De la surcharge pondérale sur les scènes d'opéra

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RuggeroBastianini
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Message par RuggeroBastianini » 23 août 2008, 13:06

adecambrai a écrit :En effet la question de la crédibilité interprète/personnage peut se poser et va bien sûr au-delà de la simple question (comme l'évoque le titre) de la surcharge pondérale.

JdeB a très justement souligné le caractère "dé-réalisant" de la musique. L'opéra repose sur une esthétique qui lui permet en partie d'échapper au diktat du réel pour présider à l'incarnation d'un personnage.

Je crois que cette vision malgré tout le respect qu'on lui doit, ne suffit pas.

Il est évident que pour le public moyen (ou le public potentiel, à savoir qui ne va pas à l'opéra mais se laisserait tenter par l'expérience), voir une Caballé en Violetta a de quoi surprendre. De même que voir un Philippe II noir pourrait être étonnant,

sans aucun rapport avec une vision raciste Heureux de vous l'entendre dire.


: le même étonnement serait de rigueur devant un couple blanc chantant Porgy and Bess.



Tout dépend la mise en scène. Comme je l'ai dis, si l'on désire voir Simon Estes en filipe II qu'on le fasse mais avec une mise en scène qui ne cherche pas à être traditionelle, sinon cela est ni fait ni à faire.

Toutefois l'opéra nécessite des formats vocaux propres à chaque rôle, indispensables à une interprétation réussie du personnage.

Nous sommes d'accord mais une bonne distribution doit réunir la voix adéquate et le chanteur qui se sentira le plus à l'aise dans le rôle sur le plan scénique. Concernant Phillipe II ce ne sont pas les basses de type européenes qui manquent et qui manquaient pour chanter le rôle et pour en être à la hauteur tant sur plan vocal, que sur le plan scénique pour aborder ce rôle dans une mise en scène, traditionelle, je me permet de bien souligner le terme traditionnel.

Il est en outre un point qui ne me semble pas avoir été abordé, celui des rôles travestis.


Si cela a été abordé pour ce qui me concerne les rôles travestis ne me gènent pas, le maquillage et le costume faisant trés bien passer l'idée.

On peut gloser sur un Kraus chantant le Duc de Mantoue passé 60 ans,

Personnelement et je l'ai dis plus haut, ce n'est pas le fait que Kraus chante mantoue à 60 ans, le rôle de Mantoue ne me semble pas avoir d'age, de plus si on se réfère à l'historique Mantoue n'est qu'un pretexte, au départ Verdi songeait à Francois Ier, qu'il soit jeune ou vieux Mantoue aiment les femmes jusqu'à en changer chaque soir, l'age n'est pas un problème. Là où cela me pose un problème c'est lorsque Kraus à 68 ans chantait Werther, qui est tant dans le livret , que dans la psychologie d'une personnage un trés jeune garcon.


mais que dire d'un Roméo féminin de 40 ans ? (je pense bien entendu à Joyce DiDonato).

Pour Joyce Di donato, tout comme Alagna dans la version Gounod, c'est encore assez crédible, tout deux ne sont pas atteint par leur age de manière trop visible pour le moment .Cela ne durera peut être pas ? Il y a quand même une mesure Kraus avait 68 ans. Tant sur le plan vocal que physique cela se sent, à 40 ans une voix est jeune.

Le travestissement n'est pas nouveau, le théâtre employait cet artifice par le passé, pour faire jouer aux femmes les rôles de jeunes hommes et, avant encore, pour faire jouer des rôles de femmes aux jeunes hommes, celles-ci ne pouvant se produire sur une scène. Néanmoins les conventions ont évolué pour le genre théâtral alors que l'opéra continue d'employer le travestissement.


C'est vrai !

Rien de plus déroutant pour un public novice que de voir un Roméo femme, un Oscar femme, un Siebel femme et j'en passe. Maintenant arriver à trouver un jeune homme à la voix suffisamment mûre à 14 ou 15 ans pour endosser ces rôles me paraît un peu "mission impossible".

Pour un public novice cela est peut être déroutant de voir des rôle féminins chanter siebel moi personnelement cela ne me choque pas, en revanche ce qui me dérouterait c'est qu'une femme soit Don Giovanni ou Mantoue un jour.

