Rimski-Korsakov - Sadko - Zangiev/Tcherniakov - Bolchoi -18/02/2020

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Rimski-Korsakov - Sadko - Zangiev/Tcherniakov - Bolchoi -18/02/2020

Message par HELENE ADAM » 18 févr. 2020, 22:26

Sadko
Opéra en sept scènes de Nikolai Rimski-Korsakov (1844 - 1908)
Livret de Nikolai Rimski-Korsakov, Vladimir Stasov et Vladimir Belski
Création à Moscou, Théâtre Solodovnikov, 7 janvier 1898

Timur Zangiev (Direction)
Dmitri Tcherniakov (Mise en scène)

Nazhmiddin Mavlyanov (Ténor) : Sadko
Andrey Zhilikhovsky (Baryton) : A Venetian merchant / Le Marchand vénitien
Sergei Murzaev (Baryton) : The Apparition / L'Apparition
Roman Muravitsky (Ténor) : Foma Nazarich, doyen of Novgorod / doyen de Novgorod
Alexandra Durseneva (Mezzo-soprano) : His wife / Sa femme
Vladimir Komovich (Basse) : Luka Zinovich, governor of Novgorod / Gouverneur de Novgorod
Irina Rubtsova (Soprano) : His wife / Sa femme
Aida Garifullina (Soprano) : Volkhova
Ekaterina Semenchuk (Mezzo-soprano) : Lioubava Bouslaevna
Mikhail Petrenko (Basse) : Duda
Yuriy Mynenko (Alto (voix)) : Nejata
Stanislav Trofimov (Basse) : The Sea King / Tsar Océan
Maxim Paster (Ténor) : Sopel
Dmitry Ulyanov (Basse) : A Varangian merchant / Le Marchand varègue
Alexei Neklyudov (Ténor) : An Indian merchant / Le Marchand indien


Sur la chaine MEZZO : mardi 18 février à 19h, retransmission en direct depuis le Bolchoi

Marathon assez époustouflant que ce voyage imaginaire du "rossignol" Sadko de Novgorod à Novgorod en passant par les lacs, les fleuves, les mers du monde. Rimski-Korsakov avait écrit d'abord un poème symphonique avant de composer finalement cet opéra-légende en sept tableaux, récit initiatique pour le jeune Sadko mais aussi histoire d'une ville et d'une rivière qui mena à la mer. La musique est clairement et directement inspiré de l'héritage folklorique russe allant puiser, comme le conte lui même, dans les sonorités très anciennes des chants et danses de la Russie profonde.
Recherche musicale passionnante que la réalisation de cet opéra brillant et inspiré qui sait alterner les grands choeurs russes, les solos de toutes les tessitures et les duos puissants et romantiques.

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Le jeune chef Timur Zangiev fait merveille pour servir un orchestre au service de ces différentes facettes musicales, avec des accents presque primitifs dans certains passages, des choeurs superlatifs et des solistes de haut niveau.

