Weill: Mahagonny - Volkov/Pelly - Toulouse, nov. 2010

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Weill: Mahagonny - Volkov/Pelly - Toulouse, nov. 2010

Message par Renard » 27 nov. 2010, 00:09

Kurt Weill blah blah blah Laurent Pelly blah blah blah, divers chanteurs blah blah blah. Tout le monde se fout de Toulouse maintenant, vrai ou pas?

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Message par vigie » 27 nov. 2010, 08:40

Pas vrai !!! CR de la représentation d'hier à paraître aujourd'hui !!!
Il est encore temps de découvrir cette superbe version ce dimanche, notamment pour l'excellent Nikolai Schukoff, mais aussi pour la lecture qu'en donne Laurent Pelly, fidèle, incisive, actuelle, pertinente et impertinente !

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Message par popera » 27 nov. 2010, 14:08

Ouf merci vigie ! Quelques critiques en vue ont (ma) agoni cette production qui à mon sens aussi ne le mérite pas : j'ai apprécié beaucoup de choses dont l'orchestre, la direction, Schukoff et le parti pris brechtien de Pelly.

Il est aussi vrai que la (très jolie) Jenny de Valentina Farcas est faible en émission...

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Message par Renard » 30 nov. 2010, 00:10

Non, mais franchement, c'est vrai! Les productions à Toulouse ne suscitent plus d'intérêt! Merci à Pop et Vig pour les contributions, mais ce sont des exceptions qui confirment la règle. La Bohème est passée quasi inaperçue (heureusement, il faut le dire), et même une quasi-rareté comme Mahagonny ne vaut même pas un CR. Dommage, quelque part.

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Message par JdeB » 30 nov. 2010, 10:19

Renard a écrit :Non, mais franchement, c'est vrai! Les productions à Toulouse ne suscitent plus d'intérêt! Merci à Pop et Vig pour les contributions, mais ce sont des exceptions qui confirment la règle. La Bohème est passée quasi inaperçue (heureusement, il faut le dire), et même une quasi-rareté comme Mahagonny ne vaut même pas un CR. Dommage, quelque part.
Un peu de patience, Vigie postera un CR.
Pour le reste, j'ai proposé maintes fois des invitations ODB contre un CR...
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Message par vigie » 01 déc. 2010, 14:51

Kurt WEILL (1900-1950)

Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny
Opéra en trois actes
Livret de Bertold Brecht


Mise en scène et costumes, Laurent Pelly
Collaboration à la mise en scène, Agathe Mélinand
Collaboration aux costumes, Jean-Jacques Delmotte
Décors, Barbara de Limburg
Lumières, Joël Adam

Léocadia Begbick : Marjana Lipovsek
Fatty, le fondé de pouvoir : Chris Merritt
Moïse La Trinité : Gregg Baker
Jenny Hill: Valentina Farcas
Jim Mahoney: Nikolaï Shukoff
Jack O’Brien / Tobby Higgins: Roger Padullès
Joe, dit Joe Loup de l’Alaska : Harry Peeters
Bill, dit Billy Tiroir-Caisse : Tommi Hakala
Récitant : Magne-Havard Brekke

Chœur du Capitole
Chef du chœur, Alfonso Caiani

Orchestre National du Capitole
Direction musicale, IIan Volkov


Représentation du 26 novembre 2010

De saison en saison, Frédéric Chambert propose au public toulousain la découverte d’œuvres clés du XXème siècle. Après Erwartung la saison passée, c’est le très actuel Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny qui nous est présenté dans une lecture incisive, qui alterne joyeusement moments de théâtre et de musique, réflexion et divertissement.

Tout commence de manière très théâtrale avec l’irruption sur scène du récitant (Magne-Havard Brekke) qui d’un mot et d’un regard nous captive et nous attire vers la ville piège. Un mot, une intonation, et déjà le rythme et le ton sont donnés. On le retrouvera aux quatre coins de la scène au fil de l’œuvre et cela fait mouche !

