Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
concert Verdi
I vespri siciliani, Sinfonia
« Tacea la notte placida… di tale amor… » air extrait d’ Il trovatore
« La mia letizia infondere » air extrait d’I Lombardi alla prima crociata
« Tu puniscimi, O Signore… » air extrait de Luisa Miller
La Forza del destino, Sinfonia
« Pace mio Dio » air extrait de La Forza del destino
Luisa Miller, Sinfonia
« Tu che le vanità », airs extraits de Don Carlo
« O, nel fungente nuvolo » air extrait d’Attila
La Traviata, Prélude de l’Acte III
« O mia Violetta… Parigi, o cara… Grand Dio, morir si giovine » duo extrait de La Traviata
Sonya Yoncheva, soprano
Marin Yonchev, ténor
Orchestre philharmonique de Montpellier
Daniel Oren direction
Paris, Théâtre des Champs-Élysées, le 1 juin 2018
Peu de villes ont aussi bien servi Verdi que Montpellier ! Depuis 50 ans, le public a pu y applaudir pas moins de 19 ouvrages du Maître dont des raretés comme la version française du Trouvère adaptée pour l’Opéra de Paris en 1857, I Masnadieri, Giovanna d’Arco, Oberto, I Vespri siciliani, Ernani. La Traviata a bénéficié de quatre productions différentes avec à l’affiche des ténors du calibre de G. Aragall, R. Alagna et R. Villazon. Il en est de même pour Rigoletto qui a vu se succéder dans le rôle-titre E. Blanc, M. Manuguerra , A. Agache et A. Fondary. On y a monté deux productions de Don Carlo, deux de Luisa Miller et autant pour Un Ballo in maschera. Antonio Pappano y a dirigé Macbeth (avec le débutant Ramon Vargas), Alain Altinoglu Aïda et Riccardo Muti le Requiem. Et le jeune Roberto Alagna y a chanté les romances pour orchestre (dans la version Berio) sous la baguette d’Emmanuel Krivine.
Ce soir Sonya Yoncheva, dans le sillage de son album Verdi pour Sony, nous offre, aux côtés de son frère, une très belle soirée verdienne où elle captive par le glamour et le galbe de son timbre de pivoine noire carnivore, aux graves somptueux, son intensité de haut voltage, une projection impérieuse et son sens exceptionnel de la grandeur tragique. Le concert culminant avec un air d’Elisabeth, dans l’original français, aussi racinien que sublime.
Mais où elle inquiète beaucoup par un manque de vaillance, une gestion du souffle hasardeuse et des prises de respiration très audibles, auxquelles elle essaye de conférer un aspect dramatique d'halètement exalté, mais qui brisent sa ligne de chant parfois chavirée.
Peut-être ce Falcon de haut lignage devrait-elle envisager une remise à plat sur le plan technique et/ou une évolution vers le registre de mezzo ?
Marin Yonchev chante Parpignol à l’Opéra de Lausanne et il ne semble pas pouvoir prétendre à mieux pour l’instant sur les grandes scènes.
Taillé en colosse et gesticulant comme un frénétique, le spécialiste Daniel Oren rivalise avec la gestuelle de Louis De Funès dans sa berliozienne interprétation de La Grande Vadrouille, mais galvanise l’Orchestre de Montpellier en grande forme avec une probité stylistique irréprochable et une énergie électrisante.
