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Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 04 oct. 2019, 17:00
par Asvo

Direction musicale : Daniele Rustioni
Mise en scène : Tobias Kratzer
Décors et costumes : Rainer Sellmaier
Lumières : Reinhard Traub
Chorégraphie : Demis Volpi
Dramaturgie : Bettina Bartz
Chef des Chœurs : Johannes Knecht

Guillaume Tell : Nicola Alaimo
Hedwige, femme de Guillaume Tell : Enkelejda Shkoza
Jemmy, fils de Guillaume Tell et de Hedwige : Jennifer Courcier
Jemmy (enfant) : Martin Falque (Les 5, 9, 13, 17 octobre)
Jemmy (enfant) : Robinson Bert (Les 7, 11, 15 octobre)
Arnold, prétendant de Mathilde : John Osborn
Gesler, gouverneur : Jean Teitgen
Melcthal, père d'Arnold : Tomislav Lavoie
Mathilde, sœur de Gesler : Jane Archibald
Rodolphe, capitaine de la garde : Grégoire Mour
Walter Furst : Patrick Bolleire
Ruodi, un pêcheur : Philippe Talbot
Leuthold : Antoine Saint-Espes
Un Chasseur : Kwang Soun Kim

Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon


(impressions après la première de samedi)

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 04 oct. 2019, 17:38
par srourours
Un entretien intéressant avec le metteur en scène Tobias Kratzer, remarqué sur ODB pour son prophète à Karlsruhe et les contes d'Hoffmann à Amsterdam, et plus récemment pour une production très controversée à Bayreuth: http://wanderersite.com/interview/pense ... -sennuyer/

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 06 oct. 2019, 18:40
par Asvo
Quelques impression d'une soirée plutôt bonne sans être exceptionnelle.

La mise en scène de Tobias Kratzer a pour mérite d'être toujours bien réalisée, très professionnelle, très cohérente dans son propos. Après, cela servait-il l'oeuvre, c'est une autre histoire !

Le principe : les suisses sont des musiciens, les envahisseurs des copies des héros d'Orange Mécanique. L'ouverture fait son petit effet, avec une violoncelliste qui se fait détruire son violoncelle par les envahisseurs durant l'orage. Mais ensuite, le concept patine : au début de l'oeuvre, on a un "dîner chez les Tell" sur scène, où maman Tell sert la soupe à son mari et ses enfants, et les choristes autour de la table du dîner qui regardent un spectacle, notamment l'air du pêcheur. Bref, c'est assez incohérent, et cela détruit complètement la narration. Je ne vais pas décrire en détail chaque scène, mais retiendrai aussi, en fin de second acte, les musiciens qui détruisent leurs instruments pour en faire des armes (boucliers avec des violoncelles, arbalettes avec des bois et des demi-violons, etc.) Bref, entre amusement et, parfois ridicule.

Cela détruit la narration, mais pas l'émotion ! La violence est bien là : Melchtal se fait même arracher l'oreille et crever les yeux, un des ballets se fait sous la menace de l'envahisseur, forçant les danseurs à danser. L'amour est aussi là, les duos sont touchants, les acteurs dirigés.

En somme, un travail de professionnel, mais qui ne m'a pas complètement emballé. À noter un détail, une des chaises, sur laquelle Melchtal s'est assis, s'est cassée, ce qui a pas mal perturbé le chanteur qui s'est planté dans son air suivant.


Musicalement, Daniele Rustioni était la star et ça s'est senti. Oui, il y a une vraie énergie dans l'orchestre, et les cordes sont assez remarquablement tenues. Oui les ensembles sont splendides (fin de premier acte, finale). Mais j'ai trouvé que le chef lâchait un peu trop la bride sur les cuivres (les cors notamment), et avait tendance à couvrir les chanteurs. C'est un peu dommage ! Niveau coupures, je ne connais pas assez l'oeuvre par coeur pour dire leur nombre.

Nicola Alaimo campe un très beau Guillaume Tell. On sent qu'il a mûri le rôle et qu'il compense certains aigus moins vaillant par une complexité du personnage qui lui sied à merveille.
En Hedwige, la sonore Enkelejda Shkoza émeut au dernier acte, mais un certain manque de contrôle de la voix et du volume déséquilibre un peu les ensembles.
Très jolie "Jemmie" de Jennifer Courcier où la voix très légère sied au rôle (j'écris "Jemmie" car elle chante à côté de Martin Falque, acteur qui joue le petit Jemmy, et on ne sait pas vraiment si Kratzer a voulu en faire la fille de Tell ou la voix du fils de Tell).
L'Arnold de John Osborn est simplement idéal. Français limpide, vaillance dans la voix, engagement de l'acteur comme du chanteur : il s'agit de l'un des grands rôles du ténor américain.
À ses côtés, j'ai beaucoup aimé la Mathilde de Jane Archibald. La ligne de chant est belle, les aigus colorés, c'est une Mathilde très touchante, à défaut d'être une grande Mathilde (sa prononciation du français étant trop incompréhensible pour être crédible).
Très noir et convaincant Gesler de Jean Teitgen, et honnête (mais moins audible et moins percutant_ Melchtal de Tomislav Lavoie. Bons seconds rôles, avec un remarquable Philippe Talbot qui, en quelques interventions, a fait une véritable leçon de chant.

Bref, une soirée plutôt bonne, en-deçà de mes attentes qui étaient grandes (l'oeuvre est tellement excitante, et si peu représentée !).

