Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

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Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par Il prezzo » 05 nov. 2018, 23:11

Je lance une petite réflexion/question sur un sujet qui me tarabuste depuis longtemps (peut-être déjà traité d'ailleurs, dans le passé…?): je rentre de deux déplacements successifs en Allemagne, Berlin et Hambourg, avec dans ma musette à la fois les programmes de ce que j'ai vus, ainsi qu'un exemplaire des périodiques (généralement bimensuels) publiés par ces maisons.

Concernant les programmes, de ballet et d'opéra, je les ai payés respectivement 4€ et 3.5€, peut-être 6€ une fois. Ils sont d'une consistance tout à fait convenable, très bien illustrés de luxueuses photos, contiennent bonnes infos sur les œuvres et interviews diverses des protagonistes. Pas ou peu de biographies d'artistes par contre, mais celles-ci sont incluses dans un petit fascicule volant qui permet de gérer les distributions changeantes au fil des reprises. Et en général une ou deux publicités de sponsors, pas plus.
Les parutions périodiques sont du même niveau de forme et de fond. Elles sont indiquées comme payantes par abonnement, pour une somme dérisoire (12€/an à Hambourg), mais de fait sont disponibles gratuitement les soirs de spectacles.

Le contraste est saisissant avec ce que notre opéra national nous propose comme programmes, pour 12 ou 15 €, bouquins si épais qu'ils encombrent nos étagères (jusqu'à ce qu'on arrête de les acheter, pour moi il y a plus de 10 ans, sauf exception : création, résurrection ou production majeure), bourrés de pubs, gonflés d’un inutile livret que l’on peut aisément se procurer ailleurs (sur ODB par exemple :D ), et qu'on n'a en tout cas nulle envie de posséder 10 fois dans sa bibliothèque.

Quant aux parutions périodiques, le « pas si mal » Avant-Scène a disparu depuis des lustres, remplacé par quelques infos disparates que l’on peut trouver, en cherchant bien, sur le site web de l’Opéra.

Et donc ma question : comment ce qui est possible ailleurs, avec des moyens certainement moins conséquents que chez nous en termes de subsides publics, ne l’est pas ici, dans notre Grande Boutique ? :oops:
Quanto?
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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par paco » 06 nov. 2018, 00:39

Il prezzo a écrit :
05 nov. 2018, 23:11
Et donc ma question : comment ce qui est possible ailleurs, avec des moyens certainement moins conséquents que chez nous en termes de subsides publics, ne l’est pas ici, dans notre Grande Boutique ? :oops:
Je pense que c'est en partie faute de s'intéresser à ce qui se passe ailleurs, un syndrome qui empêche l'ONP de se moderniser depuis une bonne décennie...
L'autre raison est que le marketing de l'ONP assimile l'opéra et le ballet au luxe, il suffit pour cela de voir les publicités dans les coursives de Bastille : Vuitton, Hermès, Dior, ... (et après ça ils veulent se la jouer "opéra populaire"...). Or ces gros bouquins de programme en papier épais pleins de graphisme élégant sont en accord avec cette volonté de procurer une expérience "champagne evening" chère à l'ONP.

Par ailleurs, les programmes à 15 € tels que conçus par l'ONP étaient la "norme" dans les années 80-90, ils correspondaient à une mode de "dramaturgie". A l'époque, notamment, disposer du livret était considéré comme un progrès considérable, c'était avant Internet... et l'ONP n'a pas vu le train du changement de société passer, ils sont complètement largués par rapport aux évolutions en cours.

Parce que tu cites l'Allemagne, mais au ROH c'est pareil : 8 livres le programme (encore 6 livres il y a deux saisons, en proportion du pouvoir d'achat d'un londonien c'est très peu), avec suffisamment d'articles historiques pour bien comprendre le contexte de l'oeuvre, et un feuillet gratuit 4 pages format A5, avec distribution du jour (y compris les tous petits rôles pour le ballet, ce qui n'est plus le cas à l'ONP), résumé de l'oeuvre, et avec une police de caractère que même un presbyte peut lire ! (contrairement à la radinerie de l'ONP, où ils vont finir par publier avec une police de caractère de taille 3...). Feuillets disponibles en mode self-service, posés sur des tables à l'accueil, et non pas distribués au compte-goutte par l'ouvreur (à 19h05 à l'ONP ils sont en général déjà épuisés, genre "je vais en chercher auprès de ma collègue de l'autre balcon").

Bref, c'est une autre conception de ce que l'on appelle "l'expérience client". Là-dessus ONP et les autres institutions en Europe sont sur deux planètes très éloignées entre elles.

