Jennifer Larmore
Bien sûr, elle en fait des tonnes du point de vue des gestes, et en soi je déteste ce genre d'attitudes de diva qui sont une des raisons qui font que je n'aime pas les récitals. Mais là, motus - elle aurait pu en faire plus, avec une voix pareille, ça ne m'aurait pas gêné. J'étais aussi un peu déçu du changement de programme; on se dit, en lisant le programme, qu'on n'a pas attendu Larmore pour entendre Una voce poco fa. Mais ce dimanche matin, c'était comme si je le redécouvrais; tout est là, la couleur, les graves, la puissance; au passage, je ne suis pas sûr d'avoir déjà entendu Larmore dans une forme pareille. Comme le reste du public, j'étais hypnotisé par la performance dont on aurait simplement souhaité qu'elle dure un peu plus!
Et puis l'orchestre: antidote absolue au Rossini sous Prozac qu'on nous sert en ce moment à Garnier. Bien sûr, Spinosi fait le clown et son agitation permanente peut lasser. Mais c'est le résultat qui compte, pas la gestuelle. Claudio Abbado a une gestuelle de vieux Kapellmeister de province allemande, mais le résultat sonore est inoubliable. A l'inverse, Spinosi (sans vouloir dire qu'il est aussi génial qu'Abbado!) fait le clown, mais ce qu'on entend est parfait: vif, certes, mais pas au détriment de la précision instrumentale et du sens du détail, ni du plaisir mélodique, à l'opposé de certains orchestres baroques italiens qui prennent la brutalité pour de la vivacité.
Résumé de la situation: quel pied! Je ne peux pas finir sans rappeler que pour l'ineffable Sergio Segalini, ça fait des années que Mlle Larmore n'a plus de voix. La preuve...
Et puis l'orchestre: antidote absolue au Rossini sous Prozac qu'on nous sert en ce moment à Garnier. Bien sûr, Spinosi fait le clown et son agitation permanente peut lasser. Mais c'est le résultat qui compte, pas la gestuelle. Claudio Abbado a une gestuelle de vieux Kapellmeister de province allemande, mais le résultat sonore est inoubliable. A l'inverse, Spinosi (sans vouloir dire qu'il est aussi génial qu'Abbado!) fait le clown, mais ce qu'on entend est parfait: vif, certes, mais pas au détriment de la précision instrumentale et du sens du détail, ni du plaisir mélodique, à l'opposé de certains orchestres baroques italiens qui prennent la brutalité pour de la vivacité.
Résumé de la situation: quel pied! Je ne peux pas finir sans rappeler que pour l'ineffable Sergio Segalini, ça fait des années que Mlle Larmore n'a plus de voix. La preuve...
Rameau a écrit :Bien sûr, elle en fait des tonnes du point de vue des gestes, et en soi je déteste ce genre d'attitudes de diva qui sont une des raisons qui font que je n'aime pas les récitals. Mais là, motus
En l'occurence, il ne s'agissait pas d'une gestuelle de divas. Ça, c'est quand Angela Gheorghiù n'arrête pas de se recoiffer pendant le Requiem de Verdi.
Jennifer Larmore faisait vivre le texte, pas seulement avec sa voix ou son visage (cf. Bartoli) mais aussi par des gestes. C'est le personnage qui bougeait, pas la cantatrice. Cela peut paraître assez inutile quand on connaît par coeur le texte ou qu'on a vu récemment l'oeuvre sur scène mais ce n'était sans doute pas le cas de tout le monde.
J'avoue que j'ai bien ri quand elle a fait l'Alcina maudite. Elle ne se prend vraiment pas au sérieux.
Je voudrais ajouter que je n'aime pas l'orchestre, que je trouve trop sec de sonorité. C'est moins gênant dans Rossini que dans Vivaldi. Les orchestres baroques nous ont habitué à une richesse de couleurs que ne possède pas l'Ensemble Matheus, cependant efficace et précis.
Mmmm... c'est d'moi qu'on parle?tuano a écrit :Concert effectivement triomphal pour cette ouverture de saison des concerts du dimanche matin. J'ai été étonné qu'il y ait si peu d'ODBiens dans la salle, alors que Rossini est le compositeur favori du forum. Même Gioachino était absent (avec ce pseudo pareil !) alors qu'il assiste à 200 concerts et représentations par an.
Où étiez-vous tous ? En train de vous préparer à la générale de la Grande Duchesse ?
"un pseudo pareil"... maintenant on sait pourquoi j'ai du le prendre. C'est quand même mieux que rossini (là ça faisait vraiment prétentieux) ou "xav", non?
Et on était pas là parce qu'on dormait! Y a pas idée de faire des concerts à des heures pareilles (et financièrement j'étais juste, j'ai du annuler mon 198e concert )
Oui c'est particulier comme horaire mais une fois tous les 8 ans, on peut faire une exception, non ?Gioachino a écrit : Et on était pas là parce qu'on dormait! Y a pas idée de faire des concerts à des heures pareilles (et financièrement j'étais juste, j'ai du annuler mon 198e concert )
Je doute que 197 autres concerts soient aussi excitants et puis celui-ci n'était pas cher. 20 euros, je crois, et 10 en tarif réduit.
- Arnold
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J'ai écouté ce concert d'une oreille cet après-midi et voici les quelques impressions (sommaires) que la voix m'a faites :
On n'entend plus le contraltino d'antant ; la voix a muri, ce qui n'est pas un problème en soi mais seulement une réalité physiologique.
Les registres m'ont paru un rien disloqués (j'ai relevé quelques passages peu orthodoxes) bien que le grave se soit étoffé.
Le timbre n'en reste pas moins très séduisant avec de belles couleurs.
L'abattage et l'engagement sont réels et perceptibles même sans l'image.
Si elle souffre d'une comparaison, ce n'est qu'avec elle-même : je trouve qu'elle tient quand-même bien le haut du pavé.
Ma seule déception a été l'air d'Alcina extrait de l'Orlando Furioso de Vivaldi ; je l'y ai trouvée vraiment trop "vindicative" comme si elle s'apprêtait à donner l'assaut, à la tête de je-ne-sais-quel régiment d'infanterie.
On n'entend plus le contraltino d'antant ; la voix a muri, ce qui n'est pas un problème en soi mais seulement une réalité physiologique.
Les registres m'ont paru un rien disloqués (j'ai relevé quelques passages peu orthodoxes) bien que le grave se soit étoffé.
Le timbre n'en reste pas moins très séduisant avec de belles couleurs.
L'abattage et l'engagement sont réels et perceptibles même sans l'image.
Si elle souffre d'une comparaison, ce n'est qu'avec elle-même : je trouve qu'elle tient quand-même bien le haut du pavé.
Ma seule déception a été l'air d'Alcina extrait de l'Orlando Furioso de Vivaldi ; je l'y ai trouvée vraiment trop "vindicative" comme si elle s'apprêtait à donner l'assaut, à la tête de je-ne-sais-quel régiment d'infanterie.