Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

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Franz Muzzano
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Re: Haendel-Alcina-Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par Franz Muzzano » 16 mars 2018, 11:55

Ce qui repose le problème des représentations tous les deux jours, 5 en comptant la Générale où personne n'a "marqué"...
Nous n'avons pas besoin d'artistes, nous avons besoin de gens qui ont besoin d'artistes...

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Adalbéron
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Re: Haendel-Alcina-Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par Adalbéron » 17 mars 2018, 11:49

Franz Muzzano a écrit :
15 mars 2018, 13:59
Polyeucte a écrit :
15 mars 2018, 13:41


Déjà, Jaroussky. Franchement, j'ai de plus en plus de mal. Le musicien est là, mais que de préciosité, de manque d'engagement (ou alors quand il s'engage, je trouve ça assez peu beau...). J'aurais préféré une mezzo comme lors de la création de la production, la voix aurait été plus éclatante et sonore (ou un autre contre-ténor plus grave et explosif!).
Le problème avec Jaroussky, pour moi, n'est pas vocal, ni même scénique. La voix et le chant sont beaux, il passe sans aucun souci la fosse, et possède même un jeu théâtral assez juste. Mais si j'ai un reproche à lui faire, il se porte sur le fait que si je ne connais pas le texte, je ne sais jamais s'il est amoureux, en colère, gai, triste, jaloux, surpris, calculateur, vivant, mort, malade, guéri...Bref, ce qui me gêne est cette façon de tout chanter avec les mêmes accents, la même couleur. Je vais faire hurler pas mal de monde, mais sur ce plan-là (et seulement sur ce plan-là), il me fait penser à Florez...
Complètement d'accord au sujet de Jaroussky, en tout cas à propos de cette Alcina.
Son chant est égal, lisse, sans aucune arrête ou aspérité, c'est bien dommage car la comparaison avec Bartoli en devient cruelle : chez elle, chaque parole est gorgée de musique, chaque syllabe trouve sa place dans une architecture musicale et expressive. Chez lui, on a une belle ligne, un très charmant timbre, mais aucun relief. Je l'apprécie en récital, mais j'ai plus de mal à la scène.
Et cependant, pas du tout d'accord sur le parallèle avec Flórez ; j'aurais plutôt tendance pour ma part à le rattacher à l'école Bartoli.
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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Re: Haendel-Alcina-Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par Adalbéron » 17 mars 2018, 12:04

Verdiprati a écrit :
15 mars 2018, 07:20
Les scènes avec Oberto coupées, et je ne les regrette pas.
Les musiques de dance non rétablies en dépit de la présence des danseurs.
Le personnage d'Oberto a été ajouté au dernier moment, le supprimer n'entraîne donc pas de grandes conséquences...
Je les trouve d'un ennui ces ballets ; personnellement, je ne les ai pas pleurés (même si les danseurs étaient jolis) :lol:
Verdiprati a écrit :
15 mars 2018, 07:20
La MES ne m'a ni emballé ni déplu.
L'idée de placer l'action dans le théâtre qui fait penser à Drottnigholm comme symbole du monde magique et enchanteur qu'érodent la réalité, le mensonge, la vieillesse et la vanité de plus en plus, elle n'est pas très originale, mais ça marche à cause de la direction d'acteurs très minutieusement réglée malgré les idées pas toujours claires et la démarche que je trouve un peu trop démonstrative.
Mêmes impressions sur la mise en scène de Loy.
Il y a multiplication de procédés pseudo-baroques soulignés au marqueur (miroirs et doubles conduisant à une méditation sur le temps, théâtre dans le théâtre, machines, même un automate), mais le résultat n'est pas très excitant, en plus d'être souvent un peu confus (ce Cupidon, que diable apporte-t-il ?). Mais ça fonctionne, et le dernier acte est particulièrement efficace. Et très belle direction d'acteur, en effet ! Chaque aria est scéniquement habité, sans que ça fasse décoratif et dans une oeuvre comme celle-ci, c'est une très grande qualité.
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Re: Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par Asvo » 18 mars 2018, 09:44

Ce fut à mon avis une très belle soirée que celle de vendredi.

