Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

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Hiero von Stierkopf
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Hiero von Stierkopf » 20 oct. 2017, 16:37

PlacidoCarrerotti a écrit :
20 oct. 2017, 16:32
Hiero von Stierkopf a écrit :
20 oct. 2017, 16:16
PlacidoCarrerotti a écrit :
20 oct. 2017, 16:11
JdeB a écrit :
20 oct. 2017, 15:44
houppelande a écrit :
20 oct. 2017, 15:17
JdeB a écrit :
20 oct. 2017, 12:18
Quant à Garanca, oui, c'est électrisant mais à côté de Bumbry...
Indépendamment de la voix, il y avait, au moins dans la captation télévisée, le jeu de Garanca qui à mon avis la distingue de beaucoup d'autres chanteuses. Cela dit, son Eboli, par le déhanchement et la cigarette, ainsi que le français chanté, me faisait souvent penser à Carmen.
Elle le grand mérite d'être belle (ce qui est le cas d'Eboli chez Verdi), d'avoir une projection admirable, une intensité rare, un aigu souverain mais le français, le style, le côté aristocratique ?
Le côté aristocratique, on le cherche également en vain chez Philippe II : le mec picole, bat sa femme, etc. Un vrai roi sait se tenir.
Il ne picole ni ne bat sa femme en public.
Pas le genre à se faire gauler à peloter ses sujets au rang 15.
Au rang 1 du premier balcon, semble-t-il.
Sa devise était : Dura Joxe, sed Joxe.
Je pense que le terme balcon est une erreur et qu'il s'agit bien du rang 15 compte tenu de la description qui en est faite.

Pour revenir à Philippe II, la mise en scène veille justement à lui donner une image et la tenue d'un monarque à chacune de ses apparitions publiques.
En ce sens, l'introduction sur l'avant-scène est assez pertinente.
Au III, le public peut percevoir des signes de son alcoolisme car ses mains tremblent quand il tient la couronne. Mais c'est tout.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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Adalbéron
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Adalbéron » 20 oct. 2017, 16:39

PlacidoCarrerotti a écrit :
20 oct. 2017, 16:31
Adalbéron a écrit :
20 oct. 2017, 16:24
PlacidoCarrerotti a écrit :
20 oct. 2017, 16:11
JdeB a écrit :
20 oct. 2017, 15:44
houppelande a écrit :
20 oct. 2017, 15:17
JdeB a écrit :
20 oct. 2017, 12:18
Quant à Garanca, oui, c'est électrisant mais à côté de Bumbry...
Indépendamment de la voix, il y avait, au moins dans la captation télévisée, le jeu de Garanca qui à mon avis la distingue de beaucoup d'autres chanteuses. Cela dit, son Eboli, par le déhanchement et la cigarette, ainsi que le français chanté, me faisait souvent penser à Carmen.
Elle le grand mérite d'être belle (ce qui est le cas d'Eboli chez Verdi), d'avoir une projection admirable, une intensité rare, un aigu souverain mais le français, le style, le côté aristocratique ?
Le côté aristocratique, on le cherche également en vain chez Philippe II : le mec picole, bat sa femme, etc. Un vrai roi sait se tenir.
Mdr. Fiction d'Ancien Régime, idéal régulateur.
Ce sont des hommes comme les autres. Avoir le sang bleu ne rend pas plus fort et c'est je crois une des forces de ce livret que le présenter.
Posa dit bien : "Sire à vous obéit la moitié de la terre, êtes-vous donc dans vos vastes états le seul à qui vous ne commandiez pas ?"
Et Philippe ici fait toujours bonne figure en public.
Vision un brin anachronique : Charles-Quint est rentré au couvent pour se taper des moines ?
Quel est le rapport avec la fraise ?
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Oylandoy » 20 oct. 2017, 17:17

Adalbéron a écrit :
19 oct. 2017, 22:48
En fait, ça n'a rien à voir avec Goya (moi ça ne me satisfaisait pas, mais j'avais pensé en effet à Cronos). C'est une citation du film muet L'Inferno de Francesco Bertolini, Giuseppe De Liguoro et Adolfo Padovan.
Cf. ici à 1:05:25 /watch?v=3M9e6jxA9tA
Autre question : Warli fait référence à l'Enfer de Dante, ok, mais pourquoi ?
la mélodie est immorale
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par wababelooba » 20 oct. 2017, 17:32

JdeB a écrit :
20 oct. 2017, 14:27
Hiero von Stierkopf a écrit :
20 oct. 2017, 14:20
Moi je trouve que la froideur de la mise en scène convient parfaitement à Bastille.
Je dirais même que ça participe d'une ambiance générale qu'on ne retrouverait pas dans une salle plus petite et plus chaude.
oui, le spectacle s’intègre parfaitement à Bastille car en effet il parvient à retranscrire la froide immensité des lieux de l'action et que l'Etat est le plus froid de tous les monstres froids...C'est bien le propos de Verdi et de Warli

Pas tout à fait d'accord là dessus .
J'ai découvert le Don G. d' Haneke, spectacle glacialissime ( et génial AMHA) à Garnier et quand le rideau s'ouvrait sur le décor de la Défense ,
le contraste avec la salle renforçait le propos.Un vrai choc esthétique .
Je l'ai revu transposé à Bastille , et le côté froid sur froid rendait le spectacle moins sidérant.
L'approche psychologique adoptée par Warli aurait en plus gagné avec une salle plus intime et une ouverture de scène moins grande.

