Bizet - Carmen - Acocella/Roels - Rouen - 09/2012

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pingpangpong
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Bizet - Carmen - Acocella/Roels - Rouen - 09/2012

Message par pingpangpong » 29 sept. 2012, 16:06

OPÉRA EN 4 ACTES.
LIVRET: HENRI MEILHAC ET LUDOVIC HALÉVY.
MUSIQUE: GEORGES BIZET
CRÉATION À L’OPÉRA-COMIQUE À PARIS LE 3 MARS 1875.

Direction musicale: Luciano Acocella
Mise en scène: Frédéric Roels
Décors: Bruno de Lavenère
Costumes: Lionel Lesire
Lumières: Laurent Castaingt
Chorégraphie: Sergio Simòn

Carmen: Vivica Genaux
Don José: Florian Laconi
Micaëla: Pauline Courtin
Escamillo: Christian Helmer
Mercédès: Tatyana Ilyin
Frasquita: Jenny Daviet
Moralès: Pietro Di Bianco
Le Dancaïre: Lionel Peintre
Remendado: Xin Wang
Zuniga: Julien Véronèse
Lilas Pastia, le Guide: Yann Dacosta

Orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie –
Choeur accentus Opéra de Rouen Haute-Normandie- Direction: Christophe Grapperon
Maîtrise du Conservatoire à Rayonnement Régional de Rouen- Direction: Pascal Hellot

Coproduction: Opéra de Rouen Haute-Normandie / Opéra-Théâtre de Limoges


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Cette nouvelle production, qui sera reprise dans la foulée au Château de Versailles, voyait la prise de rôle de Vivica Genaux.
Etait-ce une bonne idée pour cette grande interprète du baroque ( Vivaldi, Hasse, Haendel...) et du bel canto romantique ?
Au vu du succès public, on serait tenté de répondre par l'affirmative.

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Passé un premier acte assez tendu vocalement et scéniquement, et le temps de s'acclimater à ces sons pincés, le plus souvent placés dans les joues, la cantatrice américaine pourrait convaincre, n'étaient les grandes interprètes, passées ou présentes, d'autant que son physique se prête parfaitement au personnage et que sa prononciation du français est exempte de tout reproche.
C'est d'ailleurs, hormis un Remendado peu limpide, la notable qualité de ce plateau que de nous dispenser, si besoin en était, des surtitres.

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Côté déception, la plus grande vient du Don José de Florian Laconi, pénible à écouter, cumulant instabilité vocale et vibrato envahissant, n'usant de surcroît pratiquement que des nuances forte ce qui, dans ce théâtre de dimension modeste, prend des proportions déplacées.

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Pauline Courtin et Christian Helmer, heureusement, font preuve de beaucoup plus de délicatesse, l'une fragile mais décidée, l'autre plein de certitude mais aussi de noblesse, doté d'une voix séduisante, très généreuse en volume, moins en graves dans l'air du 2ème acte.

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Les comprimari, quant à eux, n'appellent que des éloges au même titre que des choeurs, adultes ou enfants, d'une tenue et d'une clarté remarquables.
L. Acocella, dès l'ouverture, fait sonner l'orchestre avec éclat, sans vulgarité ni excès, avec poésie et vivacité dans les interludes.

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Sur la scène, F.Roels, par ailleurs directeur de l'Opéra de Rouen, refuse toute référence hispanique, et inscrit l'oeuvre dans notre époque, triste, hélas.
Carmen se distingue ainsi à peine de ses comparses, se goinfre de chips chez Pastia, tandis que les contrebandiers, on se demande pourquoi, font passer en fraude des nippes tout ce qu' il y a de plus ordinaire!

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Que ce soit dans les blouses des cigarières ou le no-man's land avec palette et bidon du IIIème acte, éclairé par un misérable projecteur accroché à un poteau électrique sorte de fil rouge du décor, ou dans la tentative de viol dont est victime Micaëla à son arrivée à Séville, ou même encore (idée lumineuse) au pied dudit poteau, une flaque d'eau où Carmen viendra se vider de son sang, tandis que Micaëla pointe une arme sur un José qui n'est plus que l'ombre de lui-même, le sordide domine, malgré, ou grâce à, un soin tout particulier apporté aux lumières, et à un dispositif de panneaux verticaux et palissade délimitant les espaces sur le plateau.
Dommage que les chanteurs ne brillent pas tous par leurs qualités dramatiques (ah! ce Zuniga desespérement mou), l'oeuvre perdant en tension, d'autant que la version choisie est celle avec les dialogues d'origine.
La direction d'acteur offre de très beaux instants, avec des déplacements volontairement lents des masses chorales, des enfants se faisant face yeux dans les yeux avant de rejouer la Guerre des boutons, ou cette foule massée dans les interstices laissés libres autour du lieu du sacrifice final.

