Concert Radvanovsky / Manoli - Peralada 17/08/2019
Posté : 18 août 2019, 15:44
Concert Sondra RADVANOVSKY (Anthony MANOLI, piano)
Esglesia del Carme, Peralada – 17/08/19
Partie 1
Giulio CACCINI
Amarilli, mia bella
Alessandro SCARLATTI
Sento nel cuore
C.W. GLUCK
O del mio dolce ardor
Francesco DURANTE
Danza, danza, fanciulla gentile
Vincenzo BELLINI
Per pieta, bell’idol mio
La Ricordanza
Ma rendi pur contento
Giuseppe VERDI
« Non so le tetre immagini » - Il Corsaro
Gaetanno DONIZETTI
« L’amor suo mi fe’ beata » - Roberto Devereux
Partie 2
Gioacchino ROSSINI
La regata veneziana
1- Anzoleta avanti la regata
2- Anzoleta co passa la regata
3- Anzoleta dopo la regata
Giacomo PUCCINI
Sole e amore
E l’uccellino
« Sola, perduta, abbandonata » - Manon Lescaut
Giuseppe VERDI
« Una macchia, e qui tuttora ! » - Macbeth
Encores
Francesco CILEA
« Io son l’umille ancella » - Adriana Lecouvreur
Vincenzo BELLINI
« Casta diva » - Norma
Giacomo PUCCINI
« Vissi d’arte » - Tosca
Alfredo CATALINI
« Ebben ? Ne andro lontana » - La Wally
Harold ARLEN
« Over the rainbow » - The wizzard of Oz
Quelle générosité ! Voilà peut etre le premier sentiment au sortir de ce concert, dernier jour du festival de Peralada. En hommage à Monsterrat Caballé, la soprano canadienne Sondra Radvanovsky nous a offert un florilège de chansons et arias défendues par la Superba. Plus de deux heures de musique, dans une ambiance de chaleur, voire de lourdeur, accablante – qui a joué sur les spectateurs et sur l’artiste. J’ai vu la Radva pour la première fois sur la scène de Bastille lors des représentations des Vêpres siciliennes en 2003, voix imposante mais à mon sens inégale, ne sachant canaliser les énormes moyens en sa possession. J’avoue m’être désinteressé d’elle à cause de cela, apres des Trovatore décevants … Et, depuis quelques années, et au détour d’une Norma à Peralada, j’ai trouvé qu’elle avait su moduler son instrument de manière spectaculaire, et ses qualités incroyables d ‘engagement scénique étaient enfin secondés par une technique vocale eblouissante. Se sont enchainés pour moi au Liceu « Norma », « Andrea Chenier » et surtout « Poliuto », puis une Tosca envoutante au met, décrite bien mieux que je pourrai le faire par Bernard dont je partage maintenant la Radvanophilie. Sa récente Luisa au Liceu m’a moins convaincu, plus du fait de l’inéquation de sa voix au rôle, mais quelle prestance/prestation, elle met le feu en salle (j’y étais le soir de la première comme Bernard) … Lors de son très bavard concert d’hier soir, elle nous a annoncé « Aida » a Peralada l’an prochain, avec la prise de rôle de son partenaire préféré en Radames, Piotr Bezcala ; ainsi que Roberto Devereux au liceu dans les prochaines années.
Le début du concert était quelque peu déconcertant - des pièces baroques - le public ne sachant pas quand applaudir, le pianiste commencant les morceaux alors que les appalussements ne s’étaient pas tus, un sentiment de précipitation et d’attentes non encore satisfaites. Le décollage se fit sur la deuxième chanson de Bellini, « La Ricordanza », ou l’artiste a distillé des filés caballesques, un contrôle du souffle parfait, et une émotion palpable. S’en est suivi un air du Corsaro tres maitrisé (qu’elle décrit comme va pièce de Verdi favorite) et le public s’est enthousiasmé sur l’air de Roberto Devereux qui concluait la première partie, même si je n’ai pas autant été séduit, l’acoustique de l’eglise ne rendant pas justice aux vocalises rocambolesques et sonores qu’elle a parfaitement effectué cependant.
