Re: Wagner-Tristan und Isolde-Flor / Joël-Toulouse-01 & 02/2
Posté : 02 févr. 2015, 11:25
Représentation du 01/02/2015
Claus Peter Flor direction musicale
Nicolas Joel mise en scène
Andreas Reinhardt décors et costumes
Vinicio Cheli lumières
Robert Dean Smith Tristan
Hans-Peter Koenig Le Roi Marc
Elisabete Matos Isolde
Stefan Heidemann Kurwenal
Thomas Dolié Melot
Daniela Sindram Brangaene
Paul Kaufmann Un Jeune matelot / Un Berger
Jean-Luc Antoine Un Pilote
Chœur du Capitole
Alfonso Caiani direction
Orchestre national du Capitole
Production du Théâtre du Capitole (2007)
La reprise aujourd’hui de la production de Tristan proposée par Nicolas Joël en 2007 mérite-t-elle l’indignation de « dessoles » ou l’enthousiasme du public ? A l’issue de cette représentation dominicale, je gommerai volontiers les imperfections, limites et maladresses , au profit d’une plus large approbation d’un spectacle qui réserve de bien beaux moments, surtout pour la direction orchestrale et des chanteurs à bien des égards remarquables.
Une mention spéciale pour le public toulousain qui face à certaines défaillances, loin de manifester sa déception, a voulu prouver par ses applaudissements nourris que l’art vivant est fragile et qu’une artiste mérite pour son engagement, son exigence, son courage et ses qualités d’être félicitée au-delà même de quelques faiblesses.
En 2015, nous célébrons la création de Tristan et Isolde présenté à Munich le 10 juin 1865. En remontant le Tristan de 2007, le Capitole de Toulouse complète les récentes productions wagnériennes de Rienzi et de Tannhäuser et en confie la maitrise musicale à Claus Peter Flor dont nous avons salué les prestations dans Hansel et Gretel, Madame Butterfly et La Flute enchantée, les deux dernières réglées par … Nicolas Joël.
Intemporalité du mythe, abstraction de la mise en images. Aucun accessoire superflu, une scène souvent nue, l’essentiel de la dramaturgie est dévolue aux éclairages et à quelques éléments dont la simplicité ou le dénuement intéressent ou irritent, invitent à la réflexion ou à la perplexité... .
Nicolas Joël explicite ainsi son intention : « mettre sur scène des éléments qui m’ont toujours fasciné à l’audition de “Tristan” et que j’ai rarement vus sur scène, je parle des éléments de nature cosmique que j’entends autant dans la musique que dans le texte. Je veux parler plus particulièrement de la mer et de la nuit. » Comment traduit-il ces choix ?
Pour l’acte I, trois grands triangles articulés et montés sur vérins, dont le central figure l’étrave d’un navire qui fend l’onde : l’équipe technique parvient sans bruit à suggérer par les mouvements du dispositif la houle, l’instabilité, le tangage dont est secouée la carène du bateau. Cet intéressant assemblage et son remuement n’indiquent pas seulement le lieu de l’action prévue par le livret ; ils connotent le roulement des passions, la violence contenue non des éléments, mais des élans du cœur et épousent le rythme lancinant d’une musique déjà sensuelle. Des incrustations rougeâtres sur ce « plancher flottant » peuvent même évoquer des éclats de lave brûlante.
L’acte II est plus dépouillé encore. Le plateau est nu et la nuit que réclame intensément Isolde enveloppe les amants. L’immensité d’un ciel étoilé accueille, telle une ouverture cosmique, le duo d’amour, « pressentiment sublime de crépuscule sacré » selon les mots mêmes de Tristan.
L’acte III se charge d’éléments mystérieux : un monolithe en forme de nuage surplombe l’aire où Tristan agonise ; un promontoire en forme de nef, écho de l’acte I, accueille la Mort d’Isolde, tandis que se déchirent les voiles noirs d’un ciel désormais ouvert.
Lieu d’abstraction, aire du mythe, symbolisme des couleurs. Isolde la blonde se pare d’un fourreau blanc dont les fentes laissent apparaitre des bas rouges, préliminaire d’une passion encore cachée intimement. Et c’est vêtue d’une robe d’apparat écarlate que l’héroïne se consume de passion, jusqu’à l’incandescence. Tristan le sombre reste le héros paré de noir et se célèbrent dès lors du rouge et du noir les noces mystiques
De cette sobre écriture dramaturgique, on retiendra de surprenantes images, des fonds de scènes construits comme des tableaux, ceux de Magritte par exemple dont La Bataille de l’Argonne illustre étrangement l’affiche de la représentation (nuage insolite, mégalithe suspendu, croissant de lune…). Joël aurait ainsi cherché à construire un univers insolite, irréel, mais dont les éléments identifiables seraient bizarrement réunis, comme dans un monde parallèle, un ailleurs intemporel. C’est moins un point de vue – car on n’apprend rien sur « Tristan » - qu’une vision. Mais cette conception s’accommode mal des prosaïsmes qui parsèment la mise en scène : lunettes noires de Brangaene, uniforme d’officier marin mal seyant de Melot, épées magiques, chaussures rouges ôtées par Isole et qui au centre du décor nu focalisent l’attention pendant le duo d’amour, feuilles mortes tombant des cintres pour le récit de Marc et qui distraient inutilement…! Ne parlons pas de la direction d’acteurs réduite à sa plus simple expression et qui n’interdit même pas des gestes ô combien conventionnels : la main sur le cœur devient ici une norme.
Sur le papier, la distribution s’annonce de tout premier ordre. Robert Dean Smith, magnifique ténor wagnérien en Tristan, Hans Peter Koenig en Roi Marc, Daniela Sintram pour Brangaene… Seule on peut a priori craindre pour l’Isolde de Elisabete Matos, dont les dernières prestations (le Roi Arthus à Bastille ! ) n’ont pas convaincu critiques et autres mélomanes.
La prestation de la soprano portugaise s’avère aujourd’hui inégale, déclinant au fur et au mesure de l’avancée du drame. Remarquable de puissance, de présence, d’autorité, de lyrisme au I, solide et investie au II, très fragile au dénouement. Dès les imprécations initiales, elle darde des aigus acérés comme des flèches. Son récit du I est empreint de douleur, et le dialogue avec Tristan plein de sauvage certitude. Le duo d’amour la trouve engagée et passionnée, mais des duretés apparaissent. Exténuée, hors du jeu dès son entrée du III, elle affronte crânement le liebestod, mais craque durement le Lust final. Omettre cette défaillance serait maladroit. La souligner serait injuste, pis ! injurieux. Aux saluts, le public a manifestement retenu l’essentiel d’une performance que l’on n’attendait pas à ce niveau. On s’inquiétait pour son Isolde ; on attend avec impatience et confiance sa Turandot de juin in loco.
Robert Dean Smith, grand habitué du rôle, notamment à Bayreuth est un magnifique Tristan, alors même que les moyens pourraient paraître, a priori un peu sous dimensionnés : la voix en effet très claire semble d’abord fragile. Mais, magnifiquement projetée, elle s’avère étonnamment puissante et solide. Dans ce petit théâtre (somme toute), les nuances les plus raffinées, les subtilités d’une interprétation ô combien musicale se font entendre à merveille. Peut-on écouter aujourd’hui un Tristan plus blessé, plus douloureux, qui tient la distance avec une noblesse et une vaillance qui touchent et qu’on admire ? Dans les déferlements du troisième acte, la performance, dramatique et lyrique se révèle d’une impressionnante intensité. Les visions hallucinatoires du héros sonnent avec une force désespérée qui prennent à la gorge. Certes, des scories, des imperfections gênent-elles les puristes. Mais l’auditeur bouleversé ne peut retenir que l’émotion née de cette incarnation exceptionnelle. Belle prestation saluée comme il se doit.
A propos de Hans-Peter Koenig, j’avais été frappé par cette phrase glanée sur le blog d’un wagnérophile: « Ce chanteur a le privilège d’humaniser chaque personnage qu’il aborde ». Quand il s’agit de la haute figure du Roi Mark, cette humanité est d’une profondeur, d’une tendresse que sert une voix grave, profonde, chaleureuse. Toute la grandeur d’un personnage est là, poignante, devant nous. Autorité, noblesse, beauté de la voix, on applaudit tout, admiratifs. Triomphe aux saluts.
Je découvrais Daniela Sindram et c’est une révélation. Brangaene physiquement d’apparence fragile, mais à la présence magnétique, dont on comprend qu’elle puisse être la compagne d’Isolde tant, comme elle, elle irradie de feu, de force, de volonté farouche, usant d’une voix de mezzo peu commune, longue, ardente et sensuelle. Une artiste assurément remarquable que les Toulousains avaient remarquée dans le rôle travesti d’Adriano dans le Rienzi capitolin. C’est peu dire qu’elle obtient sa part d’applaudissements !
Si l’on ajoute le Kurwenal solide et puissant de Stefan Heidemann, le Melot tonique du jeune baryton français Thomas Dolié, et la voix souple du ténor allemand Paul Kaufmann dans un double rôle, on obtient une distribution exceptionnelle qui confirme la place éminente du Capitole de Toulouse sur la scène lyrique nationale et son exigence artistique.
La direction de Claus Peter Flor se révèle tout à la fois puissante et poétique. Il obtient des musiciens une précision dans les attaques, un souffle dans les élévations lyriques, une force dramatique, mais aussi la clarté du discours qui rendent pleinement justice au génie wagnérien. On admire surtout l’articulation des mouvements, la puissance des forces que soulèvent les passions. Pas de sécheresse, pas de précipitation. Du prélude au final, l’enchainement fluide impose la densité des climats, la fièvre de la passion et répétons-le une immense poésie. Comme toujours, mais plus encore dans cette partition, on se doit de féliciter chacun des pupitres, et de louer la splendide cohérence de cet orchestre du Capitole, décidément magnifique.
Un beau et noble Tristan, dans une mise en scène sobre, mais trop figée, qui repose sur le seul dispositif technique élaboré, de belles images, une interprétation passionnée. Une reprise saluée par un public conquis et généreux.
Jean JORDY
Claus Peter Flor direction musicale
Nicolas Joel mise en scène
Andreas Reinhardt décors et costumes
Vinicio Cheli lumières
Robert Dean Smith Tristan
Hans-Peter Koenig Le Roi Marc
Elisabete Matos Isolde
Stefan Heidemann Kurwenal
Thomas Dolié Melot
Daniela Sindram Brangaene
Paul Kaufmann Un Jeune matelot / Un Berger
Jean-Luc Antoine Un Pilote
Chœur du Capitole
Alfonso Caiani direction
Orchestre national du Capitole
Production du Théâtre du Capitole (2007)
La reprise aujourd’hui de la production de Tristan proposée par Nicolas Joël en 2007 mérite-t-elle l’indignation de « dessoles » ou l’enthousiasme du public ? A l’issue de cette représentation dominicale, je gommerai volontiers les imperfections, limites et maladresses , au profit d’une plus large approbation d’un spectacle qui réserve de bien beaux moments, surtout pour la direction orchestrale et des chanteurs à bien des égards remarquables.
Une mention spéciale pour le public toulousain qui face à certaines défaillances, loin de manifester sa déception, a voulu prouver par ses applaudissements nourris que l’art vivant est fragile et qu’une artiste mérite pour son engagement, son exigence, son courage et ses qualités d’être félicitée au-delà même de quelques faiblesses.
En 2015, nous célébrons la création de Tristan et Isolde présenté à Munich le 10 juin 1865. En remontant le Tristan de 2007, le Capitole de Toulouse complète les récentes productions wagnériennes de Rienzi et de Tannhäuser et en confie la maitrise musicale à Claus Peter Flor dont nous avons salué les prestations dans Hansel et Gretel, Madame Butterfly et La Flute enchantée, les deux dernières réglées par … Nicolas Joël.
Intemporalité du mythe, abstraction de la mise en images. Aucun accessoire superflu, une scène souvent nue, l’essentiel de la dramaturgie est dévolue aux éclairages et à quelques éléments dont la simplicité ou le dénuement intéressent ou irritent, invitent à la réflexion ou à la perplexité... .
Nicolas Joël explicite ainsi son intention : « mettre sur scène des éléments qui m’ont toujours fasciné à l’audition de “Tristan” et que j’ai rarement vus sur scène, je parle des éléments de nature cosmique que j’entends autant dans la musique que dans le texte. Je veux parler plus particulièrement de la mer et de la nuit. » Comment traduit-il ces choix ?
Pour l’acte I, trois grands triangles articulés et montés sur vérins, dont le central figure l’étrave d’un navire qui fend l’onde : l’équipe technique parvient sans bruit à suggérer par les mouvements du dispositif la houle, l’instabilité, le tangage dont est secouée la carène du bateau. Cet intéressant assemblage et son remuement n’indiquent pas seulement le lieu de l’action prévue par le livret ; ils connotent le roulement des passions, la violence contenue non des éléments, mais des élans du cœur et épousent le rythme lancinant d’une musique déjà sensuelle. Des incrustations rougeâtres sur ce « plancher flottant » peuvent même évoquer des éclats de lave brûlante.
L’acte II est plus dépouillé encore. Le plateau est nu et la nuit que réclame intensément Isolde enveloppe les amants. L’immensité d’un ciel étoilé accueille, telle une ouverture cosmique, le duo d’amour, « pressentiment sublime de crépuscule sacré » selon les mots mêmes de Tristan.
L’acte III se charge d’éléments mystérieux : un monolithe en forme de nuage surplombe l’aire où Tristan agonise ; un promontoire en forme de nef, écho de l’acte I, accueille la Mort d’Isolde, tandis que se déchirent les voiles noirs d’un ciel désormais ouvert.
Lieu d’abstraction, aire du mythe, symbolisme des couleurs. Isolde la blonde se pare d’un fourreau blanc dont les fentes laissent apparaitre des bas rouges, préliminaire d’une passion encore cachée intimement. Et c’est vêtue d’une robe d’apparat écarlate que l’héroïne se consume de passion, jusqu’à l’incandescence. Tristan le sombre reste le héros paré de noir et se célèbrent dès lors du rouge et du noir les noces mystiques
De cette sobre écriture dramaturgique, on retiendra de surprenantes images, des fonds de scènes construits comme des tableaux, ceux de Magritte par exemple dont La Bataille de l’Argonne illustre étrangement l’affiche de la représentation (nuage insolite, mégalithe suspendu, croissant de lune…). Joël aurait ainsi cherché à construire un univers insolite, irréel, mais dont les éléments identifiables seraient bizarrement réunis, comme dans un monde parallèle, un ailleurs intemporel. C’est moins un point de vue – car on n’apprend rien sur « Tristan » - qu’une vision. Mais cette conception s’accommode mal des prosaïsmes qui parsèment la mise en scène : lunettes noires de Brangaene, uniforme d’officier marin mal seyant de Melot, épées magiques, chaussures rouges ôtées par Isole et qui au centre du décor nu focalisent l’attention pendant le duo d’amour, feuilles mortes tombant des cintres pour le récit de Marc et qui distraient inutilement…! Ne parlons pas de la direction d’acteurs réduite à sa plus simple expression et qui n’interdit même pas des gestes ô combien conventionnels : la main sur le cœur devient ici une norme.
Sur le papier, la distribution s’annonce de tout premier ordre. Robert Dean Smith, magnifique ténor wagnérien en Tristan, Hans Peter Koenig en Roi Marc, Daniela Sintram pour Brangaene… Seule on peut a priori craindre pour l’Isolde de Elisabete Matos, dont les dernières prestations (le Roi Arthus à Bastille ! ) n’ont pas convaincu critiques et autres mélomanes.
La prestation de la soprano portugaise s’avère aujourd’hui inégale, déclinant au fur et au mesure de l’avancée du drame. Remarquable de puissance, de présence, d’autorité, de lyrisme au I, solide et investie au II, très fragile au dénouement. Dès les imprécations initiales, elle darde des aigus acérés comme des flèches. Son récit du I est empreint de douleur, et le dialogue avec Tristan plein de sauvage certitude. Le duo d’amour la trouve engagée et passionnée, mais des duretés apparaissent. Exténuée, hors du jeu dès son entrée du III, elle affronte crânement le liebestod, mais craque durement le Lust final. Omettre cette défaillance serait maladroit. La souligner serait injuste, pis ! injurieux. Aux saluts, le public a manifestement retenu l’essentiel d’une performance que l’on n’attendait pas à ce niveau. On s’inquiétait pour son Isolde ; on attend avec impatience et confiance sa Turandot de juin in loco.
Robert Dean Smith, grand habitué du rôle, notamment à Bayreuth est un magnifique Tristan, alors même que les moyens pourraient paraître, a priori un peu sous dimensionnés : la voix en effet très claire semble d’abord fragile. Mais, magnifiquement projetée, elle s’avère étonnamment puissante et solide. Dans ce petit théâtre (somme toute), les nuances les plus raffinées, les subtilités d’une interprétation ô combien musicale se font entendre à merveille. Peut-on écouter aujourd’hui un Tristan plus blessé, plus douloureux, qui tient la distance avec une noblesse et une vaillance qui touchent et qu’on admire ? Dans les déferlements du troisième acte, la performance, dramatique et lyrique se révèle d’une impressionnante intensité. Les visions hallucinatoires du héros sonnent avec une force désespérée qui prennent à la gorge. Certes, des scories, des imperfections gênent-elles les puristes. Mais l’auditeur bouleversé ne peut retenir que l’émotion née de cette incarnation exceptionnelle. Belle prestation saluée comme il se doit.
A propos de Hans-Peter Koenig, j’avais été frappé par cette phrase glanée sur le blog d’un wagnérophile: « Ce chanteur a le privilège d’humaniser chaque personnage qu’il aborde ». Quand il s’agit de la haute figure du Roi Mark, cette humanité est d’une profondeur, d’une tendresse que sert une voix grave, profonde, chaleureuse. Toute la grandeur d’un personnage est là, poignante, devant nous. Autorité, noblesse, beauté de la voix, on applaudit tout, admiratifs. Triomphe aux saluts.
Je découvrais Daniela Sindram et c’est une révélation. Brangaene physiquement d’apparence fragile, mais à la présence magnétique, dont on comprend qu’elle puisse être la compagne d’Isolde tant, comme elle, elle irradie de feu, de force, de volonté farouche, usant d’une voix de mezzo peu commune, longue, ardente et sensuelle. Une artiste assurément remarquable que les Toulousains avaient remarquée dans le rôle travesti d’Adriano dans le Rienzi capitolin. C’est peu dire qu’elle obtient sa part d’applaudissements !
Si l’on ajoute le Kurwenal solide et puissant de Stefan Heidemann, le Melot tonique du jeune baryton français Thomas Dolié, et la voix souple du ténor allemand Paul Kaufmann dans un double rôle, on obtient une distribution exceptionnelle qui confirme la place éminente du Capitole de Toulouse sur la scène lyrique nationale et son exigence artistique.
La direction de Claus Peter Flor se révèle tout à la fois puissante et poétique. Il obtient des musiciens une précision dans les attaques, un souffle dans les élévations lyriques, une force dramatique, mais aussi la clarté du discours qui rendent pleinement justice au génie wagnérien. On admire surtout l’articulation des mouvements, la puissance des forces que soulèvent les passions. Pas de sécheresse, pas de précipitation. Du prélude au final, l’enchainement fluide impose la densité des climats, la fièvre de la passion et répétons-le une immense poésie. Comme toujours, mais plus encore dans cette partition, on se doit de féliciter chacun des pupitres, et de louer la splendide cohérence de cet orchestre du Capitole, décidément magnifique.
Un beau et noble Tristan, dans une mise en scène sobre, mais trop figée, qui repose sur le seul dispositif technique élaboré, de belles images, une interprétation passionnée. Une reprise saluée par un public conquis et généreux.
Jean JORDY