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par VivaLaMamma » 19 févr. 2020, 11:51
Je découvrais en live cet opéra dont je ne connaissais presque rien.
Si le côté un peu paroxystique/hystérique de la musique m'a parfois fatigué (mais c'est souvent le cas pour moi avec Strauss), j'ai trouvé cette œuvre très intéressante, tant musicalement que pour le livret, avec des personnages très fouillés.
Malgré quelques faiblesses (les cuivres, le premier violon comme cela a été mentionné), le Philharmonique de Rotterdam se défend quand même très bien devant cette partition monstrueuse. Si l'on peut reprocher une puissance parfois excessive à Yannick Nézet-Seguin, notamment dans le dernier acte, j'ai beaucoup aimé sa direction vive et presque dansante et sa complicité visible avec les musiciens.
J'étais déçu de l'annulation d'Amber Wagner, dont j'attendais beaucoup après sa merveilleuse Ariadne in loco d'octobre 2015 ; Lise Lindstrom affronte avec courage un rôle inhumain, qu'elle incarne avec passion, mais je n'ai pas apprécié son timbre très métallique et des aigus agressifs.
Il faut dire qu'avoir à côté l'Impératrice d'Elza van den Heever est une rude concurrence : il s'agit là d'une prise de rôle magistrale, d'un point de vue strictement vocal. L'incarnation reste quelque peu en surface et froide, notamment lors des deux premiers actes. Mais quel engagement au 3ème ! Et qu'il était touchant de voir son émotion aux saluts devant l'ovation explosive que lui a réservé la salle ! Une artiste majeure dans le paysage lyrique actuel.
A l'opposé, la Nourrice de Michaela Schuster en ferait presque trop dans ce rôle d'Ortrud straussienne, mais il est délectable de la voir se régaler à jouer les méchantes, avec un plaisir évident. Vocalement, les choses se gâtent quelque peu avec une voix assez abîmée et stridente dans le haut de la tessiture, défauts compensés par un engagement de chaque instant.
Au sommet également le Barak de Michael Volle, Teinturier bourru et terriblement émouvant, capable d'éclats puissants comme de belles nuances. Une réussite saluée là aussi par un triomphe mérité.
Stephen Gould soutient avec vaillance la tessiture crucifiante de l'Empereur et, si l'on peut lui reprocher une petite baisse de régime au 3, son récit du faucon au 2 était un moment très fort.
Seconds rôles impeccables et chœurs malheureusement peu audibles mais avec des interventions solistes de grande qualité.
Un des grands moments de ma saison parisienne !