De retour après 15 petites de pauses, se plaignant pour la seconde fois en souriant de la chaleur étouffante (mais cela aura son importance plus tard), elle a débuté cette partie par un triptique de Rossini, partageant son souvenir de les avoirs chantés à 24 ans (il y a six ans selon le pianiste ^^). Je n’ai pas été sensible à ces morceaux, toutefois ils furent bien interprétés. Après cela, ce fut tout simplement superbe jusqu’au final. Deux chansons de Puccini, chantées avec une légéreté dans la voix saississante et un sourire taquin au bord des lèvres, avant de changer totalement de physionomie en une seconde, et entamer le solo final de Manon Lescaut grave et pénétré, la voix allant chercher au plus profond le désespoir d’une Manon a bout de forces. Le fait de pouvoir si facilement enchainer les émotions est assez prodigieux. Le dernier morceau s’est fait en deux fois … Après l’introduction au piano, elle est arrivée du fond du chœur, se nettoyant les mains et regard perdu, bref habitée. Elle a commencé a chanter, puis a arreté son comparse, ne pouvant continuer. Elle nous a expliqué, au bord des larmes, que lors des représentations au Liceu de Luisa Miller, elle a du annulé la dernière représentation, non pas a cause d’une pharyngite comme cela nous avait été annoncé sur place, mais parce que l’on avait diagnostiqué de l’asthme, et elle sentait qu’elle ne pouvait pas contnuer l’air, sa respiration étant bloquée. Elle s’est absentée quelques minutes, a pris un traitement qu’elle a déposé sur le piano, et a repris l’air de Lady Macbeth au début. Après qu’elle ait chanté la première phrase, elle a fermé les yeux et a gratifié avec un demi sourire étonnant le public d’un « Two thumbs up », nous rassurant sur le fait qu’elle pouvait continuer !! Et de quelle manière ! Surement angoissée par cette crise (elle nous a expliqué ensuite que c’était la première fois dans sa carrière qu’elle stoppait un air au milieu) , et portée par le public qui l’entourait de sa bienveillance et de son amour, elle a magistralement terminé le concert, ne faisant qu’une bouche de la difficulté finale de l’air, en une note filée qui mourut alors qu’elle se dirigeait dans la coulisse. Elle avait encore mis le feu Bernard …
Les rappels furent une (presque) quinte flush royale ! Débutant par l’air d’Adriana (et un « Ah ! Respiro ancora » qui fit écho à la mésaventure précédente) qu’elle a magnifiquement interprété, allant chercher dans l’interprétation une Caballé tout en sons infinis qui s’entremèlent . Enchainant avec « Casta diva » – avec une introduction très locale de soupirs de contentement dans le public – elle termina les yeux et les mains vers la voute de l’eglise, en remerciement pour celle a qui elle rendait hommage ce soir. Comment ne pas voir la similitude entre les deux divas – la superba et la generosa. Le public tarda a se rassoir quand elle entama dans la foulée « Vissi d’arte », qu’elle maitrisa parfaitement (surement sa plus belle incarnation). La symphonie de bruits de mouchoirs vaut toutes les critiques. Pensant que cela sonnait la fin du concert, bien des gens ont commencé a quitter la salle, et n’en faisant fi, elle a alors chanté l’air de la Wally, que je n’ai pas pu pleinement apprécier a cause du bruit de chaises et des pas dans l’église … Pour finir, assez bizarrement a mon gout, ce fut « Over the rainbow », chanté avec un sourire éclatant, rassurée et – encore une fois- généreusement. Un grand merci à cette artiste !
Un petit mot sur le pianiste, Anthony MANOLI, que je n’ai pas trouvé a la hauteur de la Radva, clavier lourd par moment
Ps1 : le concert a été enregistré par Calatunya Musica, sans date de diffusion annoncée
Ps2 : si quelqu’un connaît une personne qui travaille à l’organisation du festival, pourrait on expliquer aux photographes professionnels qui sont présents lors de tous les concerts que le « clic » des appareils numériques peut être désactivé, il est abbérant de supporter ces bruits incessants lors des concerts à l’église, qui plus est aux moments les plus intimes des airs !!!!!!
