J'y étais pour la représentation du 14 avril.
C'était la 1ère fois que je voyais cette production : on passe une agréable soirée, malgré quelques dérapages (le "sketche" de Berta durant son air, et surtout la mise en scène ridicule pour le "Cessa di più resistere", ça sent vraiment le meublage à 100 km !)
Pourtant le public semble ravi... Ce qui m'a surtout surpris, c'est la propension des gens à s'esclaffer au moindre petit gag, ils ne doivent pas souvent rire dans la vie !
Côté distribution,
Karine Deshayes est pour moi la grande triomphatrice de la soirée. Si la voix est un peu étouffée dans le registre grave, les aigus sont impressionnants! Son registre aigu est en effet très puissant et surtout très étendu pour une mezzo, avec des contres-ut et même un contre-ut dièse, comme l'a souligné jean didier, qui ne lui font pas peur !
La vocalisation, si elle n'a pas toute la souplesse et la facilité de consoeurs telles que DiDonato ou Genaux, reste très satisfaisante. J'ai regretté qu'elle n'ait pas inséré de cadence à la fin de "Contro un cor".
Scéniquement elle est impeccable. J'ai hâte d'entendre son Elena !
A ses côtés, j'ai trouvé
Antonina Siragusa encore plus nasal qu'à l'accoutumée (si c'est possible
). Il semble également lui aussi gagné par le syndrome des "aigus pris par en dessous", un effet qui m'agace tout particulièrement.
Si son grand air est assumé crânement, le manque de séduction du timbre et surtout son comportement façon "coq de basse-cour" me le rendent peu sympathique et m'empêchent d'accrocher pleinement à ce qu'il fait.
En Figaro,
Dalibor Jenis fait montre d'une voix puissante et longue, quoiqu'un peu engorgée.
J'ai pour ma part trouvé qu'il savonnait allègrement les passages virtuoses de la partition, mais son énergie et sa bonhommie font de lui un barbier attachant et crédible.
Le point faible est en effet
Alberto Rinaldi qui propose un Bartolo médiocre, à la projection faible et dont la voix est maintenant réduite à sa trame, ce qui est normal lorsqu'on sait qu'il a débuté à la Scala en... 1966 !
Autre vétéran,
Paata Burchuladze est un Don Basilio à la voix en meilleure santé, aux aigus sonores et percutants, même si la vocalisation est très sommaire.
Je ne m'attendais pas à retrouver
Jeannette Fischer en si bonne forme vocale : son air est très bien chanté, avec des variations dans l'aigu qui sont les bienvenues.
La direction de
Bruno Campanella, bien qu'enjouée, ne m'a pas plus emballée que ça, j'ai trouvé notamment que les fameux crescendi rossiniens étaient attaqués trop forts pour vraiment faire leur effet.
RAS sur les choeurs et les comprimari, tous forts bons.
En somme, une très bonne soirée de répertoire qui m'a permis de mesurer toute l'étendue du talent de Karine Deshayes, que je n'avais entendue qu'en Preziosilla.