Mon cher Faustin, le problème fondamental est que l'opéra vénitien, dont L'Incoronazione constitue sans doute le chef d'oeuvre absolu, est basé sur l'alternance quasi-systématique entre comique et tragique, et cela pour éviter l'ennui, "tedio", du spectateur par ces changements d'atmosphère brutaux, qui seront abandonnés au XVIIIème avec la normalisation de l'opera seria. L'erreur de McVicar est de tourner toute la pièce en dérision, allant à l'encontre de l'esprit de l'oeuvre.faustin a écrit :Ce que le public n'a, je crois, pas accepté, c'est qu'un sujet tragique, tragique parce que Sénèque est poussé au suicide, tragique parce qu'Octavie est condamnée à un exil sans retour, soit à ce point traité sur le mode burlesque; fanfreluches, bikinis, CNN, Néron figuré comme une pop star latino à moins que ça ne soit un clône de Michael Jackson, et pour finir la très décoiffante robe années folle de Poppée dans la scène finale (Marie-Aude Roux a parlé de poule de luxe) etc etc.
Mais ce n'est en rien un contre-sens, le burlesque a sa place dans cette oeuvre car le livret mélange comme le chose la plus naturelle du monde comique et tragique comme en cette première partie du XVIIe siècle le faisait aussi Shakespeare.
Monteverdi ? L?Incoronazione di Poppea ? Jacobs ? TCE, 10/04
Re: pourquoi tant de haine?
Un peu plus de liberté et d'invention dans la réalisation du continuo auraient été les bienvenus... sa direction à proprement parler, elle, est justement bien rigide!RuggeroRaimondi a écrit :Je ne connais pas grand chose au baroque, mais pour répondre aux attaques concernant la direction de Jacobs, je pense qu'il faudrait éviter d'enfermer cette musique dans des règles strictes, de la priver de la liberté qui la fonde : Jacobs fait peut être un peu ce qu'il veut, mais celà ne lui est il pas permis?
Ca c'est une bonne nouvelle.RuggeroRaimondi a écrit : les "seconds rôles" sont très bien également. je pense que la tournée du spectacle en Province, à Londres et à Berlin ne pourra malheureusement pas bénéficier d'une distribution aussi homogène... il n'y aura pas de reprise au TCE.
Moi aussi, j'ai aimé le spectacle de Neuenfels, beaucoup plus inventive et vraiment choquante (ce qui n'est pas une critique) que celle de McVicar. Le truc de la coke était déjà présent dans sa mise en scène d'Agrippina, sauf que dans ce dernier il était utilisé MUSICALEMENT, en tirant profit du rythme de l'air que chantait Néron. Alors que là, ça ne fait que souligner lourdement ce qu'on savait déjà.RuggeroRaimondi a écrit :la mise en scène m'a plu . je pense qu'elle est très fidèle au livret : elle montre des pourris, des salopards, des vendus, tels qu'on peut les croiser aujourd'hui, ou plus simplement des décadents dont le vice est le passe-temps. j'ai notamment beaucoup aimé le passage où Nerone et ses favoris sniffent de la coke. Comment? oui, j'ai aussi aimé la chauve-souris de Neuenfels et Mortier à Salzburg, pourquoi?
Là, c'est Monteverdi (ou Sacrati ou Ferrari ou...) et Busenello, pas McVicar, qu'il faut louer... L'oeuvre est encore plus riche que ça!RuggeroRaimondi a écrit :et pourtant, Poppée et Néron ont beau être des ordures, ils nous émeuvent comme personne dans leur duo final, "Pur ti miro, Pur ti godo", on est presque heureux qu'ils aient réussi et que la vieille Octavie ait été mise à la porte!!!
Il est facile d'accuser le public du TCE de conservatisme, de snobisme, etc. Le problème n'est pas la modernité du travail de McVicar, c'est son manque d'inspiration. Ce même public avait longuement ovationné McVicar pour Agrippina, qui n'était pas moins moderne. Ici, ce décor de panneaux tournants, c'est vraiment le comble du design qui remplace les idées de mises en scène!
un bon spectacle
Ne raffolant pas des ouvrages baroques , j'avais tout de même pris une place pour ce dimanche principalement pour la qualité de l'affiche (Von Otter,Antonacci,Ciofi), R.Jacobs et la mise en scène de Mc Vicar ...En néophyte , j'ai globalement bien apprécié ce spectacle qui par sa relecture dynamiqie et comique m'a permis d'appréhender une oeuvre musicalement "difficile" .Il n'a rien de scandaleux et pour une fois cette transposition colle parfaitement au livret.
