Vinci - Artaserse - Fasolis/Purcarete - Nancy/TCE 11-12/2012

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Message par meteosat » 10 nov. 2012, 18:26

Rappel : retransmission en direct sur Mezzo ce soir à 20h

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Message par Albar » 10 nov. 2012, 23:59

Je regarde en direct sur Mezzo.

Effectivement, Faggioli est sidérant. Chacune de ses interventions est sublime, tout simplement. J'ai hâte d'entenre cette voix en direct.

Mais je ne suis pas d'accord sur le jugement porté par certains sur Jaroussky: il ne faut pas confondre la prestation de l'artiste et la verve compositrice. Les airs dévolus à Artaserse sont moins virtuoses d'écriture, c'est clair. Pour autant, ça n'enlève rien à la prestation de Jaroussky. C'est mon humble avis.

Que dire alors de Cencic qui ressemble à un émeu...?

J'ai en tout cas raté quelque chose à ne pas être dans la salle ce soir: on est transporté à l'ère des castrats. Quand on pense que ça a été créé au "Teatro delle Dame"... tout un programme!

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Message par jerome » 11 nov. 2012, 01:17

c'était extraordinaire!!!!! :D
j'ai enregistré ce soir!!

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Message par meteosat » 11 nov. 2012, 12:27

Un spectacle étonnant en effet. Un véritable feu d'artifice vocal, je n'ai jamais entendu des contre-ténors "se lacher" autant, et avec autant de facilité.
Le cas Franco Fagioli est carrément sidérant, on croirait entendre Bartoli !!

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Message par Ruggero » 12 déc. 2012, 09:38

ça finit à quelle heure, au TCE?
L'opéra semble voué à être le dernier refuge du besoin de la beauté artistique en toc.
(Bernard Shaw, 1898)

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Message par PlacidoCarrerotti » 12 déc. 2012, 09:56

Pour info, ce n'est pas la même version que Nancy : beaucoup d'airs en moins et un en plus.
Et ce n'est pas le même ténor, hélas ...

A part ça c'était génial : enfin des contre-ténors qui font du "castrat" au lieu de faire du "Deller".

Mais la vraie première n'était pas là : aucun couac dans l'orchestre malgré la difficulté de la partition 8O Du jamais vu !
(on va me dire que ce n'est pas dans le style ...)
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Message par raph13 » 13 déc. 2012, 14:59

Ruggero a écrit :ça finit à quelle heure, au TCE?
Selon un ami qui y était hier, 1ère partie 1h05, entracte, 2e partie 1h15.
Il est sorti vers 23h10.
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)

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Message par Ruggero » 13 déc. 2012, 15:03

thanks!
L'opéra semble voué à être le dernier refuge du besoin de la beauté artistique en toc.
(Bernard Shaw, 1898)

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Message par meteosat » 14 déc. 2012, 09:26

Excellente représentation d'Artaserse hier au TCE. Qui aurait cru qu'un opéra seria de Leonardo Vinci puisse remplir 2 soirs la salle et donner lieu à des ovations telles qu'hier soir ?

Fagioli a été comme prévu extraordinaire, prenant d'énormes risques.
Bravo à Diego Fasolis pour avoir animé cet opéra, tout de même bien conventionnel.

Ceci étant, la salle était peut-être un peu trop grande pour les chanteurs et pour les 8 violons du Concerto Köln. Léger bémol également pour Daniel Behle qui, absent des représentations scéniques à Nancy, était le seul à avoir le nez scotché sur sa partition.

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Message par raph13 » 14 déc. 2012, 11:12

Cecilio Bartoli et la cage aux folles

On ressort enchanté de cette belle découverte, même si l'on frôle par moment l'indigestion de virtuosité et ayant un peu l'impression d'avoir passé la soirée avec Zaza Napoli et consorts :lol:
Les airs lents sont en effet rares et c'est bien dommage car Vinci ne semblait pas manquer d'imagination en la matière, comme en témoigne les airs délicats dont est émaillée la partie de Semira ou encore le très beau - et unique de la soirée - duo entre Mandane et Arbace.

