Concert J. DiDonato/P. Arrivabeni - Liège - 24/11/2018
Concert J. DiDonato/P. Arrivabeni - Liège - 24/11/2018
Gioachino ROSSINI – Semiramide – Ouverture
Giovanni PACINI – Stella di Napoli – Ove t’aggiri, o barbaro…
Michele CARAFA – Le Nozze di Lammermoor – O di sorte crudel… (version transposée)
Wolfgang Amadeus MOZART – Le Nozze di Figaro – Ouverture
Wolfgang Amadeus MOZART – Le Nozze di Figaro – Deh vieni non tardar…
Gioachino ROSSINI – Il Barbiere di Siviglia – Una voce poco fa…
Richard WAGNER – Die Meistersinger von Nürnberg – Prélude Acte 1
Hector BERLIOZ – Les Troyens – Je vais mourir… Adieu, fière cité…
Georges BIZET – L’Arlésienne, suite n°2 – Farandole
Vincenzo BELLINI – Adelson e Salvini – Dopo l’oscuro nembo…
Gioachino ROSSINI – La Donna del lago – Tanti affetti…
Bis:
Somewhere over the Rainbow
Una voce poco fa (dernière partie de l'air)
Joyce DiDonato, mezzo-soprano
Orchestre de l'Opéra royal de Wallonie dirigé par Paolo Arrivabeni.
Peace and Joyce
L'Opéra de Liège a l'habitude d'organiser chaque saison des concerts lyriques avec des artistes de premier plan. Après Baltsa, Caballé, Dessay (qui fit ses débuts scéniques hors de France sur cette scène avant d'y revenir en solo), Gruberova, Ricciarelli, Bruson, Carreras, Florez (à trois reprises !), Kraus, Garanca (deux fois), et plus récemment, Pratt et Gheorghiu, c’était au tour de Joyce Didonato d’éblouir la capitale wallonne avant Leo Nucci le 30 mars et Sonya Yoncheva le 18 juin.
A l’instar du mémorable récital de son compatriote Michael Spyres à Bordeaux au début de ce mois, on peut affirmer que la grande mezzo américaine frôle la perfection mais une perfection radieuse et solaire qui, loin de frapper de stupeur et de tremblements, attire à elle (quelle foule à la séance de dédicaces !) et réchauffe tous les cœurs.
La splendeur du timbre et l’agilité remarquable de la technique, la probité stylistique aussi, ne sont plus à louer, mais un grand concert lyrique comporte encore trois autres éléments fondamentaux pour atteindre à un véritable accomplissement : la prestance en scène, l’intelligence dans la manière de composer son programme et le sens de la communication avec le public.
Joyce DiDonato a été irréprochable sur ces trois dimensions-là aussi. Son programme alterne raretés et airs très fameux, mais sur lesquels elle appose son sceau d’artiste unique, et réunit ici la quintessence de son art et le meilleur de son répertoire. Sa beauté plastique, son choix de deux robes princières mais évitant l’écueil du kitsch ou du ringard, son visage jamais crispé par l’effort même dans les passages de haute virtuosité, tout concourt à donner une impression de facilité déconcertante, que le ramage soit à la hauteur du plumage.
Enfin, elle sait comme personne, dans un français un rien maladroit mais touchant par sa maladresse même, s’adresser à la salle avec chaleur et bonhomie, en flattant le public local (« Mais que vous êtes fortunato d’avoir une si belle salle ici ! Bravo à l’orchestre ! »), en soulignant sa longue complicité avec le maestro Arrivabeni en évoquant leur Donna del Lago genevoise [de mai 2010] dans une mise « bizarre mais très intéressante » [de C. Loy], en présentant le premier bis comme « un cadeau de chez moi » (Somewhere over the Rainbow) et en sous-entendant que nous avions le privilège de l’entendre pour la dernière fois de sa carrière chanter Una voce poco fa qu’elle offre comme second bis, « de l’Arizona à Liège »…Seule Caballé savait à ce point établir un contact si fort.
Le moment de grâce de la soirée, si riches en bonheurs divers, restera pour moi le raffinement extrême de son « Deh vieni non tardar » enfin rendu à sa tessiture originale ( à l’inverse du choix opéré en avril dernier dans cette maison de le confier à Jodie Devos…), celle de sa légendaire créatrice Nancy Storace. Et la Mort de Didon de Berlioz où son apostrophe à Vénus, saisissante, ferait pleurer les pierres de tous les monuments antiques.
Et comme l’Orchestre maison et son ancien chef titulaire se montrent très supérieurs à la moyenne de ce qu’on a l’habitude d’entendre à Paris dans ce genre d’exercice, nous avons vraiment vécu une soirée à marquer d’une pierre (une prière ?) blanche.
Sous le double signe « Peace and Joyce ».
Jérôme Pesqué.