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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par David-Opera » 06 nov. 2018, 06:40

Je collectionne les livrets de l'ONP, une bonne partie achetée d'occasion car je suis encore un spectateur trop récent pour en avoir acheté avant les années 2000, mais je constate que le contenu s'appauvrit un peu, et je me demande si justement il n'y a pas une adaptation à un public finalement plus superficiel dans son approche du genre lyrique, et qui se contente que de peu de contenu, juste l'essentiel pour suivre le spectacle et c'est tout.

J'ai quelques livrets du ROH, ils sont quand même beaucoup plus pauvres et bardés de publicités de luxe. Personnellement sans grand intérêt, et ne parlons pas de ceux du MET.

Les quelques livrets dont je dispose du Capitole de Toulouse sont eux tout à fait du niveau de ceux de l'ONP et richement documentés. Idem pour ceux de la Monnaie de Bruxelles qui fournissent 3 documents : la distribution en plusieurs feuillets, le livret, et une analyse documentaire très riche avec interview du chef, du metteur en scène et autres.

Dans les deux cas, le prix est à 10 euros, donc 12 euros pour l'ONP me parait convenable encore (15 est excessif) du moment qu'ils en restent à la richesse documentaire qui a toujours fait son prix à mes yeux.

Egalement à Lyon, ils sont à 7 euros, sans beaucoup d'images, mais les textes sont très intéressants, ce qui est normal avec un directeur tel que Serge Dorny.
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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par HELENE ADAM » 06 nov. 2018, 09:06

J'achète systématiquement (et je garde) les programmes de l'opéra de Munich : pas de publicité, un live épais comprenant le livret, beaucoup de textes de références historiques, un "cahier" photos qui peut évoluer d'ailleurs en fonction de la distribution, les visions du metteur en scène etc etc.
C'est toujours esthétiquement original tant dans le choix du type de reliure, que de couverture et même de format ce qui en fait un vrai petit livre de collection. Attention il est généralement lourd et fait beaucoup de bruit quand pendant une moment intense, vous sursautez et qu'il sombre malencontreusement (et bruyamment) de vos genoux sur le parquet du parterre...
Il coûte 7 euros. C'est donc un choix délibéré du BSO de financer ce complément indispensable d'une soirée réussie....je pense que c'est un pari gagnant : une partie énorme du public achète le programme....
Même si les programmes du DOB, du Staatsoper de Berlin sont "honnêtes" ils ne sont pas du tout à ce niveau de qualité....

Image
Le programme d'Andrea Chénier par exemple, comprenaitle livret intégral en italien et en allemand, des textes de Hannah Arendt, Günter Zöller, Brigitte Heymann, Hans-Joachim Wagner et Benedikt Stampfli, des extraits de textes de la Révolution française en français et en allemand, la déclaration des droits de l'Homme intégrale, des illustrations et gravures de l'époque de la Révolution, tout ceci en plus de la base de tout programme, les photos et l'expression du metteur en scène....
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par paco » 06 nov. 2018, 10:09

Tout comme il prezzo, je ne vois plus l'intérêt de publier le livret intégral dans le programme, dès lors qu'il est extrêmement facile de le trouver sur internet : cela alourdit inutilement le programme, consomme un volume phénoménal de papier, empêche de racheter le programme lors d'une reprise (on ne va pas collectionner 15 fois le livret d'un même opéra, en revanche un programme, lui, peut évoluer en fonction du metteur en scène et de divers autres facteurs, donc on peut avoir envie de racheter le programme lors d'une reprise, mais pourquoi se farcir le livret à chaque fois ?).

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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par HELENE ADAM » 06 nov. 2018, 10:30

Moi c'est l'inverse : s'il n'y a pas le livret je n'achète pas. Evidemment je ne rachète pas le même opéra plusieurs fois ou alors exceptionnellement.
Munich offre le livret en bilingue dans son programme et vend ou distribue par ailleurs un simple fascicule avec la distribution et/ou un nouveau cahier photo pour éviter les rachats inutiles quand il s'agit de la même production.
Cela s'adresse à un public plus large qui aime pouvoir lire avant le début de l'opéra ou à l'entracte certains passages du livret. Et à l'inverse de Paco, pour moi, c'est bien cela qui donne une valeur au programme, dépassant une soirée....
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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par PlacidoCarrerotti » 06 nov. 2018, 10:36

paco a écrit :
06 nov. 2018, 00:39
Par ailleurs, les programmes à 15 € tels que conçus par l'ONP étaient la "norme" dans les années 80-90, ils correspondaient à une mode de "dramaturgie". A l'époque, notamment, disposer du livret était considéré comme un progrès considérable, c'était avant Internet... et l'ONP n'a pas vu le train du changement de société passer, ils sont complètement largués par rapport aux évolutions en cours.
Avec le surtitrage, quel est l'intérêt d'un livret intégral ? Pour relire ce qu'on n'a pas compris ?