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 06 oct. 2019, 18:56
par PlacidoCarrerotti
Merci pour ce CR (maintenant je me demande si j'y vais ou pas).
Quelle est la durée de la musique ?

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 06 oct. 2019, 19:14
par srourours
PlacidoCarrerotti a écrit :
06 oct. 2019, 18:56
Merci pour ce CR (maintenant je me demande si j'y vais ou pas).
Quelle est la durée de la musique ?
3h30. Un peu plus de deux heures pour les deux premiers actes et 1h30 pour les deux suivants. Oui il y a des coupures qui sont plutôt des numéros raccourcis que supprimés (les ballets sont donnés par exemple ainsi que le trio et la prière dhedwige au 4ème acte ). Je suis pas très objectif parce que je suis sur la prod mais je pense que ça vaut le déplacement (et Osborn donne quelques contre notes, très beau contre ré tenu avec Mathilde à la fin de leur duo du deuxième acte )

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 06 oct. 2019, 21:11
par Asvo
srourours a écrit :
06 oct. 2019, 19:14
PlacidoCarrerotti a écrit :
06 oct. 2019, 18:56
Merci pour ce CR (maintenant je me demande si j'y vais ou pas).
Quelle est la durée de la musique ?
3h30. Un peu plus de deux heures pour les deux premiers actes et 1h30 pour les deux suivants. Oui il y a des coupures qui sont plutôt des numéros raccourcis que supprimés (les ballets sont donnés par exemple ainsi que le trio et la prière dhedwige au 4ème acte ). Je suis pas très objectif parce que je suis sur la prod mais je pense que ça vaut le déplacement (et Osborn donne quelques contre notes, très beau contre ré tenu avec Mathilde à la fin de leur duo du deuxième acte )
Je pense que ça vaut le déplacement aussi, notamment si on a loupé les Guillaume Tell de Londres d'il y a quelques années ou d'Orange cet été (ce qui m'étonnerait dans le cas de Placido) ou qu'on aime cette oeuvre : elle est musicalement très bien servie.

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 06 oct. 2019, 22:05
par paco
Asvo a écrit :
06 oct. 2019, 18:40
un des ballets se fait sous la menace de l'envahisseur, forçant les danseurs à danser.
Si c'est à l'Acte 3 (chez Gessler), alors c'est dans le livret et Krätzer ne fait que reproduire fidèlement les intentions de l'auteur. C'est cette scène que Michieletto avait transformé en viol au ROH et qui avait fait scandale (probablement à l'origine du départ de Holten la saison suivante), mais les londoniens ignoraient tout simplement que cette hardiesse de mise en scène était en fait très proche des didascalies ... (bon, certes un peu excessif mais quand même ...).

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 06 oct. 2019, 22:06
par Asvo
paco a écrit :
06 oct. 2019, 22:05
Asvo a écrit :
06 oct. 2019, 18:40
un des ballets se fait sous la menace de l'envahisseur, forçant les danseurs à danser.
Si c'est à l'Acte 3 (chez Gessler), alors c'est dans le livret et Krätzer ne fait que reproduire fidèlement les intentions de l'auteur. C'est cette scène que Michieletto avait transformé en viol au ROH et qui avait fait scandale (probablement à l'origine du départ de Holten la saison suivante), mais les londoniens ignoraient tout simplement que cette hardiesse de mise en scène était en fait très proche des didascalies ... (bon, certes un peu excessif mais quand même ...).
Aaah c'est pour cela que c'était si réussi :) Mais en tout cas ça l'est.

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 06 oct. 2019, 22:32
par HELENE ADAM
Asvo a écrit :
06 oct. 2019, 21:11
srourours a écrit :
06 oct. 2019, 19:14
PlacidoCarrerotti a écrit :
06 oct. 2019, 18:56
Merci pour ce CR (maintenant je me demande si j'y vais ou pas).
Quelle est la durée de la musique ?
3h30. Un peu plus de deux heures pour les deux premiers actes et 1h30 pour les deux suivants. Oui il y a des coupures qui sont plutôt des numéros raccourcis que supprimés (les ballets sont donnés par exemple ainsi que le trio et la prière dhedwige au 4ème acte ). Je suis pas très objectif parce que je suis sur la prod mais je pense que ça vaut le déplacement (et Osborn donne quelques contre notes, très beau contre ré tenu avec Mathilde à la fin de leur duo du deuxième acte )
Je pense que ça vaut le déplacement aussi, notamment si on a loupé les Guillaume Tell de Londres d'il y a quelques années ou d'Orange cet été (ce qui m'étonnerait dans le cas de Placido) ou qu'on aime cette oeuvre : elle est musicalement très bien servie.
Sans oublier la version concert du TCE (la même année que Londres ROH), 2015) où Alaimo était déjà le rôle-titre...
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php? ... laume+Tell

J'hésite aussi, j'aime bien Alaimo mais dans Guillaume Tell je ne l'avais pas trouvé à son aise. Par contre Osborn ... :D :D

Re: Rossini-Guillaume Tell-Rustioni/Kratzer-Lyon-10/2019

Posté : 07 oct. 2019, 05:10
par Asvo
HELENE ADAM a écrit :
06 oct. 2019, 22:32

Sans oublier la version concert du TCE (la même année que Londres ROH), 2015) où Alaimo était déjà le rôle-titre...
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php? ... laume+Tell
Magnifique version de concert où j'avais découvert Albelo et où Massis irradiait la salle (mais pour apprécier Archibald, il ne faut pas avoir trop Massis en tête).