Giovanni PACINI – Stella di Napoli – Ove t’aggiri, o barbaro…
Michele CARAFA – Le Nozze di Lammermoor – O di sorte crudel… (version transposée)
Wolfgang Amadeus MOZART – Le Nozze di Figaro – Ouverture
Wolfgang Amadeus MOZART – Le Nozze di Figaro – Deh vieni non tardar…
Gioachino ROSSINI – Il Barbiere di Siviglia – Una voce poco fa…
Richard WAGNER – Die Meistersinger von Nürnberg – Prélude Acte 1
Hector BERLIOZ – Les Troyens – Je vais mourir… Adieu, fière cité…
Georges BIZET – L’Arlésienne, suite n°2 – Farandole
Vincenzo BELLINI – Adelson e Salvini – Dopo l’oscuro nembo…
Gioachino ROSSINI – La Donna del lago – Tanti affetti…
Bis:
Somewhere over the Rainbow
Una voce poco fa (dernière partie de l'air)
Joyce DiDonato, mezzo-soprano
Orchestre de l'Opéra royal de Wallonie dirigé par Paolo Arrivabeni.
Peace and Joyce
L'Opéra de Liège a l'habitude d'organiser chaque saison des concerts lyriques avec des artistes de premier plan. Après Baltsa, Caballé, Dessay (qui fit ses débuts scéniques hors de France sur cette scène avant d'y revenir en solo), Gruberova, Ricciarelli, Bruson, Carreras, Florez (à trois reprises !), Kraus, Garanca (deux fois), et plus récemment, Pratt et Gheorghiu, c’était au tour de Joyce Didonato d’éblouir la capitale wallonne avant Leo Nucci le 30 mars et Sonya Yoncheva le 18 juin.
A l’instar du mémorable récital de son compatriote Michael Spyres à Bordeaux au début de ce mois, on peut affirmer que la grande mezzo américaine frôle la perfection mais une perfection radieuse et solaire qui, loin de frapper de stupeur et de tremblements, attire à elle (quelle foule à la séance de dédicaces !) et réchauffe tous les cœurs.
La splendeur du timbre et l’agilité remarquable de la technique, la probité stylistique aussi, ne sont plus à louer, mais un grand concert lyrique comporte encore trois autres éléments fondamentaux pour atteindre à un véritable accomplissement : la prestance en scène, l’intelligence dans la manière de composer son programme et le sens de la communication avec le public.
Joyce DiDonato a été irréprochable sur ces trois dimensions-là aussi. Son programme alterne raretés et airs très fameux, mais sur lesquels elle appose son sceau d’artiste unique, et réunit ici la quintessence de son art et le meilleur de son répertoire. Sa beauté plastique, son choix de deux robes princières mais évitant l’écueil du kitsch ou du ringard, son visage jamais crispé par l’effort même dans les passages de haute virtuosité, tout concourt à donner une impression de facilité déconcertante, que le ramage soit à la hauteur du plumage.
Enfin, elle sait comme personne, dans un français un rien maladroit mais touchant par sa maladresse même, s’adresser à la salle avec chaleur et bonhomie, en flattant le public local (« Mais que vous êtes fortunato d’avoir une si belle salle ici ! Bravo à l’orchestre ! »), en soulignant sa longue complicité avec le maestro Arrivabeni en évoquant leur Donna del Lago genevoise [de mai 2010] dans une mise « bizarre mais très intéressante » [de C. Loy], en présentant le premier bis comme « un cadeau de chez moi » (Somewhere over the Rainbow) et en sous-entendant que nous avions le privilège de l’entendre pour la dernière fois de sa carrière chanter Una voce poco fa qu’elle offre comme second bis, « de l’Arizona à Liège »…Seule Caballé savait à ce point établir un contact si fort.
Le moment de grâce de la soirée, si riches en bonheurs divers, restera pour moi le raffinement extrême de son « Deh vieni non tardar » enfin rendu à sa tessiture originale ( à l’inverse du choix opéré en avril dernier dans cette maison de le confier à Jodie Devos…), celle de sa légendaire créatrice Nancy Storace. Et la Mort de Didon de Berlioz où son apostrophe à Vénus, saisissante, ferait pleurer les pierres de tous les monuments antiques.
Et comme l’Orchestre maison et son ancien chef titulaire se montrent très supérieurs à la moyenne de ce qu’on a l’habitude d’entendre à Paris dans ce genre d’exercice, nous avons vraiment vécu une soirée à marquer d’une pierre (une prière ?) blanche.
Sous le double signe « Peace and Joyce ».
Jérôme Pesqué.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
Merveilleux concert de la diva américaine qui a conquis le public dès son air d'entrée, sorti de son CD Stella di Napoli, qu'elle a chanté avec une confiance qui ne laissait planer aucun doute: on assisterait à une belle soirée.
La technique époustouflante, la santé vocale impressionnante, la prononciation impeccable, des ppp osés sans hésiter, l'humour et la complicité avec le maestro, la liste des compliments est longue.
Elle a en outre adressé plusieurs fois le public enthousiasmé en français et l'a complimenté de sa belle salle liégeoise.
