Elisabetha a écrit :J'ai lu d'autres articles disant tout l'opposé, le roman de Pierre Loti avait une dimension politique mais Puccini n'a voulu en retenir que le côté exotique
Rappelons tout de même au passage que
Madame Butterfly n'est pas du tout une adaptation du
Madame Chrysanthème de Loti, et que le caractère des deux personnages est complètement opposé : Chrysanthème n'est nullement amoureuse du Français qu'elle épouse, et quand ce dernier regagne son pays, elle ne songe pas du tout à se suicider, mais plutôt à compter avec ravissement les "belles piastres blanches" que ce mariage arrangé lui a procurées...
Un petit extrait de la fin (c'est le mari qui raconte, un alter-ego de Loti lui-même, puisque le roman est largement (et ouvertement) autobiographique) :
"Je crois que j’ai deviné, – et je monte encore plus doucement à quatre pattes, avec des précautions de Peau-Rouge, pour me donner le dernier plaisir de la surprendre.
Elle ne m’a pas entendu venir. Dans notre grande chambre complètement vidée, balayée, blanche, où entrent le clair soleil, et le vent tiède, et les feuilles jaunies des jardins, elle est seule assise, tournant le dos à la porte ; elle est habillée pour la rue, prête à se rendre chez sa mère, ayant à côté d’elle son parasol rose.
Par terre, étalées, toutes les belles piastres blanches que, suivant nos conventions, je lui ai données hier au soir. Avec la compétence et la dextérité d’un vieux changeur, elle les palpe, les retourne, les jette sur le plancher et, armée d’un petit marteau ad hoc, les fait tinter vigoureusement à son oreille, – tout en chantant je ne sais quelle petite romance d’oiseau pensif, qu’elle improvise sans doute à mesure…
Eh bien, il est encore plus japonais que je n’aurais su l’imaginer, le dernier tableau de mon mariage !"