Succession de Gérard Mortier: pronostics (1)

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Re: Label mystère

Message par Montfort » 27 mai 2005, 16:47

DavidLeMarrec a écrit :Le Capitole a une discographie qui représente les deux tiers de celle de l'opéra de Paris. En effet!

Pour ce qui est de Bordeaux, je confirme. Je n'ai jamais compris, bien que résident permanent de cette charmante localité, ce qui lui avait valu le label d'opéra national. Le niveau est très correct, mais aussi très moyen. La programmation jamais audacieuse, si l'on excepte quelques efforts sur le "répertoire de grand-papa", comme vous dites : un Barbier en français, Le roi de Lahore, La Favorite, ou encore (mais c'est tout) la création obligée par l'obtention du label, de Philippe Fénelon. Le style de la création en question, resortie des tiroirs, était un peu vieilli, et malgré une distribe émérite pour les trois rôles principaux, on en garde un souvenir mitigé : c'est assez long, assez obscur à comprendre, même si loin d'être vilain. Ca sent l'obligation...

Certes, c'est à Bordeaux que la stupéfiante Mireille Delunsch a fait ses armes - même si, dans l'entretien obtenu par ODB*, on comprend que la qualité d'accueil n'était pas toujours fameuse. Malgré toute la fanitude qui lui due, est-ce suffisant pour en faire un opéra national, je ne crois pas. Surtout quand Rennes ou Nantes (pour Tours, je ne sais plus) font des efforts d'originalité réels dans leur répertoire, quand Renée Auphan mène son opéra avec brio, quand le Capitole est toujours ignoré ?

* On aura remarqué, au passage, la qualité et la pertinence des questions, l'information de l'entrevuveur, qui diffèrent sensiblement de la presse spécialisée.


Pour finir, la qualité de la programmation a sensiblement baissé, dans l'ensemble des catégories de la programmation bordelaise.
Opéra national? Pas de création, pas de vingtième siècle, pas de répertoire marginal, que du répertoire italien : Puccini, Rossini, Haendel... Et, certes, un Tristan, en version de concert, avec, si je vous ai bien suivis, "une soprane sur le retour et un ténor mozartien fatigué" ? Ayant posé la qualité assez moyenne de l'effectif orchestral, qui semble parfois peiner à se motiver (chacun fait ses propres coups d'archet, ou encore, le vibrato de soliste au premier rang qui devient plus léger au deuxième, seulement mimé au troisième et absent au quatrième...), on n'est pas enthousiastes. La représentation qui promet le plus, c'est celle où Le Concert d'Astrée est invité, comme il l'est partout en France...
Pas de récitals de Lieder. Et la musique contemporaine, hors le fabuleux concerto pour percussions de Hosokawa, une merveille ::P:, et la création Bogor de Christian Lauba, se réduit à rejouer dans un foyer les oeuvres de notre compositeur en résidence, qui ont déjà été jouées gratuitement sur le campus bordelais, sous couvert d'un faux programme Ligeti/Lauba. Et c'est tout, mais _tout_ cela pour la seconde saison du festival d'expression contemporaine Novart... La première édition avait pourtant été passionnante. Peut-être que la saison prochaine démentira totalement l'orientation de celle-ci.

Voilà le tableau, hélas. Du coup, j'écoute beaucoup de disques de mes compositeurs de derrière les fagots favoris. :twisted:


David - consolé :crybaby:
Je ne sais pas si il faut prendre "stupéfiante" au pied de la lettre : c'est une chanteuse honorable, mais , bof, sa Violetta d'Aix....

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Message par Montfort » 27 mai 2005, 16:54

JdeB a écrit :
Tatiana a écrit :Bonjour Jérôme
Merci pour ces précisions sur Chambert, mais cela ne nous explique pas plus qui a le "pouvoir" d'imposer tel ou tel gugus à la tête d'une instituion comme l'ONP. La question que Muriel et moi nous posons donc est plutôt, qui sont les réseaux de l'art lyrique et par qui sont-ils représentés??
As-tu des info actualisées et fondées là-dessu??
Merci
Tania
Chère Tania,
personne n'a le pouvoir d'imposer un "gugus" à un tel poste: le nouveau directeur de l'ONP sera un grand professionnel riche d'une longue expérience à la tête d'une grande institution culturelle. On ne va pas mettre à la tête d'une telle maison le cousin de Trucmuche, sa petite amie, son petit copain, sa maîtresse, son partenaire d'entraînement, son cothurne de Normale ou de l'ENA, que sais-je encore, s'il n'a pas le profil.
On n'est pas dans le systéme américain (ou Suisse) où les mécènes ont une voix prépondérante au châpitre ni en Italie où le Pouvoir propose à ses meilleurs vassaux le choix entre la direction d'une entreprise chimique ou d'un Opéra (mais peut-être, cette époque est-elle révolue ?).
Nos amis Belges nous rappelent qu'un Foccroule n'avait pas ce type de CV et qu'il a très bien réussi à la Monnaie. Certes, mais en France depuis l'expérience Martinoty et Savary, on ne veut plus de "saltimbanques" à ce type de fonction.