Ne pas oublier non plus que nombre d'opéras content la vie de très jeunes hommes et de très jeunes femmes. Certes un Kraus âgé n'est pas forcément crédible en Duc,


En duc pour moi cela passe encore, mais en Werther alors là niet.


mais combien d'adolescents ou de jeunes hommes pourraient chanter le rôle ? Si Florez est physiquement crédible, sa dernière interprétation n'est pas franchement une réussite (selon moi). Alors il faut un Florez avec la voix de Pavarotti. On va tomber dans les COGM, les Chanteurs d'Opéra Génétiquement Modifiés...
N'exagerez pas, essayer de trouver un chanteur qui sera à l'aise dans un rôle dans tout les sens du terme que ce soit physique ou vocal ne relève quand même pas de l'hérisie, ni de la génétique.

Idem pour un Roméo et Juliette, tous deux à peine pubères et tout droit sortis d'une époque où le mariage à 12 ans n'embarrassait personne.

Oui enfin dans l'oeuvre, ils en ont 17 je crois.

L'opéra donne la primauté à la voix.
C'est un tort, la voix doit être incontournable dans une distribution et doit correspondre parfaitement à un rôle, mais un choix selon la capacité du chanteur à interpréter un rôle sur scène doit être fait. Car à part des exceptions marquées comme Werther ou Violetta Valery qui ont un profil type, si l'on parle de mise en scène traditionnelle, une fois de plus, les autres rôles pour la plus part, offrent une certaine palette, en matière de choix de chanteurs. En tenant compte des exigences vocales biensur!

Mais les codes modernes donnent une primauté à l'image et exigent une crédibilité au même titre que celle du cinéma, genre dans lequel il est plus facile de faire correspondre un acteur à un personnage.

Oui mais la difficulté à l'opera est aussi de le faire correspondre vocalement, et c'est un exigence avec laquelle je ne souhaite pas transiger.

Compte-tenu des exigences du lyrique (maturité de voix, format vocal...) je ne suis pas sûr que le couple adéquation vocale/adéquation physique puisse être réuni aisément pour la plupart des cas.

Moi je crois que si on fait un tantinet d'effort et si les programateurs avaient les moyens financiers et autres de ne pas être obligés comme c'était le cas à une époque, j'en avais parlé avec un baryton francais célèbre que je ne citerai pas pour ne pas le compromettre, qui m'avait dit " de nos jours on fait venir des russes ou des slaves car ils coutent moins chers," C'était il y a 11 ans cela a sans doute évolué.Je ne voudrais pas relancer la querelle du plombier francais, (certains vont encore m'expliquer que je suis raciste) car si on faisait venir que des Guleghina, ou Grigoriam ou Chiaurov , on n'aurait pas de quoi se plaindre, mais hélas les Galousine, Sergei Larin et j'en passe, ne sont pas tjs aussi brillants. Et bien si les programateurs n'avaient pas d'autres soucils que la qualité des spectacles, ce ne serait pas trés compliqué dans la majorité des cas. Quand j'évoquais les chanteurs russes, c'est sans parler des Américains qu'il faut mettre à toute les grandes productions demandez à Fondary comment on la enlevé d'un Hérodiade qui devait être sortie en CD, enregistré avec le Capitole de Toulouse, et comment on demandé à Fondary de quitter la distribution en le payant et en lui demandant de céder sa place à Thomas Hampson. Je ne l'invente pas, Hamspon est un bon baryton ce n'est pas grave, cela dit il faut bien admettre qu'en matière de programation ce ne serait pas bien dur d'essayer de tout prévoir, si il n'y avait d'autres contraintes qui relèvent plutôt du Lobbi qu'autre chose. Et encore ne nous pleignons pas cela évolue.

En attendant je continue de préfèrer, pour chanter Violetta, la ronde Caballé à une anorexique aphone.


Mais à la rigeur je préfère aussi, seulement si Violetta est chantée par Andrea Rost à une certaine époque disons aujourdh'ui Inva Mula, et bien je préfère.

RuggeroBastianini
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Message par RuggeroBastianini » 23 août 2008, 13:16

RuggeroBastianini a écrit :
adecambrai a écrit :En effet la question de la crédibilité interprète/personnage peut se poser et va bien sûr au-delà de la simple question (comme l'évoque le titre) de la surcharge pondérale.

JdeB a très justement souligné le caractère "dé-réalisant" de la musique. L'opéra repose sur une esthétique qui lui permet en partie d'échapper au diktat du réel pour présider à l'incarnation d'un personnage.

