Bon, tout d?abord, j?ai modifié l?intitulé du fil, qui porte dorénavant principalement sur Mitridate.
Je n?ai malheureusement pas eu besoin de lire le compte-rendu déprimant de
Rameau pour me rendre compte qu?on s?acheminait vraisemblablement vers la catastrophe programmée ! en effet, j'ai lu dans le
Figaro de samedi 30/07 sous la plume de Jean-Louis Validire (qui est généralement bien plus inspirée, le syndrome de l?opera seria a encore frappé !) :
"
Une réussite musicale. [vous apprécierez l?ironie du titre, étant donné ce qui vient par la suite !]
Pour Marc Minkowski, les Mozart se suivent et ne se ressemblent pas. Autant la Flûte e. qu?il avait dirigée à Paris avait été contestée, autant le Mitridate dont la première a été présentée [?]
est musicalement une réussite. Dégraissée, amputée de plus de trois quart d?heure, cette ?uvre de jeunesse [?]
gagne en vivacité et même en cohérence tant l?addition d?airs et de personnages ne faisaient qu?alourdir le propos. [?.]
Le choix de Minkowki d?imposer ses instruments ancien, se révèle judicieux tant ils donnent à cet opéra une couleur et un son allègre sans trahir les moments de réelle émotion [?.] etc etc etc "
C?est à ce moment de ma lecture que je frise l?apoplexie !!! Bon après un souriard défouloir,
je me bornerai aux lapalissades en disant que :
1/ Les
opera serie sont des trucs tellement ennuyeux qu?on ne devrait plus y expédier la critique. Surtout quand elle emploie le terme "dégraissé" que j?ai tendance à prendre comme une insulte personnelle, surtout quand on l'applique à "mon" Mozart. "Amputé" aussi, tant qu?à faire. Quant à la cohérence dramatique, on peut toujours se plaindre à Racine, qui en est le premier responsable (au fait, est-ce que quelqu?un avait vu/entendu ce sublîîîîme
Mithridate par Eugene Green, souvenir plus que marquant ?)
2/ Sur l?idée géniââââle d?employer des instruments anciens pour le répertoire qui va avec, il faut quand même préciser que Mozart, étant un génie doté de double vue, à écrit cette partition pour xylophone à piston, clavier électronique préparé par l?Ircam et cor pré-enregistré sur bande magnétique diffusée de manière aléatoire pour éviter les couacs possibles dans l?aria n° 13, généralement fatale à tous les exécutions live de l??uvre que j?ai entendues (anciens et modernes confondus). Il faudrait quand même qu?on en tienne compte. Mais je suppose qu?on attend la version révisée par Henze qui sera donnée en première mondiale au Festival de Radio France et de Montpellier en 2024 ou à Darmstadt (comme je serai probablement sourde à cette date, cela n?a probablement pas énormément d?importance.)
Si le premier air s?enchaîne directement sur l?ouverture, on tombe du ré majeur de la fin de l?ouverture directement dans l?ut majeur. Cela doit faire bizarre sans la coupure du récitatif, non ? Heureusement que je n?étais pas à Salzbourg, je me serai enfuie en vitupérant après l?air d?entrée de Mitridate, je suppose !!! (mais avec plus de difficultés qu?à Aix, d?après la configuration des lieux !)
Bon, je sens que je vais écouter cette? chose? uniquement pour les emplois de versions alternatives des airs, c'est toujours cela de pris.
Rameau a écrit :Minko a, par ailleurs, recouru à beaucoup de versions d'airs différentes de celles de Rousset; je me souviens notamment d'un In faccia a l'oggetto que je ne connaissais pas).
C Rousset ayant en général choisi les versions les plus exigeantes vocalement parlant, on devrait sans doute avoir pas mal de versions alternatives dans leur emplacement originel. Cela devrait être intéressant. A suivre...
Pour répondre brièvement à
Clément, voici ce que j?ai retrouvé comme infos sur les airs alternatifs (très très lacunaire car je n?arrive pas à remettre la main dans notre fouillis sur mon coffret
airs de concert Philips et sur le
Mitridate de C Rousset, dont la notice est très instructive ; je ne devrais jamais me lancer dans des rangements intensifs ! si je n?arrive pas à les retrouver rapidement, il faudra que j?aille les emprunter en médiathèque, comme je l?ai fait pour des bouquins que je retrouve 6 mois après par hasard !!!) Tout complément d?info et correction d?erreurs est le bienvenu (j?écris principalement de mémoire et en reprenant de vagues notes éparses préliminaires à un texte inachevé).
Voilà l?état des lieux que je peux communiquer.
Nous possédons des traces de versions alternatives pour :
Aria n°1 Aspasia "Al destin che la minaccia"
Air remplacé par une version beaucoup plus impressionnante ; cette version virtuose a été retenue dans les enregistrements. Version sans doute requise par Antonia Bernasconi, qui a voulu quelque chose ressemblant davantage à l?opéra de Quirino Gasparini, qui s?était donné à Turin en 1766-67.
