Reprise d'Ariadne auf Naxos à Bastille

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Message par tuano » 19 oct. 2004, 14:38

Xavier a écrit : Que veux-tu Tuano, tout le monde ne va pas à l'opéra que pour entendre des sopranos coloratures.
Gros méchant ! :wink:

C'est vrai que c'est ce que je préfère dans Ariadne auf Naxos parce que je suis peu sensible à l'oeuvre dans son ensemble mais je suis aussi capable de voyager pour voir des opéras sans suraigus ! Tu n'as qu'à lire mon dossier sur Janacek...

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Message par bajazet » 19 oct. 2004, 17:39

tuano a écrit :Je n'ai jamais aimé ni compris cet opéra. L'intrigue ne fait que reprendre de manière délayée le sujet des nombreux airs de Metastasio au XVIIIème : après la pluie brille à nouveau le soleil etc. Si le Chevalier à la Rose correspond aux Nozze de Mozart, et la Femme sans ombre à la Flûte enchantée, Ariane à Naxos correspond tout simplement à Lucio Silla. Le monologue de Zerbinetta renvoie à l'air de Celia Quando sugl' arsi campi où elle dit à Giunia qu'il est inutile de se lamenter sur son amour perdu et qu'elle aura de nouvelles occasions de connaître le bonheur.
Je trouve ça franchement sommaire comme sujet d'opéra. Mozart n'y a consacré qu'une scène lorsqu'il était adolescent.

Malgré tout ce que je viens d'écrire, je ne pense pas être un straussien moins patenté que d'autres. J'ai juste un problème avec Ariadne, surtout que le personnage sonne faux à cause du prologue, où ce n'est qu'une prima donna capricieuse et vaniteuse. Il n'y a que Julia Varady, lors d'un concert parisien, qui m'a ouvert de nouvelles perspectives sur le rôle. Malheureusement, elle n'aura jamais chanté le rôle dans son intégralité.

Pour moi, le Compositeur est une créature hybride, mal définie, sortie d'un chapeau pour essayer de sauver l'oeuvre du naufrage de la représentation avec le Bourgeois gentilhomme. D'ailleurs, le librettiste était furieux que Strauss confie le rôle à un soprano. Que voulait Hoffmanstahl ? Que voulait Strauss ? Visiblement pas la même chose, et cela s'en ressent.
Une fois de plus, je suis pour le moins déconcerté par les jugements catégoriques de Tuano, qui me paraissent pour le moins hâtifs (je reste mesuré). Ariane sonne faux parce que la Prima donna est capricieuse ? Mais pourquoi donc !? Ce n'est justement pas le même personnage. A ce compte-là, il faudrait qu'un acteur se comporte comme les personnages qu'il interprète ?
Par ailleurs, s'il y a un opéra de Mozart à rapporter à Ariadne, c'est Cosi! je doute que Hofmannsthal ait songé à l'air de Celia ?
Ariadne est un des Strauss que je préfère, et justement la façon poétique dont s'y exprime la dialectique de la constance et de la métamorphose me semble magnifique. Tout le texte prononcé par Ariadne est une des plus belles choses écrites à l'opéra.
A présent, on peut ne pas goûter la dimension délibérément rococo, où l'artefact théâtral est exalté comme tel, mais de là à dire que le livret est simpliste !!!

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Message par bajazet » 19 oct. 2004, 17:42

David-Opera a écrit :J'ai l'impression que l'approche est à contre sens de Mozart, dont la sensibilité aux idéaux Franc Macon va plutôt amener l'homme à tendre vers un idéal.
Et Cosi fan tutte, c'est un plaidoyer idéaliste ? Je crains que la Flûte ne soit trop souvent pour Mozart l'arbre qui cache la forêt ?