Je crois que cette vision malgré tout le respect qu'on lui doit, ne suffit pas.

Il est évident que pour le public moyen (ou le public potentiel, à savoir qui ne va pas à l'opéra mais se laisserait tenter par l'expérience), voir une Caballé en Violetta a de quoi surprendre. De même que voir un Philippe II noir pourrait être étonnant,

sans aucun rapport avec une vision raciste Heureux de vous l'entendre dire.


: le même étonnement serait de rigueur devant un couple blanc chantant Porgy and Bess.



Tout dépend la mise en scène. Comme je l'ai dis, si l'on désire voir Simon Estes en filipe II qu'on le fasse mais avec une mise en scène qui ne cherche pas à être traditionelle, sinon cela est ni fait ni à faire.


Toutefois l'opéra nécessite des formats vocaux propres à chaque rôle, indispensables à une interprétation réussie du personnage.

Nous sommes d'accord mais une bonne distribution doit réunir la voix adéquate et le chanteur qui se sentira le plus à l'aise dans le rôle sur le plan scénique. Concernant Phillipe II ce ne sont pas les basses de type européenes qui manquent et qui manquaient pour chanter le rôle et pour en être à la hauteur tant sur plan vocal, que sur le plan scénique pour aborder ce rôle dans une mise en scène, traditionelle, je me permet de bien souligner le terme traditionnel.


Il est en outre un point qui ne me semble pas avoir été abordé, celui des rôles travestis.


Si cela a été abordé pour ce qui me concerne les rôles travestis ne me gènent pas, le maquillage et le costume faisant trés bien passer l'idée.


On peut gloser sur un Kraus chantant le Duc de Mantoue passé 60 ans,

Personnelement et je l'ai dis plus haut, ce n'est pas le fait que Kraus chante mantoue à 60 ans, le rôle de Mantoue ne me semble pas avoir d'age, de plus si on se réfère à l'historique Mantoue n'est qu'un pretexte, au départ Verdi songeait à Francois Ier, qu'il soit jeune ou vieux Mantoue aiment les femmes jusqu'à en changer chaque soir, l'age n'est pas un problème. Là où cela me pose un problème c'est lorsque Kraus à 68 ans chantait Werther, qui est tant dans le livret , que dans la psychologie d'une personnage un trés jeune garcon.


mais que dire d'un Roméo féminin de 40 ans ? (je pense bien entendu à Joyce DiDonato).

Pour Joyce Di donato, tout comme Alagna dans la version Gounod, c'est encore assez crédible, tout deux ne sont pas atteint par leur age de manière trop visible pour le moment .Cela ne durera peut être pas ? Il y a quand même une mesure Kraus avait 68 ans. Tant sur le plan vocal que physique cela se sent, à 40 ans une voix est jeune.

Le travestissement n'est pas nouveau, le théâtre employait cet artifice par le passé, pour faire jouer aux femmes les rôles de jeunes hommes et, avant encore, pour faire jouer des rôles de femmes aux jeunes hommes, celles-ci ne pouvant se produire sur une scène. Néanmoins les conventions ont évolué pour le genre théâtral alors que l'opéra continue d'employer le travestissement.


C'est vrai !

Rien de plus déroutant pour un public novice que de voir un Roméo femme, un Oscar femme, un Siebel femme et j'en passe. Maintenant arriver à trouver un jeune homme à la voix suffisamment mûre à 14 ou 15 ans pour endosser ces rôles me paraît un peu "mission impossible".

Pour un public novice cela est peut être déroutant de voir des rôle féminins chanter siebel moi personnelement cela ne me choque pas, en revanche ce qui me dérouterait c'est qu'une femme soit Don Giovanni ou Mantoue un jour.

Ne pas oublier non plus que nombre d'opéras content la vie de très jeunes hommes et de très jeunes femmes. Certes un Kraus âgé n'est pas forcément crédible en Duc,


En duc pour moi cela passe encore, mais en Werther alors là niet.



mais combien d'adolescents ou de jeunes hommes pourraient chanter le rôle ? Si Florez est physiquement crédible, sa dernière interprétation n'est pas franchement une réussite (selon moi). Alors il faut un Florez avec la voix de Pavarotti. On va tomber dans les COGM, les Chanteurs d'Opéra Génétiquement Modifiés...

