Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola/Py - Berlin - 11-12/2017
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Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola/Py - Berlin - 11-12/2017
Le Prophète
Giacomo Meyerbeer (1791 – 1864)
Direction musicale : Enrique Mazzola
Mise en scène : Olivier Py
Décors, costumes : Pierre-André Weitz
Lumières : Bertrand Killy
Chef de chœur : Jeremy Bines
Chœur d’enfants : Christian Lindhorst
Dramaturgie : Jörg Königsdorf, Katharina Duda
Jean de Leyde : Gregory Kunde
Fidès : Clémentine Margaine
Berthe : Elena Tsallagova
Zacharie : Derek Welton
Jonas : Andrew Dickinson
Mathisen : Noel Bouley
Le Comte Oberthal : Seth Carico
Et avec : Sandra Hamaoui, Davia Bouley, Ya-Chung Huang, Taras Berezhansky, Jörg Schörner, Dean Murphy, Byung Gil Kim
Chœur du Deutsche Oper Berlin
Chœur d’enfants du Deutsche Oper Berlin
Orchestre du Deutsche Oper Berlin
Danseurs du Deutsche Oper Berlin
Une troupe d'ODBiens y était le dimanche 3 décembre.
Représentation du 3 décembre 2017
Le Prophète est une œuvre malheureusement rarement donnée et il faut venir à Berlin pour l’écouter alors que Paris boude ce répertoire avec constance.
L’histoire qui s’étale sur 5 actes (4h30 de représentation malgré les coupures) repose essentiellement sur la lutte sans merci entre les anabaptistes et les troupes de l’empereur et sur les amours contrariées de Berthe et de Jean, qui est lui même empêtré dans une histoire avec sa propre mère.
C’est une histoire où les femmes sont victimes de la folie guerrière des hommes, une histoire mêlant (fausse) religion, sang et sexe, bref, une histoire idéale pour Olivier Py et ses décors froids de tôle et de néons.
Le metteur en scène qui semblait depuis quelques temps sérieusement en panne d’inspiration se meut dans cette histoire comme un poisson dans l’eau. Et si on ferme les yeux sur quelques excès inutiles et trop surlignés (les panneaux publicitaires) et sur sa désormais habitude forcenée à faire tourner ses décors jusqu’à la nausée, l’ensemble dégage une grande force et une admirable cohérence avec le propos de l’opéra.
Montrer la violence crue, se moquer de la (fausse) religion et des prophètes ambitieux et autoproclamés, rien de cela ne choque; bien au contraire alors que notre temps n’est plus celui de Meyerbeer, tout cela résonne avec les violences de notre monde et de notre temps et avec l’hystérie des fidèles barbares qui détournent leurs religions pour faire couler le sang, voire confondent leur aventure individuelle avec une mission divine.
Sa mise en scène n’a néanmoins pas, loin s’en faut si les huées émises restent l’outil de mesure adéquat dans la période, séduit la totalité des spectateurs du Deutsche Oper.
Le ballet traditionnel du grand opéra est, une fois n’est pas coutume, heureusement conservé. Les commentaires entendus à l’entracte m’ont conforté dans l’idée que, par sa longueur, celui-ci a du mal à passer pour de nombreux spectateurs. On peut faire crédit à Olivier Py de le traiter avec une grande originalité mariant la danse (servie par la troupe des - ô combien - merveilleux (et beaux) artistes du Deutsche Oper) et une violence appropriée. De belles images qui recueilleront à parts égales leur part d’applaudissements et de huées. Huées que j’ai, pour ma part, un peu de mal à m’expliquer tant on a vu des choses traitées de manière provocante par le metteur en scène.
La distribution est extraordinaire et ne l’aurait elle pas été que tout l’édifice se serait écroulé comme un château de cartes. Car cette partition est incroyablement difficile pour les trois solistes principaux qui relèvent le défi avec superbe.
Ceux qui ont dans l’oreille la version de Henry Lewis, pourront faire la fine bouche. J’en suis sorti, pour ma part, avec la satisfaction d’un engagement sans faille et sans faiblesse de la part des interprètes.
Elena Tsallagova, d’abord, malgré un rôle qui exige un chant sous tension permanente, l’endosse vocalement sans difficultés. Elle incarne magnifiquement le personnage que Olivier Py lui a construit, celui d’une jeune femme violentée et violée, puis tout d’un bloc assoiffée de vengeance individuelle.
