Stockhausen - Donnerstag aus Licht - Pascal / Lazar - Opéra Comique - 11/2018

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Stockhausen - Donnerstag aus Licht - Pascal / Lazar - Opéra Comique - 11/2018

Message par HELENE ADAM » 18 nov. 2018, 14:06

Donnerstag aus Licht
(Jeudi de lumière)

de Karlheinz Stockhausen
(musique et livret)

Création : la Scala en 1981.
opéra en trois actes pour quatorze solistes (troix voix, huit instrumentistes, trois danseurs), chœur, orchestre et bandes


Opéra comique du 15 au 19 novembre

Direction musicale : Maxime Pascal
Mise en scène : Benjamin Lazar

Avec
Damien Bigourdan, Emmanuelle Grach, Henri Deléger, Léa Trommenschlager, Élise Chauvin, Iris Zerdoud, Damien Pass, Jamil Attar, Safir Behloul, Suzanne Meyer, Mathieu Adam, Alphonse Cemin, Alice Caubit, Ghislain Roffat, Darius Moglia, Éléonore Brundell

Orchestre, Le Balcon,
Orchestre à cordes du CRR de Paris,
Orchestre Impromptu
Choeur, jeune chœur de Paris

Pour célébrer ses 10 ans, l'ensemble le Balcon se lance dans un projet inédit: monter tout le cycle Licht de Stockhausen. 7 opéras, pour une durée totale de 29 heures.
Le premier volet, Donnerstag aus licht, se joue à l'Opéra Comique, sous la direction de Maxime Pascal et mis en scène par Benjamin Lazar.

Les critiques sont enthousiastes ce qui m'a décidé à prendre une place pour la dernière, la séance du 19 novembre. D'autres Odbiens ont peut-être déjà vu l'une des séances précédentes. :wink:
Le travail de Maxime Pascal m'intéresse par ailleurs depuis longtemps....
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr

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Re: Stockhausen -Donnerstag aus Licht - Opéra Comique - 19/11/2018

Message par PlacidoCarrerotti » 18 nov. 2018, 14:14

J'y vais lundi. Non sans une certaine appréhension je dois le reconnaitre...
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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David-Opera
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Re: Stockhausen -Donnerstag aus Licht - Opéra Comique - 19/11/2018

Message par David-Opera » 18 nov. 2018, 14:43

C'est un spectacle pour les 7 à 77 ans. Une approche ludique de la musique, et chaque acte est très différent.
Durées : 1h, puis 50mn, puis 1h20.
Couvrez vous, car le spectacle se poursuit dehors à la sortie vers 22h45.
Très haut niveau musical et théâtral et finition de ce spectacle exemplaire.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.

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Oylandoy
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Re: Stockhausen -Donnerstag aus Licht - Opéra Comique - 15 au 19/11/2018

Message par Oylandoy » 18 nov. 2018, 16:38

Le sujet est inégal. Après un acte I assez bavard, avec une narration plutôt décousue, une musique peu marquante, l'acte II est une vraie merveille, quasi entièrement orchestrale, on pourrait parler d'un concerto pour trompette et orchestre, un peu jazzy, avec des solistes extraordinaires (surtout Henri Deléger, triomphateur à l'applaudimètre d'ailleurs), et des trouvailles de mise en scène étonnantes (en partie écrites par KH Stockhausen lui-même, dont les didascalies ont été respectées) et pour finir, un acte III intéressant mais un peu longuet.
Une partie est jouée sur la place, avant le début, et une autre après la fin, 15 mn environ, spectaculaire, avec deux musiciens sur le balcon, et deux autres dans l'immeuble en face. Spatialisation formidable !
Curieusement, le spectacle est sonorisé, je me demande pourquoi sonoriser une trompette ou un trombone à l'intérieur de l'Opéra-Comique, mais là aussi, des effets de spatialisation originaux font leur effet.
la mélodie est immorale
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Re: Stockhausen -Donnerstag aus Licht - Opéra Comique - 15 au 19/11/2018

Message par Oylandoy » 18 nov. 2018, 16:44

Le livret (qui ne vous renseignera pas beaucoup) :
https://www.opera-comique.com/sites/TNO ... _licht.pdf
et l'avis de Sophie Bourdais, de Télérama, pertinent :
https://www.telerama.fr/musique/donners ... 896495.php
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Re: Stockhausen - Donnerstag aus Licht - Pascal / Lazar - Opéra Comique - 15 au 19/11/2018

