Martha Mödl
Martha Mödl
En attendant un fil de discussion sur Astrid Varnay, que ses défenseurs éloquents ne manqueront pas d'amorcer, j'attaque sur Martha Mödl (1912-2001), en signalant un ouvrage (en allemand, malheureusement non traduit) d'entretiens de la cantatrice disparue il y a peu d'années avec Thomas Voigt :
So war mein Weg*, Berlin, Parthas, 1998.
(* Tel fut mon chemin)
Nombreuses illustrations photographiques, dont un bon nombre absolument sublime : peu de cantatrices ont eu un tel masque tragique. Récapitulatif très complet de la carrière de Mödl (chronologie des rôles et des productions) et discographie (studio ou live). La personnalité de Mödl, son intelligence et sa lucidité éclatent à toutes les pages. Absolument rien de frivole ou de people, ce n'est pas le genre de la maison; ce qui n'exclut pas un humour considérable.
Bien plus que Silja, Mödl méritait ô combien le titre (approximatif) de "Callas allemande". Très différente de la perfection polie de Nilsson, c'est une voix fauve, dyonisiaque ou démoniaque, comme on voudra, et toujours plus fascinante en live qu'en studio.
Concernant les enregistrements de Mödl, j'en recommande quelques-uns, que voici :
? Beethoven, Fidelio, dir. Furtwängler : préférer le live de Vienne (1953), avec les dialogues parlés où elle est admirable (Cetra, par exemple) au studio (EMI). Mödl y est une torche vive, en voix splendide, et les autres (Jurinac en tête) ne sont pas mal non plus.
? Wagner, Tristan et Isolde, dir. Karajan, Bayreuth 1952 (diverses éditions : Myto, Melodram, la plus récente est celle d'Orfeo) : un monument de théâtre musical. Mödl est en état de grâce, vocalement magnifique, hallucinante de diction et d'éloquence.
? Wagner, La Walkyrie, dir. Keilberth, Bayreuth 1954 (Melodram) : Mödl y interprète Sieglinde, rôle rare pour elle contrairement à Brünnhilde, ici chantée avec une majesté incomparable par Varnay; le couple qu'elle forme avec Max Lorenz, vieilli mais qui se défonce en Siegmund, est d'une animalité électrisante.
? Strauss, Elektra, dir. Karajan, Salzbourg 1964 (Orfeo) : avec Varnay en Elektra. Mödl est une Clytemnestre d'anthologie, une reine et non une ruine.
? Verdi, Macbeth (en allemand), dir. Keilberth, Opéra de Berlin, 1950 (Myto), avec Josef Metternich en Macbeth : malgré la langue, et une raideur dommageable dans cette écriture, une incarnation certes peu idiomatique, expressionniste, mais d'une noblesse inquiétante, avec des chuchotements et des insinuations démoniaques : un Macbeth en noir et blanc, saisissant comme un film de Fritz Lang.
? Anthologie parue chez Preiser : extraits de Carmen (en allemand), Don Carlos (Eboli), Tristan (Mild und leise), Crépuscule des dieux (Immolation).
A vous maintenant ?
So war mein Weg*, Berlin, Parthas, 1998.
(* Tel fut mon chemin)
Nombreuses illustrations photographiques, dont un bon nombre absolument sublime : peu de cantatrices ont eu un tel masque tragique. Récapitulatif très complet de la carrière de Mödl (chronologie des rôles et des productions) et discographie (studio ou live). La personnalité de Mödl, son intelligence et sa lucidité éclatent à toutes les pages. Absolument rien de frivole ou de people, ce n'est pas le genre de la maison; ce qui n'exclut pas un humour considérable.
Bien plus que Silja, Mödl méritait ô combien le titre (approximatif) de "Callas allemande". Très différente de la perfection polie de Nilsson, c'est une voix fauve, dyonisiaque ou démoniaque, comme on voudra, et toujours plus fascinante en live qu'en studio.
Concernant les enregistrements de Mödl, j'en recommande quelques-uns, que voici :
? Beethoven, Fidelio, dir. Furtwängler : préférer le live de Vienne (1953), avec les dialogues parlés où elle est admirable (Cetra, par exemple) au studio (EMI). Mödl y est une torche vive, en voix splendide, et les autres (Jurinac en tête) ne sont pas mal non plus.
? Wagner, Tristan et Isolde, dir. Karajan, Bayreuth 1952 (diverses éditions : Myto, Melodram, la plus récente est celle d'Orfeo) : un monument de théâtre musical. Mödl est en état de grâce, vocalement magnifique, hallucinante de diction et d'éloquence.
? Wagner, La Walkyrie, dir. Keilberth, Bayreuth 1954 (Melodram) : Mödl y interprète Sieglinde, rôle rare pour elle contrairement à Brünnhilde, ici chantée avec une majesté incomparable par Varnay; le couple qu'elle forme avec Max Lorenz, vieilli mais qui se défonce en Siegmund, est d'une animalité électrisante.
