tuano a écrit :Le débat est complexe... Au théâtre (où peu ici semblent aller), on considère que le texte n'est qu'un matériau de base pour un spectacle vivant qui peut tout dénaturer pour accoucher d'une oeuvre indépendante. Certains ayant-droits ont l'oeil : impossible de jouer Un tramway nommé désir sans surveillance. Plusieurs productions ont été obligées d'être présentées avec un nouveau titre, comme Endstation Sehnsucht que j'avais vu au Festival de Salzbourg et qui est devenu après la première "Endstation Amerika". ll me semble que la pièce avec Isabelle Huppert à l'Odéon avait connu le même sort.
C'est un bon compromis, c'est comme "Des Contes d'Hoffmann" à l'Opéra de Lyon... sauf que pour Dialogues, la plupart des gens ne savent pas si c'est "Des Dialogues..." ou "Les Dialogues...", "Le Dialogue..." etc.
Que feriez-vous si vous étiez le fils de François Sagan et que vous éditiez ses romans en réécrivant la fin sans en prévenir les lecteurs qui achèteraient le bouquin en tout bonne foi ?
Ce n'est pas du tout le même. Comme pour les marques de rouge à lèvres sur un tableau.
Celui qui achète un billet pour tel spectacle d'opéra est informé, entre autres, du metteur en scène.
Les spectateurs munichois savaient donc qu'ils allaient voir "Dialogues des carmélites" dans une mise en scène de Tcherniakov. Où est le leurre? ou la désinformation?
C'est comme si allant voir une production de Nicolas Joël, je lui faisais un procès pour avoir dénaturé l'œuvre à force de respect du livret, de platitude et de polissage. Je suis raisonnable: je m'abstiens.
(Enfin, peut-être que si les lyricolâtres allaient parfois au concert et au théâtre, ils se décrotteraient les yeux… et les oreilles!)