Jérôme Pesqué
I vespri siciliani, Sinfonia
« Tacea la notte placida… di tale amor… » air extrait d’ Il trovatore
« La mia letizia infondere » air extrait d’I Lombardi alla prima crociata
« Tu puniscimi, O Signore… » air extrait de Luisa Miller
La Forza del destino, Sinfonia
« Pace mio Dio » air extrait de La Forza del destino
Luisa Miller, Sinfonia
« Tu che le vanità », airs extraits de Don Carlo
« O, nel fungente nuvolo » air extrait d’Attila
La Traviata, Prélude de l’Acte III
« O mia Violetta… Parigi, o cara… Grand Dio, morir si giovine » duo extrait de La Traviata
Sonya Yoncheva, soprano
Marin Yonchev, ténor
Orchestre philharmonique de Montpellier
Daniel Oren direction
Paris, Théâtre des Champs-Élysées, le 1 juin 2018
Peu de villes ont aussi bien servi Verdi que Montpellier ! Depuis 50 ans, le public a pu y applaudir pas moins de 19 ouvrages du Maître dont des raretés comme la version française du Trouvère adaptée pour l’Opéra de Paris en 1857, I Masnadieri, Giovanna d’Arco, Oberto, I Vespri siciliani, Ernani. La Traviata a bénéficié de quatre productions différentes avec à l’affiche des ténors du calibre de G. Aragall, R. Alagna et R. Villazon. Il en est de même pour Rigoletto qui a vu se succéder dans le rôle-titre E. Blanc, M. Manuguerra , A. Agache et A. Fondary. On y a monté deux productions de Don Carlo, deux de Luisa Miller et autant pour Un Ballo in maschera. Antonio Pappano y a dirigé Macbeth (avec le débutant Ramon Vargas), Alain Altinoglu Aïda et Riccardo Muti le Requiem. Et le jeune Roberto Alagna y a chanté les romances pour orchestre (dans la version Berio) sous la baguette d’Emmanuel Krivine.
Ce soir Sonya Yoncheva, dans le sillage de son album Verdi pour Sony, nous offre, aux côtés de son frère, une très belle soirée verdienne où elle captive par le glamour et le galbe de son timbre de pivoine noire carnivore, aux graves somptueux, son intensité de haut voltage, une projection impérieuse et son sens exceptionnel de la grandeur tragique. Le concert culminant avec un air d’Elisabeth, dans l’original français, aussi racinien que sublime.
Mais où elle inquiète beaucoup par un manque de vaillance, une gestion du souffle hasardeuse et des prises de respiration très audibles, auxquelles elle essaye de conférer un aspect dramatique d'halètement exalté, mais qui brisent sa ligne de chant parfois chavirée.
Peut-être ce Falcon de haut lignage devrait-elle envisager une remise à plat sur le plan technique et/ou une évolution vers le registre de mezzo ?
Marin Yonchev chante Parpignol à l’Opéra de Lausanne et il ne semble pas pouvoir prétendre à mieux pour l’instant sur les grandes scènes.
Taillé en colosse et gesticulant comme un frénétique, le spécialiste Daniel Oren rivalise avec la gestuelle de Louis De Funès dans sa berliozienne interprétation de La Grande Vadrouille, mais galvanise l’Orchestre de Montpellier en grande forme avec une probité stylistique irréprochable et une énergie électrisante.
Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
Odb-opéra
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
magnifique concert avec une Yoncheva éblouissante, en grande forme vocale.
on est frappé par la beauté du timbre et la puissance d'emblée dans l'air du Trouvère.
(je suis habituée à être beaucoup plus éloignée de la scène, à Bastille ou à Orange par exemple )
l'orchestre est tonitruant en première partie, voire assourdissant.
curieusement, m'étant avancée de 12 rangs, je l'ai trouvé beaucoup plus beau en 2è partie.
Luisa Miller et la Forza sublimes.
la deuxième partie débute avec "Toi qui sus le néant" de Don Carlos, magnifiquement interprété avec émotion et une grande facilité.
puis Attila , superbe,et le duo du II de Traviata.
en bis, le Libiamo puis reprise de Tacea la notte.
orchestre déchaîné avec Oren qui saute comme un cabri, faisant de grands moulinets avec ses grands bras,et un grand écart très particulier pour terminer un air.
superbe clarinette solo.
nous étions nombreux à l'attendre à l'issu du concert. très disponible, très souriante, elle a beaucoup parlé, citant ses deux compagnons préférés dans le métier Placido Domingo et Jonas Kaufmann, ses projets...
délicieuse Sonya.
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
Rien à dire sur le ténor ???
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
il a très peu chanté, il a une très très jolie voix, ténor assez léger.
il était même gêné de participer aux saluts et de se faire applaudir.
il était même gêné de participer aux saluts et de se faire applaudir.