Esglesia del Carme, Peralada – 17/08/19
Partie 1
Giulio CACCINI
Amarilli, mia bella
Alessandro SCARLATTI
Sento nel cuore
C.W. GLUCK
O del mio dolce ardor
Francesco DURANTE
Danza, danza, fanciulla gentile
Vincenzo BELLINI
Per pieta, bell’idol mio
La Ricordanza
Ma rendi pur contento
Giuseppe VERDI
« Non so le tetre immagini » - Il Corsaro
Gaetanno DONIZETTI
« L’amor suo mi fe’ beata » - Roberto Devereux
Partie 2
Gioacchino ROSSINI
La regata veneziana
1- Anzoleta avanti la regata
2- Anzoleta co passa la regata
3- Anzoleta dopo la regata
Giacomo PUCCINI
Sole e amore
E l’uccellino
« Sola, perduta, abbandonata » - Manon Lescaut
Giuseppe VERDI
« Una macchia, e qui tuttora ! » - Macbeth
Encores
Francesco CILEA
« Io son l’umille ancella » - Adriana Lecouvreur
Vincenzo BELLINI
« Casta diva » - Norma
Giacomo PUCCINI
« Vissi d’arte » - Tosca
Alfredo CATALINI
« Ebben ? Ne andro lontana » - La Wally
Harold ARLEN
« Over the rainbow » - The wizzard of Oz
Quelle générosité ! Voilà peut etre le premier sentiment au sortir de ce concert, dernier jour du festival de Peralada. En hommage à Monsterrat Caballé, la soprano canadienne Sondra Radvanovsky nous a offert un florilège de chansons et arias défendues par la Superba. Plus de deux heures de musique, dans une ambiance de chaleur, voire de lourdeur, accablante – qui a joué sur les spectateurs et sur l’artiste. J’ai vu la Radva pour la première fois sur la scène de Bastille lors des représentations des Vêpres siciliennes en 2003, voix imposante mais à mon sens inégale, ne sachant canaliser les énormes moyens en sa possession. J’avoue m’être désinteressé d’elle à cause de cela, apres des Trovatore décevants … Et, depuis quelques années, et au détour d’une Norma à Peralada, j’ai trouvé qu’elle avait su moduler son instrument de manière spectaculaire, et ses qualités incroyables d ‘engagement scénique étaient enfin secondés par une technique vocale eblouissante. Se sont enchainés pour moi au Liceu « Norma », « Andrea Chenier » et surtout « Poliuto », puis une Tosca envoutante au met, décrite bien mieux que je pourrai le faire par Bernard dont je partage maintenant la Radvanophilie. Sa récente Luisa au Liceu m’a moins convaincu, plus du fait de l’inéquation de sa voix au rôle, mais quelle prestance/prestation, elle met le feu en salle (j’y étais le soir de la première comme Bernard) … Lors de son très bavard concert d’hier soir, elle nous a annoncé « Aida » a Peralada l’an prochain, avec la prise de rôle de son partenaire préféré en Radames, Piotr Bezcala ; ainsi que Roberto Devereux au liceu dans les prochaines années.
Le début du concert était quelque peu déconcertant - des pièces baroques - le public ne sachant pas quand applaudir, le pianiste commencant les morceaux alors que les appalussements ne s’étaient pas tus, un sentiment de précipitation et d’attentes non encore satisfaites. Le décollage se fit sur la deuxième chanson de Bellini, « La Ricordanza », ou l’artiste a distillé des filés caballesques, un contrôle du souffle parfait, et une émotion palpable. S’en est suivi un air du Corsaro tres maitrisé (qu’elle décrit comme va pièce de Verdi favorite) et le public s’est enthousiasmé sur l’air de Roberto Devereux qui concluait la première partie, même si je n’ai pas autant été séduit, l’acoustique de l’eglise ne rendant pas justice aux vocalises rocambolesques et sonores qu’elle a parfaitement effectué cependant.
