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par aroldo » 23 juil. 2018, 20:51
Ecoute de mon côté, après les discussions de l'an dernier, de La Jacquerie. Premier acte peu mémorable sur le plan mélodique (c'est celui qui est dû à la plume de Lalo), très concentré et concis, fondé sur la parole et l'action dramatique, l'arioso, parfois très court (un souvenir de la tragédie lyrique ?) remplaçant le plus souvent l'air. Le reste (Coquard cette fois) est bien plus immédiatement séduisant, dans son registre pompier, avec ce qu'il faut de traces du Grand Opera, scènes de foule, passions historiques, personnages de dignes d'un vitrail de Saint-Sulpice et même un joli ballet au début de l'acte III. On retrouve son compte de d'envolée lyriques, en particulier dans les duos, mais ce que j'ai préféré ce sont certains mouvements amples dans les ensembles. L'acte IV me semble le plus frappant même si c'est le II, avec son Stabat Mater final, qui accueille partout les meilleurs critiques (Gérard Condé a l'air un peu embarrassé quand même devant cette oeuvre à défendre dans le livret d'accompagnement). Tout le monde à l'orchestre et sur l'estrade assure sa partie (sauf une, à mon sens, j'y reviens) et on est heureux de découvrir cette musique dans de telle condition, même si l'ensemble manque un peu d'exaltation (et je crois, après plusieurs écoutes, que ça n'est pas la faute de l'oeuvre). Evidemment, c'est assez caractéristique, français superbe et quasi irréprochable. Néanmoins, malgré l'estime que je porte à l'entreprise, je m'interroge sur l'engagement de Nora Gubisch qui doit déployer des trésors de maîtrise pour ne pas s'avouer dépasser par un rôle qui évoque celui de Fidès et qui a été créé par Delna. Elle nous inflige, malgré son évidente sincérité, tous les travers habituels des chanteurs en prise avec un rôle trop large pour eux : aigus criés, vibrato envahissant, modestie obligée alors qu'on espère la flamboyance.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.