles.
Excellent Commandeur de Tikhomirov, mais la mise en scène ne l'aide pas. En plus il est sonorisé dans la scène du cimetière, comme le choeur final : procédé ridicule, voire honteux.
Très bel orchestre curieusement désuni : Chaslin a de beaux phrasés enjôleurs et des rythmes bondissants, mais il n'est jamais avec les chanteurs, méprise leur rythme, et néglige de diriger les cuivres (trompette trop fort, cors pas en phase...).
Dans l'ensemble et compte-tenu du vent, assez décevant.
Mais surtout je me suis posé une question (c'était ma première venue en ce lieu) : les chanteurs s'époumonent au pied du mur d'Auguste... Pourquoi mépriser l'acoustique du lieu? Pour faire plaisir aux metteurs en scène? Pourquoi ne pas mettre la scène là où est aujourd'hui l'orchestre, un peu comme pour Musiques en fête?