Friedmund a écrit :Je pense avec conviction qu'interroger les valeurs, la structure ou la portée des oeuvres relève de l'exégèse, qui a lieu à côté de la représentation -livre, conférences, débats, ce que tu veux - mais sûrement pas dans la mise en scène
Je crois qu'il est possible de l'intégrer avec bonheur (cf. les trois metteurs en scène que je cite plus haut dans le fil). Sinon, tu as bien évidemment raison sur ce que le rôle du metteur en scène n'est pas de discourir, mais de montrer.
(La comparaison avec l'imprimerie est effectivement inexacte puisque le metteur en scène crée __son contenu__ et __son esthétique__, là où l'imprimeur convertit de façon mécanique une écriture manuscrite en écriture standardisée.)
Le premier devoir d'un metteur en scène est de restituer l'esprit et la force de l'oeuvre, pour l'offrir à un public.
On peut mettre beaucoup de choses comme "premier devoir". J'en ai plusieurs qui me satisfont : transmettre la force de l'oeuvre, effectivement, mais aussi l'approfondir, ou la relire sous un angle inhabituel - tout pourvu que le résultat soit cohérent, un minimum esthétisé et apporte un supplément de sens à la pure version de concert.
Je n'ai d'ailleurs rien contre la transposition si elle sert ce dessein.
Ce n'est pas suffisant à mon avis pour justifier une transposition. Il faut en sus qu'elle apporte un supplément de sens par rapport à une non-transposition.
Konwitschny échoue son Götterdammerung, car Götterdammerung ne fonctionne que pour qui croie au mythe, aux dieux et aux héros,
Je pense qu'on pourrait s'en affranchir, mais sous des conditions strictes qui ne sont pas celles de la volonté de démystification en effet.
L'émerveillement est nécessaire à Wagner, toute prise de distance avec le merveilleux wagnérien est nécessairement fatal.
Tu me fais frissonner. A la lecture, Brand aussi a quelque chose d'exaltant et de merveilleux.
Non, on a le droit de pointer les fissures de la construction, pourvu que ce ne soit pas dans le but de la faire écrouler, mais de la faire perdurer.
Ce serait comme supprimer les émotions humaines aux opéras de Mozart, ou bien les passions humaines aux opéras de Verdi.
Tiens, un Verdi dépassionné, pourquoi pas. Il faudrait réfléchir sacrément, pour le coup, mais ce serait bigrement intéressant.
Bigre David