Pourquoi j'aime Sutherland

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Pourquoi j'aime Sutherland

Message par valery » 09 oct. 2005, 21:17

Bon, je sais, pour ceux qui me connaissent, désolé, ce n'est pas un scoop!

Si vous n'aimez pas Sutherland, ne lisez pas ce fil de discussion; il risque de vous donner de l'urticaire!
Voilà, c'est dimanche soir; comme souvent le dimanche soir, le moral n'est pas au top; donc j'écoute un peu Dame Joan dans ses oeuvres. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir. Je vous rassure j'écoute aussi d'autres choses.

Ce soir, je ne parlerai que de l'Elisir d'amore et de chant à l'état pur. Au diable les autres considérations! Mais si vous supportez mon admiration pour Sutherland, je peux vous parler d'une autre oeuvre chaque soir! (j'en entends qui crient déjà "grâce" :cry: )

Si vous ne connaissez pas l'enregistrement Decca de l'Elisir, je vous invite à écouter deux extraits:

- final de l'acte 1, partie lente: sur le mot "piè", la ligne de chant d'Adina monte avec un trille sur le do puis sur le ré bémol puis sur le mi bémol et enfin montée fa-sol-la bémol pour redescendre. Ces 3 trilles sont une jouissance pour l'oreille: parfaitement battus, nourris, et pas couverts par l'orchestre comme trop souvent je l'ai entendu sur scène. Je passe sur le final rapide dans lequel Mamie nous gratifie d'une note finale à réveiller les morts, qui passe par dessus le tutti haut la main.

- juste avant le final du 2e acte, Bonynge est allé dénicher un air pour Adina "Nel dolce incanto". Si vous n'avez jamais entendu une soprano s'éclatant, montée comme un ressort, écoutez ce délire: le plaisir de chanter, l'hédonisme vocal, sans chercher midi à quatorze heures. De temps en temps, Sutherland prend une respiration, mais c'est pour mieux repartir après. Que commenter? les vocalises partant dans tous les sens, les variations pour la reprise, les longues tenues sur le souffle, les successions de trilles courts, ou le long trille tenu sur le si bémol quand l'orchestre réattaque le motif? Le tout par une très grande voix (je parle du volume). Cette femme n'avait peut-être pas de génie, mais quel talent!

On soigne ses dimanches soirs comme on peut...

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Message par tuano » 09 oct. 2005, 21:22

Où a-t-il déniché cet air ? Est-ce Donizetti qui l'a composé pour cet opéra ?

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Message par Lanou » 11 oct. 2005, 18:30

Apparemment, nous avons droit aux mêmes dimanches dépressifs, :lol: , mon cher Valéry. Sutherland était absolument phénoménale, avec une voix d'un naturel confondant, on dirait que le matin quand elle se réveille elle est capable de faire un p'tit contre mi bémol, histoire de se mettre en voix, puis ensuite un p'tit peu de trille par ci des volatine par là, et tout le monde est content. Jamais plus je pense on ne pourra trouver une voix qui allie autant la puissance vocale avec l'agilité véloce, et l'audace des variations, qui, sur le vif, sont sans filet et encore plus périlleuses par rapport au studio. Et avec Horne, je trouve qu'il y avait une sorte d'émulation, notamment dans Semiramide qui reste le rôle, à mes yeux, incroyable de sutherland, même si parfois, comme disent certaines de mes connaissances, elle miaule (mais attention, moi je ne le dis pas!!!).

En tout cas, c'est vraiment une des rares artistes dont entend la joie de chanter, la générosité de son chant qui repose sur une sécurité infaillible.
Gioir!
Sempre libera degg'io
Follegiare di gioia in gioia
Vo'che scorra il viver mio
Pei sentieri del piacer.

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Message par valery » 11 oct. 2005, 18:58

tuano a écrit :Où a-t-il déniché cet air ? Est-ce Donizetti qui l'a composé pour cet opéra ?
Très bonne question. Si quelqu'un a la réponse, je serai curieux de l'apprendre.

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Message par tuano » 11 oct. 2005, 23:35

Lanou a écrit : En tout cas, c'est vraiment une des rares artistes dont entend la joie de chanter
C'est effectivement une caractéristique importante qui fait que je préfère généralement Sutherland à Callas (dans les mêmes rôles). Ce qui fait le prix des interprétations de la Callas, c'est sa puissance tragique, le fait qu'elle vive entièrement la souffrance des personnages qu'elle incarne. De fait, je n'entends chez elle aucune joie de chanter et cela m'a toujours gêné. Je trouve cela absolument fascinant quand je l'entends mais j'ai rarement le réflexe de mettre un disque de la Callas chez moi sinon, je risque de déprimer alors que Sutherland, elle, combat la mauvaise humeur !

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Message par yves » 12 oct. 2005, 10:50

Lanou a écrit :le matin quand elle se réveille elle est capable de faire un p'tit contre mi bémol, histoire de se mettre en voix, puis ensuite un p'tit peu de trille par ci des volatine par là, et tout le monde est content..
c'est la Castafiore !

"mon cherrr capitaine karrrttok...."

a vous lire, j'ai écouté, et effectivement quelle agilité dans cette montée de trilles, j'ai essayé... :roll:
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Traité d'arithmétique céleste, 1651, p. 78.

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Message par HV » 12 oct. 2005, 11:05

Valéry, je croyais que tu ne voulais plus écouter Elisir pendant qq temps :wink: (lu sur nouvelles du front viennois)
comme quoi dame Joan peut remédier même aux dimanches soirs

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Message par Christopher » 12 oct. 2005, 19:29

Le seul disque que j'ai de Sutherland est mon opéra préféré : Les Puritains , avec Pavarotti (chez decca).

Valery, peux-tu nous faire un commentaire musical sur la prestation de Sutehrland dans cet enregistrement (je ne suis pas compétant pour émettre le moindre avis). merci d'avance.

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Message par yves » 12 oct. 2005, 19:40

cet aprem, je me suis passé le dvd de l'elisir avec .... alagna et angela. j'ai attendu ce passage des trilles:..rien, je ne crois pas les avoir perçues.
alors je me suis imaginé la sutherland dans cette mise en scene. ben oui quoi, quelle devait être la mise en scene, et surtout le jeu de scene de la diva??? 8O . aurait-elle été allongée sur la paille, en train de lire, avec une badine à la main ?? et alagna l'aurait-il prise dans ces bras??? (a t il des bras assez longs???) 8)
en tout cas ce dvd est tres agréable, mais rien a voir avec prestation de "la" diva.
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Message par ugo_notte » 12 oct. 2005, 19:41

tuano a écrit :Où a-t-il déniché cet air ? Est-ce Donizetti qui l'a composé pour cet opéra ?
Cette "cabaletta" a été écrite par le célèbre violiniste belge (encore un :-)) Charles de Beriot, le mari chéri de Maria Malibran qui l'a mise en musique (cf. Selon écrit sur la partition originale : Posta in musica ed eseguita dalla signora MALIBRAN)
Après elle, cette cabalette a aussi été chantée par Adelina Patti et par Etelka Gerster (sa rivale polonaise) et par bcp d'autres prime donne du XIX S.

U.N. qui préfère l'Adina de Battle malgré tout. Chacun son érotisme :-)

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