BAJAZET : Vivaldi Vs Les Napolitains

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Clement
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BAJAZET : Vivaldi Vs Les Napolitains

Message par Clement » 03 avr. 2005, 21:04

Bon, alors le fil sur Bajazet est bloqué toujours bloqué, malheureusement?
Je n?ai pas eu le loisir de lire la seconde page, et je me permets de rouvrir un fil sur cette intégrale lancée à grand bruit, très attendue par les amateurs d?opera seria, et soutenue a priori par une Dream Team vocale !!
J?ai eu le temps de l?écouter attentivement et je ne peux cacher une certaine déception. Sur l??uvre, la réalisation générale, et chaque chanteur en particulier?
D?abord, je trouve très déplorable qu?on nous signale évasivement qu?il s?agisse d?un Pasticcio avec des airs d?autres compositeurs, sans prendre la peine de nous les identifier tous. Evidemment, Vivaldi est plus vendeur que Hasse et Giacomelli ! En revanche, on nous indique rigoureusement l?origine de chaque air composé par Vivaldi lui-même.

L??uvre n?est pas mal, les récitatifs accompagnés plus nombreux que dans d?autres ?uvres de Vivaldi. Le tout ne souffre pas tellement de disparités de style flagrantes, et l?opposition des personnages s?exprimant en idiome musical « napolitain » face à Asteria et Bajazet est intéressante. Les airs sont un peu inégaux, et arrivent parfois de façon artificiel (tout le rôle d?Idaspe?), mais l?ensemble tient vraiment la route !
Je trouve que Biondi donne de très belles couleurs, les rythmes sont beaux, les récitatifs inégaux, et parfois bien platement rendus (les accompagnati). Bref, d?un air à l?autre, tout va bien, mais l?ensemble laisse dramatiquement sur sa faim. La comparaison avec la version Jacobs de « qual guerriero » montre combien ce dernier maîtrise mieux le temps dramatique au sein d?un air même, et tire le drame de chaque inflexion, vocalise et ornementation.
D?ailleurs ? mais c?est très variable d?un air à l?autre ? l?ornementation des da capos me paraît parfois trop chiche (les airs syllabiques), ou peu imaginative (Daniels), peu avantageuse (Mijanovic)?et les cadences finales tombent régulièrement à plat et se révèlent frustrantes au lieu de relancer l?intérêt. Excellent dans des formes plus modestes, excellent orfèvre, comme dans la Santissima Trinita, Biondi est-il dépassé par une ?uvre plus exigeante comme celle-ci ? il faut dire néanmoins les progrès réalisé depuis l?intégrale décevante du Poro de Haendel.
Enfin je dirais volontiers que le côté dream team dessert un peu le projet : les autres intégrales Naive ont été rodées sur scène ou en concert avant d?être enregistrées, ce qui donne indéniablement plus de force dramatique, de mûrissement à de véritables équipes, qui, pour ne pas toujours disposer des moyens vocaux et techniques ici présents, donnent plus de sève aux opéras (l?Olimpiade, la Verità in Cimento, Orlando finto pazzo, Orlando Furioso). La réunion d?individualités bien chantantes ne fait pas un opéra ! Bref, si tous sont globalement très bons voire plus encore, il manque toujours ce petit quelque chose qui ferait passer le frisson, et on a l?impression de passer un peu en dessous des potentialités dramatiques de l??uvre.:|
Individuellement :
D?archangelo a une belle voix longue et sonore. Il s?implique beaucoup et est bien présent dramatiquement, avec un vrai sens de la déclamation. Sa partie est très belle.
Daniels m?a déçu. Il incarne bien son personnage mais son chant trop poli et prudent finit par exaspérer dans les airs et affadissent son personnage de méchant, dont ressort plutôt le versant amoureux faiblard. Le premier air (de Giacomelli) est magnifique, et il gère bien sa registration, les graves plus faibles sur certains mots pouvant se justifier. Mais dans les airs suivants cette faiblesse (absence) du vrai registre du contralto gêne vraiment, malgré tout son art : comment s?exclamer CRUDEL TIRA?(« no » étouffé) ! D?ailleurs on pourrait attendre plus de variations, de délicatesse dans « vedeste mai? », s?il ne veut pas mettre en valeur les disparités de registres nécessaires.
Garanca : je ne la connaissais pas. Je reste sur une bonne impression, mais globalement je la trouve trop en retrait et timide dramatiquement et vocalement. Les moyens sont beaux, avec une voix homogène sur une longue tessiture (de castrat soprano). Ses airs galants ne sont pas immédiatement séduisants mais finissent comme souvent dans ce style par me plaire énormément. Le « spesso fra vaghe rose » sonne très familier !! on reconnaît le style que Haendel adoptera pour Carestini à Londres.
Ciofi a un rôle ingrat : vraiment plaqué sur l?intrigue, elle doit chanter deux airs superbes dont le très difficie « anche il mar ». malheureusement, Bartoli est passée avant dans cet air?sans démériter vraiment, on sent Ciofi un peu à la peine. Pas de tempête vocale renversante. Le premier air est en revanche superbement rendu : belles couleurs, jolies ornementations (mais une cadence un peu bizarre : un aigu sur "la beeA-aaa-AAA" à la place de "la beltà"?).
Mijanovic : voix de contralto superbe. Souffle qui paraît parfois un peu court?elle se montre un peu économe de ses beaux graves et expose des aigus pas toujours très beaux, mais le personnage vit vraiment, une belle prestation dans une partie très intense et dramatique.
Genaux a une partie très difficile à affronter, et se surpasse dans sa seconde version du terrifiant « Qual guerriero », avec un da capo renversant. Malgré son chant parfait, j?ai du mal à être ému par ses deux autres très beaux airs, notamment le célèbre « sposa son disprezzata » (de Giacomelli, pas Vivaldi !!).
Bon, c?est quand même très bien tout ça !!! je fais bien le difficile? :roll: écoutez-le !! j?attends vos avis
(Excusez ma longueur)

