Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

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valery
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Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par valery » 25 déc. 2018, 10:56

Giuseppe Verdi, La Traviata
Livret de Francesco Maria PIAVE d’après la pièce d’Alexandre DUMAS fils, La Dame aux camélias

Direction musicale : Nader Abbassi
Mise en scène : Renée Auphan
Réalisée par Emma Martin
Décors : Christine Marest
Costumes : Katia Duflot
Eclairages : Roberto Venturi

Violetta : Nicole Car
Flora : Laurence Janot
Annina : Carine Séchaye
Alfredo : Enea Scala
Germont : Étienne Dupuis
Baron Douphol : Jean-Marie Delpas
Gastone : Carl Ghazarossian
Marquis d’Obigny : Frédéric Cornille
Docteur Grenvil : Antoine Garcin
Le Commissionnaire : Florent Leroux-Roche
Giuseppe : Wladimir-Jean-Irénée Bouckaert
Un Domestique : Tomasz Hajok
Chef de choeur : Emmanuel Trenque

Chœur et orchestre de l’Opéra de Marseille

Représentation du 28 décembre 2018

Reprise de la production de 2014 pour les fêtes de fin d’année à l’Opéra de Marseille. Bénéficiant d’éclairages soignés et de costumes élégants, la mise en scène de Renée Auphan se veut sobre, classique, sans que ce dernier adjectif soit ici péjoratif. Elle est conçue autour d’un décor unique, seuls deux ou trois meubles et accessoires changent pour caractériser les lieux. Quoi qu’il en soit, nul besoin de deux entractes pour ces changements : le premier entracte aurait pu être remplacé par un précipité. Nous reviendrons sur ces entractes dans les réserves en fin d’article.
Difficile de citer tous les rôles secondaires : depuis le petit rôle du domestique chanté par Tomasz Hajok, jusqu’à l’accorte Flora de Laurence Janot, en passant par la jeune Annina de Carine Séchaye, le docteur Grenvil d’Antoine Garcin, le Gastone de Carl Ghazarossian, le baron Douphol de Jean-Marie Delpas ou le marquis d’Obigny de Frédéric Cornille, chaque soliste concourt à la réussite de la représentation. De même, le chœur n’appelle aucune réserve tant par sa cohésion vocale que par son engagement scénique, notamment lors des scènes se passant dans le demi-monde.
photo Christian DRESSE 2018.jpg
photo Christian DRESSE 2018.jpg (109.67 Kio) Vu 1478 fois
A l’actif du chef Nader Abbassi, une conduite d’une grande souplesse, attentive aux chanteurs et à l’équilibre entre fosse et scène.
Le tiercé gagnant de la soirée demeure l’incarnation des trois rôles principaux. Étienne Dupuis est un Germont de luxe : avec des réserves de puissance, il sait plier sa voix et phraser avec style. Enea Scala est presqu’en résidence à l’Opéra de Marseille cette saison. Toujours est-il que, scéniquement, il est un jeune amoureux vraisemblable et, vocalement, sa prestation est aboutie. Voici un ténor pour lequel l’arrivée d’un contre-ut ne fait pas trembler le spectateur ; il y mord à belles dents ! Quant à Nicole Car, elle compose une Violetta pleine de charme et attachante, formant avec le ténor un couple hautement crédible.
photo Christian DRESSE 2.jpg
photo Christian DRESSE 2.jpg (127.07 Kio) Vu 1478 fois
Émettons quelques menues réserves au sujet des coupures, de la transposition et de quelques tempi.
Une tradition bien installée nous a habitués à des coupures, mais la tradition est-elle un argument valable ? Quitte à vouloir sortir du théâtre à la même heure, plutôt qu’un second entracte, nous aurions préféré un seul entracte, reporté à la fin du premier tableau de l’acte II, mais voir rétablis certains passages manquants comme les reprises de « Ah, fors’è lui » à l’acte I, de « O mio rimorso » à l’acte II, de « Addio del pasato » et du duo « Morir si giovine » à l’acte III. Nous aurions particulièrement aimé entendre l’air du baryton « No, non udrai rimproveri », surtout quand un baryton comme Etienne Dupuis peut lui rendre pleinement justice. Cela évite le côté absurde d’applaudir à la fin de « Di Provenza » puis d’applaudir une minute plus tard la fin prématurée du tableau, puisqu’on a coupé le second air de Germont.
Le mélomane est plus habitué à la transposition de « Di quella pira » du Trouvère, qu’à celle du « Sempre libera ». À partir de « Che spero or più », l’orchestre bifurque (on n'ose écrire "module") vers une étrange tonalité pour déboucher sur un « Gioire » en ré bémol afin d’attaquer l’allegro en sol bémol (au lieu de la bémol). Cette tonalité rend l’air moins brillant, même si elle permet à la soprano, en guise de compensation, d'intercaler à la fin de l'acte un contre-ré bémol.
Pour ce qui est de certains tempi, commencer la reprise du « Sempre libera » piano ainsi que celle de « Di Provenza » pour la faire contraster avec le premier couplet, pourquoi pas ? On a l’habitude d’entendre les deux couplets du grand air de Violetta chantés à pleine voix, comme une course échevelée. En effet, on peut imaginer Violetta murmurant un passage de la reprise, comme perdue dans un monologue intérieur... mais faire jouer piano ne signifie pas ralentir à l’excès et perdre le tempo. La remarque vaut pour l’air de Germont.
Ces réserves étant faites, cette Traviata se laisse voir et entendre avec plaisir.

