Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

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Bernard C
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Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Bernard C » 26 avr. 2019, 22:06

Reprise du Ring de Robert Lepage au Metropolitan de NY , Première Journée : La Walkyrie

Nouvelle distribution évidemment pour cette reprise avec l'américaine Christine Goerke en Brûnnhilde .
Du 30 mars au 7 mai .

Image

Distribution du Cycle II ( cycle regroupé sur une semaine )

DIRECTION : Philippe Jordan
PRODUCTION : Robert Lepage
ASSOCIATE DIRECTOR : Neilson Vignola
DECORS :Carl Fillion
COSTUMES : François St-Aubin
LUMIERES : Etienne Boucher
VIDEO : Boris Firquet
REVIVAL STAGE DIRECTOR :J. Knighten Smit, Gina Lapinskis


BRUNNHILDE :Christine Goerke
SIEGLINDE : Eva-Maria Westbroek
FRICKA : Jamie Barton
SIEGMUND : Stuart Skelton
WOTAN : Michael Volle
HUNDING : Günther Groissböck


impressions après la représentation du 30 avril

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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Bernard C » 01 mai 2019, 00:13

Représentation du 30 avril 2019

1er Acte
Magie au MET ce soir...

Comme je rêve d'entendre ce premier acte un couple de jumeaux miraculeux d'incandescence ( inattendus dans une telle forme vocale), un trio formidable ,
Jordan au meilleur.

Magique

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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Bernard C » 01 mai 2019, 02:27

Acte 2

Jamie Barton au Walhalla des Fricka... incroyable, n'hésitant devant aucun grave meurtrier.
Une Fricka anthologique face à un immense Wotan.

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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Bernard C » 01 mai 2019, 04:39

Après que Wotan se soit penché , cassé en deux par la douleur du père sur le corps expirant de Siegmund , ce troisième acte ouvre sur une chevauchée admirable par la splendeur des voix convoquées pour ces Walkyries.

Une EMW vaillante et passionnée face à une Brunnhilde relativement éteinte.
La confrontation à Wotan nous montre une Goerke si bien chantante, mais sans tourner le regard vers le passé, force est de reconnaître que l'écrasante domination de Nina Stemme aujourd'hui nous frustre .

Au total une grande soirée, une interprétation humaine, si humaine, si émouvante.

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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Il prezzo » 01 mai 2019, 16:28

En fait, Robert Lepage ne met pas longtemps à nous apprivoiser : après un Rheingold qu’on a ressenti comme frustrant par manque de second degré, conditionnés que nous sommes par l’intellectualisme habituel (ou pseudo-) des mises en scène du Ring, sa Walküre nous embarque assez facilement dans son univers fantastique qui colle de fait et quasiment en permanence au livret et à ses didascalies. Les images 3D matérialisées par son fameux dispositif scénique impressionnent et émeuvent à la fois par leur réussite esthétique, et sont si bien synchronisées avec la musique que la notion d’œuvre d’art totale chère au compositeur semble soudain prendre corps, et l’on renonce alors facilement à cette stérile quête de sens : après tout le premier degré de ce drame est bien écrit par Wagner, qui a mis tout le second dans sa musique, non ?

Avec un plateau d’une qualité rare, le Met fait le reste pour assurer la réussite de l’entreprise.

Au premier acte, les jumeaux de feu incarnés par une Eva-Maria Westbrock absolument superlative, et un Stuart Skelton que l’on retrouve au mieux de sa forme, se consument littéralement en suivant la montée d’énergie de la partition, des premières braises de la rencontre à l’embrasement général de la « reconnaissance » de Siegmund par Sieglinde, et les Wääälse et Wälsungen Blut finaux. Skelton émet sans difficultés toutes les notes redoutables de sa partie, et Westbrock met son tempérament et la sincérité de son jeu au service de la passion exigée par le livret. Cette grande chanteuse continue sa déjà très riche carrière avec l’énergie et la vocalité qu’on lui a toujours connue (Lady Macbeth de Msenk, Frosch, Chrisothémis, Tannhauser –ici même,…). Elle me fait un peu penser à Rysanek (la « fragilité exprimée » en plus), ce doit être la raison sous-jacente de ma fascination pour elle… Comme souvent, c’est le Fasolt du Rheingold que l’on redistribue en Hunding, pour notre plus grand bonheur ici, car Günther Groissbock nous comble autant qu'hier, capable de demi-teintes (ou similaires, mais oui, chez Hunding!), qui nous font fondre. Curieusement, ou preuve de notre nouvelle « adhésion » à la production, les costumes ne nous gênent plus, même les dix kg de peaux de bêtes que porte Hunding, avant de les enlever pour nous offrir une moins prégnante cotte de mailles…