C'est moins un groupe de gens (les barons culturels) mus par des intérêts très spécifiques et personnalisés qu'il s'agit de ne pas froiser mais un système de valeurs communs aux élites de droite ou de gauche contre lequel on voit mal le pouvoir faire un coup de force en imposant un tenant du conservatisme.
Ce système de valeurs est bien défini par S. Lissner dans son livre Métro Chapelle dont la phrase clé est la suivante: "Entre Monteverdi et Wagner, à part Mozart, rien de très motivant". En deux mots, le programme suivant : plutôt que des Dive et des Divi et des décors somptueux, ce qui est d'un bourgeois insupportable, de grands chefs non spécialisés dans le répertoire lyrique, des metteurs en scène consacrés sur les scènes du théâtre parlé traitant les livrets d'hier avec les codes esthétiques d'aujourd'hui (minimalisme, actualisation, violence, trash, politisation au sens large, jeunisme), un répertoire qui fait la part belle au baroque et au XX siècle.
Un seul péché mortel: la ringardise.
Gall n'a pas caché ses hésitations à programmer un Don Quichotte de peur d'être taxé de nostalgique de l'opéra de grand-papa par la presse qui donne le ton.
Jérôme
J'ai l'impression que que Jerome souffre d'une americanophobie patente, ou d'une méconnaissance flagrante du fonctionnement des opéras US : les mécènes font plutot des choix éclairés (Cf le Met, le HGO, le Chicago Lyric et d'autres) : j'échange GG sans hésiter contre le patron de l'un d'entre eux.

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Message par Montfort » 27 mai 2005, 16:57

Barberine a écrit :
Rameau a écrit :Oui, on peut penser aussi à Dominique Meyer, même si je préfèrerais personnellement qu'il continue son remarquable travail au TCE. Mais Blanchard et Bayle ne me paraissent pas du tout des noms négligeables.
Moi aussi, je préférerais que Dominique Meyer reste au TCE où il fait un remarquable travail. Je ne sais pas qui est Blanchard ?
Je suis aussi d'accord sur Meyer : chaque année, le TCE s'améliore : qu'il continue ! (NB : et en plus, avec des subventions trés réduites).

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Message par bajazet » 27 mai 2005, 17:23

Montfort a écrit :Sur le fonds, je n'ai rien contre Nicolas Joel, mais je suis intéressé à avoir quelqu'un ayant a) une expérience internationale
Que veux-tu dire avec "expérience internationale" ?

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Message par Montfort » 27 mai 2005, 17:35

bajazet a écrit :
Montfort a écrit :Sur le fonds, je n'ai rien contre Nicolas Joel, mais je suis intéressé à avoir quelqu'un ayant a) une expérience internationale
Que veux-tu dire avec "expérience internationale" ?
Je ne sais pas moi, cherche un peu : quelqu'un comme Rolf Liebermann (au hasard)...

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Message par Nico » 27 mai 2005, 17:49

Non, Monfort, deux fois non! Excuse moi, mais la création mondiale de Saint-François à eu lieu à Garnier dans les années 80, dans une mise en scène de carton pâte pas terrible mais déja avec José Van Dam.
Le Grand Macabre à été donné à Garnier également dans une mise en scène de Daniel Mesguich si ma mémoire est bonne et il y a de celà plus de 10 ans.

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Message par bajazet » 27 mai 2005, 20:25

Montfort a écrit :
bajazet a écrit :
Montfort a écrit :Sur le fonds, je n'ai rien contre Nicolas Joel, mais je suis intéressé à avoir quelqu'un ayant a) une expérience internationale
Que veux-tu dire avec "expérience internationale" ?
Je ne sais pas moi, cherche un peu : quelqu'un comme Rolf Liebermann (au hasard)...
Excuse-moi de te dire qu'on est en plein flou. Je ne pense pas forcément du bien de N. Joel comme metteur en scène, mais j'attends qu'on me dise précisément en quoi il serait d'épourvu d'"expérience internationale".

