muriel a écrit :Hofmannsthal avait écrit :
"En ce qui concerne les décors (ainsi que les costumes), ils ne doivent pas être parodiques , mais refléter sérieusement le style des opéras héroïques de jadis : rivage maritime héroïque avec une grotte (...)
le tout proche du style de Poussin.
La grotte d'Ariane sera soit en relief , soit peinte (...)
Il est indispensable que l'on comprenne qu'il s'agit là d'un jeu dans le jeu, d'une scène sur la scène (...)".
Alors pourquoi le chef d'orchestre respecte la partition et pourquoi le metteur en scène ne respecte pas les annotations du librettiste ?
La mise en scène doit-elle respecter le livret ?
La mise en scène doit-elle respecter le livret ?
Merci de débattre de ce sujet ici afin de ne pas encombrer le fil d'Ariane.
Je suis assez partagé car selon les jours ma position sur le sujet change.
En fait pour être pleinement satisfait il me faudrait un partage équitable entre les productions fidèles, qui auront donc tendance à être considérées comme poussiérieuses par beaucoup, et les relectures intelligentes (exemple Sellars).
Par contre les relectures incompréhensibles (genre le récent Parsifal Bayreuth, ou la future Flûte de Bastille), j'ai bien peur d'être définitivement réfractaire.
En fait pour être pleinement satisfait il me faudrait un partage équitable entre les productions fidèles, qui auront donc tendance à être considérées comme poussiérieuses par beaucoup, et les relectures intelligentes (exemple Sellars).
Par contre les relectures incompréhensibles (genre le récent Parsifal Bayreuth, ou la future Flûte de Bastille), j'ai bien peur d'être définitivement réfractaire.
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Respect des livrets
De mon côté, je suis pour le respect de l'oeuvre tant pour les livrets que pour la musique. A nouveau, je dis pourquoi déformer les livrets, c'est comme si on se permettait de moderniser une note de musique par-ci par-là ...
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Bon... juste pour faire plaisir à Tuano alors, parce qu'on s'est déjà exprimé sur le sujet à maintes reprises, il me semble...tuano a écrit :C'est tout comme réaction ?? Personne d'autre à part Nerone ?
Déplacer un débat dans le bon fil de discussion et l'envie d'argumenter disparaît !
En ce qui me concerne, j'aime le juste milieu entre :
1) les mises en scène hyper-traditionnelles et respectueuses à la lettre des indications du livret mais qu'on a deja vues mille fois et qui ont un côté rassurant, certes, mais un peu poussiéreux comme le salon de nos grands-mères
2) les mises en scène qui se veulent ultra-modernistes, qui prennent le contre-pied systématique des didascalies pour faire "tendance", en se moquant éperdument de l'histoire qu'elles sont sensées mettre en image, leur seul but étant de choquer ou déstabiliser le spectateur
J'apprécie donc surtout les relectures, à la condition expresse qu'elles enrichissent ma vision ou ma connaissance d'une oeuvre sans la trahir, qu'elles m'ouvrent de nouvelles pistes de réflexion.
Amicalement
Michel
un exemple: Katya Kabanova
Voici comment commence KATYA KABANOVA:
KOUDRIACH assis sur un banc, contemple la Volga, puis s'adresse à GLACHA qui sort de la maison des Kabanov:
Merveille, cest une merveille!
Cette vue est unique!
Glacha, vois-tu, ma chère, depuis vingt-cinq ans, j'admire la Volga tous les jours, sans me lasser de ce spectacle
GLACHA (distraite)
Et alors?
KOUDRIACH
Une vue extraordinaire! Quelle beauté!
L'âme s'enivre à cette vue!
GLACHA
Absurdité!
KOUDRIACH
Un enchantement! Et toi tu dis "absurdités!"
Regarde donc au moins
quelle beauté se cache dans la nature.
Si on voit la mise en scène de Christoph Marthaler, conçue pour le Festival de Salzbourg et que j'ai vue pas plus tard qu'hier à Garnier, on comprendra que le pauvre KOUDRIACH est atteint de schizophrénie, qu'il a des hallucinations. Comment peut-il voir et admirer la Volga? Il est dans la cour d'un HLM, une cour tellement profonde que la lumière n'y parvient presque pas, toutes les habitations ont leur lumières allumées. L'ambiance est particulièrement glauque. La médiocrité, la tristesse du lieu le feraient volontiers situer dans un pays communiste, l'URSS par exemple, puisqu'il est question de la Volga.
En fait, KOUDRIACH n'est pas schizophrène du tout mais le metteur en scène l'est passablement. Voici les indications de décor:
"Un jardin public sur le bord escarpé de la Volga. Large vue sur l'horizon. A droite la maison des Kabanov. Des bancs dans l'allée. Des buissons. Après-midi ensoleillé".
Rien à voir, donc, entre le décor et les indications, il y a même entre les deux une totale antithèse.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve ce genre de décalage, de hiatus TRES GENANT!!!