N'exagerez pas, essayer de trouver un chanteur qui sera à l'aise dans un rôle dans tout les sens du terme que ce soit physique ou vocal ne relève quand même pas de l'hérisie, ni de la génétique.

Idem pour un Roméo et Juliette, tous deux à peine pubères et tout droit sortis d'une époque où le mariage à 12 ans n'embarrassait personne.

Oui enfin dans l'oeuvre, ils en ont 17 je crois.

L'opéra donne la primauté à la voix.

C'est un tort, la voix doit être incontournable dans une distribution et doit correspondre parfaitement à un rôle, mais un choix selon la capacité du chanteur à interpréter un rôle sur scène doit être fait. Car à part des exceptions marquées comme Werther ou Violetta Valery qui ont un profil type, si l'on parle de mise en scène traditionnelle, une fois de plus, les autres rôles pour la plus part, offrent une certaine palette, en matière de choix de chanteurs. En tenant compte des exigences vocales biensur!

Mais les codes modernes donnent une primauté à l'image et exigent une crédibilité au même titre que celle du cinéma, genre dans lequel il est plus facile de faire correspondre un acteur à un personnage.

Oui mais la difficulté à l'opera est aussi de le faire correspondre vocalement, et c'est un exigence avec laquelle je ne souhaite pas transiger.

Compte-tenu des exigences du lyrique (maturité de voix, format vocal...) je ne suis pas sûr que le couple adéquation vocale/adéquation physique puisse être réuni aisément pour la plupart des cas.

Moi je crois que si on fait un tantinet d'effort et si les programateurs avaient les moyens financiers et autres de ne pas être obligés comme c'était le cas à une époque, j'en avais parlé avec un baryton francais célèbre que je ne citerai pas pour ne pas le compromettre, qui m'avait dit " de nos jours on fait venir des russes ou des slaves car ils coutent moins chers," C'était il y a 11 ans cela a sans doute évolué.Je ne voudrais pas relancer la querelle du plombier francais, (certains vont encore m'expliquer que je suis raciste) car si on faisait venir que des Guleghina, ou Grigoriam ou Chiaurov , on n'aurait pas de quoi se plaindre, mais hélas les Galousine, Sergei Larin et j'en passe, ne sont pas tjs aussi brillants. Et bien si les programateurs n'avaient pas d'autres soucils que la qualité des spectacles, ce ne serait pas trés compliqué dans la majorité des cas. Quand j'évoquais les chanteurs russes, c'est sans parler des Américains qu'il faut mettre à toute les grandes productions demandez à Fondary comment on la enlevé d'un Hérodiade qui devait être sortie en CD, enregistré avec le Capitole de Toulouse, et comment on demandé à Fondary de quitter la distribution en le payant et en lui demandant de céder sa place à Thomas Hampson. Je ne l'invente pas, Hamspon est un bon baryton ce n'est pas grave, cela dit il faut bien admettre qu'en matière de programation ce ne serait pas bien dur d'essayer de tout prévoir, si il n'y avait d'autres contraintes qui relèvent plutôt du Lobbi qu'autre chose. Et encore ne nous pleignons pas cela évolue.
En attendant je continue de préfèrer, pour chanter Violetta, la ronde Caballé à une anorexique aphone.


Mais à la rigeur je préfère aussi, seulement si Violetta est chantée par Andrea Rost à une certaine époque disons aujourdh'ui Inva Mula, et bien je préfère.

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adecambrai
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Message par adecambrai » 23 août 2008, 14:20