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Message par JdeB » 27 mai 2005, 22:11

Nico a écrit :Non, Monfort, deux fois non! Excuse moi, mais la création mondiale de Saint-François à eu lieu à Garnier dans les années 80, dans une mise en scène de carton pâte pas terrible mais déja avec José Van Dam.
Le Grand Macabre à été donné à Garnier également dans une mise en scène de Daniel Mesguich si ma mémoire est bonne et il y a de celà plus de 10 ans.

28 novembre, 1, 3, 6, 9, 12, 14, 18 décembre 1983
Saint François d?Assise
création mondiale
S. Ozawa / K. Nagano (14 décembre) / S. Sequi
C. Eda-Pierre, J ; Van Dam, K. Riegel, P. Duminy / M. Philippe, G. Gautier, M. Sénéchal, JP Courtis / R. Grenier
TV


23, 26, 28, 31 mars, 2, 4, 10 avril 1981 (création en France)
Le Grand Macabre
E. Howarth / D. Mesguich
D. Chlostawa, B-M Aruhn, E. Lublin, R. Auphan, K. Smith, M. Sénéchal

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Message par jeanch » 27 mai 2005, 22:25

Montfort a écrit : Pas de chance, mais Saint François n'a pas du tout été créé à Paris mais à Salzbourg.
Sur le fonds
Création mondiale au Palais Garnier le 28 novembre 1983.
Avant la prod de Sellars à Salzburg en 1992, l'oeuvre a été donnée en concert (extraits ou intégralité) :
- 1985 : Salzburg
- 1986 : Tokyo, Londres, Berlin, Boston, New-York, Bonn, Gant, Utrecht, Madrid
- 1988 : Londres, Lyon
- 1989 : Varsovie, Turin,
etc

Montfort a écrit : Chacun ses gouts, mais Perella, K et Salambo me semble ce qu'il y a eu de moins intéressant de la période Gall.
C'est que tu n'as pas vu l'Espace Dernier, production qu'on a recouvert d'un voile de silence... L'ONP avait fermé le second balcon, officiellement pour des raisons techniques, officieusement pour que la salle paraisse moins vide.
K... m'a paru très difficile à supporter mais l'oeuvre n'était pas dénuée d'intérêt, loin de là (un peu déjà vu cependant).
Perelà est l'un de mes plus beaux souvenirs à l'opéra. J'en suis ressorti comme jamais...


Pour en revenir au fil, qui a potentiellement des chances de succéder à Mortier ? Et que change vraiment la nominationd de Lissner à la Scala ? Qui sont les candidats ? Des gens qui ont des relations haut placées pourraient-ils nous faire part des bruits de couloir ?

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Message par JdeB » 27 mai 2005, 22:31

Montfort a écrit :[quote="JdeB] J'ai l'impression que que Jerome souffre d'une americanophobie patente, ou d'une méconnaissance flagrante du fonctionnement des opéras US : les mécènes font plutot des choix éclairés (Cf le Met, le HGO, le Chicago Lyric et d'autres) : j'échange GG sans hésiter contre le patron de l'un d'entre eux.

Montfort
Merci de ne pas me préter des sentiments qui ne sont pas les miens sur la foi d'un post où je me contente, de la manière la plus neutre possible, de rappeler que dans le ystème américain les mécènes sont prépondérants sans me prononcer sur la pertinence de leur choix.
Des USA j'aime
R. Blake,
M. Horne,
S. Ramey
P. Sellars
D. Upsahw
J. Norman
F. Von Stade
S. Milnes

et aussi J. Ivory, W. Allen, Cecil B de Mile (époque muet), M. Brando, F. Capra et le BB

maintenant, il est certain que jamais je n'ai regretté de partager ma vie entre Paris et Nîmes, que ce qu'on propose dans les Opéras des USa m'indiffére totalement. Les stars je l'ai ai vues ici ou à vienne ou à Salzbourg ou à la Scala. Je préfére la Riviera à la Californie

J'adore l'Amérique du Sud et le Québec.

Comme j'ai travaillé pour le directeur de 2 Opéras américains, je suis un peu au courant. Inutile de mettre l'accent sur ma prétendue méconnaissance.

J.

Verrouillé