La version princeps rejetée se trouve dans le coffret des airs de concert Philips Complete Mozart.. Autographe de l?air alternatif conservé à la BNF.
Aria n°8 Mitridate "Se di lauri"
Au moins 5 versions différentes par Mozart, dans lesquelles il incorpore de plus en plus d?éléments alla Gasperini. Aucune idée si ces versions ont été gardées, je suppose que c?est la version définitive qu?on entend partout.
Aria n° 9 Ismene "In faccia all oggetto"
Version préalable à celle communément chantée. Anna Francesca Verese voulait sans doute des coloratures pour mettre sa voix en valeur. Autographe de cette première version conservé à la BNF. Dans le coffret des airs de concert Philips Complete Mozart.
Aria n° 13 Sifare "Lungi da te"
Première version qui ne correspond pas à la tessiture de Pietro Benedetti. (Je pense que c?est celle dans le coffret des airs de concert Philips Complete Mozart)
Deuxième version qu?il peut chanter. (copie manuscrite non autographe mais authentifiée)
Troisième version où Mozart rajoute la partie de cor solo, pour un virtuose local. (C?est généralement à ce moment que les Athéniens ne s?atteignirent plus !)
Aria n°14 Aspasia "Nel grave tormento"
Fragment non utilisé (?) ou air complété et désormais perdu ?
Aria n°16 Farnace "Son reo, l'error confesso"
Première version plus soignée, mais Cignognani a sans doute été incapable de la chanter. La seconde version retenue est beaucoup plus courte. Autographe de l?air alternatif conservé à la BNF.
Duetto Aspasia Sifare n°18 "Se viver non degg'ioi"
La version rejetée est la plus insensée des deux, sans doute les changements ont-ils été apportés car Benedetti est arrivé tardivement et aurait eu du mal à l?apprendre en temps voulu. On remarque aussi que les tessitures ne sont pas exactement les mêmes pour les deux versions. Autographe de l?air alternatif conservé à la BNF. (Version utilisée par Rousset et Hager, me semble-t-il)
La version gardée à Milan est dans le coffret des airs de concert Philips Complete Mozart.
Aria n°20 Mitridate "Vado incontro al fato estremo"
Trois versions pour le ténor
1/ la mise en musique de Gasparini (Turin, 1766)
2/ première version de Mozart ?rejetée (enregistrée par C Rousset et également dans le Philips Mozart Complete edition.) Autographe de l?air alternatif conservé à la BNF.
3/ deuxième version de Mozart, qui est en fait un travail à partir de la version de Gasparini et donnée à la création de l?oeuvre (enregistrée par Hager)
Pour compliquer le tout, je crois qu?un des airs de Mozart a été au dernier moment remplacé par un de Gasparini par Bernasconielle-même, mais je suis bien incapable de le rappeller lequel, et je ne pense pas qu'il ait été enregistré.
On a également un air pour Arbate, conservé dans un manuscrit à Lisbonne : "
D'un padre l'affetto", air qui n?est ni de Mozart ni de Gasparini et dont on ignore l?auteur. Ce texte ne se trouve pas dans le livret originel.
Seules les versions autographes aujourd?hui conserves à la BNF ont été conservées.
Pour répondre à
Bajazet, j?ai quelque part la version radio de N. Harnoncourt I (08/05/1983, Schwetzingen /Zurich ?),
avec G Winberg, Y Kenny, A Murray, J Hamari, E Gale, A Kuttenbaum et P Straka. A. Murray,
sur une k7 audio d?après la radiodiffusion, mais qui est très très très décevante.
Y Kenny est très bien, mais meilleure encore dans le DVD de Lyon. Mais en fait, c?est souvent aussi bizarre (en moins bien) que la version VHS qu?il ne tient pas du tout à faire rééditer, si mes sources sont fiables?
C?est archi tronqué : dès le début, Arbate perd son air (Gggggrrrrrr !!!), et que je te sucre un machin par ci etc? avec un orchestre parfois lourdingue et des da capos tailladés à coups de hache. (On me l?avait offert pour me consoler du vol de mon enregistrement radio de Tate, et en fait cela n?a fait qu?accentuer mes regrets de cette perte !! A côté de cela les coupures pratiquées par C. Rousset s?apparentent à de la chirurgie esthétique, et non du SOS accidentés de la route !! D?autant plus que sa version Cd me semble plus complète que les versions concert/scéniques.)
Son
Mitridate est aussi frustrant (en ce qui concerne l?intégrité de l??uvre) que son
Lucio Silla radiodiffusé qui m?avait fait pousser des cris d?admiration (Bartoli et Gruberova), des borborygmes grincheux (Shreier, ignoble avec constance) et d?irritation de plus en plus extrème devant le charcutage pratiqué. Mais de la part d?un homme qui a laissé paraître un
Giulio Cesare en 1 Cd parce que ce n?est pas de la bonne musique, on peut aussi s?attendre au pire ! (hélas)
PS : A ce rythme, je vais penser que ma grande histoire d'amour avec Mitridate, c'est
The mirror crack'd from side to side;
"The curse is come upon me," cried
The Lady of Shalott.