E.Gibert

Photographies © F. Carnuccini
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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Re: Bizet - Carmen/ Acocella - Roels/ Rouen le 25.09.12

Message par Bruno92 » 29 sept. 2012, 16:10

pingpangpong a écrit : OPÉRA EN 4 ACTES.
LIVRET: HENRI MEILHAC ET LUDOVIC HALÉVY.
MUSIQUE: GEORGES BIZET
CRÉATION À L’OPÉRA-COMIQUE À PARIS LE 3 MARS 1875.

Direction musicale: Luciano Acocella
Mise en scène: Frédéric Roels
Décors: Bruno de Lavenère
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Carmen: Vivica Genaux
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Coproduction: Opéra de Rouen Haute-Normandie / Opéra-Théâtre de Limoges


Cette nouvelle production, qui sera reprise dans la foulée au Château de Versailles, voyait la prise de rôle de Vivica Genaux.
Merci pour ce compte-rendu !!!
Je vais voir la production le 14/10 à Versailles et je ferai part de mes impressions à la suite de celle-ci :wink:

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Message par pingpangpong » 29 sept. 2012, 16:15

Volontiers! Franchement, je me suis demandé si c'est moi qui n'était pas en forme ou le ténor....
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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Message par pingpangpong » 29 sept. 2012, 16:16

Des photos doivent suivre, par les bons soins de JdeB et EdeB.
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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Message par Saint-Antoine » 30 sept. 2012, 11:50

Je partage assez l'avis de PingPangPong.

Spectacle très inégal vocalement.
Vivaca Genaux sans démériter n'est pas la Carmen idéale. Son timbre très nasillard, son manque de grave, et son trémolo mandibulaire dans les notes les plus haute n'en font pas une Carmen très sensuelle du moins vocalement.

Florian Laconi est un peu dépassé par les évènements. Il assure toutes les notes de bout en bout, mais à quel prix... Aucune nuance durant tout l'opéra, le duo avec Micaella et son air, le mettent vraiment en danger. Il a besoin de pousser beaucoup sur le souffle, hélas, ce qui fait un Don José par très confortable à écouter, car on frôle souvent l'accident vocal (ce qui n'est pas arrivé lors de cette représentation). Rôle de toutes les manières en dehors de son format vocal.

Très belle interprétation de Micaella, par Pauline Courtin. Voix très souple, de très belles nuances en font une Jeune femme fragile, mais très déterminée. Révélation pour moi, après tous les Offenbach où on l'avait cantonné jusqu'à maintenant. Rôle qui lui va très très bien. De très beaux moments d'émotions. Des aigus superbes et souples, une très belle ligne de chant toujours bien conduite. Même si elle n'est pas très gâtée par la mise en scène. On ne comprend pas une seconde le viol dont elle fait les frais par les soldats casques bleus au début de l'oeuvre, et son énorme bouquet de fleurs durant tout l'acte 3 est foncièrement ridicule. J'ai hâte de réentendre cette chanteuse.

Très beau Toréador également, voix superbe, et charisme incroyable de Christian Helmer. En effet les notes les plus graves ne sont pas très présentes. Je ne pense pas non plus que ce soit le rôle idéal pour ce chanteur. Mais très très belle prestation.

Zuniga, empoté de bout en bout, vocalement, scéniquement, corporellement...

Choeurs superbes avec une mention spéciale pour les femmes.

Mise en scène incompréhensible à mon sens. Où est on ? Dans un pays de l'Est ? (pourquoi pas, mais rien n'est développé) des situations dramatiques qui n'ont aucun sens et souvent ridicules. Faire passer dans la montagne des fringues digne d'Eurodif, ce n'est pas ce que j'appelle vraiment de la contrebande... si au moins c'était des copies de chez Dior !!!!

Les scènes parlées manquent foncièrement de rythme et de travail de fond. Elles laissent les chanteurs très nus.

Heureusement la musique est toujours aussi belle et efficace. Très belle direction musicale, sauf pour le prélude de l'Acte III, dommage.