Message par pingpangpong » 19 nov. 2018, 07:23

J'y étais samedi. Compte-rendu à suivre.
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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Re: Stockhausen - Donnerstag aus Licht - Pascal / Lazar - Opéra Comique - 11/2018

Message par pingpangpong » 19 nov. 2018, 22:07


Donnerstag aus Licht
(Jeudi de lumière)

de Karlheinz Stockhausen
(musique et livret)

Création : la Scala en 1981.
opéra en trois actes pour quatorze solistes (trois voix, huit instrumentistes, trois danseurs), chœur, orchestre et bandes

Direction musicale Maxime Pascal

Mise en scène Benjamin Lazar

Assistante mise en scène Elizabeth Calleo

Décors et costumes Adeline Caron

Lumières Christophe Naillet

Vidéo Yann Chapotel

Réalisateur en Informatique musicale Augustin Muller

Projection sonore Florent Derex

Chef de chant Alain Muller

Chef de choeur Richard Willberforce

Transmission de la danse Emmanuelle Grach

Collaborateur artistique Alphonse Cemin

Distribution:
Michael ténor Damien Bigourdan(acte I) / Safir Behloul (acte III)

Michael trompette Henri Deléger

Michael danseur Emmanuelle Grach

Eva soprano Léa Trommenschlager (acte I) / Elise Chauvin (acte III)

Eva cor de basset Iris Zerdoud

Eva danseuse Suzanne Meyer

Luzifer basse Damien Pass

Luzifer trombone Mathieu Adam

Luzifer danseur Jamil Attar

Pianiste accompagnateur de Michael Alphonse Cemin

Paire d'hirondelles-clowns, clarinettes Alice Caubit, Ghislain Roffat

Deux jeunes, saxophones Darius Moglia, Eléonore Brundell

Une vieille dame Bernadette Le Saché

Messager Antoine Amariutei (étudiant au DSJC)

2 Infirmiers Maxime Morel, Alphonse Cemin

Le Médecin Simon Guidicelli

Michael Enfant Ilion Thierrée

Orchestre Le Balcon

Choeur jeune chœur de paris

Orchestre Acte III Orchestre à cordes du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris

Orchestre du "Gruss" Orchestre Impromptu

Nouvelle production Opéra Comique, Le Balcon

Coproduction Opéra National de Bordeaux

Reprises Southbank Centre, London


A tous les ramolis de la Traviata, aux blasés de Carmen, aux somnolents de la Flûte enchantée, n'attendez plus pour retrouver tonus et acuité auditive! Stockhausen vous décrasse les oreilles en un rien de temps, quatre petites heures et des poussières (sans compter prélude et postlude donnés sur la place Boieldieu devant la Salle Favart, sous les étoiles, ça a de la gueule même quand il fait froid !) et ne lésine pas sur les moyens: trois orchestres d'une précision d'horlogers, un magicien des sons aux claviers électroniques, un pianiste aux doigts d'acier, un jeune chœur épatant disséminé dans toute la salle, des chanteurs possédés par leurs rôles, doublés par des solistes instrumentaux et des danseurs qui ne le sont pas moins, un chef d'orchestre, Maxime Pascal, véritable démiurge totalement maître de lui et d'une partition dantesque, qui coordonne tout ce beau monde. Lumières, électronique, vidéos, costumes...le spectacle est total, et vous laisse pantelants, chamboulés, pas toujours raccord avec cette musique si difficile par moments (le début, qui demande une certaine accoutumance ; la dernière partie, aride et statique) mais grisés aussi, par le travail remarquable sur la spatialisation du son voulu et pensé de A à Z par Stockhausen (y compris les sons produits par les pas sur la scène), enivrés par les jeux de lumières réglés par Christophe Naillet, épatés par le Lucky-Luke de la trompette Henri Deléger, qui dégaine plus vite que son ombre grâce à sa ceinture de sourdines, virtuose omniprésent et justement acclamé ; épatés par un tubiste jouant allongé au sol, ou un tromboniste danseur de claquettes, dans le duel qui les oppose à Michael, héros de cet opéra-monde, malgré les vicissitudes de la vie, la dure vie du compositeur lui-même qui a, avec beaucoup de finesse et de clairvoyance, mis en scène son enfance et sa destinée. Grâce à la simplicité du livret, traduit sur des écrans inclus dans la scénographie, mais aussi à des chanteurs endurants, rompus à une écriture hors normes, le spectateur ne reste pas sur le carreau, le temps lui étant laissé d'assimiler, notamment par la répétition et la clarté du texte chanté, les événements vécus et la métamorphose de l'enfant qui, avec beaucoup de grâce, celle de la danseuse Emmanuelle Grach, illumine l'œuvre, au même titre que les ténors Damien Bigourdan et Safir Behloul, robustes Michael respectivement des actes I et III, Léa Trommentschlager et Elise Chauvin se partageant le rôle d'Eva éprouvant le haut de leur tessiture ce qu'elles relèvent avec brio.
Enfance terrible, dont le premier acte expose l'internement de la mère, Eva, en hôpital psychiatrique puis son exécution par le régime nazi, comme pour nombre de ses semblables jugés dégénérés ; la mort d'un jeune frère, puis du père sur le front de l'est, lors du second conflit mondial. Emotion, effroi ; la musique éructe, pleure, frémit, lancinante, implacable.
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11 Donnerstag 49 DR Vincent Pontet .jpg (55.53 Kio) Vu 3090 fois
Mais la musique est salvatrice aussi : invitant à la sensualité avec l'évanescent personnage de Mondeva, poétique cor de basset joué par Iris zerdoud ; au deuxième acte, dont les chanteurs sont totalement absents, Michael, joué par le trompettiste, fait le tour du monde, dont l'orchestre en cercle serait sa figuration, occasion de montrer en un flux continu, les dons d'orchestrateur et de mélodiste de Stockhausen. Japon, Inde, Afrique, Bali, New-York, Jérusalem, autant de lieux parcourus réellement par le compositeur et qui l'ont nourri, ici caractérisés de manière subtile et colorée, où l'humour n'est pas absent, entre autre par la présence de deux clarinettistes facétieux.
Au troisième acte, Luzifer, l'épatant Damien Pass, joue les trouble-fête, alors que Michael est de retour au pays où un festival est organisé en son honneur.
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Dans la dernière partie, Vision, moment introspectif marqué d'ésotérisme et de spiritualité, tous les intervenants quittent la salle exceptés les trois Michael, ténor, danseur et enfant, qui opèrent un retour sur les évènements, le texte occupant toute l'attention pour s'achever sur ces mots poignants qui pourraient être le credo de tout musicien :
“Et je sais que nombre d'entre vous se moqueront de moi si je vous chante:
Je me suis pris d'un amour immortel pour les hommes, pour cette terre et ces enfants
-malgré Lucifer- malgré Satan-malgré tout...“
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7 Donnerstag aus licht-391 DR Meng Phu.jpg (143.21 Kio) Vu 3090 fois
Dans une salle Favart métamorphosée, les premiers rangs du parterre ainsi que la fosse ayant été recouverts de praticables afin de créer un espace de jeu le plus large possible, Benjamin Lazar, metteur en scène d'une grande efficacité et sobriété, Adeline Caron pour les décors et les costumes, ont su “donner à voir la musique“ comme le souhaitait Stockhausen.
Puissent Maxime Pascal et son Balcon parvenir à donner l'intégralité des sept opéras qui constituent Licht comme ils en ont l'intention d'ici 2024. Le public de Favart leur est acquis d'avance.

E.Gibert
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Re: Stockhausen - Donnerstag aus Licht - Pascal / Lazar - Opéra Comique - 11/2018

Message par Oylandoy » 19 nov. 2018, 22:53

Maxime Pascal explique Licht :
https://www.youtube.com/watch?v=kQ9Qh4Tl4KQ
la mélodie est immorale
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Re: Stockhausen - Donnerstag aus Licht - Pascal / Lazar - Opéra Comique - 11/2018

Message par HELENE ADAM » 20 nov. 2018, 00:34

Voilà une maison qui a décidément de très bonnes idées, un jeune chef surdoué, des équipes soudées derrière un projet, pas de stars mais des talents à en revendre et un "tout en un" : instrumentistes acteurs, acteurs acrobates, acrobates danseurs ou chanteurs, bref une soirée époustouflante.
Oui pourvu que l'Opéra comique nous donne la suite.... :D :D :D
(et je crois que mon voisin est d'accord :lol: )
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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