Sur la fin, c'était un peu le problème de Pavarotti (mais je sens que je suis sur un terrain "tabou" ) : une énorme puissance mais plus beaucoup de nuances (ce qui n'était pas le cas plus tôt dans sa carrière).Lucas a écrit : ↑14 août 2017, 08:55C'est inexact. J'ai entendu les deux sur scène mais cela se vaut et on les entend, l'un et l'autre tout à fait correctement dans un théâtre à l'italienne.
Quant à Domingo entendu lui aussi à deux reprises au début des années 90, il ne faut quand même pas délirer : c'était à peine plus puissant que Kaufmann et j'ai le sentiment que beaucoup l'idéalisent de ce point de vue. En revanche, oui, Pavarotti, c'était largement deux fois plus puissant que Domingo et je n'entendais que lui dans Un bal masqué à la Bastille. Peut-être même un peu trop tant il couvrait tous ses partenaires y compris Millo. Naturellement très beau timbre, diction parfaite et sobriété stylistique étaient au rendez-vous. En revanche, côté nuances : nada!
La puissance de Domingo me parait souvent aussi exagérée ici mais bon, comme tout mélomane le sait, la puissance ne fait pas tout (sinon il faut préférer le Radamès de Yusif Eyvassov sans hésiter une seconde, de ce côté là il est "nanti"). Ce n'est même pas l'essentiel du moment qu'on entend le chanteur et j'ai déjà dit que la petite musique sur "JK inaudible" n'était pas très sérieuse sauf à penser à un phénomène d'hallucination collective des spectateurs qui remplissent systématiquement les salles dès qu'il est annoncé dans une distribution et des critiques par la même occasion (jusque dans la lointaine Australie où il triomphe en... Parsifal).
Ce qui fait l'essentiel pour moi c'est l'interprétation, le style du chant et la technique vocale au service d'un rôle et d'une musique.
J'ai remarqué que Meli (indépendamment de sa puissance donc...) interprétait un Radamès tout en nuances, largement supérieur de ce point de vue à celui d'Alvarèz (et aussi à celui, assez catastrophique d'Anonenko entendu l'an dernier à Bastille). Ce qui lui manque (et ne manque pas à JK de mon point de vue) c'est la capacité à passer du registre amoureux au registre guerrier, à changer de façon de chanter pour traduire l'émotion.
Il est difficile de comparer Meli et JK, leurs répertoires ne se superposent qu'épisodiquement et finalement, cela a peu d'intérêt.
Pour en revenir à Méli, ma critique à son égard est toujours la même, en fait : trop lisse, trop peu "engagé"; trop peu "rentre dedans". Un bon élève, que j'apprécie quand je l'entends mais qui ne me procure guère d'émotions. Hélas.