Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

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Epsilon
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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par Epsilon » 11 juin 2018, 08:41

PlacidoCarrerotti a écrit :
11 juin 2018, 08:34
muriel a écrit :
11 juin 2018, 08:11
Pas de lien entre les deux phrases
Si je comprends bien : les artistes ont quitté leurs perruques parce qu’ils avaient trop chaud, les techniciens étaient partis prendre du bon temps dans les calanques (ils ont bien raison de leur point de vue : on leur a supprimé leur prime sans discussion), la basse a enlevé sa fausse barbe.
D’après Météo Marseille, il faisait 28° hier après-midi : ce n’est quand même pas Dubaï.
Marseille, troisième ville de France, un stade Vélodrome flambant neuf, mais toujours pas de climatisation à l’opéra ?
Dites moi que je n’ai rien compris !
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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par PlacidoCarrerotti » 11 juin 2018, 08:52

Epsilon a écrit :
11 juin 2018, 08:41
PlacidoCarrerotti a écrit :
11 juin 2018, 08:34
muriel a écrit :
11 juin 2018, 08:11
Pas de lien entre les deux phrases
Si je comprends bien : les artistes ont quitté leurs perruques parce qu’ils avaient trop chaud, les techniciens étaient partis prendre du bon temps dans les calanques (ils ont bien raison de leur point de vue : on leur a supprimé leur prime sans discussion), la basse a enlevé sa fausse barbe.
D’après Météo Marseille, il faisait 28° hier après-midi : ce n’est quand même pas Dubaï.
Marseille, troisième ville de France, un stade Vélodrome flambant neuf, mais toujours pas de climatisation à l’opéra ?
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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par Loïs » 11 juin 2018, 09:25

J’ai souvent répété que le public Marseillais voulait des grandes voix dans des beaux costumes. Il fut exaucé. Alors commençons donc par les voix :

Francesco Meli :
Il y a deux sortes de chanteurs qui abordent des rôles surdimensionnés par rapport à leur format vocal : ceux qui rajoutent des respirations, dont l’aigu se durcit et vibre, dont les graves sont escamotés, dont les nuances disparaissent et ceux qui vous feraient croire que le rôle a été écrit pour eux si vous n’aviez pas dans l’oreille le vrai format (en l’occurrence un Corelli ou un Del Monaco pour Ernani). Meli appartient incontestablement à la seconde catégorie. Ses limites (vocalises passées en voix mixte, tempo légèrement accéléré sur l’air d’entrée) sont masquées par une assurance technique infaillible et une intégration de ses « allègements » dans son interprétation : il nous offre un héros romantique (mais où est le problème chez Hugo ou chez Verdi ?) plus qu’un personnage héroïque. L’engagement et l’interprétation emportent la mise et lui vaudront une ovation malgré des suraigus vraiment petits (par contre le haut médium est formidablement projeté) et le fait qu’il ne soit clairement pas un coloriste (ce qui affadit comme toujours son interprétation).
PS : j’ai sursauté au second acte (au demeurant seul acte complètement raté par Verdi) « Ecco il pegno: nel momento in che Ernani vorrai spento, se uno squillo intenderà tosto Ernani morirà. » car j’ai cru entendre quelques secondes l’écho de Bergonzi.

Hui Hé :
Toutes les réserves émises, notamment par moi, furent balayées dès les premières mesures. Visiblement elle avait mangé du lion et s’est jetée dans la bataille avec une rage incroyable (assis au milieu du premier rang, le spectacle était saisissant), et fait fi de ses erreurs passées de justesse. Surprise plus encore : ses vocalises se révèlent précises (juste deux respirations surnuméraires mais bien placées), jamais savonnées, et sans le ralentissement extrême auquel elle nous avait habitué. Grand soprano verdien c’est indiscutable mais 3 ans et demi de travail du rôle l’ont rompu à assumer l’héritage belcantiste. Et puis chapeau pour l’interprétation d’une Elvire qui est tout sauf une oiselle ; c’est une Espagnole au sang ardent.

Ludovic Tézier :
Nous sommes venus, nous l’avons vu et il a vaincu. Pour le rôle de Charles 1er/ Charles Quint, les adjectifs sont faciles : royal, souverain, impérial. Et pourtant ce sont bien ceux là qu’il faudra employer pour qualifier son chant, sa présence, son interprétation.Il y a plusieurs années Tubeuf avait demandé qu’on directeur d’opéra comprenne qu’il serait Le Carlo ; Voilà c’est fait.
Marseille est la ville des barytons ; presque tous y ont chanté, et le plus verdien d’entre eux, Maurel y naquit. Hier une étoile, déjà connue et reconnue, s’est définitivement accrochée dans la formidable constellation.

