Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Jean-Didier et moi y étions le soir de la captation et on a tous les deux été un peu déçu par Fuchs à l'aune de ce qu'on avait lu ici. RV ne l'as pas apprécié un autre soir, mais pas forcément pour des "problèmes techniques". Raph13 cependant trouvait que ses vocalises manquaient de délié. Je ne sais pas, peut-être était-elle plus en voix les soirs précédents, puisque personne ou presque avant le 29 n'avait vraiment brisé le concert de louanges faites à la soprano (ce qui m'a gêné, pour ma part, ce sont quelques problèmes d'intonation par-ci par-là, mais c'est vrai que ses vocalises sont quand même d'une netteté exemplaire).
On ne demande pas non plus à Fuchs d'être Sutherland. C'est amusant, l'opéra doit quand même être la seule activité humaine où l'exceptionnel sert de norme...
(avec le sport peut-être où il faut courir après le record du monde )
J'ai réécouté pas mal de chose de cette production, c'est quand même très excitant.
On ne demande pas non plus à Fuchs d'être Sutherland. C'est amusant, l'opéra doit quand même être la seule activité humaine où l'exceptionnel sert de norme...
(avec le sport peut-être où il faut courir après le record du monde )
J'ai réécouté pas mal de chose de cette production, c'est quand même très excitant.
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth
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Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Non, l’exceptionnel à l'opéra ne sert pas de norme mais de référence, et c'est très différent...Passons...
Pour en revenir à Julie Fuchs, bien sûr que sa virtuosité n'est ni exceptionnelle ni étourdissante (même le soir de la première) et qu'elle n'est pas non plus très pure sur le plan du style (elle est anachronique) mais elle n'est jamais gratuite et s’intègre parfaitement au portrait qu’elle dessine d'Adèle qui lui est assez étourdissant pour le coup. C'est une actrice qui chante et ça fait toute la différence avec Devia à Lyon (1988), Jo à Aix (1995), Massis partout, etc...C'est effectivement la locomotive et le pivot et l'atout charme de cette production.
Je suis fier d'avoir été le premier à médiatiser Julie Fuchs et de son évolution.
Pour en revenir à Julie Fuchs, bien sûr que sa virtuosité n'est ni exceptionnelle ni étourdissante (même le soir de la première) et qu'elle n'est pas non plus très pure sur le plan du style (elle est anachronique) mais elle n'est jamais gratuite et s’intègre parfaitement au portrait qu’elle dessine d'Adèle qui lui est assez étourdissant pour le coup. C'est une actrice qui chante et ça fait toute la différence avec Devia à Lyon (1988), Jo à Aix (1995), Massis partout, etc...C'est effectivement la locomotive et le pivot et l'atout charme de cette production.
Je suis fier d'avoir été le premier à médiatiser Julie Fuchs et de son évolution.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Tout à fait et d'ailleurs elle en serait bien incapable! Mais justement, il faut donc utiliser un vocabulaire un peu plus affiné et pertinent.
Que l'exceptionnel serve de référence ça c'est complètement cohérent mais y a pas qu'à l'opéra! C'est valable pour toute la musique classique! Dès lors qu'on est dans l'interprétation musicale, le banal, le basique et le médiocre n'y ont pas d'autres places que celles du banal, du basique et du médiocre. J'ai toujours été contre le nivellement par le bas et je considère que les plus hautes références dans lesquelles se trouve forcément l'exceptionnel sont ce qu'il faut à tout prix essayer d'atteindre et pourquoi pas d'égaler (peu d'exemples pour le moment) voire (mais là c'est encore moins évident ...) de surpasser.C'est amusant, l'opéra doit quand même être la seule activité humaine où l'exceptionnel sert de norme...
Tout à fait, c'est un spectacle globalement très réussi scéniquement et musicalement parlant!J'ai réécouté pas mal de chose de cette production, c'est quand même très excitant.
Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Dit comme ça, je m'y retrouve pleinement et je suis d'accord sur le fond.JdeB a écrit : ↑02 janv. 2018, 19:11Pour en revenir à Julie Fuchs, bien sûr que sa virtuosité n'est ni exceptionnelle ni étourdissante (même le soir de la première) et qu'elle n'est pas non plus très pure sur le plan du style (elle est anachronique) mais elle n'est jamais gratuite et s’intègre parfaitement au portrait qu’elle dessine d'Adèle qui lui est assez étourdissant pour le coup. C'est une actrice qui chante et ça fait toute la différence avec Devia à Lyon (1988), Jo à Aix (1995), Massis partout, etc...C'est effectivement la locomotive et le pivot et l'atout charme de cette production.