De retour après 15 petites de pauses, se plaignant pour la seconde fois en souriant de la chaleur étouffante (mais cela aura son importance plus tard), elle a débuté cette partie par un triptique de Rossini, partageant son souvenir de les avoirs chantés à 24 ans (il y a six ans selon le pianiste ^^). Je n’ai pas été sensible à ces morceaux, toutefois ils furent bien interprétés. Après cela, ce fut tout simplement superbe jusqu’au final. Deux chansons de Puccini, chantées avec une légéreté dans la voix saississante et un sourire taquin au bord des lèvres, avant de changer totalement de physionomie en une seconde, et entamer le solo final de Manon Lescaut grave et pénétré, la voix allant chercher au plus profond le désespoir d’une Manon a bout de forces. Le fait de pouvoir si facilement enchainer les émotions est assez prodigieux. Le dernier morceau s’est fait en deux fois … Après l’introduction au piano, elle est arrivée du fond du chœur, se nettoyant les mains et regard perdu, bref habitée. Elle a commencé a chanter, puis a arreté son comparse, ne pouvant continuer. Elle nous a expliqué, au bord des larmes, que lors des représentations au Liceu de Luisa Miller, elle a du annulé la dernière représentation, non pas a cause d’une pharyngite comme cela nous avait été annoncé sur place, mais parce que l’on avait diagnostiqué de l’asthme, et elle sentait qu’elle ne pouvait pas contnuer l’air, sa respiration étant bloquée. Elle s’est absentée quelques minutes, a pris un traitement qu’elle a déposé sur le piano, et a repris l’air de Lady Macbeth au début. Après qu’elle ait chanté la première phrase, elle a fermé les yeux et a gratifié avec un demi sourire étonnant le public d’un « Two thumbs up », nous rassurant sur le fait qu’elle pouvait continuer !! Et de quelle manière ! Surement angoissée par cette crise (elle nous a expliqué ensuite que c’était la première fois dans sa carrière qu’elle stoppait un air au milieu) , et portée par le public qui l’entourait de sa bienveillance et de son amour, elle a magistralement terminé le concert, ne faisant qu’une bouche de la difficulté finale de l’air, en une note filée qui mourut alors qu’elle se dirigeait dans la coulisse. Elle avait encore mis le feu Bernard …
Les rappels furent une (presque) quinte flush royale ! Débutant par l’air d’Adriana (et un « Ah ! Respiro ancora » qui fit écho à la mésaventure précédente) qu’elle a magnifiquement interprété, allant chercher dans l’interprétation une Caballé tout en sons infinis qui s’entremèlent . Enchainant avec « Casta diva » – avec une introduction très locale de soupirs de contentement dans le public – elle termina les yeux et les mains vers la voute de l’eglise, en remerciement pour celle a qui elle rendait hommage ce soir. Comment ne pas voir la similitude entre les deux divas – la superba et la generosa. Le public tarda a se rassoir quand elle entama dans la foulée « Vissi d’arte », qu’elle maitrisa parfaitement (surement sa plus belle incarnation). La symphonie de bruits de mouchoirs vaut toutes les critiques. Pensant que cela sonnait la fin du concert, bien des gens ont commencé a quitter la salle, et n’en faisant fi, elle a alors chanté l’air de la Wally, que je n’ai pas pu pleinement apprécier a cause du bruit de chaises et des pas dans l’église … Pour finir, assez bizarrement a mon gout, ce fut « Over the rainbow », chanté avec un sourire éclatant, rassurée et – encore une fois- généreusement. Un grand merci à cette artiste !
Un petit mot sur le pianiste, Anthony MANOLI, que je n’ai pas trouvé a la hauteur de la Radva, clavier lourd par moment
Ps1 : le concert a été enregistré par Calatunya Musica, sans date de diffusion annoncée
Ps2 : si quelqu’un connaît une personne qui travaille à l’organisation du festival, pourrait on expliquer aux photographes professionnels qui sont présents lors de tous les concerts que le « clic » des appareils numériques peut être désactivé, il est abbérant de supporter ces bruits incessants lors des concerts à l’église, qui plus est aux moments les plus intimes des airs !!!!!!