Pour le rythme, l’Orchestre du Capitole, sous la direction d’Ilan Volkov, s’encanaille et fait montre de ressort et du swing nécessaire, et révèle une seconde nature grâce notamment à un épatant pupitre de cuivres.

Aussi à l’aise sur le bord de la route qu’au board de Mahagonny, Marjana Lipovsek met ses moyens vocaux exceptionnels et ce qu’il faut de gouaille au service de Léocadia. Quelle présence et quelle belle caractérisation : très belle prise de rôle !

Chris Merritt (le Fondé de Pouvoir) , bien qu’ayant un peu moins de punch scéniquement que son comparse Gregg Baker (Moïse la Trinité), est lui aussi très à l’aise vocalement.

Un formidable et solide trio, donc, très cohérent, qui dès la première scène insuffle une belle énergie et donne le ton de ce qui va se jouer !

Valentina Farcas, si elle est une très belle Jenny, aguicheuse et vénéneuse à souhait, manque parfois un peu de moyens pour le rôle, et on aurait aimé plus de présence, plus d’éclat.

Des 4 compères venus de l’Alaska, c’est l’exceptionnel Jim Mahoney de Nikolai Schukoff (quelle prise de rôle !) qui ressort : timbre lumineux, se jouant de toutes les difficultés, chant empreint d’émotion et de doute, courant comme un beau diable ou rivé sur la chaise électrique, il joue et chante magnifiquement l’homme séduit et piégé.

Harry Peeters, que l’on a connu dans de tout autres répertoires, est impeccable vocalement, et montre un Joe un peu pataud sur scène. Tout juste si cela manque parfois un peu de relief.

Roger Padullès (Jack O’Brien / Tobby Higgins), très alerte et très à l’aise dans ses deux rôles, montre lui aussi qu’il est un ténor sur lequel il faut compter !.

Seul Tommi Hakala (Bill) paraît peut-être un peu plus en retrait dans ce quatuor infernal. Mais on reste frappé tout le long de l’opéra par l’esprit de groupe et de troupe qui fonctionne très bien, au niveau des ensembles et au niveau du chœur. Ce dernier a été vitaminé et fait preuve d’une belle énergie scénique lui aussi !

Par un savant dosage, Laurent Pelly et Agathe Mélinand distillent, rythme, humour, regard aiguisé et profond, au fil d’un spectacle qui fonctionne beaucoup en tableaux, permettant de varier les atmosphères et de soutenir au mieux la musique, le propos et l’action théâtrale.

On retrouve donc quelques notes d’humour très bien vues, comme cette scène sur une plage (et ce n’est pas la première fois que l’on voit des transats dans les productions de Laurent Pelly !) où des surveillants de baignade dégainent des panneaux « no sex », « no telephone » … illustrant de manière impertinente une certaine conception de la liberté à l’américaine. Belle introduction au « Du darfst » qui suivra, banderole hissée au fronton de la scène !

Très sympathique également le passage du cyclone qui évite Mahagonny (représentée par un panneau de gare).

Terrible enfin la mort qui suit la consommation à la chaîne de hamburgers, apportés dans une forme de dans e macabre par des pin-ups au déhanché ravageur.

Encore plus terrible la fin de Jim, bouleversante.

Soulignons enfin les magnifiques effets visuels (Barbara de Limbourg, décors ; Joël Adam, lumières) qui contribuent à donner rythme et profondeur de champ ! Je pense notamment à l’hypnothique « Mahagonny », simple jeu calligraphique et lumineux ; aux néons de couleur dignes des plus belles installations de Dan Flavin. Et l’usage raisonné de vidéos (poursuite initiale, cyclone) très bien intégrées au spectacle.

Une très très belle soirée donc pour cette œuvre que le temps n’a pas émoussé d’une note ou d’une virgule, et à qui cette production dirigée par Laurent Pelly a donné une vitalité et une pertinence remarquables, dignes du plus beau des uppercuts !

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