Au deuxième acte, en dépit des applaudissements à l’entrée en scène de la star locale, habitude US amusante mais à peine audible en plein forte wagnérien… (la chanteuse rappelle constamment que le Met est « sa maison »), les premiers johotohoh de Christine Goerke, lancés du haut de la splendide montagne de Lepage (merci la machine), nous semblent un peu aigrelets. Mais soyons patients…
Car, apparu là haut sur la cime on ne sait comment, un kitschissime trône-bélier nous amène Jamie-Fricka Barton pour l’un des sommets de cette tétralogie (jusque-là !) : des graves et une autorité blessée formidables pour cette célèbre « scène » conjugale, qui, même si elle « fonctionne toujours » (nous avons en mémoire d’illustres devancières pour Fricka, à commencer par Meier), atteint ce soir une intensité rare qui nous oblige, comme Wotan, à rendre les armes. A l’applaudimètre, elle se distinguera d’ailleurs aux saluts (un excité derrière moi hurlant Jaaaaaamiiiie dans mes oreilles).
Suit la confrontation père-fille, où Goerke peine encore à nous impressionner, alors que Michael Volle, diseur hors-pair pour son long parlando (la clarté et la noblesse d’un Fischer-Diskau, la puissance et la crédibilité scénique en plus !), confirme ses promesses et campe un immense Wotan. Pendant son monologue, déclamé sur la montagne qui s’enneige graduellement, un œil (son œil) énorme et aux intensité et couleurs variables nous fixe des dessous…
Retour des jumeaux idoines, et fin de l’acte, avec, comme justement relevé par Bernard, un touchant jeu de scène de Wotan serrant le corps du fils qu’il a laissé assassiner.
Triomphe par l’auditoire à la dernière battue de Jordan.

Le troisième acte démarre avec une chevauchée impressionnante, plastiquement (la machine figure des nuées en mouvement –seul moment un peu grinçant, sur lesquelles les Walkyries s’accrochent aux rênes de leurs montures) et musicalement, par la qualité d’ensemble des huit protagonistes. Rarement perçu pareille énergie lyrique.
Un moment splendide encore avec Sieglinde, qui ne fait qu'une bouchée, en abattage et crédibilité scénique, de sa protectrice.
Puis, enfin (ouf!) Christine Goerke "se réveille" et nous offre une prestation digne de ce qu’on attend : un timbre d’une coloration incroyable, des graves et aigus splendides au service d’une incarnation très touchante de Brünnhilde, dans le long duo final avec Wotan, incarnation qu’elle fait d’ailleurs passer entièrement par la voix, alors que son jeu, et ses expressions (à la jumelle, vu la distance au Met…), n’apportent que peu au personnage. Une vraie faiblesse de la chanteuse si l’on se prend à la comparer à sa rivale du moment dans le rôle…

Et après un Leb wohl déchirant de Wotan (comme il se doit, en effet comment qualifier autrement ces illustrissimes adieux ?), le rideau retombe, après le decrescendo sublime et les accompagnements des harpistes (répétés et applaudis pendant l’entracte), et quatre d’heures de pur bonheur musical, accompagné à un bon rythme et avec la tension voulue par un Jordan ovationné.
Quanto?
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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Bernard C » 01 mai 2019, 16:43

Merci pour ce remarquable CR

Il faudrait que JdeB te recrute pour rendre compte des spectacles du MET , tellement ton œil et ton oreille sont justes et ta plume le dit si bien :wink:

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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par merklin » 02 mai 2019, 01:20

le temps me dure d'y être la semaine prochaine...

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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Bernard C » 03 mai 2019, 23:15

En tout cas comme l'a très bien décrit Il prezzo-phil , EMW m'a épaté car j'assistais ces dernières années à une lente dégradation de la voix.( Mon dernier commentaire , récent : viewtopic.php?p=355655#p355655 )
Or elle a montré dans cette Sieglinde une sorte de " résilience vocale" tout à fait sensationnelle d'autant qu'elle sait entrer avec corps et biens dans le personnage halluciné et passionné.

Un autre chanteur a aussi été dans une sorte de transfiguration au regard de ses grandes difficultés entendues dans Otello ici même il y a 2-3 mois... Stuart Skelton qui n'a manqué aucun aigu, a tenu son "Wälse ! " au-delà de ce qu'on lui croyait capable de faire.
Se lâchant dans son corps avec une générosité sans limite.
Bref tout ce monde galvanisé contribue pour l'heure à une semaine enthousiasmante...
Je n'aurais pas cru que la deception viendrait de celle qui m'avait fait choisir de revenir voir ce Ring de Lepage des années après sa création.

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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par Bernard C » 03 mai 2019, 23:58

À suivre ..


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Re: Wagner-Die Walküre- Jordan/Lepage - MET NY 03-05/2019

Message par merklin » 09 mai 2019, 00:57

un grand moment cette Walkure du 7 mai : tout était incandescent: chanteur, m.e.s., et Jordan plus à son affaire que la veille

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