Tcherniakov (ovationné aux saluts :wink: ) connait bien l'opéra russe, ses démons et ses merveilles, ses légendes rurales, ses rêves. Et c'est son parti pris de départ : Sadko, Volkhova et Lioubova sont des trentenaires BCBG qui tentent une expérience dans un parc "magique" qui va leur permettre de se retrouver au milieu de leurs rêves les plus fous.
Sadko et Lioubova resteront en tenue de ville actuelle d'ailleurs, traversant les tableaux et vivant les aventures des héros qu'ils représentent tandis que Volkhova aura deux visages : une tenue rose, valise à roulette, pour la charmante jeune femme qu'elle est dans la période actuelle et une magnifique naïade, robe de voile moirée, quand elle sera la fille du tsar des mers. A chaque tableau, le décor change, s'inspirant directement des décors un peu naïfs et très colorés du premier Sadko donné à Moscou. Tous les autres chanteurs, solistes, choeurs, figurants, danseurs, sont habillés en costume d'époque mais avec une note là aussi naïve et colorée qui évoque les illustrations des livres d'enfants. Les marchands de Novgorod sont tous blonds, habits de couleurs pastel, brodés, avec chapeaux d'époque. De la même manière le tableau VI qui se passe sous les mers dans le palais du tsar de la Mer pour le mariage de Sadko et de Volkhova, créée une ambiance fantastique d'animaux marins aux déguisements de carnaval très évocatrice tout en gardant un côté humoristique qui laisse toujours la place à l'amusement. Au début du tableau VII avant la fin du "charme", une magnifique scène réunit Sadko et Volkhova sur le plateau entièrement nu d'où tout décor s'est retiré après le naufrage du royaume de la mer. Elle virevolte et danse avec une grâce infinie tandis qu'ils chantent leur amour infini juste avant que Sadko ne s'écroule.
Retournement de la fin puisque nous sommes revenus à la réalité à l'entrée du Parc. Sadko refuse tout retour à la réalité et les gardiens du parc arrivés en force vont petit à petit reprendre les attributs de chacun des personnages croisés. Le rêve peut reprendre tandis que la ville de Novgorod fête sa toute nouvelle rivière.
Dmitri Tcherniakov confirme son adéquation à l'opéra russe malgré les libertés qu'il prend dans l'interprétation, on s'y retrouve complètement, ambiance, atmosphère, message.
Par contre on peut se demander s'il en veut à la magnifique Ekaterina Semenchuk qu'il attife d'une chemise blanche, pantalon noir qui ne conviennent guère à sa silhouette (on se rappelle du sort de la pauvre Didon dans les Troyens à Paris). :wink:
La direction d'acteurs est précise et parfaite, on sourit souvent, on s'amuse beaucoup et surtout ce qui est chanté correspond exactement à ce qu'on voit (non sans humour parfois, la danse autour du saule par exemple...
Côté solistes, le Bolchoi comme le Mariinski sait offrir ce qu'il a de mieux dans toutes les tessitures même pour des rôles centrés sur un grand air comme le Duda (le pipeau) de Mikhail Petrenko, saltimbanque magnifique ou à l'opposé, Maxime Paster, le saltimbanque ténor à la voix solaire, Sopel (le chalumeau). Nous avons même un beau "contralto", le joueur de cithare au tableau 1 (Yuri Minenko). Les barytons Sergei Murzaev ou Andrey Zhilikhovsky et les basses tels Vladimir Komovich (le gouverneur de Novgorod), ou Stanislav Trofimov (le tsar des mers) ou encore Dmitry Ulyanov (le marchand Varège) et le marchand indien du ténor Alexei Neklyudov (qui nous offre le fameux superbe "chant indien", l'un des airs les plus célèbres de l'opéra) : Ils forment cet ensemble de tessitures très variées qui s'accompagne de choix d'interprètes aux timbres différents ce qui donne un tissu vocal très riche. Les voix russes formées au sérail dans leur répertoire, ont toujours une profondeur impressionnante qui les caractérise.
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Et nos trois héros qui parcourent les tableaux sont tous d'excellents chanteurs admirables dans des rôles qui ne manquent ni de tension, ni de longueurs.
J'aime beaucoup Ekaterina Semenchuk, cette mezzo au timbre somptueux, capable d'infinies nuances et de colorations expressives de son chant, tout particulièrement quand elle chante dans sa langue. Elle se montre particulièrement émouvante et très juste en femme abandonnée.Aida Garifullina est une fée merveilleuse qui chante comme elle danse (quel talent !), gracieuse, souveraine, qui tourbillonne en permanence avec un charme à revendre, belle voix, timbre fruité qui se corse un peu tout en restant juvénile, formidable prestation, on n'imagine personne d'autre dans le rôle de Volkhova dans ce Sadko.
Quant au ténor Nazhmiddin Mavlyanov, c'est un très beau Sadko, vaillant et engagé dans un rôle assez soutenu et qui s'apparente plutôt à un Herman qu'à un Lenski, pour rester dans les comparaisons russes. De temps en temps, il accuse une légère fatigue presque imperceptible qui souligne finalement à quel point ce n'est pas évident. Le timbre du ténor est plutôt sombre mais ses aigus sont clairs, nets et souvent tenus.
Bref, comme d'habitude une belle distribution, entièrement russe, qui a l'habitude de la troupe et sait former une vraie équipe, pour un opéra à découvrir ou redécouvrir, dans une mise en scène qui créera sans doute la controverse mais qui m'a personnellement, énormément plu.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Rimski-Korsakov - Sadko - Zangiev/Tcherniakov - Bolchoi -18/02/2020

Message par srourours » 19 févr. 2020, 07:43

Donc si Sadko est bel et bien programmé la saison prochaine à Lyon, ce devrait être une reprise de cette production.

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Re: Rimski-Korsakov - Sadko - Zangiev/Tcherniakov - Bolchoi -18/02/2020

Message par David-Opera » 19 févr. 2020, 08:21

Pour Lyon ce serait plutôt une mise en scène de Laurent Pelly qui avait également dirigé Le Coq d'Or à la Monnaie de Bruxelles.
Il n'est par ailleurs pas indiqué de coproduction avec le Théâtre du Bolshoi.
http://fomalhaut.over-blog.org/
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Re: Rimski-Korsakov - Sadko - Zangiev/Tcherniakov - Bolchoi -18/02/2020

Message par HELENE ADAM » 19 févr. 2020, 23:48

Quelques autres photos (du Bolchoi) d'un spectacle qui semble beaucoup plaire !

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Re: Rimski-Korsakov - Sadko - Zangiev/Tcherniakov - Bolchoi -18/02/2020

Message par micaela » 20 févr. 2020, 13:50

J'ai suivi . Belle production. J'ai tout de même trouvé qu'à la fin, Tcherniakov s'emmêlait un peu dans son principe -(les personnages contemporains plongés dans ce qu'on pourrait à mon avis définir comme un espace de réalité virtuelle) . Mais rien de gênant, pas de mic mac cette fois ci, même si dans le fond il aurait pu se contenter de raconter l'histoire sans cet ajout d'un deuxième niveau (belle utilisation de toiles peintes de l'époque -ou presque- de la création).
Meilleur à mon avis que ce qu'il a fait récemment pour Le Tsar Saltan (vu sur Mezzo).Excellents interprètes. Ténor en effet plus Hermann que Lenski.
PS Distribution russophone. Mavlyanov est ouzbek, et Zhilikhosky moldave (on trouve d'ailleurs des fois son nom transcrit en Jilihovschi, ce qui correspond à la transcription moldave de ce nom d'origine russe).
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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