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
C'était à la Comédie ou au Corum?
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
au Corum, presque plein malgré le changement de date
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
J'avais pourtant reçu une offre bradée à 2 places pour une...
Je pense que le TCE devrait être moins difficile à remplir.
Quanto?
- Il prezzo !
Gia, mi dicon venal, ma, a donna bella io non mi vendo a prezzo di moneta.
- Il prezzo !
Gia, mi dicon venal, ma, a donna bella io non mi vendo a prezzo di moneta.
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
et standing ovation à la fin
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
Pareil à Paris mais pour des raisons qui m'échappent, tant ce concert m'a semblé en deçà de mes attentes
R.
"Qu'on parle de vous, c'est affreux. Mais il y a pire : c'est qu'on n'en parle pas !" Oscar Wilde
Re: Verdi- Concert Yoncheva/Yonchev/Oren-Montpellier & TCE- 29/05 et 1/06/2018
Le prélude du III de Traviata voit l'orchestre rapetisser le son, et tisser des fils sonores ténus qui sont ceux de la mort qui tisse sa toile. Remarquable atmosphère qui fait dresser l'oreille, se pencher en avant, se concentrer pour s'immerger dans le drame à venir. Le duo "o mia Violetta ... Parigi o cara" est de haute tenue , Violetta tombant en toute souplesse sur la voix de Yoncheva qui a fait sien le rôle et qui même sans oripeaux, sans fioritures, le possède et l'habite. On assiste tout à coup à de l'opéra avec ce qu'il comporte comme tension mortifère, comme théâtre, comme chair de poule. Frustration car on s'attendait à ce qu' avec quelques coupures on assiste à la fin de l'acte avec la mort de la Dame aux Camélias: coupure il y a, mais elle est brutale après le duo et castre l'élan émotionnel. Tristesse et frustration. Le premier bis voit un "Brindisi" de Traviata toujours, où Yoncheva se libère du carcan obligé du récital rigide, et nous emballe, avant que le second bis, la reprise du "Tacea la notte" du Trouvère nous renverse car plus ouvert, plus fluide, plus habité, plus souple, ivre de son propre son (et quel son, quel timbre) que celui qui ouvrait le récital de ce soir.
Il y aura eu avant ces splendeurs un rappel des représentations parisiennes de "Don Carlos" avec un "Toi qui sut le néant" de haute facture, et remué par les souvenirs de ce plateau nu de Warlikowski simplement habité par la silhouette d'Elisabeth, détruite affectivement et dont la voix embrumée de tristesse et de résignation nous faisait tirer des larmes. La même émotion surgissait ce soir, avec des diaprures de timbre, des messa di voce ensorcelants qui n'étaient dans mon souvenir pas présents tout le temps lors des représentations parisiennes. Un air extrait d'Attila dont Yoncheva tirait toutes les richesses n'apportait pas d'émotion spéciale (oui, bon , d'accord...).
Mais avant cela, avant ces merveilles, il y aura eu aussi un orchestre tonitruant la plupart du temps, dirigé de façon épileptique par Daniel Oren insupportable, s'agitant, sautillant, sautant, se fléchissant et se raidissant, ivre de lui même. N'est pas Bernstein ou Kleiber qui veut et leur geste large leur était propre: Oren , caricatural et outrancier, m'aura profondément agacé. Assister de plus comme d'habitude dans ce genre de soirées aux sempiternelles ouvertures (cette fois ci, les Vèpres Siciliennes, la Force du Destin (encore!!) et Luisa Miller) qui meublent mais n'apportent pas grand chose, tient plus de l'exercice obligé que de la qualité musicale.
