Hervé – Mam’zelle Nitouche – Grapperon/Weitz – Capitole Toulouse – 05/2019

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jeantoulouse
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Hervé – Mam’zelle Nitouche – Grapperon/Weitz – Capitole Toulouse – 05/2019

Message par jeantoulouse » 21 mai 2019, 13:21

Hervé – Mam’zelle Nitouche – Grapperon/Weitz – Capitole Toulouse – 05/2019

MAM’ZELLE NITOUCHE HERVÉ(1825-1892)
Vaudeville-opérette en 3 actes et 4 tableauxLivret d’Henri Meilhac et Albert MillaudCréation le 26 janvier 1883 au Théâtre des Variétés PRODUCTION BRU ZANE
Production créée le 13 octobre 2017 à l’Opéra de Toulon - Édition musicale Palazzetto Bru
Zane

Christophe Grapperon direction musicale
Pierre-André Weitz mise en scène, costumes, scénographie et maquillage
Victoria Duhamel assistante à la mise en scène
Bertrand Killy lumières
Iris Florentiny chorégraphie
Nathalie Bègue habillage

Lara Neumann Denise de Flavigny / Mam’zelle Nitouche
Matthieu Lécroart Célestin / Floridor
Miss Knife (alias Olivier Py) La Supérieure / Corinne
Flannan Obé Le Vicomte Fernand de Champlâtreux
Eddie Chignara Le Major, comte de Château-Gibus
Olivier Py Loriot
Sandrine Sutter La Tourière / Sylvia
Antoine Philippot Le Directeur de théâtre
Clémentine Bourgoin Lydie
Ivanka Moizan Gimblette
Pierre Lebon Gustave, officier
David GhilardiRobert, officier
Piero (alias Pierre-André Weitz) Le Régisseur

Fruit d’une large coproduction et de l’édition musicale due aux bons soins du Palazetto Bru Zane dont on ne dira jamais assez le fécond investissement, voici donc à Toulouse après bien d’autres villes la Mam’zelle Nitouche d’Hervé créée à Toulon en octobre 2017 dans la mise en scène colorée de Pierre-André Weitz. Et voici donc le retour attendu de l’opérette au Capitole !
J’aime l’opérette. Ardemment. Je n’ai pas aimé cette Mamzelle Nitouche. Ou pas beaucoup. J’invite les ODBiens à lire la critique positive qu’avait écrite sur cette production pimpamgpong en novembre 2018 pour avoir une impression plus équilibrée du spectacle.
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php?f=6&t=21114
Peu de changements de distribution par rapport au spectacle vu à Rouen et je doute que ces modifications mineures aient beaucoup à voir avec ma désillusion.
Le premier regret tient au livret. La greffe ou le collage des trois univers où Hervé situe sa comédie n’a pas pris : le couvent, l’armée, le vaudeville musical. A vouloir jouer tout à la fois sur la satire – une égratignure – du monde des couvents, sur le comique troupier et sur l’évocation du music’hall ou du cirque ou de l’opérette comme on voudra alourdit le livret à faux rebondissements, pulvérise les différents comiques. Les dialogues sont indigents : pas une réplique ne fait mouche, pas un jeu de mots ne fuse. Et la musique, qu’on dit charmante, ne marque pas les esprits ou les oreilles : qui d’ailleurs connait un air de Mam’zelle Nitouche ?