? Strauss, Elektra, dir. Karajan, Salzbourg 1964 (Orfeo) : avec Varnay en Elektra. Mödl est une Clytemnestre d'anthologie, une reine et non une ruine.
? Verdi, Macbeth (en allemand), dir. Keilberth, Opéra de Berlin, 1950 (Myto), avec Josef Metternich en Macbeth : malgré la langue, et une raideur dommageable dans cette écriture, une incarnation certes peu idiomatique, expressionniste, mais d'une noblesse inquiétante, avec des chuchotements et des insinuations démoniaques : un Macbeth en noir et blanc, saisissant comme un film de Fritz Lang.
? Anthologie parue chez Preiser : extraits de Carmen (en allemand), Don Carlos (Eboli), Tristan (Mild und leise), Crépuscule des dieux (Immolation).
A vous maintenant ?
Son Isolde de 52 me fait dresser les cheveux à tous les coups! La chaleur de ce timbre, projeté alors avec une ardeur alors insolente, est incandescente. De plus, le couple qu'elle forme avec Vinay est un modèle d'équilibre et de complémentarité.
J'ajoute à ta liste -qui me donne vraiment envie de découvrir ses Fidelios- le Crepuscule des Dieux de Böhm à Bayreuth où elle est Waltraute. Elle est à bout de voix, mais sa description du Walhalla désolé et de Wotan prostré, sa prière à Brunnhilde a une urgence, donne un sentiment de dernier espoir que je ne jamais retrouvé. Un TRES grand moment!!
La Callas allemande. Je ne connaissais pas la formule, elle est parfaite.
J'ajoute à ta liste -qui me donne vraiment envie de découvrir ses Fidelios- le Crepuscule des Dieux de Böhm à Bayreuth où elle est Waltraute. Elle est à bout de voix, mais sa description du Walhalla désolé et de Wotan prostré, sa prière à Brunnhilde a une urgence, donne un sentiment de dernier espoir que je ne jamais retrouvé. Un TRES grand moment!!
La Callas allemande. Je ne connaissais pas la formule, elle est parfaite.
Bonjour!!
Eh oui une très grande dame du chant...et un exemple de jeunesse puisqu'elle participa à plus de 75 ans à la création allemande des 3 soeurs de Peter Eötvös...
J'avais vu en DVD une représentation de Mahagonny ou elle interprétait Leokadja Begbick en compagnie de la Jenny de Silja: théâtralement c'éatit époustouflant (pour les deux) puisque Mödl savait doser l'expressionisme sans tomber dans le grotesque (et dans ce rôle, ça peut facilement arriver).
Pour info, une interview des trois grandes wagnériennes de l'après guerre:
http://www.geocities.com/Vienna/Strasse ... trid1.html
Amicalement
Puck
Eh oui une très grande dame du chant...et un exemple de jeunesse puisqu'elle participa à plus de 75 ans à la création allemande des 3 soeurs de Peter Eötvös...
J'avais vu en DVD une représentation de Mahagonny ou elle interprétait Leokadja Begbick en compagnie de la Jenny de Silja: théâtralement c'éatit époustouflant (pour les deux) puisque Mödl savait doser l'expressionisme sans tomber dans le grotesque (et dans ce rôle, ça peut facilement arriver).
Pour info, une interview des trois grandes wagnériennes de l'après guerre:
http://www.geocities.com/Vienna/Strasse ... trid1.html
Amicalement
Puck
Merci BAJAZET!!!!
Je souscris à tout ce que tu viens de lancer au sujet de MARTA!
J' ai moi mêmepresque tous ses enregitrements et je vais souvent revenir sur ce fil!Une femme merveilleuse!
J' ai peu de temps ce matin......
......aussi, je recommande à tous les fans de MARTA le RING de53 dir KEILBERTH!C' est le seul nexistant à BAYREUTH ,tous les autres st avec ASTRID!(pour la période 51/58, cela va de soi!)
WAGNERIENNEMENT à TOUS!! TRISTAN
J' ai moi mêmepresque tous ses enregitrements et je vais souvent revenir sur ce fil!Une femme merveilleuse!
J' ai peu de temps ce matin......
......aussi, je recommande à tous les fans de MARTA le RING de53 dir KEILBERTH!C' est le seul nexistant à BAYREUTH ,tous les autres st avec ASTRID!(pour la période 51/58, cela va de soi!)
WAGNERIENNEMENT à TOUS!! TRISTAN
Merci, honte à moi d'avoir oublié cette Waltraute fantastique en effet !Tom a écrit : J'ajoute à ta liste -qui me donne vraiment envie de découvrir ses Fidelios- le Crepuscule des Dieux de Böhm à Bayreuth où elle est Waltraute. Elle est à bout de voix, mais sa description du Walhalla désolé et de Wotan prostré, sa prière à Brunnhilde a une urgence, donne un sentiment de dernier espoir que je ne jamais retrouvé. Un TRES grand moment!!