Clémentine Margaine a ce timbre grave qui convient à Fides et, malgré un chant parfois irrégulier et non exempt de scories et une prononciation française parfois aléatoire, elle fait preuve d’un engagement extraordinaire, en particulier dans le dernier acte où le moins que l’on puisse dire, c’est que Meyerbeer a eu la main lourde avec sa mezzo soprano.
Grégory Kunde qui sert, avec constance, le répertoire français le plus lourd avec une toujours prononciation irréprochable, est magnifique dans ce rôle de faux prophète d’abord opportuniste puis empêtré et piégé par ses mensonges, personnage finalement pitoyable prêt à envoyer sa fiancée au viol et à renier sa propre mère.
Les trois anabaptistes, Derek Welton, Andrew Dickinson et Noel Bouley, sont parfaits et Seth Carico s’impose par son physique (qui a ému de nombreux spectateurs) peut être plus que par son chant monochrome.
Les chœurs qui chantent en volapük sont néanmoins superbes musicalement.
Très sceptique pendant la première partie par la direction peu contrastée voire molle de Enrique Mazzola, celle-ci monte en puissance pour aboutir à un dernier acte dont la tension colle parfaitement avec l’histoire et l’écriture impitoyable de la partition des solistes.
On ne peut, en conclusion, que saluer la constance du Deutsche Oper à mettre à l’affiche, à chaque saison, une œuvre du compositeur allemand qui fut roi de « la grande maison » mais n’est aujourd’hui pas digne d’occuper à Paris le moindre strapontin à côté des rabâchées Bohème ou autre Traviata.
Paul Fourier
1er post modifié le 3 décembre après la représentation
Giacomo Meyerbeer (1791 – 1864)
Direction musicale : Enrique Mazzola
Mise en scène : Olivier Py
Décors, costumes : Pierre-André Weitz
Lumières : Bertrand Killy
Chef de chœur : Jeremy Bines
Chœur d’enfants : Christian Lindhorst
Dramaturgie : Jörg Königsdorf, Katharina Duda
Jean de Leyde : Gregory Kunde
Fidès : Clémentine Margaine
Berthe : Elena Tsallagova
Zacharie : Derek Welton
Jonas : Andrew Dickinson
Mathisen : Noel Bouley
Le Comte Oberthal : Seth Carico
Et avec : Sandra Hamaoui, Davia Bouley, Ya-Chung Huang, Taras Berezhansky, Jörg Schörner, Dean Murphy, Byung Gil Kim
Chœur du Deutsche Oper Berlin
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Orchestre du Deutsche Oper Berlin
Danseurs du Deutsche Oper Berlin
Une troupe d'ODBiens y était le dimanche 3 décembre.
Représentation du 3 décembre 2017
Le Prophète est une œuvre malheureusement rarement donnée et il faut venir à Berlin pour l’écouter alors que Paris boude ce répertoire avec constance.
L’histoire qui s’étale sur 5 actes (4h30 de représentation malgré les coupures) repose essentiellement sur la lutte sans merci entre les anabaptistes et les troupes de l’empereur et sur les amours contrariées de Berthe et de Jean, qui est lui même empêtré dans une histoire avec sa propre mère.
C’est une histoire où les femmes sont victimes de la folie guerrière des hommes, une histoire mêlant (fausse) religion, sang et sexe, bref, une histoire idéale pour Olivier Py et ses décors froids de tôle et de néons.
Le metteur en scène qui semblait depuis quelques temps sérieusement en panne d’inspiration se meut dans cette histoire comme un poisson dans l’eau. Et si on ferme les yeux sur quelques excès inutiles et trop surlignés (les panneaux publicitaires) et sur sa désormais habitude forcenée à faire tourner ses décors jusqu’à la nausée, l’ensemble dégage une grande force et une admirable cohérence avec le propos de l’opéra.
Montrer la violence crue, se moquer de la (fausse) religion et des prophètes ambitieux et autoproclamés, rien de cela ne choque; bien au contraire alors que notre temps n’est plus celui de Meyerbeer, tout cela résonne avec les violences de notre monde et de notre temps et avec l’hystérie des fidèles barbares qui détournent leurs religions pour faire couler le sang, voire confondent leur aventure individuelle avec une mission divine.
Sa mise en scène n’a néanmoins pas, loin s’en faut si les huées émises restent l’outil de mesure adéquat dans la période, séduit la totalité des spectateurs du Deutsche Oper.