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Message par tuano » 19 oct. 2004, 17:45

bajazet a écrit : Une fois de plus, je suis pour le moins déconcerté par les jugements catégoriques de Tuano, qui me paraissent pour le moins hâtifs (je reste mesuré).
Ça n'a rien de catégorique puisque je dis de manière tout à fait personnelle "Je n'ai jamais aimé ni compris cet opéra." et "J'ai juste un problème avec Ariadne".
Les procédés dramatiques de cette oeuvre sont quand même très particuliers, voire très bricolés. C'est normal si certaines personnes sont déroutées.

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Bonjour

Message par Tom » 19 oct. 2004, 18:18

Pour moi aussi, Ariadne est un des chefs-d'oeuvre de Strauss, et un de mes operas préférés.

Si Strauss a voulu revenir à une esthétique plus mozartienne (sous entendu, que wagnérienne), en ecrivant le Chevalier, c'était chose faite, et je ne pense pas que les réferences au Bourgeois Gentilhomme ou le travesti "cherubinien" doivent nécessairement nous pousser à faire un parallèle avec un opera de Mozart. La souffrance d'un(e) amant(e) abandonné(e) est un sentiment tellement universel que tous les compositeurs s'y attaquent un jour au l'autre, et chacun à sa facon. C'est bien la raison pour laquelle le mythe d'Ariane et de Thésée nous parle encore autant.

Musicalement, je ne peux rien jeter, du prologue que je ne peux écouter que du début jusqu'à la fin, les superbes inspirations du compositeurs, la cabotinerie de Zerbinette, l'echange Tenor/perruquier, le grand numero de compromission du Maitre de Musique, à l'acte: l'ambiance d'attente, crée par le trio des nymphes qui dure peut-etre 3min mais qui donne l'impression qu'Ariadne se languit déja depuis des mois, puis, le jeu sur les noms "Theseus-Ariadne" qui rappelle comiquement Tristan, l'air d'Harlekin ou de la pure compassion, Es gibt ein reich, et le reste que d'autres ont deja loué ici, et la fin, avec, de la part de Hoffmanstahl la plus belle déclaration d'amour qui soit: "Hör mich du, die sterben will: Dann sterben eher die ewigen Sternen, Als das du stürbest aus meinem Armen" Entend-moi, toi qui veut mourir: les etoiles eternelles mourront avant que la mort ne t'arrache de mes bras".

J'adore Ariadne, le personnage d'Ariadne surtout qui me touche autant que la Marechale, et le prochain qui dit que c'est un opera mineur ou raté, il aura affaire à moi! lol

Sinon je n'ai pas vu la prod de Bastille, mais comment était Xavier Mas, le maitre à danser? Quelqu'un se souvient?

Merci

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Message par David-Opera » 19 oct. 2004, 20:08

bajazet a écrit :
David-Opera a écrit : J'ai l'impression que l'approche est à contre sens de Mozart, dont la sensibilité aux idéaux Franc Macon va plutôt amener l'homme à tendre vers un idéal.
Et Cosi fan tutte, c'est un plaidoyer idéaliste ? Je crains que la Flûte ne soit trop souvent pour Mozart l'arbre qui cache la forêt ?
Oui, j'y ai pensé après coup, Cosi nous rapproche plus de la philosophie de Zerbinette et même dans la flûte, Mozart n'est pas clair avec Papageno!

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Re: Bonjour

Message par bajazet » 19 oct. 2004, 23:38

Tom a écrit : Si Strauss a voulu revenir à une esthétique plus mozartienne (sous entendu, que wagnérienne), en ecrivant le Chevalier, c'était chose faite, et je ne pense pas que les réferences au Bourgeois Gentilhomme ou le travesti "cherubinien" doivent nécessairement nous pousser à faire un parallèle avec un opera de Mozart.