Une meilleure utilisation des balises demanderait autant de travail de rédaction que les "gras" et "italiques" utilisés et rendrait la lecture de vos réponses plus aisée.
RuggeroBastianini a écrit : Tout dépend la mise en scène. Comme je l'ai dis, si l'on désire voir Simon Estes en filipe II qu'on le fasse mais avec une mise en scène qui ne cherche pas à être traditionelle, sinon cela est ni fait ni à faire.
J'ai bien noté que vous vous situez dans la perspective de mises en scène traditionnelles, supposées refléter le réel (au mieux en tout cas). Dans ce contexte il est évident qu'une inadéquation interprète/personnage sera plus marquée - voire pénalisante pour la lisibilité de la mise en scène - que pour des oeuvres transposées, des relectures, ou des oeuvres d'inspiration mythologique (W.White chantant Wotan par exemple n'est pas déplacé car, même si l'iconographie ne manque pas, en qualité de personnage mythologique il se trouve exempt d'une obligation de ressembler à un modèle).
Nous sommes d'accord mais une bonne distribution doit réunir la voix adéquate et le chanteur qui se sentira le plus à l'aise dans le rôle sur le plan scénique. Concernant Phillipe II ce ne sont pas les basses de type européenes qui manquent et qui manquaient pour chanter le rôle et pour en être à la hauteur tant sur plan vocal, que sur le plan scénique pour aborder ce rôle dans une mise en scène, traditionelle, je me permet de bien souligner le terme traditionnel.
C'est une situation idéale. Mais la difficulté de correspondre aux exigences vocales d'un rôle se trouve d'autant plus renforcée si l'on doit (je reste dans l'hypothèse des mises en scènes traditionnelles) en plus chercher la crédibilité physique.

La situation intermédiaire consisterait à réunir une distribution spécifique pour les mises en scènes traditionnelles, fondée sur un focus mis sur l'apparence ET la voix, avec le risque d'éloigner certains artistes plus talentueux mais ne correspondant pas à l'image que l'on se fait du personnage.

Car il faut faire attention à la question de l'image. Celle que je me fais du Duc de Mantoue ou de Werther, ou de Faust, ou de Manrico... n'est pas forcément celle que vous vous en faites. La crédibilité doit entraîner l'adhésion de tous (dans l'idéal), ce qui est rendu impossible par les horizons d'attente différents qui nous caractérisent. Maintenant j'admets qu'il y a des réalités péremptoires : le Grand Inquisiteur est vieux, Radames est un homme, Elvira une femme...
Là où cela me pose un problème c'est lorsque Kraus à 68 ans chantait Werther, qui est tant dans le livret , que dans la psychologie d'une personnage un trés jeune garcon.
La présence de Kraus en Werther, même à 68 ans, est aussi une question de prestige. On attire plus facilement le public ainsi. Bien entendu l'artiste sait que sa voix évolue et doit évoluer aussi dans les rôles qu'il incarne. Maintenant je ne connais pas l'interprétation de Kraus à 68 ans en particulier, il n'y a pas forcément d'hérésie si la qualité est au rendez-vous.
Pour Joyce Di donato, tout comme Alagna dans la version Gounod, c'est encore assez crédible, tout deux ne sont pas atteint par leur age de manière trop visible pour le moment [...]. Tant sur le plan vocal que physique cela se sent, à 40 ans une voix est jeune
Une voix jeune mais féminine tout de même. Et une voix de 40 ans n'a pas forcément la juvénilité de celle d'un adolescent, ce qui en terme de crédibilité scénique peut poser problème. Personnellement j'étais ravi de retrouver ce mezzo américain.
Nous parlions aussi du regard du public. De mon point de vue et de part mon expérience, j'ai noté que le public novice accepte (avec un sourire néanmoins) plus facilement une Susan Neves chantant Leonora qu'un personnage masculin chanté par une femme, ce code esthétique lui paraissant une aberration.
N'exagerez pas, essayer de trouver un chanteur qui sera à l'aise dans un rôle dans tout les sens du terme que ce soit physique ou vocal ne relève quand même pas de l'hérisie, ni de la génétique
L'allusion à la génétique n'était rien de plus qu'une boutade. Je suis surpris qu'elle n'ait pas été reçue comme telle. Trouver un chanteur capable d'allier la crédibilité scénique et les capacités vocales est bien entendu possible à trouver mais relève encore la difficulté de la sélection et conduit, encore une fois, à risquer d'écarter des artistes plus talentueux mais moins "présentables". Surtout que la plupart des spectateurs, n'étant pas au premier rang, s'appuient avant tout sur la voix pour donner corps au personnage.
Oui mais la difficulté à l'opera est aussi de le faire correspondre vocalement, et c'est un exigence avec laquelle je ne souhaite pas transiger
La correspondance vocale est évidemment indispensable. C'est pourquoi je maintiens que, au risque d'écorner un peu la crédibilité scénique, je préfère un rôle mené avec la voix du rôle qu'avec des faiblesses vocales ne suffisant pas à rattraper l'adéquation physique de l'artiste à son personnage.

Votre conclusion sur l'indispensable adéquation de la voix au rôle nous remet finalement d'accord sur le fait que celle-ci est déterminante pour le choix d'un d'interprète.