Déjà au vu de la mise en scène de Christopher Loy. Comme ce qui a été dit précédemment, la démarche n'est pas follement originale la réalisation est remarquable, qu'il s'agisse de l'esthétisme des décors ou de la direction d'acteurs. Et la direction d'acteurs, c'est bien là le principal. Avant tous les concepts, aussi géniaux soient-ils, et toutes les transpositions, aussi intelligentes soient-elles ! L'écueil du remplissage systématique des airs (un des gros problèmes de certaines mises en scène d'opéras baroques, où l'incompréhension des da capi fait que les metteurs en scène se sentent obligés de mettre des petites chorégraphies à chaque air, où de faire s'habiller/se déshabiller le personnage, etc.) a, selon moi, été évité (et la seule chorégraphie pendant un air, lors du dernier grand air de Ruggiero, est aussi amusante que réussie).

Ensuite, avec la direction d'Haïm, qui a, déromantisé sa vision du baroque, et qui trouve un bon équilibre. Les da capi sont intelligents, l'écoute des chanteurs semble être là. Et bravo à ses instrumentistes, en particulier ses solistes (notamment ses cors qui sont souvent très juste pour des cors naturels !).

Enfin, avec un plateau assez homogène. Cecilia Bartoli trouve en Alcina un rôle qui lui va parfaitement. Paraissant un peu fragile au premier acte (mais vu que c'était le cas aussi à la première, je mettrais ça sur l'incarnation du personnage!), elle domine le second Acte en déployant un chant magnifique, lié, souple, aux magnifiques piani, et auquel la salle du TCE convient à ravir. À ses côtés, Philippe Jaroussky est un peu à la peine au début, mais se révèle aussi au second Acte. Son "Verdi Prati" est splendide, et son "Sta nell'incarna" est d'un bonheur communicatif. Mais c'est vrai que la voix est assez monochrome. Cela ne me gène pas outre mesure pour un Ruggiero qui n'est pas le personnage au caractère le plus trempé de l'opéra (à ce sujet, la manière de tourner un peu en dérision le "Sta nell'incarna" semble vraiment idoine).
Varduhi Abrahamyan est splendide en Bradamante, chant racé, belle homogénéité sur toute la tessiture. Elle impressionne à chacun de ses airs et remporte l'adhésion d'une bonne partie du public. Emoke Barath est une magnifique remplaçante, dont la voix claire et agile incarne parfaitement Morgana et promet un très bel Amour dans le prochain Orfeo ed Euridice du TCE. Julie Fuchs, contrainte à une frustrante incarnation muette de la soeur d'Alcina, se débrouille vraiment très bien pour faire vivre sur scène le chant de sa consoeur. Bon Melisso de Krzysztof Bączyk, et un honnête Oronte de Christoph Strehl.

Comme Adalbéron, très content qu'il n'y ait pas d'Oberto, je trouve ce rôle absolument ridicule. Et je n'ai toujours pas compris l'intérêt de Cupidon...

Quelqu'un sait-il si ce concert va être enregistré ? J'adorerais en garder une trace sonore.

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Re: Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par Adalbéron » 18 mars 2018, 13:40

Julie Fuchs chantera cet après-midi !
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Re: Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par Bernard C » 18 mars 2018, 15:46

Je suis frappé par la " légèreté" des analyses concernant cette mise en scène complexe et subtile où Loy sait comme peu de dramaturges à l'opéra travailler la topologie du temps et de l'espace.
Loin d'être une redite d'un procédé du théâtre dans le théâtre, elle foisonnait d' une dynamique de l'esprit entre la pensée magique et l'espace du réel , chaque "temps" accompagnant cette musique et faisant consister les personnages.

Je n'ai pas encore revu ce spectacle, peut être a-t-il perdu sa substance depuis sa création à Zurich.