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Message par bajazet » 03 avr. 2005, 21:11

Excuser ta longueur ? Mais moi j'en redemande des comptes rendus aussi fouillés ! MERCI.
Ça m'amuse de lire tes réserves, après avoir lu 2 comptes rendus dithyrambiques ? Il est normal que Garanc soit un peu sur son quant à soi, non ? Manque d'expérience de ce répertoire oblige ?

Je n'ai toujours pas acheté cet enregistrement, je ne sais pas trop pourquoi. J'avoue que si j'adore Haendel (et Tamerlano en particulier !) ou Hasse, Vivaldi me lasse très vite, et je n'en sais pas bien la raison. Je suis quand même curieux du livret (d'après une tragédie française, je crois).

Les scènes de Bajazet (D'Arcangelo) sont-elles hallucinantes à ton goût comme le dit Kaminski dans Diapason ?

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Message par Clement » 03 avr. 2005, 21:28

bajazet a écrit : Les scènes de Bajazet (D'Arcangelo) sont-elles hallucinantes à ton goût comme le dit Kaminski dans Diapason ?
le livret a le mérite d'être assez ramassé. l'oeuvre tient sur deux CD de 70-75 min, apparemment les récitatifs n'ont pas été coupés (ou alors ça n'est pas précisé :evil:), il manquait quatre airs, et trois ont été remplacés en piochant dans des oeuvres proches de Vivaldi.
les scènes de Tamerlano ne m'ont, personnellement, pas dressé un poil de l'avant bras ni fait voir des points multicolores.
sans en arriver à ces extrêmités, j'ai été plus pris par la Tamerlano de Haendel (malgré les réserves qu'ont peut formuler sur la version Gardiner).
chez VIvaldi, Bajazet va mourir hors scène bien vite, après un arioso dramatique (bien troussé). c'est Asteria qui vient annoncer sa mort, sur un beau récit et un air traité quasiment en scène de folie ici. elle part défaite, et les "napolitains" Andronico, Irene, tamerlano savourent leur lieto fine !! je trouve ça bien plus amer que chez Haendel. Andronico n'apparait pas sous un jour flatteur (quand Asteria disparait, il demande à son ami d'aller la surveiller genre "ok, c'est bon, tu me la gardes au chaud") :twisted:

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Message par bajazet » 03 avr. 2005, 21:32

Mais le ch?ur final chez Haendel est si curieusement triste !

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Message par bajazet » 03 avr. 2005, 22:03

Par qui ?

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Message par bajazet » 03 avr. 2005, 22:14

Qui est cette personne ? On la connaît ?

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Message par Clement » 03 avr. 2005, 22:15

Sara Mingardo a aussi donné deux airs dévolus à Tamerlano en concert, avec Biondi (un air de Giacomelli et un de HAsse). elle y est bien meilleure que Daniels à mon goût, enfin on a toutes les notes.
Jaroussky dans Andronico, le caractère certainement... la voix est peut-être un peu dépassée par longueur de tessiture, non ?? je pense au dernier air...

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Message par bajazet » 03 avr. 2005, 22:17

Ah, Mingardo ? :heart: L'idée de confier à Daniels un rôle de tyran cruel est d'autant plus curieuse que le rôle a été créé par une femme ?

Mais enfin, qui est ce Jarousski ?

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