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Message par pingpangpong » 30 sept. 2012, 16:36

Le bouquet de Micaëla ne me paraît n'avoir de sens que par rapport à la fleur " que tu m'avais jetée " de Don José.
Mais effectivement, on a le sentiment d'une mise en scène avec de belles images mais inabouties, voire sans une flagrante et explicite cohérence les unes par rapport aux autres.
Ainsi que doit -on penser du décullotage du gamin attaché au poteau à l'acte I ? Cruauté ou blague? Gosses victimes ou complices des adultes ?
Le dernier acte aussi pose question quant aux billets de banque qui passent de mains en mains en lieu et place des oranges, éventails, du vin, des cigarettes ....sans que cela soit vraiment rédhibitoire reconnaissons-le.
Par contre le meurtre de Carmen est tragique à souhait et, avec celui de Zuniga, participe du sordide dont est coutumier le monde interlope qui nous est présenté.
Enfin, je dirais qu'il y a un parallèle intéressant entre le pseudo-viol de l'acte I et le meurtre final, les deux se passant au beau milieu de la flaque d'eau, qui par ailleurs avait servi d'abreuvoir à Micaëla.
Le côté bestial des individus est là mais n'est peut-être pas suffisamment exploité, le metteur en scène ne l'ayant pas assez creusé.
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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Message par Saint-Antoine » 30 sept. 2012, 17:11

Oui tu as tout à fait raison, pour le bouquet, je m'étais fait la même réflexion... sauf que lorsque Carmen lance sa fleur à Don José, Micaela est absente... donc dramatiquement je trouve que l'idée ne marche pas... et puis c'est complètement infantile comme idée de venir avec un bouquet monstrueusement gros, simplement pour reconquérir Don José, seulement pour faire plus (mieux) que Carmen.
D'autant plus que Micaela est sensée être morte de peur en pleine nuit dans la montagne et on n'imagine mal, qu'elle s'arrête cueillir une par une toutes ces fleurs jaunes...

Idem pour la flaque d'eau devant laquelle, Micaela, s'accroupit (devant 30 hommes) pour boire de l'eau... Qui de nos jours dans un pays (froid en apparence puisque tout le monde est en manteaux) civilisé et en pleine ville, irait boire de l'eau d'une flaque ?

Pour l'idée du viol (bonne aussi je trouve) on ne comprend pas du tout pourquoi les soldats qui voient passer 30 jeunes femmes souriantes et en jupes, jettent leur dévolu sur Micaela qui ne ressemble a rien dans son manteau et est la plus mal fagotée de la ville...

En effet, tuer Zuniga est une très bonne idée, mais pas assez exploitée à mon goût.
Et la dernière image où Micaela vise Don José d'un pistolet est complètement gratuite, car ce n'est pas l'aboutissement d'un développement dramatique de la part du metteur en scène, mais juste une image gratuite (je trouve) qui retire toute la puissance de Carmen gisant dans son sang (qui était une bonne idée) au pied du poteau sacrificiel...

Le côté "Guerre des boutons" du choeur des gamins aurait pu être une bonne idée si le metteur en scène ne s'était pas contenté de faire chanter les enfants face public... Cela fait trop : bon maintenant qu'ils doivent chanter on va les planter face au Chef pour éviter les décalages... et toute l'introduction avec le "sacrifice" de l'enfant retombe et tombe... à l'eau, comme la plupart des idées de cette production.

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Message par pingpangpong » 30 sept. 2012, 20:20

Pour la flaque, j'ai d'abord pensé qu'il pouvait s'agir d'une sorte de fontaine à ras du sol, à laquelle on peut s'abreuver, certes, mais aussi patauger.
Dans le déjà vu, il y aussi le choeur de la foule au dernier acte qui vient à la rampe et suit du regard l'arrivée de cuadrillas imaginaires.
C'est ce qu'a fait C.Bieito à Barcelone.
Pour ce qui est des vêtements chauds ça ne paraît pas inepte.Séville ( si tant est qu'on y soit ) connaît parfois des hivers frisquets.
Ta perspicacité fait mouche concernant l'absence de Micaela dans la scène de la fleur jetée et l'incongruité qu'il y a à cueillir des fleurs quand le danger et la peur rôdent dans la montagne.
Egalement incongrue est la séance de maquillage (ou démaquillage ?) d'Escamillo ( les matadors, que je sache, ne se maquillent pas ) même si cette scène originale est amenée avec discrétion et sobriété.
Finalement, de bonnes idées, d'autres étranges, et un manque de clarté ou de suivi dans les intentions et partis pris de mise en scène. Un spectacle visuellement agréable quand même, à mon avis, le tableau le plus marquant étant peut-être le lent déplacement des contrebandiers de jardin à cour, au IIIème acte avec un éclairage soigné.
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Message par Christopher » 02 oct. 2012, 20:58


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Message par JdeB » 09 oct. 2012, 18:12

pingpangpong a écrit :Des photos doivent suivre, par les bons soins de JdeB et EdeB.
ça y est... on y est arrivés !! :oops:
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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