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Re: Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par fomalhaut » 18 mars 2018, 16:27

La complexité et la subtilité que tu évoques, à juste titre, sont, peut-être, excessives pour un opéra de Haendel...Ce sont encre la les débuts de l'opéra.

fomalhaut

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Re: Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par HELENE ADAM » 18 mars 2018, 16:34

fomalhaut a écrit :
18 mars 2018, 16:27
La complexité et la subtilité que tu évoques, à juste titre, sont, peut-être, excessives pour un opéra de Haendel...Ce sont encre la les débuts de l'opéra.

fomalhaut
Je l'ai dit, en ce qui me concerne, j'ai été gênée par l'obligation (ou l'attirance comme on veut) de regarder la fosse où chantait la doublure de Julie Fuchs ce qui m'a fait perdre de vue la scène à chaque fois. Comme le travail de Loy est complexe, je pense n'en avoir pas saisi toutes les subtilités à chaque instant.J'ai eu en quelque sorte, une vision un peu segmentée d'un tout. Ce devrait être beaucoup plus fluide avec le retour de Julie Fuchs en chanteuse et l'unicité de rôle normale que cela entrainera.
Mais les trois temps du regard de Loy sur le théâtre (le dessous de la scène de théâtre, les loges du théâtre et le plateau abandonné) sont remarquablement bien représentés au TCE tout comme l'excellent jeu de tous les acteurs, et en premier lieu celui, parfait, de Cécilia Bartoli sert totalement cette mise en scène. Elle campe une Alcina qui se veut cruelle mais ne l'est pas vraiment, qui se voit vieillir et accepte sa défaite et sa perte de pouvoir avec lucidité. Une Alcina humaine et magnifique qu'on garde longtemps en mémoire.
Loy fait une lecture moderne d'un opéra baroque encore, en effet, assez sommaire (avec ses répétitions musicales obligées), une lecture qui n'est pas sans évoquer les opéras de Strauss et le mélange des deux (situations très modernisées, musique très baroque, d'autant que les voix et les instruments sont d'un style baroque irréprochable) est tout à fait réussi et très intelligent. AMHA.
Besoin de temps pour en faire une analyse complète.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par Philippes » 19 mars 2018, 13:26

Bernard C a écrit :
18 mars 2018, 15:46
Je suis frappé par la " légèreté" des analyses concernant cette mise en scène complexe et subtile où Loy sait comme peu de dramaturges à l'opéra travailler la topologie du temps et de l'espace.
Loin d'être une redite d'un procédé du théâtre dans le théâtre, elle foisonnait d' une dynamique de l'esprit entre la pensée magique et l'espace du réel , chaque "temps" accompagnant cette musique et faisant consister les personnages.

Je n'ai pas encore revu ce spectacle, peut être a-t-il perdu sa substance depuis sa création à Zurich.

Bernard
J'ai vu le spectacle hier soir, et je me retrouve bien plus dans les commentaires du fil des représentations zurichoises de 2014, qui pointent la très grande qualité de la mise en scène, que dans ce présent fil.
En effet, on est bien au delà du "théâtre dans le théâtre" : chacun des lieux de la représentation ne fait pas théâtre, mais au contraire rend réel, et lisible pour le spectateur (cette lisibilité, qui cache un travail complexe, intelligent et subtil, est capitale selon moi dans ce type d'oeuvre), le caractère des personnages, leurs vérités, leurs faux-semblants, leurs relations, et le jeu des illusions et désillusions amoureuses comme les enjeux de pouvoir. Tous les détails (les costumes et leurs évolutions, les trébuchements, les figurants...) sont signifiants, mais jamais pesants ou confus. Et on n'a quand même rarement vu des aria da capo et des récitatifs donner lieu à une direction d'acteurs si vivante, mais sans jamais donner le sentiment d'agitation ou de remplissage.
Un chef d'oeuvre de mise en scène

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Re: Haendel - Alcina - Haïm/Loy - TCE - 03/2018

Message par EdeB » 19 mars 2018, 14:02

fomalhaut a écrit :
18 mars 2018, 16:27
La complexité et la subtilité que tu évoques, à juste titre, sont, peut-être, excessives pour un opéra de Haendel...Ce sont encre la les débuts de l'opéra.

fomalhaut
:2guns:
Pas vu le spectacle, aussi ne réagirai-je pas là dessus... pour le reste, la phrase témoigne d'une ignorance absolue de ce qu'est l'opera seria, ses codes et sa subtilité... Comme s'il y avait un "progrès" dans l'art. Affligeant.
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