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MARTA dans CLYTEMNESTRE....
....je l' ai vue à NANCY au début des années 70 ,si ma mémoire est bonne!
Elle faisait avec FRITZ UHL un couple de "vétérans" qui crevait littéralement la scène !
De plus, elle était d' humilité et d' une gentillesse qui ne peuvent appartenir qu' aux TRES GRANDS!Elle était consciente de ses limites et devait continuer à MUNICH une 2° grande carrière de "comprimaria".....de mauvaises langues racontaient qu' elle avait besoin d' argent.....elle avait surtout, je crois un IMMENSE AMOUR à donner......on ne peut certes pas en dire autant de tout le monde.....artiste....ou NON!!
Elle faisait avec FRITZ UHL un couple de "vétérans" qui crevait littéralement la scène !
De plus, elle était d' humilité et d' une gentillesse qui ne peuvent appartenir qu' aux TRES GRANDS!Elle était consciente de ses limites et devait continuer à MUNICH une 2° grande carrière de "comprimaria".....de mauvaises langues racontaient qu' elle avait besoin d' argent.....elle avait surtout, je crois un IMMENSE AMOUR à donner......on ne peut certes pas en dire autant de tout le monde.....artiste....ou NON!!
Re: MARTA dans CLYTEMNESTRE....
C'est bien l'impression que donne le livre d'entretiens que j'évoquais. On devine que sa vie (elle a vécu avec sa mère jusqu'à la mort de celle-ci) fut entièrement vouée à la scène, et que l'opéra remplissait la vacance des attachements amoureux. Pour autant elle ne donne jamais dans une mystique sacrificielle et complaisante de l'art : lucide, franche et humble en effet, elle avait manifestement les pieds sur terre, et un sens de l'ironie remarquable.tristan a écrit :De plus, elle était d' humilité et d' une gentillesse qui ne peuvent appartenir qu' aux TRES GRANDS!
....elle avait surtout, je crois un IMMENSE AMOUR à donner......on ne peut certes pas en dire autant de tout le monde.....artiste....ou NON!!
Vraiment dommage que ce livre ne soit pas traduit en français.
je ne connais rien de Mödl, je ne crois pas avoir vraiment entendu quoi que ce soit d'elle, mais j'en garde un souvenir fasciné depuis que je l'ai vu dans le film"Poussières d'étoile" de Werner Schröter, datant de 1996. Ce film, que certains d'entre vous doivent connaître, met en scène certaines vieilles gloires du chant (Rita Gorr, Mödl, Cerquetti...) et une jeune chanteuse dont je ne me rappelle plus le nom, et si je me rappelle bien on y entend aussi Sergei Larin et Laurence Dale. le tout avec Isabelle Huppert (dans son rôle d'actrice amoureuse du chant). Mödl y est une vieille cantatrice très touchante (tout comme Cerquetti), qui explique à Huppert essayant de chanter que le rondo de Vitellia est sans doute encore trop difficile pour débuter (!!!!!), lui faisant plutôt essayer Barberine... cette même Mödl chante ensuite un air (je ne sais pas lequel, peut-être l'air de grétry dans la dame de pique), dans un plan magnifique ou elle est très intense (et encore bien chantante, contrairement à Gorr...)
je devrais décidément essayer d'écouter un peu plus cette chanteuse dans toute sa gloire (mais que voulez-vous, je n'aime pas vraiment son répertoire). En tout cas les inconditionnels ne peuvent passer à côte de ce film/documentaire !
je devrais décidément essayer d'écouter un peu plus cette chanteuse dans toute sa gloire (mais que voulez-vous, je n'aime pas vraiment son répertoire). En tout cas les inconditionnels ne peuvent passer à côte de ce film/documentaire !
Sa Léonore de Fidelio dans le live de 55 pour la réouverture de l'opéra de Vienne malgrès quelques notes difficiles est trés émouvantebajazet a écrit :Merci, honte à moi d'avoir oublié cette Waltraute fantastique en effet !Tom a écrit : J'ajoute à ta liste -qui me donne vraiment envie de découvrir ses Fidelios- le Crepuscule des Dieux de Böhm à Bayreuth où elle est Waltraute. Elle est à bout de voix, mais sa description du Walhalla désolé et de Wotan prostré, sa prière à Brunnhilde a une urgence, donne un sentiment de dernier espoir que je ne jamais retrouvé. Un TRES grand moment!!
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On veut la mort du ténor dont la grosse dame veut partager le sort.
Faites en mourir au moins un, et les deux si le coeur vous en dit.
Quant au baryton, il reste seul avec son deshonneur. (Monsieur Bluf à l\\\\\\\'Opéra)
Faites en mourir au moins un, et les deux si le coeur vous en dit.
Quant au baryton, il reste seul avec son deshonneur. (Monsieur Bluf à l\\\\\\\'Opéra)