On l'aura déjà dit, les premiers frissons auront été dus aux premières phrases d' un "Tacea la notte" de qualité mais plus sec, plus tendu que son homologue de bis(mais présentant toutes ses phrases contrairement au second où, tournant le dos au public, Yoncheva élude la dernière phrase pour se préparer à un aigu final long et glorieux), un air de Luisa Miller et le traditionnel là aussi "Pace Pace " de la Forza sans doute crémeux de timbre et riche de ligne, mais extérieurs tout le temps, sans charisme franc, et banals. Tout cela aura crée une première partie convenue et un tantinet ennuyeuse au cours de laquelle je me serai dit que décidément ce type de récital n'apporte pas grand chose, n'étant qu'opéra (en était ce d'ailleurs?)stérile et frustrant. Mon opinion aura changé après l'entracte car le théâtre faisait son apparition.
On gardera ces derniers moments précieux en mémoire, que l'on associera à la beauté de la voix, pleine et riche malgré encore une fois quelques notes de passage blanches: mais quel aigu, quel médium de beauté, quels pianis superbes...Le petit frère Marin Yonchev ne démérite pas face à l'idole. Voix petite mais bien conduite, manquant de couleurs mais chant honnête. Et une attention fraternelle, avec une gaucherie liée à la timidité sans doute , qui est touchante et sans chichis.
Bonne soirée au total par une magnifique artiste, qui a besoin de la scène pour s'épanouir. Attendons Tosca avec Kaufmann avec une impatience non feinte.
Il y aura eu avant ces splendeurs un rappel des représentations parisiennes de "Don Carlos" avec un "Toi qui sut le néant" de haute facture, et remué par les souvenirs de ce plateau nu de Warlikowski simplement habité par la silhouette d'Elisabeth, détruite affectivement et dont la voix embrumée de tristesse et de résignation nous faisait tirer des larmes. La même émotion surgissait ce soir, avec des diaprures de timbre, des messa di voce ensorcelants qui n'étaient dans mon souvenir pas présents tout le temps lors des représentations parisiennes. Un air extrait d'Attila dont Yoncheva tirait toutes les richesses n'apportait pas d'émotion spéciale (oui, bon , d'accord...).
Mais avant cela, avant ces merveilles, il y aura eu aussi un orchestre tonitruant la plupart du temps, dirigé de façon épileptique par Daniel Oren insupportable, s'agitant, sautillant, sautant, se fléchissant et se raidissant, ivre de lui même. N'est pas Bernstein ou Kleiber qui veut et leur geste large leur était propre: Oren , caricatural et outrancier, m'aura profondément agacé. Assister de plus comme d'habitude dans ce genre de soirées aux sempiternelles ouvertures (cette fois ci, les Vèpres Siciliennes, la Force du Destin (encore!!) et Luisa Miller) qui meublent mais n'apportent pas grand chose, tient plus de l'exercice obligé que de la qualité musicale.
On l'aura déjà dit, les premiers frissons auront été dus aux premières phrases d' un "Tacea la notte" de qualité mais plus sec, plus tendu que son homologue de bis(mais présentant toutes ses phrases contrairement au second où, tournant le dos au public, Yoncheva élude la dernière phrase pour se préparer à un aigu final long et glorieux), un air de Luisa Miller et le traditionnel là aussi "Pace Pace " de la Forza sans doute crémeux de timbre et riche de ligne, mais extérieurs tout le temps, sans charisme franc, et banals. Tout cela aura crée une première partie convenue et un tantinet ennuyeuse au cours de laquelle je me serai dit que décidément ce type de récital n'apporte pas grand chose, n'étant qu'opéra (en était ce d'ailleurs?)stérile et frustrant. Mon opinion aura changé après l'entracte car le théâtre faisait son apparition.
On gardera ces derniers moments précieux en mémoire, que l'on associera à la beauté de la voix, pleine et riche malgré encore une fois quelques notes de passage blanches: mais quel aigu, quel médium de beauté, quels pianis superbes...Le petit frère Marin Yonchev ne démérite pas face à l'idole. Voix petite mais bien conduite, manquant de couleurs mais chant honnête. Et une attention fraternelle, avec une gaucherie liée à la timidité sans doute , qui est touchante et sans chichis.
Bonne soirée au total par une magnifique artiste, qui a besoin de la scène pour s'épanouir. Attendons Tosca avec Kaufmann avec une impatience non feinte.