Image
Crédit Patrice Nin

J’entends partout louer la prestation dans le triple rôle de la Supérieure, de Corinne et de Loriot, d’Olivier Py. J’éprouve pour l’homme de théâtre une profonde admiration et je comprends par ailleurs qu’il ait plaisir à jouer de tels rôles de travestissements dont le personnage de Miss Knife est l’incarnation la plus aboutie. Mais les deux caricatures qu’il offre au public dans cette production ne (me) font pas sourire et ses grosses voix qu’hystérisent les fins de phrases féminisées deviennent d’autant plus mal supportables qu’elles avalent les mots et rendent bien des propos incompréhensibles. Le soldat Loriot est dessiné avec plus de finesse et parvient à être presque touchant. On peut admirer la performance d’acteur (trois rôles de composition, trois costumes, trois voix, trois univers) , mais à quelle fin ?
Alors, oui Pierre-André Weitz trousse une mise en scène rapide, animée et le tourniquet des décors emporte le vaudeville dans une course qui se veut folle et endiablée. Mais l’effet s’avère le même que pour les saluts finals. On étire, on ne baisse pas le rideau, on bisse comme pour contraindre un public bon enfant à prolonger un enthousiasme que l’on sent contraint. Pour le dire en deux mots, tout parait forcé, artificiel. .
Les chœurs du Capitole sont comme toujours excellents et on est ravi et surpris de voir Alfonso Caïani sortir de sa réserve et dignité habituelles pour chanter et quasi danser avec ses ouailles. Christophe Grapperon semble prendre plaisir à diriger cette musique : j’en suis heureux pour lui et pour les musiciens du Capitole, très professionnels. Dans le rôle titre, Lara Neumann ne démérite pas, mais il lui manque l’abattage, le punch, l’aura qui en feraient la vedette du spectacle. Matthieu Lécroart et Flannan Obé sont bons, mais ici encore font défaut cette étincelle, cette verve qui transforment un spectacle en délire et en joie. Le Major d’Eddie Chignara est sans doute plus près de cet esprit de vaudeville que Pierre-André Weitz a souhaité. Le coq sur la scène, le grand rideau « patriotique », les chapeaux des ouvreurs et ouvreuses, l’animation dans le hall du théâtre sont à l’image de cette production, plaqués.

Image
Crédit Patrice Nin

Oh ! que j’aurais aimé dire du bien d’une opérette au Capitole ! C’est partie remise ?
Un dernier mot pour m’étonner : en cet après midi de dernière, pourquoi la salle du Capitole n’était-elle pas bondée ? Et c’est une litote !

Jean Jordy

paco
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Re: Hervé – Mam’zelle Nitouche – Grapperon/Weitz – Capitole Toulouse – 05/2019

Message par paco » 22 mai 2019, 12:42

jeantoulouse a écrit :
21 mai 2019, 13:21
Le premier regret tient au livret. La greffe ou le collage des trois univers où Hervé situe sa comédie n’a pas pris : le couvent, l’armée, le vaudeville musical. A vouloir jouer tout à la fois sur la satire – une égratignure – du monde des couvents, sur le comique troupier et sur l’évocation du music’hall ou du cirque ou de l’opérette comme on voudra alourdit le livret à faux rebondissements, pulvérise les différents comiques. Les dialogues sont indigents : pas une réplique ne fait mouche, pas un jeu de mots ne fuse. Et la musique, qu’on dit charmante, ne marque pas les esprits ou les oreilles : qui d’ailleurs connait un air de Mam’zelle Nitouche ?
Je ne suis pas étonné de ton impression, je pense que ces livrets ne sont plus représentables de nos jours car ils ne font plus rire personne, l'univers auquel ils se rattachent a disparu de notre société : comique troupier, couvents, ... Aujourd'hui, l'armée c'est Robocop et les drones : qui connait encore la figure de l'adjudant moustachu pas hyper futé de la IIIe République ????

Autant il existe quantité d'opérettes/ vaudevilles qui peuvent encore faire mouche, car reposant sur des quiproquos, des situations burlesques déconnectées d'un contexte historique/ sociologique très précis (par exemple, la série "Ta bouche" a parfaitement fonctionné lorsqu'elle fut reprise il y a un peu plus de dix ans, un peu comme les comédies de Guitry ou de Feydeau remportent encore de vifs succès), autant je pense inutile d'essayer de ressusciter une oeuvre comme Mamzelle Nitouche. Sur ce point, Bru Zane fait, à mon avis, fausse route. Et que le Capitole n'ait pas fait le plein est évident : déjà le titre de l'oeuvre fait terriblement daté !!!

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