Il n'était pas aisé de réunir les chanteurs capables d'affronter la partition de Vinci mais grâce au talent des artistes réunis et à la ténacité de Cencic, à l'origine du projet, le défi est relevé avec panache.

En premier lieu, citons l'ahurissant Franco Fagioli, sorte de clone masculin de Bartoli avec qui il partage une ressemblance vocale troublante et un mimétisme physique (distortions de la bouche, gestes des mains) ainsi que quelques défauts (vocalisation et trille souvent engorgés) qui confinent parfois à la parodie.
Cependant, comment ne pas rester bouche bée devant cette performance inouïe: ambitus exceptionnel, d'un grave caverneux au contre-ré de la cadence du périlleux "Vo solcando un mar crudel" qui clôt le premier acte; virtuosité sans faille; énergie flamboyante et prise de risque (les variations rajoutées lors du bis du choeur final!).
Il remporte sans surprise la mise à l'applaudimètre final devant une salle littéralement électrisée.

Le reste de la distribution pâtit quelque peu de la comparaison avec cet ovni vocal mais n'est heureusement pas en reste, à commencer par le Megabise déchaîné de Yuriy Minenko.
Le contre-ténor ukrainien surprend par une puissance peu commune pour ce type de voix, avec un aigu percutant, une vocalisation débridée qui, couplés à un engagement scénique vigoureux en font un des maillons forts de la soirée.

Valer Barna-Sabadus devrait améliorer sa tenue en scène (on dirait un garçonnet chantant au repas familial dominical!) mais il est difficile de résister à son timbre soyeux et à sa musicalité de chaque instant. Ses interventions constituent des parenthèses de douceur et de délicatesse bienvenues au milieu de l'acrobatie vocale ambiante.

On pardonnera à Daniel Behle, seul ténor en scène et unique étranger à la production scénique de Nancy, sa relative passivité et le fait qu'il soit cramponné à sa partition.
Vocalement, le timbre n'est pas des plus séduisants et on aimerait une voix plus sonore, mais il faut dire que la partie réservée à Artabano n'est pas un parcours de santé.

Les deux stars de la distribution sont celles qui au final m'ont - relativement - déçu.

Pas d'annonce ce jeudi pour Max Emanuel Cencic qui ne semble pourtant pas totalement remis de son indisposition, toussant discrètement à plusieurs reprises au cours de la soirée.
Brillant de mille feux dans une tunique crème rehaussée de nombreux strass et diamants et également vêtu d'un pantalon rouge bouffant, le contre-ténor croate nous ramène aux grandes heures des castrats.
Vocalement, le bilan est plus mitigé: la voix semble ce soir bien terne et avare de couleurs, avec un aigu qui bouge désagréablement, même si la virtuosité reste intacte.
Le chanteur n'est manifestement pas au mieux de sa forme mais se tire sans embûche du rôle somme toute secondaire de Mandane.

La voix de Philippe Jaroussky n'a plus la rondeur d'autrefois et une acidité prononcée vient parfois entacher la ligne de chant.
Il conserve cependant une maîtrise confondante de l'art de la demi-teinte et nous ravit en distillant des piani aigus extatiques.
Il semble scéniquement en retrait; à sa décharge, le rôle d'Artaserse est relativement placide.

Carton plein en revanche pour Diego Fasolis qui signe un sans faute à la tête d'un Concerto Köln exemplaire.
Il n'est donc pas impossible d'avoir un orchestre baroque exempt de couacs, ce qui est d'autant plus louable quand on voit la difficulté de la partition.
Le chef insuffle une vigueur incroyable à l'ensemble et dirige amoureusement un répertoire qui n'a plus de secret pour lui.
Ils seront justement acclamés après l'entracte puis à l'issue du spectacle.

Les ovations et rappels ont été récompensés par la reprise du choeur final qui clôt en beauté une soirée en forme de feu d'artifice baroque.
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)

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