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Adalbéron » 20 oct. 2017, 17:36

Oylandoy a écrit :
20 oct. 2017, 17:17
Adalbéron a écrit :
19 oct. 2017, 22:48
En fait, ça n'a rien à voir avec Goya (moi ça ne me satisfaisait pas, mais j'avais pensé en effet à Cronos). C'est une citation du film muet L'Inferno de Francesco Bertolini, Giuseppe De Liguoro et Adolfo Padovan.
Cf. ici à 1:05:25 /watch?v=3M9e6jxA9tA
Autre question : Warli fait référence à l'Enfer de Dante, ok, mais pourquoi ?
Je pense vraiment qu'on voit et Cronos et le Diable. En tout cas on pense à Cronos, mais les cornes troublent. (Et je ne sais pas si Warli veut que l'on reconnaisse la référence - ça ne fait pas vraiment partie du "fond culturel commun" dont parlait JdeB. C'est mieux pour Warli qu'on ne l'identifie pas puisque ça fait poser beaucoup de questions - sans doute inutiles - alors que c'est juste là pour frapper).

C'est une image extraite de sa source (un film qui s'inspire de Dante) qui est là pour stimuler l'imaginaire.
Mais dans L'inferno de Dante il y a aussi un père infantophage (Ugolino) ; ça peut renvoyer plus largement à la notion de Mal, à l'incube des cauchemars (si Carlos délire, si le roi dort - et c'est précisément ce qu'il fait avant que le rideau sur lequel est projeté cet extrait se lève). Et on parle d'Enfer à plusieurs reprises je crois dans l'œuvre (on sent en tout cas ses portes sur le point de s'ouvrir dans le duo avec l'Inquisiteur - les vents derrière "Oh roi, si je n'étais ici..." - d'ailleurs avant l'entracte, au moment où cette image apparaît, l'Inquisiteur fait son entrée à cours). En tout cas Eboli dit à la reine dans le même acte : "sachez à quel démon l'Enfer vous a livré".
Mais vraiment je ne crois pas qu'il faille voir ça comme un effet de culture et une référence intégrée dans un système cohérent (ce n'est pas du Konzept et les références sont déjà mêlées, dans L'inferno de Dante, dans le film, etc.), c'est juste un stimulus à imaginaire(s).
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Adalbéron » 20 oct. 2017, 18:07

wababelooba a écrit :
20 oct. 2017, 17:32
JdeB a écrit :
20 oct. 2017, 14:27
Hiero von Stierkopf a écrit :
20 oct. 2017, 14:20
Moi je trouve que la froideur de la mise en scène convient parfaitement à Bastille.
Je dirais même que ça participe d'une ambiance générale qu'on ne retrouverait pas dans une salle plus petite et plus chaude.
oui, le spectacle s’intègre parfaitement à Bastille car en effet il parvient à retranscrire la froide immensité des lieux de l'action et que l'Etat est le plus froid de tous les monstres froids...C'est bien le propos de Verdi et de Warli

Pas tout à fait d'accord là dessus .
J'ai découvert le Don G. d' Haneke, spectacle glacialissime ( et génial AMHA) à Garnier et quand le rideau s'ouvrait sur le décor de la Défense ,
le contraste avec la salle renforçait le propos.Un vrai choc esthétique .
Je l'ai revu transposé à Bastille , et le côté froid sur froid rendait le spectacle moins sidérant.
L'approche psychologique adoptée par Warli aurait en plus gagné avec une salle plus intime et une ouverture de scène moins grande.
C'est vrai que son Iphigénie (vraiment pensée pour Garnier) tenait toute sa force de ce contraste.
Mais ici ça intègre la salle dans l'espace scénique sans fissure.
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par lionrougeetblanc » 20 oct. 2017, 19:05

David-Opera a écrit :
20 oct. 2017, 12:20
Adalbéron a écrit :
20 oct. 2017, 12:08
jmc a écrit :
20 oct. 2017, 11:49
Selon le site toute la télé 190 000 téléspectateurs hier soir sur Arte pour Don Carlos.
audienceDonCarlos19octobre2017ARTE.JPG
Mieux que France Ô quand même !
(Ils comptent les téléspectateurs en ligne ? Pour les gens comme moi qui n'ont pas la télévision)
On est dans la moyenne haute pour les retransmissions d'opéras sur Arte, généralement entre 120.000 et 250.000 spectateurs.
C'est l'audience uniquement pour la France ou bien France + Allemagne ?

