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Café Berlioz par Pierre-René Serna (2019)

Posté : 11 mai 2019, 10:49
par JdeB
SERNA, Pierre-René, Café Berlioz, Paris, Bleu Nuit éditeur, 2019, 176 pages, 16 euros

Parle-leur de Berlioz, de batailles, de pou et d'araignée.

Berliozien d'élite, fervent et malicieux, curieux de tout et iconoclaste élégant, Pierre-René Serna a déjà publié un Berlioz de B à Z en 2006 et collaboré aux Cahiers de l’Herne consacré au génie de La Côte-Saint-André trois ans plus tôt. A la faveur de l’année Berlioz, mort en 1869, il a réuni ici ses meilleures feuilles, partiellement remaniées, sur ce compositeur dont la vie et l’œuvre semblent inépuisables pour les chercheurs, dans le sillage-même de l’auteur des Grotesques de la musique et des Soirées de l’orchestre.

Ce badinage érudit renoue avec l’esprit des salons et sillonne allégrement à travers des thématiques variées, sans rien qui pèse ou qui pose. Au fil des sauts d’un esprit alerte, certains axes pointus s’éclairent d’un jour plus clair où il apparaît que les contempteurs de Berlioz sont bien divers mais tous reliés peu ou prou à l’extrême droite, que Berlioz ne saurait être enrôlé sous l’étiquette sommaire de romantique, qu’il a bien réinventé l’orchestre, mais qu’« il pianotait aussi (au rebours des idées reçues) » , qu’il a puisé dans Le Roman de la Momie de Gautier une des sources de ses Troyens, qu’il faut repenser de manière plus fine ses rapports avec ses figures tutélaires Rameau et Gluck, qu’il laisse une œuvre de journaliste profuse de 1000 critiques musicales dont plus des deux tiers dévolues à l’art lyrique, et qu’il a probablement aussi commis Le Pou et l’Araignée, une scie des chansons de corps de garde. Et d’autres choses encore cachées aux profanes.

Et qui dit conversation dit digressions et coqs à l’âne, donc nous apprenons aussi sous la plume de cet aficionado de haut vol de Serna, en quelques pages presque bouleversantes, que Jesulin de Ubrique appartient à l’éternité de l’art de toréer. Mais Michel Leiris n’a-t-il pas comparé, dans le haut marbre de ses Opératiques, l’opéra à une tauromachie ?

Pour ceux qui croient déjà tout savoir de Berlioz, ce livre vif et savant est à savourer. En gourmets de culture.

Jérôme Pesqué

Re: Café Berlioz par Pierre-René Serna (2019)

Posté : 14 mai 2019, 13:31
par robertram
Un excellent complément décalé au livre de Messina, sans autre fil conducteur que Berlioz (hormis les pages consacrées à Jesulin de Ubrique) avec des partis-pris dont on peut discuter longtemps (du type "Les Troyens sont un anti Grand Opéra") et qui font pétiller le lecteur au gré de chapitres aux thèmes divers. A lire d'une traite, pour en apprécier encore mieux les contrastes.

Re: Café Berlioz par Pierre-René Serna (2019)

Posté : 15 mai 2019, 07:37
par JdeB
Ce n'est pas un complément au bouquin de Bruno Messina mais à tous les livres écrits sur Berlioz.