Même avant Internet et sans surtitrage, quel était l'intérêt d'un livret intégral ? On n'allait pas arriver une heure à l'avance pour le lire avant le début du spectacle !

Par ailleurs, à Bilbao (par exemple), le programme est gratuit, posé sur les sièges à l'ouverture de la salle, et contient des photos couleurs prises pendant la générale. Allô, quoi !

A l’ONP, la course à l’économie touche parfois au ridicule : on est passé des distributions sur 4 pages aux distributions sur 2 pages (et il n’y en a jamais assez pour tout le monde) et les affiches avec la distribution du jour ont disparu totalement (à Vienne, à la Scala, ou ailleurs, on les revend, ce qui est bien plus intelligent).
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par HELENE ADAM » 06 nov. 2018, 10:39

PlacidoCarrerotti a écrit :
06 nov. 2018, 10:36
paco a écrit :
06 nov. 2018, 00:39
Par ailleurs, les programmes à 15 € tels que conçus par l'ONP étaient la "norme" dans les années 80-90, ils correspondaient à une mode de "dramaturgie". A l'époque, notamment, disposer du livret était considéré comme un progrès considérable, c'était avant Internet... et l'ONP n'a pas vu le train du changement de société passer, ils sont complètement largués par rapport aux évolutions en cours.
Avec le surtitrage, quel est l'intérêt d'un livret intégral ? Pour relire ce qu'on n'a pas compris ?

Même avant Internet et sans surtitrage, quel était l'intérêt d'un livret intégral ? On n'allait pas arriver une heure à l'avance pour le lire avant le début du spectacle !

Par ailleurs, à Bilbao (par exemple), le programme est gratuit, posé sur les sièges à l'ouverture de la salle, et contient des photos couleurs prises pendant la générale. Allô, quoi !
Avec Internet quel est l'intérêt d'un programme tout simplement ? Tout est publié à l'avance sur tout site d'opéra bien fait ....pour le reste, voir ci-dessus mais bon, s'il y a bien un sujet où chacun peut faire ce qu'il veut :lol:

PS : les programmes sont en ligne d'ailleurs dans leur intégralité pour les maisons d'opéra les plus modernes. Cela économise du papier.

PS2 : a priori les surtitres sont une traduction du livret et pas le livret, il en existe des tas (de traductions), celles proposées en surtitres sont adaptées aux coupures et parfois assez étranges... il suffit de regarder un opéra dans une langue que l'on connait, surtitres dans la même langue pour constater les "écarts"...
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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par David-Opera » 06 nov. 2018, 11:12

paco a écrit :
06 nov. 2018, 10:09
Tout comme il prezzo, je ne vois plus l'intérêt de publier le livret intégral dans le programme, dès lors qu'il est extrêmement facile de le trouver sur internet : cela alourdit inutilement le programme, consomme un volume phénoménal de papier, empêche de racheter le programme lors d'une reprise (on ne va pas collectionner 15 fois le livret d'un même opéra, en revanche un programme, lui, peut évoluer en fonction du metteur en scène et de divers autres facteurs, donc on peut avoir envie de racheter le programme lors d'une reprise, mais pourquoi se farcir le livret à chaque fois ?).
Il faudrait faire comme à la Monnaie, séparer programme et livret, mais afficher un prix différent.
Le livret est notamment intéressant quand des œuvres sont jouées avec des coupures. L'ONP indique clairement ces coupures.
C'est le cas aussi à Amsterdam ou Bruxelles.
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Re: Les publications des maisons d'opéra et le prix des programmes

Message par PlacidoCarrerotti » 06 nov. 2018, 11:58

HELENE ADAM a écrit :
06 nov. 2018, 10:39
PS2 : a priori les surtitres sont une traduction du livret et pas le livret, il en existe des tas (de traductions), celles proposées en surtitres sont adaptées aux coupures et parfois assez étranges... il suffit de regarder un opéra dans une langue que l'on connait, surtitres dans la même langue pour constater les "écarts"...
Pour L'Africaine à Venise, le texte français était intégral (on lisait tout ce qu'on entendait sans qu'il ne manque un mot) et il y avait la traduction italienne. Quand on veut, on peut :-)
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