Ce qu'exprime le texte, ce qu'exprime la musique est totalement contredit par la mise en scène. Ce n'est pas l'oeuvre qu'on voit, mais une interprétation abusive et en plus arbitraire. Ce n'est pas rendre service à l'oeuvre que de procéder ainsi, c'est jouer une sorte de jeu de massacre.
Bien entendu, c'est un exemple entre mille.
Faustin
KOUDRIACH assis sur un banc, contemple la Volga, puis s'adresse à GLACHA qui sort de la maison des Kabanov:
Merveille, cest une merveille!
Cette vue est unique!
Glacha, vois-tu, ma chère, depuis vingt-cinq ans, j'admire la Volga tous les jours, sans me lasser de ce spectacle
GLACHA (distraite)
Et alors?
KOUDRIACH
Une vue extraordinaire! Quelle beauté!
L'âme s'enivre à cette vue!
GLACHA
Absurdité!
KOUDRIACH
Un enchantement! Et toi tu dis "absurdités!"
Regarde donc au moins
quelle beauté se cache dans la nature.
Si on voit la mise en scène de Christoph Marthaler, conçue pour le Festival de Salzbourg et que j'ai vue pas plus tard qu'hier à Garnier, on comprendra que le pauvre KOUDRIACH est atteint de schizophrénie, qu'il a des hallucinations. Comment peut-il voir et admirer la Volga? Il est dans la cour d'un HLM, une cour tellement profonde que la lumière n'y parvient presque pas, toutes les habitations ont leur lumières allumées. L'ambiance est particulièrement glauque. La médiocrité, la tristesse du lieu le feraient volontiers situer dans un pays communiste, l'URSS par exemple, puisqu'il est question de la Volga.
En fait, KOUDRIACH n'est pas schizophrène du tout mais le metteur en scène l'est passablement. Voici les indications de décor:
"Un jardin public sur le bord escarpé de la Volga. Large vue sur l'horizon. A droite la maison des Kabanov. Des bancs dans l'allée. Des buissons. Après-midi ensoleillé".
Rien à voir, donc, entre le décor et les indications, il y a même entre les deux une totale antithèse.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve ce genre de décalage, de hiatus TRES GENANT!!!
Ce qu'exprime le texte, ce qu'exprime la musique est totalement contredit par la mise en scène. Ce n'est pas l'oeuvre qu'on voit, mais une interprétation abusive et en plus arbitraire. Ce n'est pas rendre service à l'oeuvre que de procéder ainsi, c'est jouer une sorte de jeu de massacre.
Bien entendu, c'est un exemple entre mille.
Faustin
Je pense que tu fais fausse route, Faustin. Je te recopie un message que j'avais mis dans le 1er thread sur Katia :
En fait, Kudriach regarde bien la Volga mais en photo, sur un poster. Je crois que Toby Spence ne faisait pas ça bien, c'est vrai que c'était pas clair hier. Il était trop loin du poster et on ne sentait pas qu'il était en train de le regarder. Avec Rainer Trost, l'effet était saisissant.tuano a écrit :C'est justement ça que montre la mise en scène de Christoph Marthaler. L'évasion qu'on peut éprouver en regardant un DVD d'opéra, un beau décor...
Au tout début, Kudriach regarde un poster qui représente un paysage. L'orchestre évoque la Nature, la Volga... le décor HLM ne le montre pas. C'est dans la tête de Kudriach qu'il y a ce déferlement de sonorités, de couleurs.
Marthaler montre des gens comme nous, qui vivons en ville mais qui nous évadons vers une Nature imaginée, idéalisée, avec nos moyens modernes mais qui demeurent frustrants.
Perso, il ne faut evidemment pas que le livret soit noye par une mise en scene qui occulte l oeuvre. Mais ces ouvrages ayant ete ecrits dans un contexte different, les oeuvres les plus pertinentes peuvent et devraient etre reactualisees. C est se qui fera de l opera un art encore bien vivant. Pourquoi est ce que Shakespeare est il toujours si actuel? Certes parce qu il a aborde des themes qui sont encore le fondement de la comprehension de l interactivite de nos societes ou des resorts de la pensee humaine. Mais pas davantage que les auteurs antiques ou ecrivains de notre siecle... Seul une actualisation par le choix de la mise en scene sortira ce mode culturel (confidentiel) de sa seule fonction divertissante et (sans chercher a instrumentaliser l opera) apporter une dimension de sagesse entre les epoques.
Bien sur on ne peut pas tout reactualiser... Si la Tragedie s y prete volontier au theatre par exemple, quid du verisme? On sait aussi que les mises en scene dites modernes sont pour bcp au renouveau du baroque par exemple.
L.
Bien sur on ne peut pas tout reactualiser... Si la Tragedie s y prete volontier au theatre par exemple, quid du verisme? On sait aussi que les mises en scene dites modernes sont pour bcp au renouveau du baroque par exemple.
L.