Pour l'analogie d'Ariadne avec Così, je songeais d'une part au jeu avec le code tragique chez Dorabella et Fiordiligi au premier acte ("l'intata fede ?") mais surtout à l'aspect que résume une réplique de Fiordiligi (II, 10) : "je ne sais comment un c?ur peut se transformer ainsi en un seul jour". C'est du pur Marivaux. Si Ariadne est un hommage à l'opéra du XVIIIe siècle, ce n'est pas seulement dans l'écriture musicale ou théâtrale, mais profondément en raison de la modulation par Hofmannsthal de ce thème de l'irrésistibe inconstance, qui d'ailleurs ne se réduit pas au discours pragmatique de Zebinette (Despina moins le cynisme), mais trouve sa sublimation dans la rencontre avec Thésée et l'apothéose d'Ariane.

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Message par Rameau » 22 oct. 2004, 09:27

Pour en revenir plus prosaïquement aux interprètes de cette oeuvre (qui est pour moi la plus belle de Strauss avec le Chevalier, bien avant les plutôt ennuyeuses Salomé et Elektra; le livret de Hofmannsthal est vraiment formidable), j'ai vraiment regretté hier soir l'absence de Natalie Dessay; Mlle Petrova a un timbre d'une acidité pas croyable, elle peut faire tous les aigus les plus difficiles du monde, avec un timbre pareil ça ne passe pas. Ne parlons pas de sa diction, bien sûr, quant au jeu scénique elle est d'une vulgarité difficilement supportable alors que Dessay y mettait des trésors de poésie et d'humour. Sinon je trouve que le petit Suisse ne se tire pas très bien du prologue, il est vrai très difficile: on a souvent du mal à suivre la ligne générale, tant les détails apparaissent au premier plan de manière souvent arbitraire; par contre l'opéra est pas mal, le tout étant de toute façon bien préférable au naufrage de Pinchas Steinberg l'an dernier. On a également gagné au change avec Soile Isokoski, qui avait déjà été une belle Maréchale à Bastille; elle pourrait se passer de détimbrer aussi souvent, mais son personnage dans le prologue est excellent et, dans l'opéra, quand elle doit chanter de longues phrases sur l'orchestre c'est vraiment magnifique. Villars est toujours Villars, avec ses défauts (diction moyenne, jeu à l'emporte-pièce...), mais surtout ses qualités: solidité à toute épreuve, et un timbre ma foi pas mal du tout. Le majordome est insupportable (comme par hasard, c'est un acteur qui a beaucoup travaillé avec... Marthaler! Devise de Mortier: les amis de mes amis...), les deux maîtres du prologue sont bien, Degout toujours très bien, et la mise en scène de Pelly remarquable dans l'ensemble comme dans les détails. Bref, malgré Petrova, une bien belle soirée!

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Message par tuano » 22 oct. 2004, 09:30

C'est qui, le petit Suisse ??

Je n'ai toujours pas compris où étaient les trésors de poésie de Natalie Dessay lorsqu'elle a chanté le rôle à Garnier. C'était quand elle montrait sa poitrine ?

"quote" déplacé ici suite à la remarque pertinente de Rameau :
nina a écrit : Mais pour en revenir à ce qui t'intéresse, le suraigu, j'ai trouvé ceux de Petrova convaincants, bien qu'elle ait une voix très différente de 2C. L'as tu vue ?
:evil: Oui, j'adore les suraigus mais je viens quand même de faire un dossier sur des productions d'opéras de Janacek où il n'y a pas de suraigus. J'ai déjà voyagé plusieurs fois pour aller voir des opéras de Janacek mais jamais pour aller écouter une Zerbinetta, une Olympia ou une Reine de la Nuit !

Je n'ai pas vu Petrova mais je n'en ai pas envie car elle ne m'avait pas convaincu lors de la retransmission du Met. L'as-tu trouvé différente ? Je l'avais trouvé très bien sauf... dans les suraigus.
Désolé de dire ça mais dans Zerbinetta, c'est essentiel !

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Message par nina » 22 oct. 2004, 09:35

Rameau a écrit : On a également gagné au change avec Soile Isokoski,
n'etait-ce Solveig Kringelborn ?

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