Anna Gottlieb (1774-1856)

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(Les interprètes créateurs - II)
(Maria) Anna (Josepha Francisca) Gottlieb, la première Pamina surnommée Nanina ou Nanette. Née à Vienne le 29 avril 1774 ; morte à Vienne le 1er février 1856.

 

 Sa carrière

Elle était la fille de deux acteurs-chanteurs de la compagnie de théâtre allemand du Théâtre national (Nationaltheater), Johann Christoph Gottlieb (1737-1798) et Anna Maria Theiner (1745-1797). Suivant en cela la carrière de ses parents, elle fit ses premières apparitions sur scène à 5 ans, dans de petits rôles parlés et chantés.

A 12 ans, elle créa Barbarina dans les Nozze di Figaro en 1786. Elle habitait peut-être, à cette période sous le toit de Mozart, comme le faisait le jeune Hummel.

Le 7 novembre 1789, elle fut engagée par Emmanuel Schikaneder dans son théâtre, le Freihaustheater. Elle y débuta dans le rôle de la Princesse Amande dans le Singspiel, Obéron, le roi des Elfes de Paul Wranicky (1756-1808) Elle y chanta également Nadine dans Der Stein der Weisen [La pierre du philosophe], oeuvre collective à laquelle Mozart participa (pour trois numéros seulement). Le grand acteur Schröder la trouva "pas mal" dans Amande de l'Oberon en 1791.

Comme chacun sait, elle créa Pamina à la fin de la même année. Ce rôle constitua l'apogée artistique de sa carrière, bien qu'elle n'eût pas encore 18 ans.

En 1792, elle fut engagée au Leopoldstädter Theater, un théâtre des faubourgs qui était sous la direction de Marinelli. Ce théâtre, spécialisé dans le Singspiel, les comédies et les farces, lui donna l'opportunité de continuer à servir le même répertoire.

Pendant les 36 années qui suivirent, elle continua de chanter le même type de rôles, passant progressivement des rôles d'héroïnes au personnages comiques secondaires « de caractère ».

Pendant cette période, elle participa à Die Pilgrime von Mekka [Les pélerins de la Mecque] de Gluck (Version traduite en allemand de La rencontre imprévue) et des opéras de Dalayrac.

Ses plus grands succès furent les rôles qu?elle créa dans les oeuvres de Joachim Perinet (1763-1816) ; cet acteur, auteur dramatique et polémiste, donna ses lettres de noblesse au théâtre populaire et réussit ses adaptations de farces de Hafner (1735-1764). Son oeuvre fut à l'origine du théâtre populaire viennois. Elle servit aussi le répertoire de son collaborateur, Hensler, successeur de Marinelli à la direction du Leopoldstädter Theater.
On peut citer, entre autres, le rôle de Hulda dans le singspiel de Hensler et Kauer (1798), Das Donauweibchen [La jeune fille du Danube] qu'elle chanta plus de mille fois. Ce type de pièce féerique à grand spectacle, qui créait une mythologie populaire à Vienne, était extrêmement prisé. L'oeuvre fait l'objet d'une nouvelle de E. T. A. Hoffmann et a été citée par Goethe dans les Affinités électives. Anna Gottlieb chantait le rôle de l'ondine amoureuse d'Albrecht von Walsee.

Elle eut également son heure de gloire avec Die Belagerung von Ypsilon, oder Evakathel und Schnudi de Perinet (d'après Hafner) en 1804, dans lequel elle chantait Evakatel. Cette parodie du mythe d'Orphée plut beaucoup. Deux ans après elle tint le rôle titre de Die neue Alceste de la même équipe créatrice.

Elle se retira momentanément de la scène entre 1808 et 1811, sans doute pour raison de santé. Elle y retourna mais sans renouer avec le succès. Elle se cantonna donc aux seconds rôles.
Renvoyée sans pension en 1828, elle se retrouva sans aucune ressources.

En 1842, elle se présenta à L. V. Frankl, éditeur du Sonntagsblätter, comme la « toute première Pamina » et la dernière amie vivante de Mozart. Il en fut ému, et octroya à la vieille femme assez d'argent pour qu'elle puisse assister à la cérémonie d'inauguration de la statue de Mozart à Salzbourg. Peut-être se fit-elle connaître à Karl Thomas Mozart qui l'avait vue chanter, lorsque petit garçon, Mozart l'avait emmené assister à une représentation de la Flûte enchantée.

William Kuhe décrivit son apparition à la cérémonie de cette manière :

« Une femme très grande, mince et d'apparence excentrique entra, et s'exclama comme si elle se trouvait sur scène : « Je suis la première Pamina ». Evidemment, tous pensèrent qu'elle était dérangée, mais une enquête démontra qu'elle était dans le vrai. Cette dame [...] était venue ostensiblement de Vienne pour se joindre à l'hommage rendu à Mozart, mais ne fait, elle semblait penser qu'elle avait une part égale à la vénération universelle [...] elle espérait des ambassades auprès d'elle et toute autre marque d'attention [...] »

Elle mourut l'année du centenaire de la naissance de Mozart et comme lui, fut enterrée dans le cimetière Saint-Marx. Elle repose non loin du cénotaphe de Mozart.

Son frère Christian était contrebassiste et ses soeurs Josepha et Charlotte étaient comme elle actrices et chanteuses.
Elle ne semble pas avoir été mariée, ni avoir eu d'enfants.

Le seul portrait que nous avons d'elle la représente dans le rôle-titre d'Azemia ou les sauvages (d'après Nicolas Dalayrac), donné au Theater in der Leopoldstadt entre 1795 et 1803.
Il s'agit d'une aquarelle de Christian Eisemann datant de 1795.

 

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