Alexander Vinogradov:
Quel terrible rôle. Il faut attendre que le public soit chauffé à blanc par l’air et la caballette d’Ernani, les deux airs d’Elvira, l’air de Carlo puis ce trio qui rappelle tant celui du premier acte de Trovatore pour surgir sur scène, interrompre ledit trio et se lancer à froid dans son air. Et il va le faire avec une assurance confondante (et quelle voix splendide). Malheureusement deux accroches successives dans les attaque aigües de la caballette le déstabilisent et même si le chant restera irréprochable son comportement sur scène inquiète : en lutte ouverte avec sa ridicule perruque il a clairement la tête ailleurs et n’est plus le vénérable et terrible vieillard. Une annonce à l’entracte excusera ses problèmes vocaux. Pour être franc lors des deux derniers actes , il faudra vraiment tendre l’oreille pour discerner un semblant de précaution dans le registre supérieur mais on reste surtout subjugué par la somptuosité du registre grave et une présence retrouvée (avec la disparition de la maudite perruque). Comme quoi même une basse, c’est fragile et se détraque de peu!

Enfin une grande représentation se mesure au soin apporté aux seconds rôles : Garcin, Werster & Berry furent impeccables.

Ma position au premier rang ne me rend pas meilleur juge de l’orchestre , les pupitres m'arrivant dissociés mais pris individuellement ils furent excellents et plutôt de belles couleurs. Félicitation pour la battue de Foster. Et puis cet homme est la générosité même, cela se voit et cela s’entend.

La grève d’une partie du personnel technique ne permet pas de juger la mise en scène. Pour cela il faudra se reporter aux commentaires de précédentes prestations à Monaco ou à Liège. Il est évident que la réussite du spectacle reposait sur d’imposants costumes surbrodés d’or et d’argent mais l’absence d’éclairage ne permit pas de les flatter. Absence de certains accessoires aussi (la coupe de poison a disparu; elle était peut être sous la perruque)

Un détail : on reconnait les grandes représentations aux petits incidents : l’écriture d’Ernani comme celle du Trovatore pousse le quatuor à une surenchère dans l’engagement et une émulation dans la performance. On ne peut pas cachetonner dans un tel opéra et la prise de risque qui en découle galvanise aussi le public d’où l’éclair de panique dans le regard de Meli avant son premier suraigu, l’ultime note du I qui échappe à Hé, certaines vibrations chez Tezier et bien sur les accroches d’aigus de Vinogradov. Ces détails contribuent à rendre ces représentations si préciseuses

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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par JdeB » 11 juin 2018, 09:29

Loïs a écrit :
11 juin 2018, 09:25
La grève d’une partie du personnel technique ne permet pas de juger la mise en scène. Pour cela il faudra se reporter aux commentaires de la précédente prestation à Monaco.
et à Liège (moi je n'avais vraiment pas aimé...)
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par HELENE ADAM » 11 juin 2018, 09:42

Loïs a écrit :
11 juin 2018, 09:25
La grève d’une partie du personnel technique ne permet pas de juger la mise en scène. Pour cela il faudra se reporter aux commentaires de la précédente prestation à Monaco. Il est évident que la réussite du spectacle reposait sur d’imposants costumes surbrodés d’or et d’argent mais l’absence d’éclairage ne permit pas de les flatter. Absence de certains accessoires aussi (la coupe de poison a disparu (elle était peut être sous la perruque)
Dingue cette histoire de perruques. Je verrai la représentation du 16, au moins pour éclaircir cette sombre histoire qui me parait fort tirée par les cheveux.

