Stolzing a écrit :
Je ne sais pas quelles sont ses motivations réelles et sa tribune dans le Monde reflète la réalité ou non. Cela dit, il a 69 ans et son impatience n'est pas illégitime. En outre, vous oubliez une chose: c'est son pognon et il fait ce qu'il veut avec, sans devoir de comptes à qui que ce soit. A partir du moment où il investit 150 millions d'euros de son propre argent au seul bénéfice de la collectivité qui profitera de sa collection et des espaces pour les expositions, c'est aux autorités publiques diverses de se bouger et de lui donner ce qu'il veut (dans les limites de la loi, bien sûr), mais ça, évidemment.
Il me paraît aussi parfaitement normal qu'il exerce un droit de regard sur l'environnement du futur musée. Une fois encore, 150 millions d'euros, sortis directement de sa poche, sans profit pour lui sauf le prestige, et rien ne l'y obligeait ! Ca donne tout de même quelques droits à la reconnaissance de la collectivité... Dommage
Comme je l'ai écrit, les justifications avancées dans sa tribune sont si peu convaincantes qu'on est bien obligé de penser que ce ne sont que des prétextes.
Non, une pareille impatience n'a rien de légitime. Soixante-neuf ans, c'est la jeunesse! Il devrait bien avoir trente ans devant lui! En tout cas, il peut l'espérer.
Mais que diable, un projet aussi ambitieux mérite qu'on sache attendre, qu'on fasse preuve de ténacité, qu'on ne se décourage pas au premier obstacle venu!
Tous les monuments importants ont vu leur réalisation émaillées de difficultés inouïes!
Si les commanditaires des monuments des temps passés avaient agi avec autant de désinvolture que François Pinault, rien de ce que nous admirons n'aurait vu le jour. N'a-t-il pas fallu des décennies et des décennies, parfois des siècles pour construire les cathédrales!
Et puis quel égoïsme, quel égotisme! Une certaine élévation d'esprit ne devrait-elle pas le conduire à travailler pour ceux qui vivront après lui?
"C'est son pognon et il en fait ce qu'il veut" dit-on. Au départ tant que rien n'est lancé, on peut le dire mais quand on a embarqué dans une pareille aventure tant et tant de personnes, tant et tant de talents, notamment celui de l'architecte japonais Tadao Ando qu'on a fait travailler tant de gens, qu'on a suscité tant d'espoir, qu'on a engagé jusqu'à la réputation d'un pays entier, on a bien quelques obligations morales, n'est-ce pas?
Un droit de regard sur l'environnement, c'est une exigence dans un sens plausible mais qui conduit à tous les arbitraires possibles. L'environnement ne me plaît pas, j'arrête!
En outre, il a dans son article mis en avant des exigences sur l'état d'avancement des travaux des constructions environnantes. Cela relève du caprice et c'est absurde. Ce qui compte, c'est le résultat final pour les générations à venir.
"C'est aux autorités de se bouger". Je ne crois pas une seconde que l'inertie des autorités puisse être la cause de l'abandon du projet. D'abord, un homme comme François Pinault sait parfaitement ce qu'il peut attendre et ne pas attendre de l'administration française. Il l'a pratiquée, il la connaît par coeur. Ensuite, personnage de cette surface, qui a mené à bien tant de projets commerciaux a tous les moyens possibles pour, je ne dirais pas mettre les autorités dans sa poche mais presque.
"Reconnaissance de la collectivité", dites vous. S'il avait mené à bien son projet, celle-ci ne lui aurait pas été marchandée. En attendant, il a provoqué une sorte de désastre, il a embarqué un grand nombre de personnes très talentueuses dans une voie sans issue, il a nui à la réputation de son pays, il a fait du tort à la notion même de mécénat privé, si peu développée comme on l'a souligné, il a semé la consternation et la démoralisation.
Les justifications avancées dans l'article du Monde peuvent difficilement être considérées comme les bonnes. Si François Pinault a de meilleures raisons à mettre en avant, qu'il le fasse, qu'il nous dise ce qu'il en est vraiment. Qu'est-ce qui a pu susciter un si piteux abandon? Je ne me hasarderai pas à faire part des hypothèses qui circulent ça et là mais il n'est pas absurde de supposer qu'il y a là une affaire éminemment politique avec de possibles réglements de compte à la clef.
Faustin