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par sopranolove » 12 janv. 2016, 14:08
Je viens de m'offrir l'Opéra d'Aran, l'enregistrement de la création en 1962, et je suis toujours aussi séduite par cet opéra. N'en déplaise à certains, dont Pierre Boulez qui avait démoli l'œuvre à la création, c'est une œuvre magnifique. Sans aller jusqu'à dire que c'est du niveau de Mozart ou de Verdi, on peut dire que c'est une belle réussite, surtout à l'époque de la création...
Eh bien, ce disque, si décrié par certains pour sa distribution, n'est pas si mal Bon, il est plombé par un ténor peu brillant, c'est vrai : Alvino Misciano n'a rien de ce rescapé des flots sauvé par Mickey et qui jettera le trouble dans l'âme de Maureen et la catastrophe dans la petite communauté. Mais Rosanna Carteri avait (a toujours, puisque elle est encore vivante je crois) un beau timbre de soprano lyrique, de grand lyrique puisqu'elle a chanté Blanche, Tosca, Butterfly, Desdemone et deux héroïnes russes, Tatiana et la Natacha de Guerre et Paix.
Mais c'est vrai qu'elle n'a pas vraiment beaucoup d'affinités avec la langue française.
Mais tout change avec le trio des clés de fa. Dans les petits rôles, on trouve un Michel Llado dans l'homme à la Harpe, un beau Pelléas des années 60 et Henri Médus, une des grandes basses profondes de l'Opéra dans ces années là en curé. Passons aux trois grands artiste : un Roger Soyer débutant et déjà plein de prestance et d'abattage en Mac Creagh, le père de Mickey, Sean, celui qu'on croyait mort, et qui est chanté par une basse de belle allure que je ne connaissais pas, Franck Schooten (belge ou français du Nord ?) et enfin, celui pour lequel j'ai acheté le CD, Mickey alias Peter Gottlieb. J'en ai parlé parfois, à propos des Scarpia par exemple. Mais il mérite vraiment que l'on fasse un fil sur lui, et un de ces jours, je vais en parler. J'attends juste d'avoir des données historiques pour en parler. Dans ce disque, on remarque une très belle voix jeune et un peu légère, mais il a seulement quelques années de carrière. Et une superbe diction, ce qui a été, outre ses grands talents scéniques, l'une de ses caractéristiques. Une couleur vocale plutôt claire, mais qu'il a su colorer suivant la nature de ses rôles. Sa carrière, j'en parlerai donc plus tard, mais c'était déjà, à l'écoute, un élément remarquable. Et quel artiste poignant, émouvant. Ses Angelo de la fin sont déchirants !
Et bien sûr Georges Prêtre....
A l'intention de Ruggero ; j'ai le CD avec Suzanne Sarroca, mais hélas, si le ténor est bien meilleur (André Turp, un grand ténor quebecois, et si Gilbert Bécaud chante avec bonheur Mickey, il y a un grave défaut : il y a une sele plage pour tout l'opéra ! Si on veut entendre un des personnages ou un air en particulier, il faut réentendre l'opéra depuis le début ! Drôle d'idée... Celui qui a conçu le CD a pensé que c'était une chanson....
Sur YT justement, il y a un passage d'une émission où jean Pierre Foucaut a invité Bécaud et là il lui fait la surprise de donner la scène finale justement avec mon Peter, Franck Schooten et Aldo Filistad en Angelo. On voit sur le visage de Bécaud tant d'émotion, comme s'il était face à des fantômes de sa jeunesse.... Et la fin ! Et les Angelo bouleversants de Gottlieb, un merveilleux Mickey, chanté par un chanteur qui à l'époque de cette vidéo avait dépassé les 60 ans, et avait gardé intact sa voix (malgré une très longue carrière...) et sa puissance d'émotion.
Une dernière chose ; dans les années 90, Prêtre avait dirigé cet opéra en concert à Vienne, Bécaud chantait Mickey et c'était Sylvie Valayre qui était Maureen. J'aurais bien aimé l'entendre. Et à Metz, au même moment, on l'a vu (moi aussi) avec Luca Lombardo, Didier Henry et Maria d'Aragnes. Un très beau trio pour une œuvre qui mériterait bien plus.
Par contre, pour en revenir au CD, pas de livret, et ils auraient pu choisir une photo du spectacle, au lieu de montrer des spectateurs bien habillés qui papotaient....Et ils auraient pu présenter les artistes du spectacle, non ?