Falvetti - Il diluvio Universale - Alarcon - 05/10/2019 Ambronay

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Falvetti - Il diluvio Universale - Alarcon - 05/10/2019 Ambronay

Message par perrine » 07 oct. 2019, 22:43

Il diluvio universale, oratorio de Michelangelo Falvetti (1682).

Rad : Mariana Flores soprano
Noé : Valerio Contaldo ténor
Dieu : Matteo Bellotto basse
L’Eau : Julie Roset soprano
La Nature humaine : Caroline Weynants soprano
La Justice divine : Christopher Lowrey contre-ténor
La Mort : Fabian Schofrin contre-ténor
Keyvan Chemirani percussions

Cappella Mediterranea
Chœur de Chambre de Namur
Leonardo García Alarcón direction

Abbaye d’Ambronay, le samedi 5 octobre 2019

9 ans après son exhumation, 8 ans après le CD, Leonardo Garcia-Alarcon revient à Ambronay pour donner une représentation de ce déluge universel à guichets fermés.
Vincenzo Di Betta, un ténor d’un chœur italien, avait donné la partition de ce « dialogo » écrite par Falvetti, un compositeur sicilien, à Leonardo Garcia-Alarcon. Lorsque Alain Brunet (alors directeur) a eu pour thème du festival 2010 « Méditerranée », le chef s’est empressé de lui soumettre l’idée. Le directeur a immédiatement cru en ce projet, et c’est ainsi que cette partition qui dormait depuis plus de trois siècles a été jouée. Le succès public fut immédiat. Le CD qui a suivi a également suscité de belles critiques. Après les tournées françaises, et toujours forts d’un beau succès, l’œuvre s’est internationalisée et s’est exportée jusqu’à Buenos Aires.
50 représentations plus tard, et pour les 40 ans du festival, Alarcon revient avec ce bijou à l’abbaye d’Ambronay (même s’il a été rejoué en 2017 à l’Auditorium de Lyon dans le cadre du centre culturel de rencontres d’Ambronay).

Le livret, issu de l’ancien testament, traite de la désobéissance et de la punition, probablement en écho avec une rébellion qui fut écrasée par la couronne d’Espagne au moment où Falvetti était maître de chapelle de la cathédrale de Messine. Sur un livret de Vincenzo Giattini, il reprend l’histoire du déluge universel, provoqué par Dieu, qui, las de la méchanceté et de la corruption de l’humanité a fait tomber la pluie pendant 40 jours et 40 nuits. Seuls Noé, sa famille et les animaux de chaque espèce furent épargnés. La seule note positive est à la fin : après la punition divine, l’oratorio se termine sur une invitation à la paix et à la vie.

Alarcon et les musiciens de son ensemble ont enrichi certaines parties, comme il était de coutume au XVIème et XIIème siècle. Ajout d’instruments dans certains chœurs, improvisations du continuo sur les parties des chanteurs, compléments d’écriture contrapuntique, et ajout de percussions orientales (superbe sensibilité de l’iranien Keyvan Chemirani).

On sent un spectacle bien rodé. Chœurs et solistes chantent sans partition, entièrement dévoués à la sensibilité de leurs textes.

Parmi les chanteurs ayant exhumé l’œuvre, on retrouve 3 chanteurs, habitués à chanter avec Alarcon. Mariana Flores (Rad, épouse de Noé). Son aria « se in tombo natante » accompagnée de la viole de gambe est extrêmement délicat, et ses aigus sont éclatants et purs dans son duo « Placati Dio di bontà » avec Noé. Caroline Weynants (la nature humaine) est très présente, et possède un beau timbre et de belles couleurs (touchant et innocent « Ah perduta innocenza »). Et enfin le contre-ténor Fabian Schofrin (la mort) à la voix complètement délabrée, même s’il essaie en vain de compenser sa partition décalée (une gigue) avec un déguisement et une interprétation plus théâtrale.
Matteo Bellotto (Dieu) qui fit partie de l’équipe ayant enregistré le CD manque de mordant et de gravité même si la voix est agréable et les vocalises propres.
Dans les chanteurs qui ont renforcé l’équipe lors des dernières tournées, Valerio Contaldo est un Noé solide, brillant, à la tenue vocale aisée. Dans les seconds rôles, on retrouve avec plaisir la radieuse Julie Roset (l’eau) découverte ici même sous la direction d’Alarcon l’an passé (concert dédié à Colonna) ainsi que Christopher Lowrey (la justice divine) superbe contre-ténor, agile, et virtuose.
Malgré leurs courts rôles, ces deux jeunes chanteurs sont à suivre absolument.
Enfin, le Chœur de Chambre de Namur n’appelle que des éloges. Plein d’élan, grondant, mordant, délicat, mourant (quel final dans le « E chi mi da aita » !). C’est probablement le personnage le plus percutant de la soirée, et il nous entraîne jusqu’au final solennel (Puisque le soleil brille parmi les oliviers) dans cette œuvre décidément hors norme de part sa forme et son originalité musicale.

Entre deux représentations des Indes Galantes, actuellement joué à Paris, Leonardo Garcia-Alarcon ne boude pas son plaisir à être à Ambronay ce soir. Sa battue est toujours précise, et il est très attentionné pour ses solistes, choristes et instrumentistes. Les contrastes sont saisissants et résonnent ou se fondent dans l’abbatiale, rendant à Falvetti les honneurs d’une partition restée trop longtemps fermée.

A quand une version mise en scène ?

Perrine

Nota :
Lien sur la critique du CD paru en 2011
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php? ... t=falvetti
Lien sur la représentation donnée 9 mai 2017 à l’auditorium de Lyon
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php? ... ti#p314381
Le problème quand on trouve une solution, c\'est qu\'on perd une question.

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