Pour ma part j'estime que le reste est un plus à rechercher, mais qui ne conditionne pas la réussite d'une incarnation. La voix restant, qu'on le veuille ou non, la signature esthétique de l'opéra.

RuggeroBastianini
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Message par RuggeroBastianini » 23 août 2008, 14:41

J'ai bien noté que vous vous situez dans la perspective de mises en scène traditionnelles, supposées refléter le réel (au mieux en tout cas). Dans ce contexte il est évident qu'une inadéquation interprète/personnage sera plus marquée - voire pénalisante pour la lisibilité de la mise en scène - que pour des oeuvres transposées, des relectures, ou des oeuvres d'inspiration mythologique (W.White chantant Wotan par exemple n'est pas déplacé car, même si l'iconographie ne manque pas, en qualité de personnage mythologique il se trouve exempt d'une obligation de ressembler à un modèle).

Je vois que ns ns comprenons, cela dit mes gouts fluctuent et dépendent de la qualité du metteur en scène. Je peux apprécier autant une mise en scène traditionelle comme celle de Nicolas Joel à Orange pour Faust, que le Nabucco transposé de 1998.
Nous sommes d'accord mais une bonne distribution doit réunir la voix adéquate et le chanteur qui se sentira le plus à l'aise dans le rôle sur le plan scénique. Concernant Phillipe II ce ne sont pas les basses de type européenes qui manquent et qui manquaient pour chanter le rôle et pour en être à la hauteur tant sur plan vocal, que sur le plan scénique pour aborder ce rôle dans une mise en scène, traditionelle, je me permet de bien souligner le terme traditionnel.
C'est une situation idéale. Mais la difficulté de correspondre aux exigences vocales d'un rôle se trouve d'autant plus renforcée si l'on doit (je reste dans l'hypothèse des mises en scènes traditionnelles) en plus chercher la crédibilité physique
.

Il y a difficulté mais l'art est chose difficile et heureusement.
La situation intermédiaire consisterait à réunir une distribution spécifique pour les mises en scènes traditionnelles, fondée sur un focus mis sur l'apparence ET la voix, avec le risque d'éloigner certains artistes plus talentueux mais ne correspondant pas à l'image que l'on se fait du personnage.
Non cela serait pas bien non plus je pense qu'il n'est pas si difficile d'optenir les deux .

Car il faut faire attention à la question de l'image. Celle que je me fais du Duc de Mantoue ou de Werther, ou de Faust, ou de Manrico... n'est pas forcément celle que vous vous en faites.
Concernant Werther, autant l'oeuvre de Goethe que le livret de Massenet sont clair c'est un jeune homme. Il y a quand meme quelques lieux communs sur certains rôles.
La crédibilité doit entraîner l'adhésion de tous (dans l'idéal), ce qui est rendu impossible par les horizons d'attente différents qui nous caractérisent. Maintenant j'admets qu'il y a des réalités péremptoires : le Grand Inquisiteur est vieux, Radames est un homme, Elvira une femme...
Sauf que l'avis que je donne n'est que me ressentie que j'assume en tant que tel et rien d'autre
Là où cela me pose un problème c'est lorsque Kraus à 68 ans chantait Werther, qui est tant dans le livret , que dans la psychologie d'une personnage un trés jeune garcon.
La présence de Kraus en Werther, même à 68 ans, est aussi une question de prestige. On attire plus facilement le public ainsi. Bien entendu l'artiste sait que sa voix évolue et doit évoluer aussi dans les rôles qu'il incarne. Maintenant je ne connais pas l'interprétation de Kraus à 68 ans en particulier, il n'y a pas forcément d'hérésie si la qualité est au rendez-vous
.

Je ne suis pas d'accord. Il n'y apas qualité si il n'y a pas crédibilité pour moi.

Pour Joyce Di donato, tout comme Alagna dans la version Gounod, c'est encore assez crédible, tout deux ne sont pas atteint par leur age de manière trop visible pour le moment [...]. Tant sur le plan vocal que physique cela se sent, à 40 ans une voix est jeune
Une voix jeune mais féminine tout de même. Et une voix de 40 ans n'a
pas forcément la juvénilité de celle d'un adolescent, ce qui en terme de crédibilité scénique peut poser problème. Personnellement j'étais ravi de retrouver ce mezzo américain.
Nous parlions aussi du regard du public. De mon point de vue et de part mon expérience, j'ai noté que le public novice accepte (avec un sourire néanmoins) plus facilement une Susan Neves chantant Leonora qu'un personnage masculin chanté par une femme, ce code esthétique lui paraissant une aberration.