C'est bien la même mise en scène que celle de Monte Carlo (avec Tézier et Vinogradov déjà), immortalisée dans ce DVD, j'avais regardé la retransmission. Tézier déjà royal... :wink: (et Vargas avec les mêmes caractéristiques vocales que Meli, les deux chanteurs ont beaucoup de points communs)

Image
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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par muriel » 11 juin 2018, 10:05

PlacidoCarrerotti a écrit :
11 juin 2018, 08:34
muriel a écrit :
11 juin 2018, 08:11
Pas de lien entre les deux phrases
Si je comprends bien : les artistes ont quitté leurs perruques parce qu’ils avaient trop chaud, les techniciens étaient partis prendre du bon temps dans les calanques (ils ont bien raison de leur point de vue : on leur a supprimé leur prime sans discussion), la basse a enlevé sa fausse barbe.
D’après Météo Marseille, il faisait 28° hier après-midi : ce n’est quand même pas Dubaï.
Marseille, troisième ville de France, un stade Vélodrome flambant neuf, mais toujours pas de climatisation à l’opéra ?
Dites moi que je n’ai rien compris !
Pas de clim, les toilettes sont pratiquement inutilisables, les coulisses paraît-il dans un état déplorable, toutes fenêtres ouvertes.
L'opéra est municipal, hélas, et la Mairie se fout complètement de l'opéra et de la culture, sauf la culture de rue.

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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par Loïs » 11 juin 2018, 11:25

HELENE ADAM a écrit :
11 juin 2018, 09:42
Dingue cette histoire de perruques. Je verrai la représentation du 16, au moins pour éclaircir cette sombre histoire qui me parait fort tirée par les cheveux.
on peut repartir en vrille sur le poil mais je crois qu'on a épuisé le sujet la dernière fois :D
Sinon une anecdote me revient et permet de faire un clin d'oeil posthume à Sénéchal . Lors d'une représentation du Comte Ory, il fait soudainement de grand gestes pour faire arrêter le spectacle, le rideau tombe et le public apprend que "Monsieur Sénéchal a avalé un poil de sa perruque" :lol:

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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par Epsilon » 11 juin 2018, 12:00

Loïs a écrit :
11 juin 2018, 11:25
HELENE ADAM a écrit :
11 juin 2018, 09:42
Dingue cette histoire de perruques. Je verrai la représentation du 16, au moins pour éclaircir cette sombre histoire qui me parait fort tirée par les cheveux.
on peut repartir en vrille sur le poil mais je crois qu'on a épuisé le sujet la dernière fois :D
Sinon une anecdote me revient et permet de faire un clin d'oeil posthume à Sénéchal . Lors d'une représentation du Comte Ory, il fait soudainement de grand gestes pour faire arrêter le spectacle, le rideau tombe et le public apprend que "Monsieur Sénéchal a avalé un poil de sa perruque" :lol:
😄😄
On peut s’estimer heureux que la même mésaventure ne soit pas arrivée à Vinogradov, car vue la longueur de ses postiches, il n’aurait pas survécu!

Quant à la chaleur, les toilettes et tout ce genre de reproches concernant le confort du spectateur râleur, disons que c’est très mineur par rapport au plaisir, que dis-je au bonheur que nous apportent la majorité des représentations.

Dernière remarque: au premier balcon, on a eu hier une altercation rapide mais nette entre deux personnes qui ont quitté leur milieu de rangée dès la dernière note du spectacle et un spectateur qui a mal supporté de se voir ainsi dérangé. Le prétexte étant de nombreux km à faire pour rentrer, c’était assez futile pour nous qui venions de Lyon et y retournions, les chemins de fer n’étant pas des plus fiables en ce moment...

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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par Loïs » 11 juin 2018, 12:57

muriel a écrit :
11 juin 2018, 10:05
Pas de clim, les toilettes sont pratiquement inutilisables, les coulisses paraît-il dans un état déplorable, toutes fenêtres ouvertes.
L'opéra est municipal, hélas, et la Mairie se fout complètement de l'opéra et de la culture, sauf la culture de rue.
Et il faut compter avec le public qui a connu les début de Luccioni et surement les adieux de Maurel (hier cela en devenait caricatural) et qui pourrait disparaître en masse en pleine représentation caniculaire.

HONORINE.
« La petite. La petite. Ma petite ? Fanny ! Ma fille,
oh mon Dieu, ma fille avec un vieux de cinquante
ans ! »
PANISSE. « Voyons, Norine ! Vous ne
pensez pas qu'à votre âge ….. »
HONORINE. « Et il faut s'entendre dire ça
par un vieux polichinelle que les dents lui
bougent ! »
PANISSE. « Voyons, ma belle, vous
savez bien ….. »
HONORINE. « Vous ne vous êtes pas
regardé ! Si mes racasses n'étaient pas plus
fraîches que vous, je n'en vendrais guère. »

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Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018

Message par JdeB » 11 juin 2018, 13:03

Moi je ne vais jamais à l'opéra en matinée, surtout pas dans le Sud car cela me déprime profondément
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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