Pour la plupart des artistes, c'est impossible, parce qu'ils seront très facilement remplacés. Et si Domingo n'avait pas voulu chanter ce Prophète, il n'était pas près de pouvoir le refaire - en plus, Vienne a suffisamment de prestige pour pouvoir prendre une autre grosse pointure.Friedmund a écrit :Un Domingo pour le prophète de Vienne, une Marton pour le Lohengrin d'Hambourg n'ont-ils pas le poids nécessaire pour dire "je ne participerai pas à cette connerie", ou mieux, et publiquement, "inutile de m'inviter la prochaine fois si ce Monsieur met en scène". Je crois que les vrais leviers sont là, idem pour les chefs d'orchestre.
Et je ne pense pas que ce chantage soit une bonne idée : les chanteurs, à moins de bénéficier d'un excellent metteur en scène, préfèreront toujours celui qui les laisse le plus tranquille pour chanter dans des conditions de sécurité vocale optimales.
Les pressions seraient constantes, et les productions déstabilisées. Il faut une hiérarchie, je pense, pour que ça fonctionne au mieux. Après, est-ce que ce ne devrait pas être le chef le boss (tiens, en voilà une expression djeun's, lechefleboss), qui soit en haut, en collaboration avec le metteur en scène et en consultant les chanteurs, c'est une autre histoire.
Non, c'est au public de protester contre les mises en scène auprès des directeurs de théâtre - rien ne sert de huer l'équipe, et je trouve effectivement cela dérangeant : désagréable pour ceux qui ont apprécié, et surtout très imprécis, l'ensemble de l'équipe se sentant visée. Les protestations publiques, les pancartes, le boycott, le lobbying... pourquoi pas.
Cela dit, j'ai beaucoup aimé le Rheingold de Stuttgart, alors...
Il faudrait déjà se mettre d'accord sur ce qui est supportable et sur ce qui ne l'est pas.
Pour ce faire, je propose un début de CHARTE DU METTEUR EN SCENE :
Article 1 : De jolis costumes en guise de propos point ne prendras.
Article 2 : De transposition contemporanéiste point ne feras.
(Les dérogations seront accordées selon l'examen rigoureux des dossiers.)
Article 3 : De contrepied systématique point ne prendras.
Article 4 : Les poncifs de ton temps tu éviteras.
(Inutile de remplacer le Grand Inquisiteur par un taliban, donc.)
Article 5 : Les pistes les moins fermées tu proposeras.
Pour ma part, je ne m'opposerais pas forcément à la modification du texte, de la musique, ou à des contrepieds partiels. La vue critique de l'oeuvre est nécessaire au renouvellement de sa perception par le spectateur. Rien de pire que ces mises en scène standardisées d'antan, à mon humble avis - sauf les mises en scène cheap standardisées qui utilisent la transposition contemporanéiste au moyen de poncifs qui feraient rougir la presse quotidienne...
David - àvous