Les points forts de la soirée: Cacini, Rossini, Berlioz.
Dommage qu'elle n'a donné que 2 bis.
Ce que venait faire le prélude des Meistersinger par un orchestre qui est trop peu familier de ce répertoire, est une énigme.
La technique époustouflante, la santé vocale impressionnante, la prononciation impeccable, des ppp osés sans hésiter, l'humour et la complicité avec le maestro, la liste des compliments est longue.
Elle a en outre adressé plusieurs fois le public enthousiasmé en français et l'a complimenté de sa belle salle liégeoise.
Les points forts de la soirée: Cacini, Rossini, Berlioz.
Dommage qu'elle n'a donné que 2 bis.
Ce que venait faire le prélude des Meistersinger par un orchestre qui est trop peu familier de ce répertoire, est une énigme.
Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
Tu trouves qu'ils l'ont mal joué ?
J'ai entendu l'orchestre philharmonique de Liège avec son chef ennuyeux et sans idée, Christian Arming, dans ce même prélude, et c'était beaucoup moins bien qu'hier.
J'ai rarement entendu l'orchestre de l'opéra comme ça. Il était comme transcendé par Joyce Di Donato et Paolo Arrivabeni.
Le duo avec le clarinettiste était fantastique.
J'ai entendu l'orchestre philharmonique de Liège avec son chef ennuyeux et sans idée, Christian Arming, dans ce même prélude, et c'était beaucoup moins bien qu'hier.
J'ai rarement entendu l'orchestre de l'opéra comme ça. Il était comme transcendé par Joyce Di Donato et Paolo Arrivabeni.
Le duo avec le clarinettiste était fantastique.
Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
J'ai d'abord trouvé le choix de ce prélude bizarre dans un programme qui ne contenait aucun air de Wagner ou de ce genre. Puis j'ai trouvé l'orchestre mal à l'aise dans ce répertoire, ce qui n'est guère étonnant puisqu'on joue très rarement du Wagner à Liège. Mais j'avoue aussi que j'avais encore dans l'oreille l'ouverture des Meistersinger à Bayreuth cet été, comparaison unfair, je sais.
Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
Je viens de publier ma critique en tête de ce fil.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
Photos © Opéra Royal de Wallonie-Liège
la mélodie est immorale
Nietzsche
Nietzsche
Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
Merci pour le CR ! Quel beau programme...
Ce récital me rappelle les années 70, quand les "petites" salles comme Gand ou Lille se permettaient de programmer des récitals des Caballé, Carreras, Norman, Berganza... Aujourd'hui les programmateurs de ces "petites" salles doivent trouver ça trop ringard sans doute, vive la danse contemporaine c'est plus branché.
Heureux liégeois !
Ce récital me rappelle les années 70, quand les "petites" salles comme Gand ou Lille se permettaient de programmer des récitals des Caballé, Carreras, Norman, Berganza... Aujourd'hui les programmateurs de ces "petites" salles doivent trouver ça trop ringard sans doute, vive la danse contemporaine c'est plus branché.
Heureux liégeois !
Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
paco a écrit : ↑27 nov. 2018, 20:36Merci pour le CR ! Quel beau programme...
Ce récital me rappelle les années 70, quand les "petites" salles comme Gand ou Lille se permettaient de programmer des récitals des Caballé, Carreras, Norman, Berganza... Aujourd'hui les programmateurs de ces "petites" salles doivent trouver ça trop ringard sans doute, vive la danse contemporaine c'est plus branché.
Heureux liégeois !
oui, programme de rêve !
Bordeaux, Strasbourg et Toulouse sont les 3 seules salles de la province française à proposer un vrai cycle de récitals, avec beaucoup de stars à Bordeaux (JK, Dessay, Terfel, Fleming, Sierra, Spyres, Radva)
Même l'ONP a renoncé à ses récitals à Garnier....A Paris, il nous reste les Grandes Voix et l'Elephant, un peu Orsay...
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Concert J. DiDonato / P. Arrivabeni- Liège- 24/11/2018
j'ai connu cette période faste dans les années 80 aussi avec Montpellier ou Avignon mais aussi le festival méditerranéen qui programmaient les voix dont tu parles + Ricciarrelli, Raimondi, Verrett, Price, Zylis-Gara etc...paco a écrit : ↑27 nov. 2018, 20:36Ce récital me rappelle les années 70, quand les "petites" salles comme Gand ou Lille se permettaient de programmer des récitals des Caballé, Carreras, Norman, Berganza... Aujourd'hui les programmateurs de ces "petites" salles doivent trouver ça trop ringard sans doute, vive la danse contemporaine c'est plus branché.
Pour autant tout ayant disparu en même temps et partout, je pense qu'il faut plus en chercher la raison du côté du fonctionnement du métier (cachets, choix spectacles scéniques, rythmes des répétitions) que du choix des programmateurs.
il me semble aussi qu'à l'époque les "grands" donnaient leurs récitals pendant des répétitions qu'ils donnaient à une heure de vol