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par David-Opera » 20 oct. 2017, 19:18

Il s'agit d'Arte France.
Il faut savoir que la moyenne d'audience d'Arte France est 2,3% et son record est de 5,3% (ce qui, pour une chaine telle TFI ou France 2/3, est un flop).
Don Carlos a fait 1,2%
C'est donc très bien.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par David-Opera » 20 oct. 2017, 19:58

La vidéo de Don Carlos comporte une interview de chaque artiste :
Jonas Kaufmann explique que les airs de la version parisienne sont plus redoutables pour le ténor que dans la version milanaise.
Philippe Jordan met l'accent sur les couleurs françaises dont il recouvre l’œuvre de Verdi avec le style du Grand Opéra.
Ludovic Tézier se focalise sur l’intériorité de la version parisienne du fait du texte et de la langue française.
Krzysztof Warlikowski prend en compte qu'il y a une version milanaise en quatre actes et donc trouve naturel d'imaginer l'acte de Fontainebleau comme une réminiscence du passé d'un Don Carlos suicidaire hanté par ses visions.
Elina Garanca met en valeur sa relation avec Krzysztof Warlikowski qui lui a appris à partir du texte plutôt que de suivre le premier élan de la musique.
Ildar Abdrazakov met en avant l'impact de Krzysztof Warlikowski qui l'a guidé dans une approche qui part du cœur de chaque chanteur en cherchant à les comprendre pour leur proposer une incarnation qui les met à l'aise.
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par dongio » 20 oct. 2017, 23:00

On dira que c'est de l'addiction et on aura sans doute raison.
Depuis hier soir et la transmission d'Arte, ce Don Carlos, déjà vu en salle il y a exactement une semaine, me hante encore. Et pourtant, pourtant je savais à quoi m'attendre, le choc émotionnel ayant déjà eu lieu.
Alors quoi? Sans doute encore et toujours au chant suprême distillé tout au long de la soirée par tous : je ré-écoute en ce moment sans le support de l'image pour mieux m'en imprégner la mort de Posa par Tézier, et ne sais que louer en priorité. De même, je me plonge dans le trio Posa-Carlos-Eboli qui relève des trésors, et me prends à devenir de plus en plus adepte du duo Elisabeth-Eboli au IV avant le "Don fatal". Comme rappelé ici, la version italienne avec sa concision , son dramatisme resserré à l'aveu de l'adultère marque les esprits mais ici, la douleur, l'infinie tristesse, le poids du drame, tout bouleverse au plus haut point.
Mais aussi ce qui m'a tétanisé hier et encore ce soir en regardant des bribes sur le replay que je voulais me remémorer, ce sont les visages, les mains, les regards, le théâtre qui habite cette œuvre et que Warlikowski a mis dans chaque note. Même bien placé avais-je cru il y a une semaine, je me suis rendu compte de ce que j'avais manqué, et que je recherche dans tout opéra: la passion, la vie, si loin des poses convenues que l'on peut y trouver parfois. Sans doute a-t-il fallu un long travail de répétition pour arriver à une telle osmose entre tous et une telle appropriation de leur rôle par les chanteurs. C'est remarquable: j'avoue tenter de me remémorer depuis quand je n'avais vu un Don Carlo(s) qui présente tant de vérité scénique et de force dramatique. Et d'ailleurs, en avais-je vu un tel avant celui là? Oui, les didascalies ne sont pas respectées, mais le propos, le grand arc sont tenus et même ce premier acte qui m'avait gêné de par sa mise en scène m'est apparu limpide si on considère effectivement que l'action commence à St Just au II, et que Carlos y est retiré pour pleurer sa douleur dans la même position qui l'aura vu chuter de sa chaise à la fin du I, qui n'est que réminiscence amère .
(j'écoute en écrivant la fin du IV sans l'image, mais quelle splendeur, et quel bon français aussi. Le travail sur la prosodie et l'articulation est de très haut niveau: Abdrakasov y est fantastique).
Le travail de Jordan reste quand même de très belle facture et ses pauses si décriées ici non seulement ne me sont pas gênantes, mais rajoutent à la tension dramatique. Tézier superlatif, Garanca inouïe, Abdrakasov imposant, Yoncheva bouleversante malgré des scories qui n'entachaient pas son chant vendredi dernier ( et décrites au cours de la transmission : fatigue?) , Kaufmann remarquable. Que trouver encore comme adjectifs?
Dure épreuve pour le cast 2 d'arriver à égaler cette émotion. Dur challenge pour la version italienne l'an prochain de susciter les mêmes émois...et qui y verrions nous pour atteindre le même niveau musical? Ah si seulement...Alagna, Harteros, Keenlyside, Rachvelishvili, Pape...Non? Je sais , je sais...les pronostics affichés sont différents mais que Lissner serait grand s'il arrivait à afficher un équivalent d'équipe à celle de ce moment.

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