La Gioconda – Leonie Rysanek
La Cieca – Vera Little
Laura – Eva Randova
Enzo – Franco Tagliavini
Barnaba – Kostas Paskalis
Alvise – Peter Lagger
Chorus & Orchestra de l'Opera de Berlino
Giuseppe Patanè
Berlin 1974
Tiens une surprise avec dans les deux premiers rôles féminins deux gloires du répertoire Wagnérien.
On reconnait Rysanek sur ces aigus tenus où le temps semble s’arrêter mais pour le reste de l’œuvre, le timbre est méconnaissable sans devenir pour autant latin et souvent l’accroche des notes n’est pas nette. A côté de cela il s’agit bien sur de Rysanek donc le format est phénoménal, cela dépote et l’engagement est immense même si cela sonne un peu trop grande dame.
On a surement dit à Randova : « dans l’opéra italien faut poitriner ma fille » et elle s’y jette avec une telle force qu’Obraztsova semblera à côté chanter avec la bouche en cul de poule. A ne pas douter son « stella di marinar » devait être entendu de l’autre côté du mur, concours de puissance vocale gagnée toute catégorie mais cependant aucune vulgarité.
Pour les hommes on peut difficilement faire plus opposés que Tagliavini et Paskalis : un ténor au beau chant et au style impeccable mais un peu mou du jarret et un baryton déployant une énergie et un volume vocal torrentiel hors de tout contrôle.
Des chœurs qui entrent en scène en beuglant puis arrivent à se contrôler et finissent seulement en gueulant se lancent dans un face à face avec Barnaba dans l’air du pêcheurqui me rappelle furieusement un air d’étudiants (« c’est à babord/tribord qu’on gueule le plus fort ») avec un chef qui se met au diapason (si je puis dire) et dont on souffle de contentement quand la tarentelle enfin s’arrête.
Aux réactions du public, ce fut certainement une soirée mémorable mais l’écoute à froid est vécue comme une agression perpétuelle à moins de militer pour l’instauration du chant en discipline olympique.