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par lucien » 05 juin 2005, 08:10
Avant-hier soir Villazon a triomphé comme semble-t-il pour toutes les représentations précédentes ; sa Furtiva Lagrima était à pleurer de bonheur tant la fusion entre le contrôle du chant et la conviction dramatique était forte ; le public en délire l'a acclamé sans relâche jusqu'à ce qu'il bisse, peut-être à tort, mais il a dû bisser chaque fois, me disait quelqu'un du théâtre . Sa composition du personnage est extraordinairement fouillée, son engagement est total, c'est un délice, même si le vibrato m'a semblé un peu marqué .
C'est une chance et un malheur pour ses partenaires : ils pâlissent à côté de lui mais ils sont obligés de donner le meilleur d'eux-mêmes . Pour cette dernière d'une série le spectacle a été enregistré pour réaliser un dvd . Maria Bayo, très prudente et très habile , a escamoté quelques suraigus mais a réussi son finale et a conservé sa souplesse .
Sauf à deux ou trois moments, l'équilibre entre la fosse et le plateau a été très bon et Callegari accompagne très bien les chanteurs . Bruno Pratico a été un Dulcamara plein de verve et bien en voix . Le metteur en scène a du reste imaginé de le faire saluer le premier et quitter la scène , sur laquelle ses partenaires apparaissent successivement . Lorsque tous sont rassemblés et saluent en ligne, le chef se tourne vers le public et interrompt les applaudissements ; alors dans l'allée centrale du parterre un projecteur éclaire Dulcamara qui, tandis que la salle s'illumine, reprend son air final, en distribuant à la ronde des fioles de son fameux élixir . Evidemment les rugissements de satisfaction ont redoublé et c'est une interminable standing ovation qui a salué tout le plateau et la fosse . A ce moment des loges latérales est parti un déluge d' affichettes avec la photographie de Villazon : c'est le comble du succès au Liceo quand les aficionados confectionnent ces tracts pour un chanteur . Villazon, pour ne pas être en reste, s'est jeté à genoux et a embrassé le plateau , et le délire a redoublé ; Oui, j'étais bien conscient de ma chance !
D'autant que l'après-représentation a été encore l'occasion d'apprécier la générosité d Villazon, qui s'est soumis de bonne grâce aux demandes de photos et d'autographes des privilégiés qui avaient pu accéder au foyer des artistes , dans une effervescence euphorique que je vous laisse imaginer...
Lucien