Le ballet traditionnel du grand opéra est, une fois n’est pas coutume, heureusement conservé. Les commentaires entendus à l’entracte m’ont conforté dans l’idée que, par sa longueur, celui-ci a du mal à passer pour de nombreux spectateurs. On peut faire crédit à Olivier Py de le traiter avec une grande originalité mariant la danse (servie par la troupe des - ô combien - merveilleux (et beaux) artistes du Deutsche Oper) et une violence appropriée. De belles images qui recueilleront à parts égales leur part d’applaudissements et de huées. Huées que j’ai, pour ma part, un peu de mal à m’expliquer tant on a vu des choses traitées de manière provocante par le metteur en scène.
La distribution est extraordinaire et ne l’aurait elle pas été que tout l’édifice se serait écroulé comme un château de cartes. Car cette partition est incroyablement difficile pour les trois solistes principaux qui relèvent le défi avec superbe.
Ceux qui ont dans l’oreille la version de Henry Lewis, pourront faire la fine bouche. J’en suis sorti, pour ma part, avec la satisfaction d’un engagement sans faille et sans faiblesse de la part des interprètes.
Elena Tsallagova, d’abord, malgré un rôle qui exige un chant sous tension permanente, l’endosse vocalement sans difficultés. Elle incarne magnifiquement le personnage que Olivier Py lui a construit, celui d’une jeune femme violentée et violée, puis tout d’un bloc assoiffée de vengeance individuelle.
Clémentine Margaine a ce timbre grave qui convient à Fides et, malgré un chant parfois irrégulier et non exempt de scories et une prononciation française parfois aléatoire, elle fait preuve d’un engagement extraordinaire, en particulier dans le dernier acte où le moins que l’on puisse dire, c’est que Meyerbeer a eu la main lourde avec sa mezzo soprano.
Grégory Kunde qui sert, avec constance, le répertoire français le plus lourd avec une toujours prononciation irréprochable, est magnifique dans ce rôle de faux prophète d’abord opportuniste puis empêtré et piégé par ses mensonges, personnage finalement pitoyable prêt à envoyer sa fiancée au viol et à renier sa propre mère.
Les trois anabaptistes, Derek Welton, Andrew Dickinson et Noel Bouley, sont parfaits et Seth Carico s’impose par son physique (qui a ému de nombreux spectateurs) peut être plus que par son chant monochrome.
Les chœurs qui chantent en volapük sont néanmoins superbes musicalement.
Très sceptique pendant la première partie par la direction peu contrastée voire molle de Enrique Mazzola, celle-ci monte en puissance pour aboutir à un dernier acte dont la tension colle parfaitement avec l’histoire et l’écriture impitoyable de la partition des solistes.
On ne peut, en conclusion, que saluer la constance du Deutsche Oper à mettre à l’affiche, à chaque saison, une œuvre du compositeur allemand qui fut roi de « la grande maison » mais n’est aujourd’hui pas digne d’occuper à Paris le moindre strapontin à côté des rabâchées Bohème ou autre Traviata.
Paul Fourier
1er post modifié le 3 décembre après la représentation
TROLL Re: Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola / Py - DO Berlin - 12/2017
Un troupe , c'est un troupeau ou une troupe ?MariaStuarda a écrit :
Un troupe d'ODBiens y sera le dimanche 3 décembre
Bernard
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Re: TROLL Re: Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola / Py - DO Berlin - 12/2017
Non je ne suis pas d'accord avec toi, ça pourrait être un troupeau de charmants agneaux ou ...d'éléphants !MariaStuarda a écrit : ↑24 nov. 2017, 23:35Une troupe sorry; les troupeaux c'est pour les bœufs et j'aime trop mes petits camarades pour les traiter de bovins.
Bernard
Ps Polo désolé de saloper si vite ton fil ( mais bon tu me l'as fait si souvent ) tu écriras ton CR en tête ?
bz
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Re: Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola / Py - DO Berlin - 12/2017
Quelques photos de la part d'un membre du troupeau
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
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Re: Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola / Py - DO Berlin - 12/2017
Y'a de l'action.
Bernard
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Re: Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola / Py - DO Berlin - 12/2017
On est bien en Allemagne!
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Re: Meyerbeer - Le Prophète - Mazzola / Py - DO Berlin - 12/2017
Quelques mots de Gregory Kunde sur sa prise de rôle.
https://www.youtube.com/watch?v=JFA2LLR ... e=youtu.be
https://www.youtube.com/watch?v=JFA2LLR ... e=youtu.be
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !