PlacidoCarrerotti a écrit :
En revanche, quelque chose dépasse mon entendement : comment peut-on faire un triomphe à une horreur comme la Médée de Nadja Michael ? Une suite de cris et de hurlements, la plupart trop bas (et pourtant je ne suis pas un maniaque de la justesse et du raffinement : la preuve, j’adore Rysanek !). Un français incompréhensible, tant chanté (sans sous titre on ne comprend pas grand chose) que parlé (on ne comprend rien non plus mais beaucoup plus fort).
Il faut vraiment bien que cette mise en scène soit prenante (en bon ou en mauvais) pour que les spectateurs du TCE (plus critiques dans leurs jugements face à une version concert des Puritains) laissent passer une pareille monstruosité. Même remarque côté critiques « officiels » : à part Tubeuf, pas grand monde y à trouver à redire.
Je relis ce que j'avais écrit sur elle, il y a 4 ans à la création de la production où j'avais émis une hypothèse:
"Si Warli échoue à rendre intéressante la première demie-heure, en raison, notamment, d'une Virginie Pochon un peu pâle en Dircé, il trouve en N. Michael une tragédienne chantante et électrisante qu'il dirige avec un art consommé. Face à un Jason viril et moins falôt qu'à l'ordinaire, héros éloigné de sa folle jeunesse et un peu résigné à un provincialisme bien-pensant, la haute silhouette de la soprano sanguinaire, sa voix ample et âpre, noire dans les graves, percutante dans le médium, incontrolée et comme inappaisée dans le registre aigu impressionne fortement. Cet avatar singulier de G. Jones revu par Almodovar déchaîne le spectacle, sa vengeance implacable et le feu des étoffes à combustion différée.
Au fur et à mesure, sa voix parlée se brouille volontairement car diluée et engluée par la névrose et la lave intérieure, l'arabe d'"origine" lui remonte à la bouche et s'éructe...
Enfin, elle retrouve la fausse impavidité des monstres exangues le temps d'une cigarette et d'une ultime sortie cinématographico-théâtrale. "