Comme l'a si bien dit un de mes contradicteurs, sur ce point ns somme d'accord une voix n'est matture souvent que vers la quarantaine, la quarantaine correspond au début d'une carrière, là on y peut rien.

N'exagerez pas, essayer de trouver un chanteur qui sera à l'aise dans un rôle dans tout les sens du terme que ce soit physique ou vocal ne relève quand même pas de l'hérisie, ni de la génétique
L'allusion à la génétique n'était rien de plus qu'une boutade. Je suis surpris qu'elle n'ait pas été reçue comme telle
.

Biensur que si cela a été recu comme telle, mais ma réponse n'était pas catastrophée.
Trouver un chanteur capable d'allier la crédibilité scénique et les capacités vocales est bien entendu possible à trouver mais relève encore la difficulté de la sélection et conduit, encore une fois, à risquer d'écarter des artistes plus talentueux mais moins "présentables". Surtout que la plupart des spectateurs, n'étant pas au premier
rang, s'appuient avant tout sur la voix pour donner corps au personnage.

Ca c'est une interprétation qui vous regarde, à Orange bon nombre de gens,ont les jumelles à la main pour profiter du visuel.
Oui mais la difficulté à l'opera est aussi de le faire correspondre vocalement, et c'est un exigence avec laquelle je ne souhaite pas transiger
La correspondance vocale est évidemment indispensable. C'est pourquoi je maintiens que, au risque d'écorner un peu la crédibilité scénique, je préfère un rôle mené avec la voix du rôle qu'avec des faiblesses vocales ne suffisant pas à rattraper l'adéquation physique de l'artiste à son personnage.
Cette votre préférence, pas la mienne, moi je préfère les deux qui a être décu souvent, cela ne me gène pas.
Votre conclusion sur l'indispensable adéquation de la voix au rôle nous remet finalement d'accord sur le fait que celle-ci est déterminante pour le choix d'un d'interprète.
Pour ma part j'estime que le reste est un plus à rechercher, mais qui ne conditionne pas la réussite d'une incarnation. La voix restant, qu'on le veuille ou non, la signature esthétique de l'opéra.
C'est votre avis que je respecte, comme je l'ai dis à autre mais auquel je n'adhère pas.

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adecambrai
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Message par adecambrai » 23 août 2008, 14:57

Merci pour les balises de citation.
RuggeroBastianini a écrit :Il y a difficulté mais l'art est chose difficile et heureusement.
Je pensais plus à la difficulté de sélection qu'à la difficulté pour les artistes de s'astreindre à un entraînement vocal et physique.
C'est votre avis que je respecte, comme je l'ai dis à autre mais auquel je n'adhère pas.
Je trouve cela parfaitement positif. Si nous étions tous d'accord nous tournerions en rond et il n'y aurait plus aucun débat.

Et pour fêter cette heureuse conclusion je vais aller écouter Kraus en Werther à 68 ans pour me faire une idée. Et Joyce en Roméo à 40 ans.

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Message par RuggeroBastianini » 23 août 2008, 17:40

adecambrai a écrit :
Merci pour les balises de citation.
Mais de rien je n'avais pas saisi le fonctionnement

Je pensais plus à la difficulté de sélection qu'à la difficulté pour les artistes de s'astreindre à un entraînement vocal et physique.
Mais la selection et la distribution des rôles font partie intégralement de cet art qu'est l'opera.
Je trouve cela parfaitement positif. Si nous étions tous d'accord nous tournerions en rond et il n'y aurait plus aucun débat.
Mais tout à fait, c'est pourquoi je ne saisi pas vraiment la tournure qu'a pris ce débat. J'y suis sans doute pour quelque chose aussi, il faut toujours être deux pour se disputer. Mais de là à ce faire traiter de raciste. Enfin avec vous le débat fut courtois et c'est trés bien ainsi.
Et pour fêter cette heureuse conclusion je vais aller écouter Kraus en Werther à 68 ans pour me faire une idée. Et Joyce en Roméo à 40 ans.
Ok bonne écoute.

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