Valéry Fleurquin
Photos de Christian Dresse pour l'opéra de Marseille
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Re: Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par muriel » 25 déc. 2018, 13:37

Première perturbée et sabotée par une quinzaine de grévistes (machinistes) de FO qui prétendent ne pas avoir été payés depuis 16 mois ( employés de la Mairie je précise )
Du coup le rideau se lève avec 30 min de retard et les grévistes présents au fond de la scène pendant la fête chez Flora...
Bref, beaucoup de hurlements de la part du public, Renée Auphan a même essuyé un " ta gueule " qui ne lui était pas destiné...

Mise en scène connue, classique, très belle avec des costumes superbes.
Magnifique direction de Abbassi, toute en finesse.

Somptueuse Violetta de Nicole Car, incroyable performance, elle a beaucoup de facilité en tout .Elle me fait vraiment penser physiquement et vocalement à Anja Hartejos. J'aimerais l'avis des spécialistes.

Enea Scala un peu en force, pas très raffiné mais très efficace. C'est plus joli quand il chante moins fort, au V.

Étienne Dupuis, qui avait chanté son premier Barbier à Marseille en 2007 et avec quel talent, est absolument splendide.
Rien à voir avec Tezier, mais le timbre est superbe, la ligne de chant somptueuse, les nuances etc.... immense ovation après le II et aux saluts.

Triomphe final et immense bonheur de toute lEquipe malgré un début fort désagréable.

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Re: Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par PlacidoCarrerotti » 25 déc. 2018, 15:30

Comme évoqué dans un autre fil, ces facilités s’expliquent sans doute par le fait qu’elle chante un ton au dessous le Sempre libera ...
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Message par PlacidoCarrerotti » 25 déc. 2018, 15:30

Comme évoqué dans un autre fil, ces facilités s’expliquent sans doute par le fait qu’elle chante un ton au dessous le Sempre libera ...
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par Loïs » 25 déc. 2018, 16:05

PlacidoCarrerotti a écrit :
25 déc. 2018, 15:30
Comme évoqué dans un autre fil, ces facilités s’expliquent sans doute par le fait qu’elle chante un ton au dessous le Sempre libera ...
son admiration pour Tebaldi sans doute...

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Message par PlacidoCarrerotti » 25 déc. 2018, 16:33

Loïs a écrit :
25 déc. 2018, 16:05
PlacidoCarrerotti a écrit :
25 déc. 2018, 15:30
Comme évoqué dans un autre fil, ces facilités s’expliquent sans doute par le fait qu’elle chante un ton au dessous le Sempre libera ...
son admiration pour Tebaldi sans doute...
Tebalsi est effectivement la référence unique. Mais était-ce un ton ou un demi ton ?
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par Loïs » 25 déc. 2018, 17:45

PlacidoCarrerotti a écrit :
25 déc. 2018, 16:33
Loïs a écrit :
25 déc. 2018, 16:05
PlacidoCarrerotti a écrit :
25 déc. 2018, 15:30
Comme évoqué dans un autre fil, ces facilités s’expliquent sans doute par le fait qu’elle chante un ton au dessous le Sempre libera ...
son admiration pour Tebaldi sans doute...
Tebalsi est effectivement la référence unique. Mais était-ce un ton ou un demi ton ?
j'aurais dit un demi mais ne suis pas à la maison pour vérifier (Vichnievskaya en parle aussi dans son autobiographie

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Re: Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par MezzoPower » 25 déc. 2018, 19:01

muriel a écrit :
25 déc. 2018, 13:37
Enea Scala un peu en force, pas très raffiné mais très efficace. C'est plus joli quand il chante moins fort, au V.
Au V ??? Au III ou Verdi a été réécrit ?

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Re: Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par PlacidoCarrerotti » 25 déc. 2018, 19:06

MezzoPower a écrit :
25 déc. 2018, 19:01
muriel a écrit :
25 déc. 2018, 13:37
Enea Scala un peu en force, pas très raffiné mais très efficace. C'est plus joli quand il chante moins fort, au V.
Au V ??? Au III ou Verdi a été réécrit ?
Version de Paris en cinq actes avec ballet ?
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Re: Verdi - La Traviata - Abbassi/Auphan - Marseille - 12/2018

Message par jerome » 26 déc. 2018, 05:01

PlacidoCarrerotti a écrit :
25 déc. 2018, 16:33
Tebaldi est effectivement la référence unique. Mais était-ce un ton ou un demi ton ?
En studio un demi-ton et à la scène un ton!

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