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Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Concernant la virtuosité de Fuchs, de mémoire, elle a manqué d'aplomb dans plusieurs parties de l'air : les arpèges dans la partie lente, et dans la stretta de la cabalette, les montée au contre-ut et les gammes fusées étaient savonnées. Mais globalement j'ai trouvé que ça manquait de folie / chatoiement belcantiste dans les variations et cadences. Si elle reprend la cadence "reine de la nuit" dans le finale de l'acte 1 et que Lucianna Serra avait instauré dans la version Voyage à Reims, elle ne provoque pas en tout cas chez moi d'excitation et d'admiration sur le plan vocal. Le petit contre-ut conclusif à la fin de l'opéra est à l'image de la timidité vocale qui est la sienne dans ce répertoire.
Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
J'ai réécouté pour comparaison Devia, Jo, Massis, Bonfadelli et Damrau! Eh ben même Bonfadelli, qui n'est pourtant pas ce qu'on pouvait appeler une spectaculaire belcantiste, était autrement électrisante que Fuchs dans la virtuosité.
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Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Ben oui...comme je l'ai écrit on ne chante pas Rossini comme Offenbach....jean-didier a écrit : ↑03 janv. 2018, 10:48globalement j'ai trouvé que ça manquait de folie / chatoiement belcantiste dans les variations et cadences.
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Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Pourtant Bonfadelli a fait des merveilles dans Sonnambula et les Puritains, je me souviens de soirées viennoises où elle faisait délirer le public. Après dans le Comte Ory et dans la virtuosité rossinienne, je suis d'accord qu'elle est moins spectaculaire, elle va même jusqu'à simplifier complètement la grande vocalise a cappella de la cabalette du trio.
Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Bien souvent, ce qui me gêne chez Fuchs, c'est une certaine difficulté à tenir les aigus, comme si elle manquait de soutien pour faire durer la note.jean-didier a écrit : ↑03 janv. 2018, 10:48Concernant la virtuosité de Fuchs, de mémoire, elle a manqué d'aplomb dans plusieurs parties de l'air : les arpèges dans la partie lente, et dans la stretta de la cabalette, les montée au contre-ut et les gammes fusées étaient savonnées. Mais globalement j'ai trouvé que ça manquait de folie / chatoiement belcantiste dans les variations et cadences. Si elle reprend la cadence "reine de la nuit" dans le finale de l'acte 1 et que Lucianna Serra avait instauré dans la version Voyage à Reims, elle ne provoque pas en tout cas chez moi d'excitation et d'admiration sur le plan vocal. Le petit contre-ut conclusif à la fin de l'opéra est à l'image de la timidité vocale qui est la sienne dans ce répertoire.
Souvent, elle atteint la note mais redescend bien vite.
Re: Rossini - Le Comte Ory - Langrée/Podalydès - OC - 12/2017
Je souhaiterai ajouter mon petit grain de sel à la discussion sur la qualité de la prestation de Julie Fuchs dans le Comte Ory. Avant de commencer je préfère signaler que je suis incapable d'apprécier l'adéquation stylistique du chant de la soprano aux opéras de Rossini. Les excellentes critiques de la prestation de Julie Fuchs dans différents médias ont fait que je me suis rendu à l'OC plein de bonnes intentions à son égard. malheureusement je suis tombé de haut peut être est-ce dû à l'inconfort du 3ème balcon (ce n'est pas de là que je suis tombé!
En fait, j'ai retrouvé à l'égard de la soprano les mêmes réactions que j'avais eu à son égard dans un répertoire différent puisqu'il s'agissait des pêcheurs de perle où sa prononciation du français était exécrable et plus particulièrement dans le registre aigu. Je m'étais demandé à l'époque et je me repose la même question maintenant si ce n'était pas lié au moins en partie lié aux tempi lents choisis par le chef qui allongeait les voyelles rendant les mots incompréhensibles. Cela m'était paru évident dans les pêcheurs de perle. Fut-ce le cas dans le comte Ory?
En fait, j'ai retrouvé à l'égard de la soprano les mêmes réactions que j'avais eu à son égard dans un répertoire différent puisqu'il s'agissait des pêcheurs de perle où sa prononciation du français était exécrable et plus particulièrement dans le registre aigu. Je m'étais demandé à l'époque et je me repose la même question maintenant si ce n'était pas lié au moins en partie lié aux tempi lents choisis par le chef qui allongeait les voyelles rendant les mots incompréhensibles. Cela m'était paru évident dans les pêcheurs de perle. Fut-ce le cas dans le comte Ory?