Le plateau vocal m'a convaincu notamment Antonacci ou Von Otter.
Quelqu'un pourrait-il me conseiller une version ?
Le plateau vocal m'a convaincu notamment Antonacci ou Von Otter.
Quelqu'un pourrait-il me conseiller une version ?
- Remigio
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Après les huées de la première, nous avons eu droit hier à une intervention de l'Ordre Moral : un gars qui s'est mis à huer après la scène un peu coquine entre Valetto et la soprano aguicheuse... Consternant d'entendre des culs serrés pareils en 2004
Sinon, la MES ne réédite pas la réussite d'Agrippina mais ça se laisse voir et surtout entendre ( même si Von Otter en fait un peu trop dans son "Addio Roma" ).
R.
Sinon, la MES ne réédite pas la réussite d'Agrippina mais ça se laisse voir et surtout entendre ( même si Von Otter en fait un peu trop dans son "Addio Roma" ).
R.
"Qu'on parle de vous, c'est affreux. Mais il y a pire : c'est qu'on n'en parle pas !" Oscar Wilde
Re: un bon spectacle
Un écho des représentations sublimes de Montpellier en 1992 avec , déjà, un René Jacobs impérial et Larmore au Zénith, Visse désopilant, ...mc92 a écrit :Ne raffolant pas des ouvrages baroques , j'avais tout de même pris une place pour ce dimanche principalement pour la qualité de l'affiche (Von Otter,Antonacci,Ciofi), R.Jacobs et la mise en scène de Mc Vicar ...En néophyte , j'ai globalement bien apprécié ce spectacle qui par sa relecture dynamiqie et comique m'a permis d'appréhender une oeuvre musicalement "difficile" .Il n'a rien de scandaleux et pour une fois cette transposition colle parfaitement au livret.
Le plateau vocal m'a convaincu notamment Antonacci ou Von Otter.
Quelqu'un pourrait-il me conseiller une version ?
Le bonheur chez Harmonia Mundi.
Quand on a vu cette merveille, on hésite à retrouver Poppea sur scène. Mais j'ai mes places à Garnier.
Consternant en effet !Remigio a écrit :Après les huées de la première, nous avons eu droit hier à une intervention de l'Ordre Moral : un gars qui s'est mis à huer après la scène un peu coquine entre Valetto et la soprano aguicheuse... Consternant d'entendre des culs serrés pareils en 2004
R.
Elle n'a vraiment pas de chance cette production entre les coincés d'un côté et de l'autre, les grands défenseurs de la justesse musicale et du bon goût baroqueux.
22 !!! l'Opinion Publique d'Offenbach est de retour !
Re: pourquoi tant de haine?
Nerone a écrit :
L'erreur de McVicar est de tourner toute la pièce en dérision, allant à l'encontre de l'esprit de l'oeuvre.
Mon cher Nerone,
Fais-tu du spiritisme ?
De la dérision chez Néron, Poppée, Octavie etc. ah bon ? De la férocité, du malaise, oui d'accord, de la dérision !?
Quant à l'esprit de l'oeuvre... tu me fais peur.
Je crois qu'on peut montrer autre chose de temps en temps, que cela réveille et ouvre des perspectives nouvelles (et de gentilles polémiques ). Pour moi, l'oeuvre est trahie lorsqu'il n'y a plus de rapport entre le synopsis et ce que l'on voit sur scène. Ici, McVicar propose une interprètation qui ne te plait pas.
De là à évoquer les esprits...
Quelle perspective nouvelle vois-tu dans cette production? A moins que l'usage de la photocopie à mise en scène, déjà noté chez certains autres metteurs en scène, te paraisse une nouveauté excitante...
Quant à l'orthodoxie baroqueuse, laisse-moi rire: qui représente l'orthodoxie baroqueuse pour Monteverdi sinon Jacobs, qui en plus fait preuve d'un dogmatisme et d'une fermeture face aux propositions alternatives qui ne va pas en s'arrangeant!
Quant à l'orthodoxie baroqueuse, laisse-moi rire: qui représente l'orthodoxie baroqueuse pour Monteverdi sinon Jacobs, qui en plus fait preuve d'un dogmatisme et d'une fermeture face aux propositions alternatives qui ne va pas en s'arrangeant!